samedi 28 mai 2016

Avoir un bon copain, énième!

J'ai vraiment un bon copain!
Même quand il n'y a rien à fêter, il m'expédie de charmants petits cadeaux, comme ça, sans prétexte, pour son plaisir, et le mien.

Des petites attentions qui parlent d'amitié. Ce n'est pas un golfeur mais il connaît ma passion. Hier, j'ai reçu ces tees (blancs) et ces balles de golf avec un logo fleurs de lys, ainsi qu'un écusson qui va rejoindre  ma petite collection sur mon premier sac de golf (1980). Ceux, de quelques clubs dont j'ai eu le de privilège fouler les fairways... durant mes premières années de golf. J'ai rapidement abandonné cette collection. Il fallait les coudre et ce n'était pas facile, la toile du sac est plastifiée à l'intérieur. Je reconnais les deux que tu as cousus mon aimé, je n'avais plus le courage de les coudre : on voit les points (de couture;-).







Tout de même, ces balles, ces tees, cet écusson ont pris l'avion, 
 pour arriver en France!
Peut-être avec Snoopy?


Image du Blog snoopyfillou.centerblog.net


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Avant-hier soir, vu ce film


 

Mauvaise pioche! Mortel ennui.
Deux Rémi deux ne dure que 1h05. Youpi!

"Rémi, un trentenaire timoré, travaille dans une agence de protection des animaux domestiques (Chat va bien), aime la fille du patron mais n'ose rien. Et voilà qu'un double s'invite chez lui et au travail. Rémi est déboussolé. Qui est ce type ? Un rival ? Un complice idéal ? Ou l'homme qu'il aimerait être ? Pierre Léon, qui avait déjà adapté L'Idiot, s'est inspiré très librement d'un autre livre de Dostoïevski (Le Double), en l'orientant vers une forme de conte burlesque. Un genre de comédie pince-sans-rire*, une divagation instruite mais s'amusant de l'esprit de sérieux, et servie par une bande piquante de comédiens excentriques. Du cinéma minimaliste, malicieux, matois*."
(Jacques Morice pour Télérama)

* J'ai dû me pincer pour ne pas quitter la salle; au premier quart d'heure je me raccrochais à l'idée que ça n'allait durer qu'une heure. Parfois une heure c'est plus long que: Deux heures deux.
La salle était pratiquement vide; il fallait sans doute une motivation pour aller le voir? Laquelle? La présence du cinéaste Pierre Léon et de l'interprète Pascal Cervo (Rémi)? Je me demande quelle était la mienne (*_~). Hum!. Deux Rémi deux, une fois ça suffit. Ce titre me rappelle les bistrots parisiens quand le garçon annonce les commandes : deux cafés, deux... etc. Aujourd'hui les serveurs ont des petits écrans où ils les notent. Tout fout l'camp et même les tickets de métro vont disparaître! Allez : Un Rémi (Martin), un! Non mais!
Rien à reprocher à l'interprétation.

* Je dois manquer de finesse...

Le Double (en russe : Двойник) est le deuxième roman de l’écrivain russe Fiodor Dostoïevski publié le 1er février 1846 dans Les Annales de la Patrie.
Contrairement à sa première œuvre, Les Pauvres Gens, ce roman rencontre un accueil glacial. Le sentiment d’échec est tel pour le jeune auteur qu’il tente vainement de réécrire Le Double dans les années qui suivirent. En 1861, il retravailla une nouvelle version, qu’il intègre à ses Œuvres complètes en 1866.


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(Je prends des vacances, sans un, ni deux...)


mercredi 25 mai 2016

Le nouveau guide du littoral

Restauration




Efficace en 10 secondes avec la super-glu(e).
A vérifier  après la pluie.

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A la déchetterie, une fois de plus. Je fais le vide en ce moment.
"On" me demande souvent pourquoi je fais ces kilomètres pour aller à cette déchetterie alors qu'il y en a de plus près. Eh bien, pour la balade après la corvée!

Et aujourd'hui, j'ai eu un bon copain. Il m'a suivie, il me devançait parfois, il s'arrêtait, se retournait pour voir si j'étais toujours là, il m'attendait s'il prenait de l'avance. Sympa! (Je pensais à une autre copain...).

A l'aller...






Le ciel était splendide

 ... Au retour (il a fait demi-tour avec moi!)






Alors que je rejoignais ma voiture, il était déjà en train de frétiller de la queue auprès de promeneurs qui venaient d'arriver. Je n'étais pas inquiète, il avait un collier, ce n'était pas un chien perdu, tant mieux, je ne l'aurais pas adopté. C'est le nouveau guide du littoral;-) à Penhors! Il me semblait l'avoir déjà vu un jour, au restaurant, sur cette terrasse face à l'Océan : le chien du patron peut-être?

(Cliquer sur les images pour agrandir)

lundi 23 mai 2016

Il n'y a que l'amour et la solitude qui comptent

"La philosophie n'a aucune importance. Les romans n'ont aucune importance. Il n'y a que l'amitié qui compte; il n'y a que l'amour qui compte. Disons mieux : il n'y a que l'amour et la solitude qui comptent. Mieux encore : il n'y a que la vie qui compte. Les livres en font partie bien sûr, et c'est ce qui les sauve. Mais la vie n'en continue pas moins... Les livres en font partie; comment pourraient-ils la contenir? Ils en parlent; comment pourraient-ils en tenir lieu? Tout au plus  peuvent-ils dire la vérité de ce que nous vivons, cette vérité qui n'est pas dans les livres ou qui ne peut être que parce qu'elle est d'abord dans notre vie. Vérité de la souffrance et de la joie, du courage et de la fatigue, vérité de la solitude... A quoi bon autrement la philosophie? A quoi bon la littérature? Et sans l'amour, à quoi bon vivre? [...] "Comme nous sommes seuls! Comme la vie est triste!*" L'amour naît là pourtant, et la joie, la seule vraie joie, qui est d'aimer. C'est ce que j'ai lu chez Spinoza, et que la vie m'a confirmé. Toutes les occurrences les plus ordinaires de la vie sont vaines et futiles, et il n'y a que l'amour qui soit extraordinaire. Quand on arrive à aimer, et cela arrive malgré tout. Au moins un peu, au moins parfois, même mal, même petitement, même tristement... La question n'est pas de savoir si la vie est belle ou tragique, dérisoire ou sublime (elle est l'un et l'autre, évidemment), mais si nous sommes capables de l'aimer telle qu'elle est, c'est-à-dire de l'aimer. Cela laisse à la littérature sa place, qui n'est ni la première ni la dernière. Les livres ne valent qu'autant qu'ils apprennent à aimer; c'est pourquoi quelques chefs-d’œuvre sont irremplaçables, et c'est pourquoi tant de livres ne valent rien - et les romans d'amour, sauf exception, moins encore! "C'est du roman", dit-on parfois, pour dire : c'est un tissu d'âneries et de mensonges. Eh bien oui, la plupart des romans ne sont que du roman. J'ai mieux à faire : j'ai mieux à vivre. Le plus urgent, c'est de cesser de se mentir. La vraie vie, ce n'est pas la littérature : la vraie vie, c'est la vie vraie."
* Jules Laforgue.
André Comte-Sponville, in L'Amour la solitude. Entretiens avec Patrick Vighetti, Judith Brouste, Charles Juliet. Éditions Albin Michel, 2000.

Je n'avais pas encore commencé ce blog, le 27 mars 2009, date à laquelle André Comte-Sponville m'a dédicacé cet ouvrage (collection Poche). Il était venu à Quimper faire une conférence sur le thème : "Peut-on se passer de religion? Vers une spiritualité sans Dieu."
"Lui-même se définit comme « athée fidèle ». Il se positionne plus précisément comme « athée non dogmatique et fidèle » : « athée » car il ne croit en aucun dieu, « non dogmatique » car il intègre le fait que l'athéisme est une croyance et non pas un savoir, « fidèle » car restant attaché à un certain nombre de valeurs morales, culturelles et spirituelles, tronc commun de l'humanité, transmises historiquement par les grandes religions."
J'ai commencé mon blog le 29 août 2009 (bientôt sept ans. 7 est mon chiffre préféré) et le libellé s'est imposé, sans que j'y réfléchisse, comme on pourrait dire parce que c'étaient eux, parce que c'était moi : Solitude mon Amour. Je peux dire aujourd'hui que ces deux mots auront été les plus prégnants de ma vie. Ce ne sont que des mots et des êtres.

Oui, l'important c'est d'aimer, c'est ce qui nous anime; être inanimé c'est être presque mort.  Je ne pense pas que "les livres apprennent à aimer". Je préfère "l'enseignement" de Christian Bobin dans La lumière du monde  : "Aimer quelqu'un, c'est le lire. C'est savoir lire toutes les phrases qui sont dans le cœur de l'autre, [...]". (C'est drôle, j'écris cette phrase de Bobin en regardant César et Rosalie (que je connais par cœur) et ce trio magnifique, Romy Schneider, Yves Montand, Sami Frey. "César sera toujours César et toi David tu seras toujours David". Elle aime les deux et les deux aiment Rosalie. L'amour, l'amour, l'amour. La vie. La vie. La vie. La vie sans amour, il n'y a rien de plus triste. Solitude mon Amour.).


dimanche 22 mai 2016

A dream is only a dream



Vu cette après-midi Café Society de Woody Allen : "ils" disent que c'est son film le plus autobiographique.  Un film sur l'Amour, la vie, absolument délicieux, décors somptueux (1930), musique favorite du Maître : jazz. Kristen Stewart (Vonnie) - que j'avais découverte, excellente dans Sils Maria de O. Assayas -  est magnifique et Jesse Eisenberg (Bobby) - que je ne connaissais pas - ne l'est pas moins; "le clone le plus doué de Woody" (dixit Pierre Murat, Télérama). C'était ce dont j'avais besoin : du charme, de la fraîcheur et une légère volupté... teintés de mélancolie. "A dream is only a dream"... (phrase approximative) réplique Bobby à sa femme qui s'inquiète, lui demande s'il l'a un jour trompée, alors qu'elle a rêvé qu'il était allé rejoindre son ex-amie/amour (ce qu'il avait fait, évidemment; le contraire m'eut frustrée;-)). Inutile d'en dire plus, le Festival de Cannes nous a déjà saturé... de stars, de critiques et tutti quanti.

"Bobby et Vonnie. Ils se sont aimés, ils se sont quittés. Ils se retrouvent changés : elle, snob, et lui, riche. Sur eux, Woody mesure le délice et l'angoisse du sentiment amoureux. Mais aussi l'inexorable fuite du temps et le désespoir de le voir se dérober de plus en plus vite. Dans Radio Days, des mondains, réunis sur le toit d'un immeuble de New York un 31 décembre, se demandaient, comme chez Tchekhov, quelles traces ils ­lais­seraient sur terre. Probablement ­aucune, constataient-ils avec effroi... Dans Café Society, lors d'une Saint-Sylvestre de plus, Bobby et Vonnie, loin l'un de l'autre désormais, s'interrogent. Et si, à force d'hésiter à se perdre, ils s'étaient vraiment perdus ? Et s'ils n'étaient plus, eux aussi, que des fantômes sur un toit, fragiles, cristallins et si tristement heureux ?" (Lire la suite sur Télérama).

  

samedi 21 mai 2016

***

"Tu n'es aimé que lorsque tu peux montrer ta faiblesse, sans que l'autre s'en serve pour affirmer sa force."

Theodor W.Adorno, dans Minima moralia
Cité par André Comte-Sponville dans L'Amour la solitude.

Plus nul tu meurs



Hier, dans une salle d'attente, je feuillette un vieux Psychologies magazine et je découvre un encart publicitaire; les bras m'en tombent  et le magazine avec. Plus nul tu meurs! Ils ont semble-t-il des clients (vu leur chiffre d'affaire). Si vous perdez un être cher et que son odeur vous manque, ils vous concoctent un parfum qui vous rappellera le défunt, à 560 euros! Manquait plus que ça. Un "créateur de liens olfactifs".
"Nous, créateur de liens olfactifs, voulons tout simplement grâce à la technologie d’aujourd’hui faire ce que bon nombre de gens sensibles aux odeurs n’ont pu qu’imaginer jusqu'à présent.

Un lien olfactif fort vous lie à votre bébé, votre enfant, conjoint, papy, mamie… Vous souhaiteriez en leur absence humer leur effluve si personnelle, vous laisser envahir par ce bien être, ce plaisir doux que procure la signature olfactive de l’être aimé.
Nous, créateur de liens olfactifs, pouvons vous aider à perpétuer ce souvenir et combler une absence en retranscrivant fidèlement l’odeur de votre être cher."

Et, pour mourir de rire, la start up "câline" est implantée à MISEREY. 

Non mais 560 euros pour une odeur!!! La tienne (tiens, j'ai oublié de la humer l'année dernière et peut-être même les années précédentes (0_0)? Hum!) je l'ai gratuitement. Et si en plus je fumais un Davidoff... Mais aujourd'hui je n'en supporterais plus l'odeur. 
 
Je laissais tomber le magazine pour feuilleter un journal et... rrrooohhh! j'éclatais de rire;  tout de même, cette photo  : ça craint...

jeudi 19 mai 2016

***

" Il me regarda, les yeux tout humides et brillants d'émotion; un instant je crus qu'il voulait dire un mot, un instant il me parut que quelque chose le poussait vers moi."

Stefan Zweig, in Vingt-quatre heures de la vie d'une femme.

Rêver ce que l'on vient de vivre





Cette nuit- en fin de nuit - j'ai rêvé de ce que je venais de vivre l'après-midi d'hier. Le contraire d'un rêve prémonitoire. Vous arriviez sur le parking près de votre voiture alors que je démarrais pour repartir. Mon départ était précipité. Je vous fuyais. Vous m'avez regardé partir. J'ai vu votre regard perplexe derrière votre coffre ouvert. Je le vois encore. Vous n'avez pas dû voir le mien à travers la vitre fermée (l'était-elle? Je ne m'en souviens plus, elle l'était dans mon rêve), désemparé, un timide sourire au coin des lèvres, les larmes prêtes à couler. Vous ne sembliez pas avoir compris que quelques jours avant, c'est vous qui m'aviez fui alors que j'avais espéré ce moment pendant des semaines. Je vous avais demandé : est-ce que vous espériez pensiez me voir en venant ici? Et vous m'avez répondu en souriant, avec désinvolture : non, pas vraiment.
Dans mon rêve, j'ai fait un mélange de deux épisodes de cette après-midi-là : celui du parking où je vous ai fui et un autre, où je vous ai vu vous éloigner pour aller converser avec un ami qui vous attendait dans sa voiture. J'inventais une suite dans mon rêve : j'étais sur le parking, votre voiture était là et, cette fois je vous attendais, debout près de votre voiture. Vous ne reveniez pas. Je patientais. Une moto (il n'y a jamais de motard sur ce parking) est arrivée en trombe, en roulant dans une rigole en travaux le long du parking; c'était plutôt une moto pour faire du cross, puis le motard a grimpé, en vol plané sur le parking. Je me suis réveillée à ce moment-là. Le motard avait-il dérapé? La moto m'avait-elle tuée? M'avez-vous rejoint? (0_0)!

En prenant mon petit déjeuner ce matin, j'étais stupéfaite de m'en souvenir si précisément et d'avoir rêvé  une partie de ce que je venais de vivre avec une telle exactitude. 

mercredi 18 mai 2016

***


Après avoir vu ce soir le beau, fascinant et violent film A Touch of Sin de Jia Zhangke, j'avais besoin d'un peu de douceur; je l'ai trouvée dans ce  texte poétique : A même la peau
Effluves de l'enfance.

mardi 17 mai 2016

Il n'est de belle promenade que solitaire (bis repetita placent)

Lundi de Pentecôte. 



A Pont-Aven hier, laissant les Galeries d'Art  aux touristes - et autres badauds -, j'ai préféré faire une promenade  le long de l'Aven, Rive Gauche et j'ai découvert - en levant les yeux - cette statue posée dans le mur d'enceinte surplombant la rivière.



Il devait s'agir de Saint-Guénolé puisque je venais d'emprunter - par curiosité - l'escalier menant au Domaine et au restaurant du même nom. La montée était raide, excellente pour la digestion!




Du haut de cet escalier j'apercevais la terrasse du restaurant - beaucoup plus modeste mais les pieds dans l'eau de la rivière - où je venais de déjeuner, dans le calme à peine perturbé par le bruit du ruisseau où surfaient quelques canards et cygnes emportés par le courant. DI-VIN!






La descente de l'escalier était plus ardue que la montée, je devais regarder où je mettais les pieds! Je m'asseyais un moment sur un banc devant cette "baleine" en pierre....


.... en lisant un article sur  Julian Barnes à propos de son dernier ouvrage sur Chostakovitch. Puis je levais le nez et je zoomais sur ces belles gambettes  qui passaient sur l'autre rive! 



Les promeneurs allaient par deux dans le meilleur des cas, parfois par famille complète. Il était temps de rejoindre ma voiture, à l'entrée de la ville, près de cette jolie boutique de décoration dans laquelle je préfère rentrer, sans carte bancaire! Les promeneurs commençaient à affluer et il fallait préserver... ma  promenade solitaire.


(Cliquer sur les images pour agrandir)

dimanche 15 mai 2016

Partir... en vrille, avec un "clown blanc"

Revenir à la littérature pour se détendre, s'y (se) retrouver, même s'y lover (Gros-Câlin) et parfois sourire et rire surtout quand le ton est grave, le sujet sérieux, le narrateur à la dérive. J'éprouve en lisant les ouvrages de Christian Oster une jubilation semblable à celle que je ressens en lisant ceux de Jean-Philippe Toussaint.


 

Christian Oster. © ©Philippe MATSAS/Opale/Leemage

"[...] malgré la pudeur de son écriture, dans laquelle il se met en retrait, c'est uniquement dans ses œuvres romanesques que s'ouvrent les portes de son intimité. De plus, le « Je » de l'écrivain se trouve totalement disponible face à l'imaginaire.
Ses romans traduisent tous, plus ou moins, mis à part son tout premier, les errances d'un homme seul, quitté ou séparé plus ou moins récemment, prêt à changer le cours de sa vie dès lors que le hasard lui fait croiser une femme qui l'attire au-delà de la simple séduction. Recherche-t-il cette femme, ou La femme ? Recherche-t-il l'amour ou le partage du sentiment d'inanité, un certain fond de tristesse ou le diffus espoir d'une sorte d'absolu ? Ou encore, simplement la fin de l'errance ? Il s'agit avant tout d'une rencontre, souvent d'un rendez-vous manqué... Cet itinéraire, durant lequel il ne se passe finalement que peu de choses, l'auteur va nous le rendre captivant. Christian Oster parvient à nous faire entrer de plain-pied dans les méandres de la pensée du narrateur jusqu'à ce que nous en éprouvions une jubilation inattendue."
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" Je la regardais, donc, et même si elle ne s'était pas installée avec Marc, songeai-je, elle me faisait face, légèrement gênée de la brièveté de notre échange, certes, mais sans excès, elle ne souriait pas exagérément, ne tripotait pas les ciseaux, qu'elle tenait en main comme si elle était venue avec ou qu'elle eût oublié qu'elle les tenait [...] et alors sa vie continuait, me disais-je, elle venait simplement m'emprunter des ciseaux, elle emménageait [...] s'installant deux étages plus bas quand je me sentais, moi, à peu près incapable de rien, ce jour-là, j'hésitais même, comme elle se détournait pour me quitter, à refermer sur elle ma porte, que je laissai grande ouverte, elle le sentit dans son dos. Ça va? me dit-elle en se retournant? Oui, très bien, dis-je, et je refermai la porte.
C'est à ce moment-là, je crois, quand j'eus refermé la porte, que j'ai décidé plus ou moins de partir. Ça s'est d'abord manifesté par mon incapacité, alors que je me tenais face à la porte refermée, à me retourner vers la pièce. Il était clair qu'à mes yeux, en cet instant, ce qui se trouvait derrière moi dans l'espace représentait très précisément ce qui se situait face à moi dans le temps, et c'est ce que j'hésitais maintenant à envisager. [...] Et je me retournai vers la pièce, en fait, finalement, mais ce fut dans l'idée de préparer une sorte de valise. C'est-à-dire que le départ, dans mon esprit, n'était pas lié alors à une destination quelconque. Je croyais que je voulais quitter l'appartement. Je sentais parfaitement que c'était hasardeux, aussi bien. Je me repris, donc. Je devrais peut-être d'abord sérier mes raisons de partir, me dis-je. Mais, je m'en aperçus, j'avais surtout besoin d'action. Et, éventuellement, il est vrai, de confier à quelqu'un que j'éprouvais un tel besoin.
La première personne qui me vint à l'esprit, à cet égard, et faute de pouvoir dialoguer avec Paul, fut Marianne, bien que j'eusse également songé à Marthe, qui, au demeurant, n'était évidemment pas disponible pour m'entendre. Marianne donc, me disais-je, que j'hésitais à appeler, toutefois, car, m'avisais-je, ce que j'avais à lui dire n'était pas agréable du tout. C'était bien à elle, pourtant, que je devais confier, notamment, ça se confirmait, que je ne voulais plus la voir - ce qui était, ça se confirmait aussi, présentement au-dessus de mes forces. Or c'est à ce moment qu'elle m'appela, et je décrochai. Allô, dis-je d'une voix neutre, ça va? C'est à toi qu'il faut demander ça, me répondit-elle. [...] Je suis perturbé, dis-je. Et alors? dit-elle. Pourquoi tu ne m'en parles pas? Je t'en parle, dis-je, et je me tus. Allô? dit-elle. Oui, dis-je, je suis là, je ne sais pas quoi te dire non plus. C'est gai, dit-elle. Non, dis-je, ce n'est pas gai, je vais te dire quelque chose en fait. Je t’écoute, dit-elle. Je crois que je préfère qu'on ne se voie plus, dis-je. Hein? dit-elle. Tu peux m'expliquer ça? Difficilement, dis-je. [...]
[...]
[...]
Ça s'était fait un peu vite au fond, et sans suffisamment de résistance. Mais enfin ça s'était fait et je ne voyais plus bien ce qui me retenait ici. Je commençai à remplir un sac, de quoi tenir trois jours, puis je me dis que ce n'était pas assez, que je ne reviendrais jamais dans trois jours et qu'il me fallait un plus gros sac. Mon problème, c'est que je n'avais pas de voiture. J'ignore pourquoi je ne songeai d'abord même pas à en louer une. Je conservai finalement le premier sac, après tout j'ai ma carte bleue, me dis-je. Je consultai, debout, des sites de tourisme sur Internet. Puis, je m'assis, quand même, il me fallait un peu de temps. Je passai des coups de fil. Il y avait un hôtel à cent cinquante kilomètres au sud-ouest de Paris, Dans un bourg desservi par le train, assez inintéressant, me sembla-t-il. Trois jours, dis-je à l'hôtelier. Pour commencer."
Pages 31 à 36.
Christian Oster, in Dans la Cathédrale, éditions de Minuit, 2010.
(Et l'errance, ponctuée de rencontres (et de solitude), va commencer et se poursuivre jusqu'à la fin du livre, page 142 dans une narration inénarrable. Les dialogues (dit-elle, dis-je, lui dis-je, m'avisais-je etc.) n'ont rien de classique et sont la "marque" de l'auteur, comme le passé simple dont il use dans tous ses livres (ceux que j'ai lus), et qui me font parfois rire aux éclats). 

C'est bien ça et plus encore... :

"Nous n'en sommes qu'à la moitié de Dans la cathédrale, et tous ceux qui ont déjà ouvert un roman d'Oster se doutent déjà que le récit n'en a pas fini de partir en vrille - au sens propre comme au sens figuré. Sur un rythme infernal, l'auteur de Mon grand appartement utilise tous les moyens de transport possibles (du train à la voiture en passant par la bicyclette, le tracteur ou la moissonneuse-batteuse !) pour faire rebondir cette drôle de quête d'un nouveau départ. Le résultat est trépidant, original, hilarant. Et comment ne pas saluer le talent d'un auteur "clown blanc" capable de vous faire éclater de rire rien qu'avec un passé simple inattendu du style "nous moissonnâmes" ?
(Baptiste Liger, L'Express, en 2010).

J'avais aussi emprunté à la médiathèque le même jour, En ville de Christian Oster. Et en relisant la quatrième de couverture : "mais, je l'ai déjà lu, me dis-je;-)". Effectivement. Eh bien! je l'ai relu, même pas eu envie d'arrêter!
 

samedi 14 mai 2016

Vivre sans exister

Dimanche 8 mai.
Un dimanche en famille. Les langues se délient. Psychothérapie de groupe. Me suis éclipsée la première. Je chante dans ma voiture. Je respire.

Lundi 9 mai. 
Matin : au p'tit déj. je découvre cette horreur dans la presse. Je me demande qui est le plus dégénéré? Le modèle, l'artiste, l'acheteur? Celle-ci, aussi sinistre.

Après-midi : 

Coup de karcher... pendant 4 heures!


Finitions peu soignées. 
Vais devoir balayer toute la terrasse demain après séchage. Pfff!




Je commence le boulot d'après "karchérisation" : remettre en place tout ce que j'avais pu enlever, soulever, pour faciliter le nettoyage. 20 heures j'arrête, finirai demain. Il faut que je dîne. De quoi? De plus en plus de flemme pour faire à manger.
 
Soirée : regardé La Chasse sur Arte, film du Danois  Thomas Vinterberg. La dernière scène est étrange; chacun la comprendra différemment. Ma version : il n'oubliera jamais l'horreur de ce qu'il a vécu, la suspicion de sa culpabilité, ça restera dans son cerveau, sa mémoire comme une obsession (je pense à mes vertiges). Je vois cette dernière scène comme un vertige. L'image est floue. Voit-il un assassin? Il sera toute sa vie aux aguets... guettant un ennemi. J'avais bien aimé Festen du même réalisateur.

Mardi 10 mai 2016.
Je me souviens... du 10 mai 1981... le tien. 
Je me lève fatiguée. J'attaque le balayage de la terrasse à 11 heures, le nettoyage des pots qu'il n'a pas remis à leur place, ils sont remplis de détritus, comme les lattes de bois. A 12h45 je n'en peux plus; malgré mes coudières, à chaque bras, déplacer les plants même sur roulettes est atroce, la douleur est là. Pause : vais chercher mon courrier. Larmes ravalées, joie, un paquet, je reconnais l'écriture sur l'étiquette. Il m'a expédié un de ses livres et toujours avec une belle, délicate dédicace aquarellée : L'enfant prodigue


Déjeuner frugal et vite prêt : œuf dur et asperges (en bocal), yaourt, café.
Retour sur la terrasse, dernier coup de balai.
Repos sous le parasol, il fait chaud. Fini de lire Dans la Cathédrale de Christian Oster (extrait plus tard), jubilatoire.



Une mini coccinelle s'est posé sur ma main, elle ne bouge pas. Je regarde ma main. Ouin! Le soleil me caresse, il s'en fiche de la fraîcheur - ou pas, de ma peau. Je parle à la coccinelle, je la dépose sur la petite table. Je la filme. Je me dis que c'est nul, que je suis nulle mais je ris dans ma barbe.

17 heures. Je pars faire des courses. Dans ma voiture, je soliloque : "tu ne peux pas vivre comme ça encore longtemps. Ce n'est pas - plus - possible.". Mais c'est une pensée récurrente, depuis... des années. Et je suis encore là, en vie. 

Mercredi 11 mai.
Un ami m'appelle pour me dire qu'il va ce jour faire un tour à Drouot voir quelques objets, livres, tableaux qui l'intéressent de la vente Michel Audiard qui aura lieu jeudi et vendredi. (Encore un de tes amateurs si je me souviens bien...). Il y a également de belles photographies N&B argentiques.

 
Passé pas mal de temps cette après-midi sur cette vente aux enchères à venir.
Pour prendre l'air et marcher un peu, me décide - malgré l'orage qui se pointe - à aller dîner  à la crêperie, toute seule, évidemment; ainsi pas de contraintes, pas d'horaires à programmer, de rendez-vous à donner, d'attente de réponse, d'annulation parce que...; les avantages (parfois) de l'indépendance et de la solitude. Deux crêpes mangées dévorées rapidement, j'avais très faim. Quelques clients bien que les vacances de printemps soient terminées. Il fait chaud, je ne m'éternise pas dans cette salle qui commence à devenir bruyante. Le ciel est magnifique, tout noir d'un côté, des nuances grisées de l'autre. Merveilleux d'être là. Il est 21 heures.


Quelques coups de tonnerre, il est prudent que je me mette à l'abri au Café de la Cale. Prendre un petit café, non mais! la tisane c'est pour les couche-tôt. Oh! mon Dieu, un éclair magnifique, rouge, en zigzag vient de traverser le ciel en oblique, suivi d'une déferlante de grondements. Génial! J'ai raté une belle photo, mais celles-ci ne sont pas mal. Sainte-Marine, la divine. Petit moment de détente, délicieux, et carrément jouissif.



De grosses gouttes de pluie se mettent à tomber, elles rebondissent sur les parasols, des promeneurs viennent se réfugier sur la terrasse subito presto, tous aux abris sous les parasols. Le seul bémol (c'est personnel), le volume sonore de la musique - qui pollue désormais tous les lieux publics - à l'intérieur du café, n'épargne pas les clients en terrasse. J'essaie de l'occulter et de rester au diapason de cette mer calme et apaisante... J'y reste une heure et je rentre, sereine.

Jeudi 12 mai 2016.
"Trop de béatitude tue la béatitude. La béatitude doit rester fulgurante. Même si la langue est chaude et enveloppante, personne ne supporte d'être léché par un veau plus de trente secondes." (Eric Chevillard).
Cette phrase chevillardienne était reprise ce matin en fin de journal des Matins de France-Culture et, si j'ai bien capté, venait en réflexion de l'ouvrage  Ecrits sur la pensée au Moyen Age de Umberto Ecco.  Je la trouvais bien plus réjouissante que mes lectures (inabouties) des livres de U. Ecco.

Vendredi 13 mai 2016.
Stress dès le réveil. Mails, SMS, coups de fil, ça n'arrête pas, plus l'habitude, tête qui tourne. A 16 heures tout est fini. Ouf! Suis parvenue à me débrouiller et à obtenir ce que je voulais, le Bouquet de Fleurs, 1966. Je suis dans un état second, même pas envie de pleurer, de manger, de rire, de souffler, rien, rien. Cerveau dans la ouate. C'est une étrange sensation : être là sans l'être, vivre sans exister. Le non-être pourtant est impossible.
Je pense à toi. Ce Bouquet a cinquante ans et dans 12 jours  il y aura trente ans que tu es mort, mais pas disparu, jamais de la vie!

"J’irai jusqu’à dire que notre devoir d’adolescent est d’être et de rester jeune, jusqu’à la mort."
Dominique Chaussois. Jamais de la vie.

Samedi 14 mai 2016.
Me suis couchée hier complètement vidée, un zombie. Peur de me réveiller avec des vertiges.
Réveil impeccable (au poil aurait dit mon cher frangin), cerveau moins cotonneux. Coup d’œil rapide dans le miroir. Beurk! De plus en plus décharné ce visage, quand au reste... et, aucun regard pour me redonner confiance.
Secoue-toi. Oui, je décide d'aller au golf prendre l'air, jouer sur le Pitch & Putt. Tant pis pour ma tendinite.
Je suis à cet instant précis, dans le même état d'esprit qu'il y a quelques années, quand je m'étais décidée sans réfléchir à partir en voyage à l'étranger, pratiquement du jour au lendemain. C'était à ce moment-là une question de (ma) survie. C'était ça ou...
Je suis donc partie au golf à midi. Mes coudières bien en place pour me soulager. J'ai terminé mon petit parcours. Je n'avais pas plus de douleurs au bras. Je n'ai pas forcé; je n'étais là que pour m'aérer, marcher, avec un but. Le golf semble me faire moins de mal que le clavier de l'ordinateur.

Je rangeais mon matériel dans le coffre. Un voile de tristesse m'enveloppait.
Dans ma voiture au retour, je soliloque (ben oui, comme d'habitude) : ne sois pas triste, et blablabla. Oublie tout ce qui t'attriste. Et j'insérai le CD de Jane Birkin, Arabesque : Comment te dire adieu, qui est bien mieux chanté par Françoise Hardy. Hi hi!


Je peux écrire ce que je veux ici. J'ai pas mal de visiteurs mais on le sait bien que les visiteurs de blogs ne font que survoler ce qui est dit, montré, écrit. Il faut faire des billets brefs, concis, ce que je ne sais pas faire. Chacun est dans sa sphère, sa bulle, nous sommes tous dans notre PETIT monde, de plus en plus, de moins en moins de communication orale, visuelle, tactile (on ne touche de nos doigts que nos écrans, nos claviers). Emprise du virtuel. 
Parfois même j'écris pour quelques amis qui me lisent (lisaient?) ici, pour leur donner de mes nouvelles, la plupart ne font que survoler eux aussi. Certains, je leur demande parfois s'ils ont lu ou vu ce que j'avais "posté", tel ou tel billet (en pensant à eux. Hum!) et la réponse est édifiante. Mais je sais que deux [Rires] amis, eux, lisent en prenant leur temps, que rien de leur échappe et ça me fait très plaisir, même si JE N’ÉCRIS QUE POUR MOI.

Allez, suffite comme dit l'un de ces deux amis!