lundi 12 octobre 2009

J-4

Je sais que cette fuite est dangereuse. Elle risque d'accentuer ma mélancolie puisqu'elle faisait partie des projets mis en route, à deux, et que je vais partir seule sur cette île.

J'ai souvent le trac avant de partir à l'aventure mais, après, je ne regrette jamais d'être partie. J'aime les voyages en voiture; dès que je suis au volant j'ai un sentiment de liberté extraordinaire, je me sens maître de mon destin alors que c'est tout le contraire : l'insécurité est totale sur la route. J'ai toujours aimé conduire et la vitesse, mais bon, maintenant je lève le pied! Sagan m'a fait rêver avec ses voitures de sport : Jaguar, Aston Martin; je comprends cet amour de la vitesse, cet enivrement qu'elle procure.

J'ai hâte de sentir le vent me fouetter, me secouer. La météo annonce un très beau temps et un vent du nord pour les prochains jours; ici c'était déjà divin aujourd'hui. Le vent va, j'en suis sûre, me libérer de mes tourments.

J'ai le trac mais j'aime aussi cette solitude qui souvent me comble, oui, me comble.

Là, j'écoute Billie Holliday en claviotant, ensuite je vais regarder l'interview de Philip Roth par Busnel que j'ai enregistré, puis je lirai. Des moments choisis. Qui peut ainsi faire ce qui lui plaît sinon le solitaire?

"Panique, me faudra-t-il faire un bilan, tirer un trait sur mon journal de bord? Non je m'y refuse. j'aimerais que les vents d'alizé gonflent encore la voilure de ma barque. Et si lasse, si délabrée soit ma coque, mettre le cap sur d'autres îles. Ne jamais se résigner à l'immobilité des pensées et des rêves, à la stagnation de l'être".
Xavier Grall, Les vents m'ont dit.