jeudi 30 mars 2017

Giga






(Cliquer pour agrandir... et clic droit pour afficher et lire. C'est Méga (*_*))


lundi 27 mars 2017

"Aux origines d'un geste libre"

"Lorsque j'avais entre huit et douze ans, j'étais passionné d'astronomie. Je cherchais à dessiner des éclairs." 

"J'aime le noir, c'est ma couleur préférée. Un noir absolu, froid, dense, profond, intense."




Peintre français d'origine allemande (1904-1989) connu pour le style abstrait de ses tableaux, où de puissantes lignes noires, proches de la calligraphie, se détachent le plus souvent sur un fond de couleur uniforme.


(À suivre...)


dimanche 26 mars 2017

"Les vieilles taupes..."

Écouté ce matin sur la RTS


Le père Guy Gilbert au Vatican en 2015
Photo : Andreas Solero/AFP

"Prêtre-éducateur dans la région parisienne depuis plus de 40 ans, Père Guy Gilbert aide quotidiennement des dizaines de jeunes en perdition, dans les rues, dans les banlieues ou dans la bergerie qu'il a restaurée en Provence.
Il est l'auteur d'une quarantaine de livres, dont "Vie de combat, vie d’amour" (éditions Philippe Rey, 2015) qui, derrière la façade rebelle du prêtre au perfecto, montre une personnalité profonde et attachante."(Source RTS : Entre-nous soit dit).
"Les églises où je prêche sont pleines à craquer". (Ça ne m'étonne pas).
Cette interview est truculente, percutante. Quelques perles du Père (mais pour un collier complet écouter cette émission) :

"Pendant la quête, pas de bruit! (Que des billets que des billets que des billets)."

"Une vieille taupe de 50 ans." (0_0)

"Oui, je dis des gros mots... les jeunes ont des gros mots...
J'essaie pendant que je célèbre l'eucharistie - j'aime célébrer l'eucharistie - de ne pas dire de gros mots; parce que les vieilles ça les choquent profondément. Mais enfin... elles s'habituent... elles s'habitueront."
- Un peu comme vous (dit-il à la journaliste qu'il ne déstabilise pas, épatante Mélanie Croubalian)
- Ben oui (lui répond-elle)
- J'ai pris leur langage."

"Quand on dit que la politique c'est le plus haut sommet de l'amour... Mon c.l !" (*_*)

Une heure pour bien commencer la journée avec le Père "bling bling" (?). Ah ah! Les "vieilles taupes" de 50 ans peuvent passer leur chemin.... ou, tendre l'oreille. Ça décoiffe : une bouffée d'air, pendant que la campagne présidentielle s'envenime, se délite... à un mois des élections!

Père Guy Gilbert, Vie de combat, vie d'amour, éditions Philippe Rey, 2015.




lundi 20 mars 2017

Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir

Paysages urbains sous un ciel triste et beau




Téléphérique, Brest
(Pour voir les cabines de près et le ciel bleu, c'est ici. Hum!)






Rajout personnel (0_0)

 
Photos prises le 9 mars 2017, dans un état vertigineux
après une manœuvre libératoire.
Ce n'était certes pas le jour pour tester le téléphérique!

(Petit rappel : cliquer sur les images pour, 
agrandir la grisaille ambiante) 


Harmonie du soir

Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l'air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !

Chaque fleur s'évapore ainsi qu'un encensoir ;
Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.

Le violon frémit comme un cœur qu'on afflige,
Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige.

Un cœur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s'est noyé dans son sang qui se fige...
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !

Charles Baudelaire

Elle, est une autre

Ce matin-là, elle prit le sachet posé sur sa table de chevet depuis quatre semaines et le remisa. Rempli de divers médicaments qu'elle avait ingurgités plusieurs fois par jour : anti-vomitif, anti-vertigineux acétylleucine et autres bétahistine, anti-migraineux, anti-maux d'estomac etc, etc., en supportant - mal - les effets secondaires; toutes ces molécules censées améliorer son état ne fonctionnaient plus, ou alors si modestement, qu'elle décida de ne plus rien prendre, comptant sur la énième manœuvre libératoire prévue trois jours plus tard pour remédier  à son état d'ébriété vertigineuse; mais ce geste, pourtant violent, qui s'avérait efficace lors des précédentes crises n'y remédiait plus. Pire Mieux encore, elle décida, ce matin-là - premier jour du printemps sous une pluie fine et un ciel gris - elle décida, elle décida... pfff! elle ne savait plus que décider. L'ORL non plus d'ailleurs! Il levait les bras au ciel avec un sourire compatissant pour parer à sa désespérance lorsqu'il l'accueillait dans son cabinet; elle lui répondait, en levant les bras au ciel. Ce n'était plus son magicien comme elle l'appelait intérieurement, jusque-là. A chaque manœuvre le grand vertige était toujours là, la nausée imminente (mais elle parvenait à la contrôler); il avait beau lui dire à chaque fois : vous n'êtes pas venue pour rien, elle, n'y croyait plus. Il était perplexe, son cas était difficile, il lui prescrivait de nouvelles molécules et même du calcium (0_0), et un médicament qui se terminait en... ium pour ses migraines, qu'elle ne prit pas après avoir lu les effets secondaires de la catégorie " Très fréquemment" (oui, il existe des échelles. Très fréquent = plus d'1 patient sur 10. Fréquent = 10 patients sur 100. Peu fréquent = 10 patients sur 1000. Fréquence inconnue, ceux-là, ces effets secondaires, sont horribles, inconnus quant à la fréquence mais donc pas impossibles; les "très fréquents" suffisaient à la dissuader de prendre cette molécule...ium). Elle préférait poursuivre ses remèdes parfois efficaces pour ses maux de tête, encore un anti.... et poser sur son front brûlant les masques de gel réfrigérés qui ne restaient froids que quelques minutes, absorbant la chaleur de son front en un clin d'oeil, mais elle en possédait plusieurs dans son frigo; durant son petit-dèj elle avait le temps d'en mettre cinq et, oui, parfois, c'était miraculeux.

mercredi 15 mars 2017

"La photographie, c'est la vérité et le cinéma, c'est vingt-quatre fois la vérité par seconde..." (Jean-Luc Godard)

 
Joachim Phoenix, The Master   

"Quelles sont les 5 plus belles scènes de photographies de notre Histoire du cinéma ?"
Réponse dans une superbe réalisation de Luc Lagier à découvrir sur Blow up !



Jean-Luc Godard
(Photo extraite de ce "court-métrage" de 13 minutes)

***





" Et du matin au soir, ils ne parlaient qu'argent, argent. Ou encore travail, travail. Et ils se croient des êtres humains. " 

Eiji Yoshikawa, in La parfaite lumière.


mercredi 8 mars 2017

Le mieux-que-rien

Le secouant et le tenant à bout de bras, je regardais le pantalon que je venais de repasser : c'est mieux-que-rien, me disais-je pas vraiment satisfaite. Je m'interrogeais alors : le mieux-que-rien est-il mieux que le rien? Et me revenaient à l'esprit certaines circonstances  qui, d'évidence, m'obligeaient à conclure que le rien valait mieux que le mieux-que-rien et plus encore que le moins-que-rien !
Attention! Je ne parle pas du presque-rien ni du je-ne-sais-quoi. Quoi que... je-dis-ça-je-dis-rien.

Je remettais le pantalon sur un cintre, je jetais un coup d’œil par la fenêtre, nom de Zeus, il a bien salopé mes vitres avant-hier, je n'y voyais rien. Et là, c'est sûr - vu le temps pourri, les travaux et la gadoue dans mon quartier - c'était mieux de ne rien voir!

(*_*), in Une philosophie à coups de rien*, éditions Saint Sylvestre, collection L'imaginaire, 2017.

* Ne pas confondre avec celle de Marcel Moreau  : Une philosophie à coups de rein, éditions Denoël, 2007, avec qui j'avais passé une enivrante Saint-Sylvestre.
(Tendres pensées vers l'ami qui m'a offert ce livre pour mon anniversaire. Dix ans déjà...).

 

lundi 6 mars 2017

Rendez-vous avec soi


"Trois mois après qu'on eut cessé de se voir, avec Clémence, je lui donnais encore des rendez-vous. Mais je ne l'en informais pas, ça me paraissait plus sûr. Avertie d'un lieu, d'une date et d'une heure, elle ne serait probablement pas venue, et j'en eusse davantage souffert, sans doute, que dans le cadre de mon petit arrangement, où je ne pouvais guère lui en vouloir de ne pas me retrouver.

C'était d'ailleurs mon idée première. Ne pas lui en vouloir. J'avais assez accumulé de griefs contre elle, de notre vivant, pour ne pas en ajouter maintenant qu'à ses yeux je n'existais plus. Je la voulais, dans l'absence, d'une angélique pureté, et, comme je n'avais plus d'intérêt dans l'affaire qui trois mois plus tôt nous liait encore, je me sentais absolument libre de la respecter et de la chérir. Je l'eusse aidée, le cas échéant, si elle avait eu besoin de moi. Mais, puisqu'elle n'avait pas besoin de moi, j'étais, en un sens, d'autant plus disponible, délivré de ce qui eût pu se manifester chez elle tantôt sur le mode de la prière, tantôt sous la forme de la réprobation. Bref, maintenant qu'elle n'était plus dans ma vie, je pouvais tranquillement me consacrer à elle.

J'allai à notre premier rendez-vous un jour de printemps, en fin d'après-midi, de façon qu'elle pût s'y rendre après la fermeture de l'agence où elle travaillait. Il n'y avait personne quand j'arrivai, à la table que je nous avais assignée, et je sus ainsi qu'à tout le moins elle n'était pas en avance. Après quoi, j'appris qu'elle n'était pas à l'heure. Je décidai enfin, une vingtaine de minutes plus loin, qu'elle était en retard. Et je commençai à l'attendre pour de bon.

Je dus attendre vingt minutes encore pour considérer qu'elle était très en retard. Au-delà, comme elle ne paraissait toujours pas, je me mis en tête qu'elle s'était trompée de jour, et pris la décision de rentrer chez moi.

J'y avais rendez-vous, cette fois, avec moi-même. Mais, n'étant pas sûr de m'y retrouver, je traînai. J'arrivai donc à mon tour en retard, et, avant même de pousser ma porte, j'en connus la sanction comme j'abordais, au sortir du métro, les rues trop calmes de mon quartier : tout était fermé, et je n'avais pas chez moi de quoi dîner de façon décente. Je ne voulais néanmoins pas ressortir pour dîner à l'extérieur. Je déteste dîner seul à l'extérieur. Seul chez moi aussi, du reste. Mais, chez moi, il n'y a que moi pour le savoir. Ça m'aide."
Pages 7-8-9.
Christian Oster, in Les Rendez-vous, éditions de Minuit, 2003.


Et toujours cette jubilation (éprouvée également avec les romans de Jean-Philippe Toussaint) lorsque je lis les romans de Christian Oster. On peut l'écouter (ci-dessous) invité de l'émission Du jour au lendemain de Alain Veinstein (encore une voix de la nuit que j'aimais particulièrement), en 2013, pour son roman En ville, dont j'ai parlé ici.


 

dimanche 5 mars 2017

***

Il faut du courage pour téléphoner à ceux qui vont mal,
surtout quand ils sont détestables (*_*)


 Hello Donald? I'm listening to you...
Do you hear the birds?
Tweet tweet tweet...

(AP Photo/Steven Senne, Tuesday, Aug. 23, 2011) 


mercredi 1 mars 2017

"Le micro est là pour tout entendre de l'intime" Jean-Louis Jacopin, une voix qui restera...




Jean-Louis Jacopin (1946-2017)

"La voix est cette partie de soi qui, point de non retour, marque dans sa mue, la perte de l'enfance. L'entendre, la comprendre, l'écouter, la travailler, lui donner corps, lui reconnaître son corps, dans l'intimité ou sur les scènes, c'est tenter de garder du corps sous les artifices."
Jean-Louis Jacopin, Voix d'acteurs.



Jean-Louis Jacopin, je viens de l'apprendre, est mort ce dimanche 26 février. Dans sa biographie, on peut rajouter ses lectures dans les Chemins de la philosophie.
Pour lui rendre hommage, Adèle Van Reeth a proposé ce matin (d'une voix très émue) la réécoute de ce texte de Albert Camus, lu par Jean-Louis Jacopin dans les NCC le 1er septembre 2015.
Pour l'entendre, c'est à partir de la minute 48:26. A l'écoute, avec la voix de Jean-Louis Jacopin, le texte donne à "entendre l'intime".




 

Le texte, ci-dessous :
"Beaucoup affectent l’amour de vivre pour éluder l’amour lui-même. On s’essaie à jouir et à faire des expériences, mais c’est une vue de l’esprit. Il faut une rare vocation pour être un jouisseur. La vie d’un homme s’accomplit sans le secours de son esprit avec ses reculs et ses avances, à la fois sa solitude et  ses présences. A voir ces hommes de Belcourt qui travaillent, défendent leurs femmes et leurs enfants et souvent sans un reproche, je crois qu’on peut sentir une secrète honte. Sans doute, je ne me fais pas d’illusions.
Il n’y a pas beaucoup d’amour dans les vies dont je parle, je devrais dire qu’il n’y en a plus beaucoup. Mais du moins, elles n’ont rien éludé. Il y a des mots que je n’ai jamais bien compris, comme celui de péché. Je crois savoir pourtant que ces hommes n’ont  pas péché contre la vie, car s’il y a un péché contre la vie  ce n’est peut-être pas tant d’en désespérer que d’espérer une autre vie et se dérober à l’implacable grandeur de celle-ci. Ces hommes n’ont pas triché. Dieux de l’été, ils le furent à vingt ans par leur ardeur à vivre, ils le sont encore, privés de tout espoir. J’en ai vu mourir deux ; ils étaient pleins d’horreur, mais silencieux. Cela vaut mieux ainsi. De la boîte de Pandore où grouillaient les maux de l’humanité, les grecs firent sortir l’espoir après tous les autres comme le plus terrible de tous. Je ne connais pas de symbole plus émouvant. Car l’espoir, au contraire de ce qu’on croit équivaut  à la résignation. Et vivre c’est ne pas se résigner."
Albert Camus, in Noces.
Mes recherches m'ont amenée vers cette étude des Voix d'acteurs, par Jean-Louis Jacopin. Extraits :

"Il est des auteurs impitoyables pour ce travail vocal parce que leur écriture, conçue spécifiquement pour le théâtre, c'est-à-dire, pour être dite à un moment précis, dans une situation précise, ne demande rien d'autre, justement, que d'être dite. Je pense ici à H. Pinter mais surtout à celui qui a poussé à son extrême cette ascèse du mot : S. Beckett. Pour jouer ces auteurs (je parle essentiellement du travail vocal), il ne faut rien faire. Qu'est-ce que cela veut dire ? Tout simplement qu'il faut émettre les mots pour ce qu'ils sont : sans tristesse (ne pas baisser la voix), sans romantisme (ne pas traîner les voyelles, ne pas trop les ouvrir, un "a", pas un "â"), sans violence (ne pas fermer trop brutalement les phrases), sans joie (ne pas finir avec la voix trop en l'air), sans neutralité (ne pas éteindre, étouffer sa voix, garder l'énergie de la profération), etc..., on voit à quelles contraintes (seules garantes de liberté de jeu), il faut s'astreindre pour tenter de se rapprocher au-delà des désirs de l'auteur, de sa démarche, de sa marche. Arriver à parler simplement, telle est peut-être la spécificité du travail de l'acteur contemporain."
[...]
Quand il n'y a pas d'image ? Je veux parler de la radio, comment cela se passe-t-il ? Supposons une émission sur Marcel Proust à France Culture. Enfermé dans le studio, le comédien voit le réalisateur, le producteur (celui qui est à l'origine de l'émission, qui en propose les thèmes, qui choisit les textes...) et le technicien dans la régie, de l'autre côté de la vitre. Il les voit parler entre eux, s'affairer autour des magnétophones (et aujourd'hui, de l'ordinateur), rire ou s'interroger mais il ne les entend pas. La première fois cette solitude capitonnée peut se vivre comme une véritable exclusion. Devant lui le micro. Parfois on lui donne un casque pour qu'il entende sa propre voix au cours de l'enregistrement. Cette expérience est toujours difficile à ses débuts car le comédien entend, avant même d'avoir commencé, sa respiration, parfois les battements de son cœur, sa déglutition, le bruit de sa salive, tous ces insupportables clichements qui sont pour la qualité de l'enregistrement autant de parasites qu'il va falloir maîtriser. Maîtrise donc du corps intérieur, celui de l'écorché dont j'ai déjà parlé qui, au passage, vient de s'enrichir de quelques nouveaux éléments. A ces parasites internes, il faut rajouter tout mouvement intempestif trop bruyant, tout bruit de pages qu'on tourne, toute sifflante trop prononcée, toute explosive trop forte (ces attaques de phrase par un B ou un P !), toute chuintante trop mouillée, bref tout ce qui, partout ailleurs ne pose pas de problème parce que l'image et le mouvement gomment les imperfections au bénéfice de l'action qu'on voit. A la radio, on ne voit que ce
qu'on entend. Il faut que "l'image sonore" soit absolument parfaite pour que toutes les images qu'elle évoque, puissent comporter tous les défauts que l'auditeur souhaitera donner à sa rêverie.
[..]
Quand le comédien joue, à la radio c'est avec et de sa voix. C'est comme si son être tout entier implosait pour se retrouver dans le son qu'il émet. Il faut quand sa voix vibre et parle, que le comédien accepte d'être ailleurs. C'est-à-dire partout où il n'est pas. Là où d'autres l'écoutent.

Jean-Louis Jacopin, Voix d'acteurs. 

(A propos de la lecture à la radio, texte Voix d'acteurs à lire à partir de la page 12).
J'ai un grand regret : n'avoir aucun enregistrement des voix de mes chers disparus. Et leur voix est la seule chose -d'eux - dont je ne parviens pas à me souvenir. Parfois, je regarde leurs photos, longtemps. Tout me parle, leur regard, leur sourire, leur sourcils froncés, leur air surpris, étonné, leur attitude, leur façon d'être; je peux les voir bouger et presque les toucher comme s'ils étaient là près de moi. Mais-je-n'entends-pas-leur-voix, je ne me la remémore pas. Aujourd'hui, nous prenons des vidéos sans arrêt, les photos d'antan (irremplaçables quand on les caresse de nos mains) sont maintenant des petits films. Reflètent-ils toujours la réalité des êtres? Oui, s'ils ne savent pas qu'ils sont filmés sinon, ce sont des acteurs, des comédiens que nous filmons, surtout quand il s'agit d'enfants. 
Ce qui est étrange, c'est que j'entends, telle qu'elle est, la voix des êtres aimés, des proches encore en vie, quand je pense à eux en leur absence. J'ai le son, l'intonation de leur voix dans l'oreille.
Les morts emporteraient-ils leur voix avec eux? Dépêchons-nous d'enregistrer celle de nos chers amis.