mardi 31 juillet 2012

Illusion

Les gens que je croisais cet après-midi le long des quais avaient tous l'air heureux. Je n'avais personne à qui sourire alors je décidais de sourire au vent, aux mouettes, à la barbe à papa dans le ciel. Ainsi je me donnais l'illusion de...

"Rien n'est plus caché à nos yeux que l'illusion dans laquelle nous vivons au jour le jour.".
Henri-Frédéric Amiel, Journal intime.

19 h.
C'est l'heure de l'apéro,  j'écoute Michel Onfray sur France Culture.

Rajouté à 22 h.
Donc, le sujet de Onfray ce soir était Paul Nizan avec et sans Sartre. Et, coïncidence, on y parlait de nihilisme, de la mort et... d'illusion!

Paul Nizan nous dit  :

« Les gens n’on pas envie de vivre la vie qu’ils mènent. »
Il y a du nihilisme et il pose la question, question nietzschéenne et qui sera celle de Camus par la suite :

« S’il y a du nihilisme, comment vivre avec le nihilisme ? Si l’époque est décadente qu’est-ce qu’on peut faire pour vivre dans une époque décadente ? Il reste l’alcool, les femmes, le cinéma, les nuits, les bars, les prostituées, la religion, le romantisme, la poésie, l’ironie, la fuite, le suicide.. »

Il liste tout ça Nizan mais lui choisit le voyage, avec en ligne de mire, Rimbaud et quelques autres figures dont il parle, de Stevenson par exemple et Gauguin, parce qu’il considère qu’il y a un paradis perdu que l’on doit retrouver et qu'on doit pouvoir repartir et aller au bout du monde et découvrir peut-être une recette pour vivre mieux, pour se sauver du nihilisme dans lequel on baigne.

"On aspire dit-il à un paradis perdu et quand on est allé au bout du monde, on découvre l’enfer.".

Nizan écrit dans Aden Arabie :

« Je n’arrive pas à comprendre le néant, mon propre néant futur, mon néant, bien que le néant jure avec l’idée de sa possession. Je me vois donc mort mais incomplètement, je me représente une existence dégradée, je trouve cet état horrible, la mort me dégoûte si elle est vraiment cela, si elle est moins la négation de tout ce qui va venir qu’une disposition encore humaine comme la maladie, le froid, la douleur physique. Je me sens mort : l’indifférence est mûre. Je ne peux pas appeler ces semaines que je vis autrement que : mort c’est tout ce qu’un vivant peut penser quand il veut approcher d’aussi près qu’il le peut de la signification du néant. La véritable mort est ce qu’elle est, ce que la vie n’est pas, ce qu’est l’état d’un homme quand il ne pense rien, quand il ne se pense pas, quand il ne pense pas que les autres le pensent. Je n’en suis pas là : au fond rien n’est perdu. Mais mon illusion est effrayante. »
Et quelques pages plus loin il ajoute :
« Je hais cette vie. ».

On peut aussi lire cette conférence de Michel Onfray ici.



dimanche 29 juillet 2012

Corps-coeur-âme

"Celui des deux qui part n'est pas toujours celui qui s'en va."

J'ai entendu cette phrase hier matin dans l'émission Les philosophes amoureux* : Nietzsche et Lou Salomé. Elle m'a fait tendre l'oreille pour écouter la suite.

(Introduction, lue par Raphaël Enthoven).

"Les purs esprits ont également un corps, pour être philosophes ils n'en sont pas moins hommes disent les imbéciles, ravis, comme d'une surprise, de constater que l'amour de la sagesse ne guérit pas des passions ordinaires. Or non seulement la philosophie n'empêche pas les chagrins d'amour mais elle a même pour vertu d'en aiguiser l'amertume, au point d'en faire à l'occasion la source vive d'un questionnement, d'une connaissance dont le corps, c'est-à-dire le coeur c'est-à-dire l'âme, est le fil conducteur. D'ailleurs la philosophie elle-même est un chagrin d'amour puisqu'elle est amour de la sagesse et qu'être philosophe c'est avoir la sagesse de regretter que la sagesse nous échappe. Tout ça pour dire qu'on a toujours tort de faire à une pensée le procès de l'existence qui lui a donné le jour et qu'un système ou un anti-système qui aurait la pauvre propriété de nous rendre inaccessible aux joies comme à la tristesse, ne mériterait pas une heure de peine. Le petit trou du sentiment amoureux n'est pas un trou de serrure mais une voie royale pour entrer dans une pensée.
Nietzsche, Heidegger, Diderot, Socrate et Rousseau sont d'autant plus philosophes qu'ils ont aimé et souffert d'aimer."


(Ci-dessous, texte lu par Daniel Mesguich d'après la biographie de Dorian Astor : Nietzsche (Folio biographies, Gallimard))

"La première fois que Nietzsche vit Lou Salomé, il la trouva franchement irrésistible. C’était un matin d'avril 1882, sur le parvis luisant de l’église Saint-Pierre. Le déjà-vieux misanthrope s’éprit d’elle aussitôt : « Voilà une âme qui s’est fait un petit corps avec un souffle »...
Grâce à Lou, une robe a passé dans sa vie, pour lui apprendre qu’en amour, celui des deux qui part n’est pas toujours celui qui s’en va."."

* Chaque samedi matin à 11 h sur France Culture cet été. Prochaines diffusions :

Heidegger et Hannah Arendt
A écouter le 04.08.2012

Diderot et Sophie Volland
A écouter le 11.08.2012

Socrate et Alcibiade
A écouter le 18.08.2012

vendredi 27 juillet 2012

***

Mais pourquoi les melons que je choisis sont toujours délicieux, sucrés, parfumés, fondants quand je les mange seule, sont immangeables avec un goût de navet insipide quand j'ai  des invités!

Journal illustré

Aujourd'hui, au fil des heures...
12 h 30.
Je me dirige vers le centre ville à pied pour aller déjeuner. Inutile de prendre sa voiture en ce moment c'est le Festival de Cornouaille et depuis ce matin des manifestations pour défendre les salariés de l'entreprise DOUX se sont regroupées devant le Palais de Justice. Lire ici l'actualité heure par heure.




"Devant le tribunal, Philippe Poutou, candidat NPA lors de la dernière présidentielle,
 et en vacances dans le Finistère, est venu soutenir les salariés de Doux."
(Source Ouest-france)
Il a une jolie barbe!

Photo : Maël Fabre

13 h.
J'arrive dans ce nouveau restaurant, style bistrot, que j'avais repéré dimanche en sortant du Musée Départemental Breton où j'ai vu une très belle exposition Gens des Cornouailles, sur laquelle je reviendrais si j'en ai le courage.


Je traverse un couloir et j'arrive dans la cour pavée où est installée la terrasse déjà pleine. Il reste une table à l'ombre, pour deux et je suis seule... comme d'habitude! Pas question de déjeuner au soleil. Le garçon me propose une autre table, je lui dis que je reviendrais une autre fois mais je ne peux pas déjeuner au soleil. Il m'invite alors à m'asseoir à celle ombragée. L'endroit est charmant, ouvert depuis lundi. C'est là que Max Jacob a passé sa jeunesse; la rénovation est encore en cours mais tout a été conservé. Trop de monde pour que je puisse prendre des photos, sauf celles de l'entrée prises dimanche et celle-ci où je me suis attablée; j'ai eu le temps de la prendre avant qu'on ne retire la bouteille. L'Ambre me poursuit...





A l'intérieur la salle est magnifique avec une belle cheminée où il fera bon dîner cet hiver. Je déjeune rapidement, un parasol n'a jamais remplacé la fraîcheur ombragée des arbres et j'ai trop chaud.

14 h.
Je passe par les rues piétonnières, m'arrête devant ma vitrine favorite. Détail : une affiche de film "Les Intouchables", je crois reconnaître Gregory Peck mais je n'ai rien trouvé concernant ce film qui n'a rien à voir avec celui qui a fait se déplacer les foules : Intouchables!




15 h.
Le vent s'est levé, je rentre en longeant l'Odet, cette rivière attire les mouettes, les canards, les bateaux peuvent y naviguer à marée montante, c'est toujours un peu de fraîcheur maritime salvatrice, dans une ville.


jeudi 26 juillet 2012

Ca cale ou ça claque

Le Petit Robert cale ma fenêtre.
L'encyclopédie de la Cuisine cale  ma porte de salle de bains.
La Bible illustrée par Dali cale ma porte de chambre.
Voltaire cale ma porte-fenêtre.

Les courants d'air peuvent circuler, plus rien ne claque!
J'ai réussi à faire baisser la température de l'appartement de... deux degrés. Hum! Il ne fait plus que... 27 mais  il n'y a pas un pet de vent!

Je me cale devant le ventilateur.

mardi 24 juillet 2012

Mont-Blanc Express

J'ai un peu occulté ma semaine passée à Chamonix avant celle d'Evian, cette dernière m'ayant laissé des souvenirs si exquis, encore vivaces.
Mais en lisant cet article après l'avalanche survenue sur le Mont-Blanc au Mont Maudit, j'ai repensé à ce séjour.


"Le téléphérique de l'Aiguille du Midi était toujours fermé samedi en raison de rafales devant soufflant à 100 km/h à son sommet (3.842 mètres), rendant ainsi inaccessible la voie d'ascension au Mont-Blanc dite des "Trois Monts".
C'est sur cette voie que les neuf alpinistes ont trouvé la mort, leurs cordées ayant été surprises tôt jeudi matin par une coulée de neige à 4.000 mètres d'altitude, sur la face nord du Mont Maudit.
Seule une poignée d'alpinistes, bloqués en raison de la fermeture du téléphérique, ont passé la nuit de vendredi à samedi au refuge des Cosmiques, passage obligé pour emprunter cette voie.
"Les conditions sont hivernales. Il a neigé, il y a du vent, il fait froid. Aujourd'hui, ça ressemble plus à un phare qu'à un refuge, vu le peu de fréquentation", a indiqué à l'AFP Laurence Cantèle, gardienne des Cosmiques depuis 19 ans.""

Et je me disais que - bien que le temps fin mai était moins hivernal mais tout de même moins estival que l'année passée - j'avais été bien imprudente de monter à l'Aiguille du Midi par le téléphérique en tenue de touriste irresponsable. Je réalise seulement aujourd'hui mon inconscience. Bien sûr, à Chamonix, la température était proche des 25° mais déjà à la première étape du téléphérique le temps était bien frisquet, environ -5°, au point que - cette année - je ne suis pas montée jusqu'en haut où la température annoncée était de -11°. Je n'avais que deux pulls et les gambettes à l'air. Que serais-je devenue si je n'avais pas pu reprendre le téléphérique pour cause de "rafales de vent" et si j'avais dû passer une nuit dans la cabane en bois du Bar, sans parka, sans doudoune, sans pantalon? J'en frémis. Et je n'étais pas la seule dans le téléphérique en tenue de touriste!

Photo de mai 2011.


Photos de mai 2012 prises au même endroit. La neige était plus abondante.



Aujourd'hui les souvenirs de mon séjour resurgissent et j'ai profité de mon pass transports en commun, bien plus que l'année dernière. De ma chambre d'hôtel à Chamonix, le panorama sur la chaîne de montagnes et le Mont-Blanc est toujours aussi extraordinaire! Parmi mes journées mémorables, il y eut celle passée à Servoz. A la réflexion, je me trouve intrépide d'oser faire toutes ces balades en solitaire; sur le moment je n'ai aucun sens d'un quelconque danger.



A travers la vitre du train, cette voiture au milieu de la route!

En arrivant à Servoz il faisait extrêmement chaud et j'entrais dans l'église surtout pour trouver un peu de fraîcheur, mécréante que je suis. Cependant je m'y recueillais en contemplant le choeur, l'autel et ce Christ dans le bleu (du ciel?) de la voûte me ramenait vers toi et cette folle soirée où un de tes amis (nous étions six pour le dîner préparé par toi) t'avait mis au défi de peindre à l'huile un Christ sur une toile vierge en une heure. Le Christ était une de tes obsessions, je n'en connaissais pas la raison. Pari réussi en quarante-cinq minutes, le visage du Christ d'un bleu sombre monochrome apparut, tourmenté, magnifique. Tu étais sûr de toi et moi j'avais le trac. Le dîner avait été assez arrosé. L'ami acheta la toile ce soir-là;  il dut revenir la chercher, attendre qu'elle soit sèche. Que n'avais-je en ce temps-là le réflexe de tout photographier... le numérique n'existait pas.

Assise au fond de l'église, je pris les deux photos ci-dessous discrètement pour ne pas déranger ces touristes-étudiants concentrés sur leur travail; ils étaient en train de croquer des détails. Ils donnaient à cet instant que je vivais une intensité étrange, lumineuse, empreint de spiritualité; c'est un hasard heureux me disais-je et je ne savais pas encore que j'allais les retouver plus tard...




Casquette vissée sur la tête je suis sortie imprégnée de ce calme, je n'aurais pas aimé entendre les cloches. Je me suis dirigée vers les Gorges de la Diosaz. Sur le chemin j'aperçus un beau cheval, je n'allais tout de même pas le prendre en photo! Je m'arrêtais sur la vitrine d'une galerie : Mille lieux du monde, un immense tableau m'incita à rentrer et je découvris de beaux objets sur l'art tribal. Je souriais en pensant à une famille résidant dans le même hôtel que moi à Chamonix, qui m'avait proposé ce même jour de visiter avec eux les Saint-Bernard. Ils étaient en voiture, j'avais préféré prendre le train et me laisser porter dans Servoz sans planning. Je ne le regrettais pas. J'arrivais aux Gorges et j'avais sifflé ma demi bouteille d'eau; la chaleur devenait étouffante et la marche un exploit. Sur un petit pont traversé par l'Arve, j'écoutais le bruit du torrent comme une bouffée d'air frais. Je fis une courte promenade, il eut fallu que je consacre une après-midi entière pour voir les Gorges... Je suis une touriste qui erre, sans but, sans m'attarder sur les sites... Sentir l'environnement, souvent majestueux à la montagne, suffit à ma contemplation, à mon bonheur.


Mais je commençais à avoir vraiment soif et je n'avais plus d'eau; pas une fontaine sur mon chemin. Je revins alors vers le centre du village, en cette fin mai de nombreuses boutiques et bars étaient encore fermés, à moins qu'ils ne le fussent qu'à l'heure de la sieste? J'aperçus - ô  joie - un chalet avec une terrasse, certainement ouvert puisqu'il y avait deux messieurs attablés! Je devais être rouge comme une tomate, je les saluais et m'apprêtais à m'asseoir à l'ombre; j'allais enfin reposer mes gambettes et me désaltérer! L'un d'eux m'interpella gentiment  et me dit : nous sommes fermés! Flûte, je n'ai pas de chance... "Mais vous pouvez vous asseoir" me dit-il. Je le remercie avec un grand sourire. Ce devait être le patron avec un ami? un employé? Je sors ma demi bouteille d'eau de mon sac, je savais pourtant qu'il n'y en avait plus une goutte mais : regarder, n'est-ce pas absorber? Hum! Je prends cette photo d'un chalet de l'autre côté de la route...


Je les regardais finir de déjeuner (à l'heure espagnole), Rosé sur la table (si mon souvenir est bon, je n'en suis pas sûre) et une bouteille d'eau, sur laquelle je me serais bien jetée. Après quelques minutes l'aubergiste se leva, vint vers moi  et me dit : "Que désirez-vous boire, je vous offre ce que vous voulez". Mazette! Il a un visage sympathique avec sa barbichette!* J'en bafouillais : mais non, je vous remercie, je ne vais pas vous déranger.... bon d'accord,  mais alors je vous règle. "Non non, dites-moi ce qui vous ferait plaisir..." et son compère me regardait comme pour me dire : allez, acceptez!  Ce que je fis en lui demandant avec un sourire jusqu'aux oreilles sûrement aussi rubicondes que mes joues : alors je prendrai un Schweppes s'il vous plaît. Ouf! J'ai de la chance tout de même! Il est revenu avec un verre, des glaçons, une rondelle de citron et une bouteille de Schweppes. Ils m'ont ensuite demandé si j'étais en vacances, d'où je venais etc. sans doute étonnés que je voyage seule. Je savourais cette boisson pétillante au goût amer avec délectation. Cependant je ne m'attardais pas, j'avais encore à découvrir ce village.
Il était temps que je poursuive ma balade. Je les ai remercié chaleureusement avant de partir et j'ai fait cette photo (d'autres plus jolies dans le lien ci-dessous), je ne voulais pas oublier le nom de cette étape! Je compris plus  tard pourquoi le bar était fermé : ils devaient avoir fini le service du déjeuner du restaurant (qui a l'air excellent - voir les photos dans le lien sur la "galerie") et se détendaient enfin en déjeunant à leur tour, tranquillement. Et voilà qu'une intruse était venue les solliciter!


Au lieu-dit Le Bouchet à Servoz.



*Hôtel-restaurant Les Gorges de Diosaz (photos en cliquant sur "galerie", il y a une belle photo (interdite de reproduction) en noir et blanc du "patron" et, apparemment c'est lui qui est au piano!). Je ne peux que recommander cette charmante Auberge l'accueil y est très chaleureux!

Je me sentais requinquée et je remontais vers Le Bouchet, ça grimpait pas mal.  A mi-chemin, je m'arrêtais sur cette villa dont je venais de longer les murs du parc bien protégé des regards. Le portail était ouvert, les volets fermés; il y avait une camionnette et un homme qui bricolait. J'entrais et lui demandais si je pouvais faire des photos; non seulement il accepta mais me fit visiter le parc, immense, avec des arbres majestueux. Je pris une photo de la maison côté rue et côté parc. Il m'expliqua qu'il était chargé de l'entretien, qu'elle appartenait à une baronne parisienne qui n'y venait jamais. Il pouvait la surveiller de près puisqu'il avait une maison qui jouxtait l'entrée. Elle s'appelait Les Fiz et il y avait le nom de l'architecte sur une plaque. Quelle belle demeure!




Photos : collection particulière interdite de reproduction.

Je m'en tins là de ma promenade, je regardais la chaîne de montagnes et j'entamais la descente vers la gare, les trains n'étaient pas si nombreux. Sur le quai je retrouvais les "étudiants" des Beaux-Arts (?), je les avais croisés sur le pont. C'étaient des anglais.


Le jeune homme aux lunettes était d'une élégance very British. Même avec son sac à dos, il avait de la classe! En attendant le train il s'est mis à danser un rock avec une des jeunes filles, sans musique, c'était chouette. Il me vint à l'idée de regarder les panneaux de direction du train et je m'aperçus qu'il fallait attendre de l'autre côté pour retourner à Chamonix. Je leur montrais la pancarte et ils comprirent qu'il fallait traverser la voie. Le petit train rouge arrivait.



J'étais ravie de ma balade à Servoz. L'aurais-je trouvé aussi exquise, me serais-je arrêtée dans ces lieux si je n'avais pas été solitaire? Non, j'en suis absolument certaine. Et puis, prendre ses vacances en mai, sans la foule, un vrai luxe!

(A suivre pour une autre journée... que je relaterai plus brièvement).

samedi 21 juillet 2012

Garder son calme

J'écris beaucoup en ce moment mais rien de publiable ici. Alors j'enregistre pour peaufiner plus tard, quand l'énergie reviendra. Je suis dans une espèce de torpeur estivale malgré un temps qui ne l'est pas... encore. Ce n'est pas de la lassitude, c'est indéfinissable; mon rythme de vie complètement chamboulé depuis quelque temps en est peut-être la cause : je me lève plus tôt que d'habitude, je vais au golf à l'heure du déjeuner, je déjeune à quinze heures, je dîne à vingt et une heure et je fais la vaisselle à vingt deux heures en écoutant la radio. Ce soir j'étais sur Radio Classique en dînant sur ma terrasse dorée par le soleil du soir, je regardais les oiseaux dans le ciel "bleu comme une orange"; c'était à l'heure où ils dansent, j'avais l'impression qu'ils entendaient le Trio pour piano de Brahms qui passaient sur l'antenne. C'était beau.
Maintenant je vais continuer de lire le dernier livre emprunté à la médiathèque : La Plage de Scheveningen de Paul Gadenne. Parfois il m'arrive d'avoir envie de lire un livre à voix haute, celui-ci je le lis à voix basse intérieurement, comme un chuchotement pour que rien ne vienne troubler ce qui réunit les deux amants. A vrai dire j'ai eu du mal "à rentrer dedans" pendant les cinquante premières pages. J'en suis au premier tiers de l'ouvrage (333 pages). J'attends de l'avoir terminé pour dire mon enthousiasme, ou pas.

Sinon, tout va... mollement, ni bien ni mal et rien qui mette du soleil dans mes mirettes, du rouge sur mes joues, des battement désordonnés dans mon coeur.

"Le mieux à faire, c'est de garder son calme, de parler le moins possible aux autres et le plus possible à soi-même."
Sénèque, Lettre CV à Lucilius.



Photos de la semaine

Jardin du Presbytère (le chat veille!)

Détail, cloître du Prieuré de Locmaria

Herbes sauvages au golf

mercredi 18 juillet 2012

... cette possibilité sublime.

"L'amitié stellaire.- Nous étions amis, et nous sommes devenus étrangers l'un à l'autre. C'est bien ainsi, nous ne nous cacherons, nous ne nous dissimulerons rien : nous n'avons à rougir de rien. Nous sommes deux navires dont chacun a son but et sa voie. Nous nous sommes, par hasard, croisés; nous avons célébré ensemble une grande fête - et alors nos deux courageux navires ont si tranquillement reposé dans le même port et sous le même soleil qu'ils semblaient avoir tous deux atteint le but qui leur était commun. Mais la force toute-puissante de notre devoir nous a de nouveau chassés vers des mers, des soleils divers - et peut-être nous ne nous reverrons plus jamais - et peut-être aussi nous nous reverrons, et nous ne nous reconnaîtrons plus : les mers et les soleils divers nous auront transformés! Nous devions nous devenir étrangers, c'était écrit en nos destins; raison de plus pour sanctifier l'idée de notre amitié finie! Sans doute, il existe un astre lointain, invisible et prodigieux, qui donne une loi commune à nos petites évolutions : élevons-nous jusqu'à cette pensée! Mais notre vie est trop courte, notre vue trop faible : nous devrons nous contenter de cette possibilité sublime. Et s'il nous faut être ennemi sur terre, malgré tout, nous croirons à notre amitié stellaire*."

* Le Gai Savoir, § 279.
Nietzsche.

Extrait tiré de l'ouvrage de Daniel Halévy, Nietzsche.

                                                                                                       Pour l'ami inconnu.

lundi 16 juillet 2012

Cet obscur objet du désir

Samedi 14 juillet.

Je me décidais à aller au centre ville à 17 heures pour vérifier que tout était fermé, inanimé en ce 14 juillet.
Quelle ne fut ma surprise de voir la plupart des magasins ouverts avec des - 50%, ou DERNIERES DEMARQUES pour attirer les badauds, nombreux. Il faut dire que le farniente sur les plages n'est pas d'actualité! Mais, tout de même, ouvrir les magasins un 14 juillet... Les commerçants se plaignent dans le centre ville de ne plus avoir de clients, qui préfèrent aller dans les centres commerciaux où les places de parking ne posent pas (trop) de problèmes, tandis que dans le centre il est de plus en plus difficile de se garer. Aucune envie de rentrer dans les boutiques. Je m'imprégnais de cette ambiance urbaine avec plaisir.
Puisque tout était ouvert, je me suis dit que Philomène devait l'être aussi. Gagné! Je commandais leur tarte au citron meringuée (elle est succulente) avec un thé et m'installais dans un petit coin d'où je voyais les gourmand(e)s faire la queue pour des macarons ou des gâteaux qu'ils emportaient ou venaient déguster sur place. Chez Philomène, la réputation du meilleur pâtissier de Quimper n'est plus à faire et, qu'importe si le salon de thé a l'air d'une cantine, la pâtisserie est divine! Rien n'a pratiquement changé depuis que j'y venais avec ma mère il y a...???  bref, quand j'avais dix-huit ans! 
Je sirotais mon thé à petites gorgées et savourais mon gâteau lentement en lisant cet article d'un Philosophie Magazine consacré à Jacques Lacan. Il date de septembre 2011 mais je n'avais pas pris le temps de le lire à fond!


Non, cet obscur objet du désir n'était pas ma tarte au citron!

L'objet a

"L'objet a (prononcez "petit a"), que Lacan considère comme son apport fondamental à la théorie analytique, est l'objet cause du désir. Et c'est d'abord une énigme que Lacan ne résout pas, mais qu'il nomme d'un "a" (pour "autre") afin de l'inscrire dans la chaîne du savoir. Mais encore? Reprenons l'histoire : à l'origine, nous fusionnons voluptueusement avec la mère (appelée par Lacan, "la Chose"). Ensuite, la parole du père nous arrache à la Chose maternelle et nous précipite dans le langage, donc dans l'existence .[...]" etc.etc.

Jouissance

"Prenant ses distances avec le sens commun, Lacan oppose la jouissance au plaisir. Le plaisir est mesuré, son intensité est limitée; c'est l'état homéostatique du "ni trop, ni trop peu". A l'inverse, la jouissance est une transgression des limites, un "au-delà du principe de plaisir" comme le notait déjà Freud; elle est une décharge violente de notre énergie psychique. Boire un bon verre de bordeaux relève du plaisir, là où la bouteille que s'envoie l'alccolique l'emporte dans une jouissance mortifère. Mais si la jouissance flirte avec la pulsion de mort, elle amène aussi le sujet du côté de la création. Quand il attaque fiévreusement une fugue de Bach, le pianiste Glenn Gould est pris dans le cyclone de la jouissance. Obéissant à une tension extrême, celle-ci peut être pénible et douloureuse : "La jouissance est masochiste dans son fond." Surtout elle signale une interruption du désir."
(A ce moment de ma lecture je l'interromps un instant et je me jette sur ma tarte au citron n'en pouvant plus du désir de la dévorer. Plaisir ou jouissance? Petit plaisir, soyons raisonnable, et je poursuis ma lecture en me léchant les babines remplies de meringue : petite jouissance, pas mortifère. Je blague, je mange proprement en public; chez moi il m'arrive de me lécher les doigts, voire les babines!).
"D'où "la précarité de notre mode de jouissance qui désormais ne se situe que du plus-du-jouir" - une société engagée dans la seule poursuite de la jouissance. Dès lors, l'éthique et le travail de la psychanalyse commandent d'apprendre à ne pas jouir en permanence. Afin de laisser de l'espace au désir pour qu'il puisse prendre consistance."
(J'avais fini ma tarte... s'en même m'en rendre compte.  Ne jamais lire en mangeant).

dimanche 15 juillet 2012

Censuré ou banni c'est kif-kif

C'est la première page que j'ouvrais dans le JDD, la Chronique de Philippe Sollers.
Je jubilais à la lire.

Crédit photo : Bertrand Guay / AFP

J'apprends qu'il est viré! Sa dernière chronique en serait la cause :

"Philippe Sollers n'écrira plus dans le Journal du Dimanche. Selon les informations du magazine Le Point, l'écrivain a été remercié par Denis Olivennes, le patron de la branche média du groupe Lagardère. La cause de son départ ? Sollers paierait l'insolence de sa dernière chronique soumise à la rédaction du JDD, dans laquelle il commente le soutien apporté par Valérie Trierweiler au socialiste Olivier Falorni sur Twitter." 
(Source L'Express). 

Peut-être va-t-il poursuivre ses Chroniques dans son blog? Je croise les doigts!

samedi 14 juillet 2012

***

Les décorations du 14 juillet c'est vraiment du n'importe quoi!
Michel Blanc, Juliette Gréco, Anne Hidalgo (première adjointe au maire de Paris) et j'en passe..., ces noms accolés à celui de Simone Veil dans les titres des journaux sont d'un ridicule.
Simone Veil est élevée à la dignité de grand-croix. Une décoration bien méritée.

vendredi 13 juillet 2012

Sous la pluie, la lumière

En direct de ma terrasse, au loin derrière le mont Frugy
voilà ce que j'ai pu capturer du feu d'artifice zoom à fond, hum!
Lenteur de mon appareil pour le "traitement en cours" entre deux prises 
et pendant ce temps-là je ratais les plus belles étincelles!





Etranges explosions...

jeudi 12 juillet 2012

***

"Allons, réveille-toi, secoue ta vieille carcasse et debout sans tarder, sinon prends garde de te rendormir cette fois pour de bon ; enfoui dès lors, claustré dans une nuit perpétuelle, comme il t'adviendra fatalement, mais évite autant que faire se peut d'en hâter l'échéance par apathie ou volonté insidieuse de perdition, ne sois pas le fossoyeur de toi-même dans l'idée puérile de demeurer jusqu'au bout le seul maître de ton destin, ce qui n'est en rien conforme à la vérité, aussi flagrante qu'en soit l'intention."

Louis-René des Forêts, Pas à pas jusqu'au dernier.

mardi 10 juillet 2012

Un tramway nommé... péril jaune

Hier je me suis décidée à y aller. J'ai tardé cette année. D'habitude j'y vais pour la fête des mères qui coïncide à peu près avec celle de l'anniversaire de ta mort, le 25 mai. J'étais en vacances et je m'étais promis de le faire au retour. Déjà l'année dernière j'avais tardé... Samedi j'ai acheté la plante, ainsi je m'obligeais à aller sur la tombe.
J'avais échafaudé une journée bien remplie. Après une heure de route, passage au cimetière; je pensais faire le nettoyage en un quart d'heure, j'y ai passé une heure. J'avais pris tout ce qu'il fallait pour qu'elle soit nickel. Je n'en pouvais plus. Pendant que je déplaçais les plaques avec toutes les précautions pour ne pas déclencher un lumbago, un homme est venu déposé de jolies roses sur la tombe d'à côté. Quand il est parti j'ai regardé les inscriptions sur la stèle :  1938-1969, c'était une jeune femme. Je trouvais beau que quelqu'un vienne encore déposer des fleurs en 2012. Qui était-il? Il paraissait avoir 45/50 ans.
J'allais chercher un autre arrosoir rempli d'eau, puis je replaçais les plaques et posais la composition florale, jaune et verte. J'étais satisfaite. J'avais fait mon devoir. Je ne ressens toujours rien devant cette tombe; vous n'êtes pas là, surtout pas là, vous êtes partout, ailleurs. En quittant l'allée je regardais avec envie les plaques du columbarium en me disant : avec ça, le nettoyage est vite fait!
Il était 13 h  et j'avais faim. Les autres années j'allais manger des moules au Tour du Monde! Cette année j'avais prévu d'aller rue de Siam, retrouver d'autres souvenirs de jeunesse et puis, tout le monde ne parlait que de ça : le Tramway de Brest. Il s'est fait désiré celui-là! Je découvre qu'avant 1905, il y avait déjà un tramway à Brest surnommé le "péril jaune"! Ci-dessous :

Carte postale ancienne éditée par GBNG, N°184
Brest (France) - Sur le Grand Pont
Vue d'une motrice du tramway vers la Porte du Conquet
Carte oblitérée en 1905
Collection personnelle
Scanné par Claude Shoshany

J'arrive par des chemins détournés dans le centre ville, évidemment plus question de descendre la rue Jean Jaurès et la rue de Siam en voiture, place au tramway. Pas évident de circuler en voiture du coup.Pfff! Ouf! Je me gare à côté de l'hôtel Océania (une pensée pour elle). Je vole en passant un journal gratuit, le ciel est couvert, il fait 16°!
Un tramway passe, hop, capture!



La rue est déserte, c'est l'heure du déjeuner et puis, c'est lundi : les commerces n'ouvriront que l'après-midi. Sur le lien plus haut, les images de l'inauguration sont plus chaleureuses que cette grisaille. Des bacs sont prévus pour y mettre des plantations sans doute; l'installation n'est pas terminée. Mais mon Dieu que cette rue de Siam avec ces immeubles rectilignes est froide; j'ai hâte de retrouver mon petit Quimper et... je le retrouverai plus vite que prévu. Je ne reconnais rien et ne retrouve pas mes souvenirs de jeunesse. Il est 13 h 40 et il faut que je déjeune. Je vais jusqu'au bout de la rue, près du pont de Recouvrance et je rentre dans le premier restau, il fait trop froid pour manger sur la terrasse. Hum! Très kitch mais le garçon très aimable.



Je commande une salade et je lis le journal "Côté Brest",
nous avons la même publication "Côté Quimper".



J'espère que la photo de la Une a été prise lors d'une journée estivale!

C'était parfait, service rapide, je ne voulais pas perdre de temps, mon programme était chargé. Un petit café et je remonte la rue de Siam, les magasins sont ouverts. Ils auraient mieux fait de rester fermés! Celui-ci m'attire avec sa pomme, je rentre, j'en soulève un, poids plume, ligne parfaite, on ne peut moins épais, un vrai petit bijou ce Mac. Un jour peut-être... Je ressors, enfin, je pense ressortir et PAF EN PLEINE POIRE je me prends la vitrine, ce n'était pas la porte. Je serais incapable de dire pourquoi au lieu d'aller tout droit j'ai pris la tangente. J'aurais été une mollassonne je l'aurais pris tout doucement, mais non, j'ai l'allure fière et tonique et ça a fait un bruit dingue. J'étais complètement sonnée, je me suis appuyée sur une console, une cliente a demandé un mouchoir à son mari mais j'en avais, j'ai cru que j'allais m'évanouir, le sang... le coup sur le front. Il ne fallait surtout pas pleurer, je devais avoir déjà l'air tellement c... La cliente gentiment me demande si je veux m'asseoir, je lui dis non non ça ira, merci, vraiment. Je lui ai demandé si mon front saignait, si mon nez  était coupé (il saignait beaucoup), elle m'a dit non, ne vous inquiétez pas, il n'y a rien de cassé.  Le vendeur lui, occupé avec un client, n'a pas moufté, pôv c...! Je suis sortie hagarde, impression d'avoir pris un coup de marteau sur la tête, en tenant mon mouchoir sur le nez. J'ai vidé le paquet. Ma voiture n'était pas très loin, évidemment mon beau programme était tombé à l'eau, je n'avais qu'une envie : aller pleurer dans ma voiture. J'ai attendu quelques minutes pour reprendre mes esprits et j'ai quitté la ville par le port de commerce où tout était déjà en place pour Brest 2012 qui démarre ce vendredi.

Aujourd'hui tout va (à peu près) bien, rien à l'extérieur mais impression d'avoir vraiment reçu sur la tête un coup de penn bazh!

Je ris parce qu'un ami à qui j'ai raconté cet incident m'a dit qu'il me faudrait maintenant être accompagnée... d'un chien d'aveugle! Une canne blanche dans un premier temps suffira:))



dimanche 8 juillet 2012

De joie, de peine, d'espoir

Samedi 7 juillet.

Donc, après ma belle matinée, je déjeunais sur ma terrasse; je rêvais à nouveau du lac Léman en prenant mon café et j'éclatais de rire en regardant ma table : non, il ne suffisait pas d'un set de table et d'une carafe d'eau pour me croire en ces lieux, Chamonix et Evian.


Je décidais de me satisfaire maintenant de ce que j'avais sous les yeux et le soir venu, après un dîner dans le bistrot - le crachin breton était tenace - d'un petit port à quelques encablures de mon sweet home, je n'ai eu aucun effort à faire pour me dire que ce que je voyais là valait bien mon cher lac Léman au coucher du soleil.





Je n'en croyais pas mes yeux alors que trente minutes plus tôt nous regardions à travers la vitre du restaurant tomber ce crachin qui nous bouchait la vue. Nous devions tout de même garder nos pulls, l'air était frisquet; n'empêche, nous avons vu le soleil avant qu'il disparaisse! En Bretagne c'est en septembre qu'on dîne en terrasse. Pfff!

Au retour, pas besoin de tester mon alcoolémie, j'ai bu de l'eau.
J'allume la radio, je n'écoute pas, je pense à elle, qui était si triste ce soir. Je les ai pris en photo tous les deux, il la prend par l'épaule tendrement, lui sourit et elle, à travers ses lunettes de soleil, a les yeux qui brillent de chagrin. Le soleil couchant colore leurs visages.
J'ai le coeur gros.

Dans toutes les larmes s'attardent un espoir.
Simone de Beauvoir.

Dimanche 8 juillet.

Soleil, nuages, vent.
Après-midi, commencé La plage de Scheveningen de Paul Gadenne.
Fait un tour dans une Trocante. Pas trouvé ce que je cherchais : une assise cannelée - voire le fauteuil complet - pour remplacer celle, défoncée,  d'un fauteuil!  
Regardé ce soir un film de Fassbinder en VO : Les larmes amères de Petra von Kant. Un huis clos qui permet à Fassbinder de creuser la chair à vif des passions, plaisirs et tourments que chacune des protagonistes exerce les unes sur les autres.  Un peu long... et lent.  Je n'étais peut-être pas dans l'état d'esprit adéquat pour apprécier ce film, sans doute essentiel.

samedi 7 juillet 2012

Une belle matinée

Je ferais mieux d'écrire moins souvent et de m'appliquer à écrire mieux. Je ne réfléchis pas, je pose là les mots sans aucun style. Une espèce de blablabla inutile. Je me promets chaque soir en me couchant de ne plus rien coucher ici et, chaque matin, une force irrépressible me pousse à raconter les instants présents, les instants vécus, espérant - mais c'est un leurre - les embellir, leur donner un intérêt supérieur à ce qu'ils sont : le reflet de ma vie monotone et de ma solitude... aussi chérie que haïe.

Ce matin, alors que j'écoutais Répliques : L'emprise sportive - le plus attentivement possible car le foot et les footballeurs je n'en ai rien à f.... - je regardais ce moineau. Il vient depuis quelques jours dans mon rhododendron et cherche à picorer quelque chose sur ma terrasse où il n'y a rien à grignoter. J'entendais ce que disait André Dussolier sur le sport, d'une oreille distraite tout à mon travail de piètre vidéaste! Je n'osais m'approcher craignant de le faire fuir.




En ce moment  j'écoute Charles Sigel sur la RTS qui m'emmène vagabonder avec Toulouse-Lautrec. Un moment délicieux, avec de jolies pauses musicales.
Lautrec était un contemporain de Seurat dont il disait :
"C'est idiot quand on a de la pâte, de peindre avec des confettis et des asticots"!
Et aussi :
Piéton de Paris, il est fasciné par tout ce qui échappe à la norme. Inutile d'être Freud pour comprendre pourquoi. "Vous n'savez pas ce qu'j'viens de découvrir rue Lepic, raconte-t-il en zozotant à Natanson. C'est inouï. Sur le mur de la vespasienne, un pauv'type avait écrit ces mots: "Ma femme m'insulte, me griffes (avec un s), me cocufies (avec un s aussi) et puis d'une traite, sans une faute: plus elle me fait souffrir, plus je l'aime. C'est pas beau, hein ? C'est pas chouette ?... Et savez-vous c'qu'un crétin a eu le courage d'écrire dessous ? Alors t'es la reine des poires !""

Une belle matinée...

Et pendant ce temps-là, sur les autoroutes ce 7 juillet : 300 kms de bouchon. Et si la vie monotone était plutôt celle-là!