mercredi 31 mai 2017

"J'aime [cette eau, ces arbres], ce ciel, je sens la nature, elle éveille en moi une passion, un désir d'écrire irrésistible." (Anton Tchekhov, La Mouette)

Lundi 29 mai.

Sous le parasol, assise dans ma chilienne, je levai le nez de mon livre et je vis la mouette sur la cheminée. Je posai mon livre, me levai sans faire de bruit, cachée par le parasol et je pris mon appareil photo dans le salon, espérant qu'elle serait toujours là. Je revins tout doucement, me rassis dans la chilienne et j'eus le temps de la prendre. Puis, je zoomai...



... avant qu'elle ne s'envolât.


... Je repris ma  - délicieuse - lecture (extrait) :

"Chaque fois qu'elle se regardait dans un miroir - il fallait bien, parfois -, elle haussait les épaules. C'était trop absurde. Elle se rendait parfaitement compte qu'elle n'était plus qu'une "adorable vieille dame" - oui, après toutes ces années qu'elle avait déjà perdues à être une dame, il fallait à présent être une vieille dame, par-dessus le marché. "On voit encore qu'elle a dû être très belle..." Lorsqu'elle percevait ce murmure insidieux, elle avait de la peine à retenir un certain mot bien français qui lui montait aux lèvres, et faisait semblant de ne pas avoir entendu. Ce qu'on appelle si pompeusement "le grand âge" vous fait vivre dans un climat de muflerie que chaque marque d'égards ne fait qu'accentuer : on vous apporte votre canne sans que vous l'ayez demandée, on vous offre le bras chaque fois que vous faites un pas, on ferme les fenêtres dès que vous apparaissez, on vous murmure "Attention, il y a une marche", comme si vous étiez aveugle, et on vous parle avec des airs faussement enjoués, comme si on savait que vous allez mourir demain, et qu'on essayait de vous le cacher. Elle avait beau savoir que ses yeux sombres, son nez à la fois délicat et fermement dessiné - on ne manquait jamais à son propos de parler de "nez aristocratique" -, son sourire - le célèbre sourire de Lady L. - forçaient encore toutes les têtes à se retourner sur son passage, elle savait fort bien que dans la vie comme dans l'art le style n'est qu'un suprême refuge de ceux qui n'ont plus rien à offrir et que sa beauté pouvait encore inspirer un peintre, mais plus un amant. Quatre-vingts ans ! C'était incroyable.
- Et puis, zut ! dit-elle. Dans vingt ans, il n'y paraîtra plus."

Romain Gary, in Lady L., éditions Gallimard, 1963.
4e de couverture :
"Porté par un magnifique talent, un prodige d'humour et de désinvolture." (Charles de Gaulle)



lundi 29 mai 2017

Ô douleur ! Ô douleur ! Le Temps mange la vie

Dimanche 28 mai.

A 18 heures, accablée par la chaleur et mon oisiveté, je décidais d'aller faire une promenade sur le chemin de halage. A cette heure, les promeneurs du dimanche se faisaient moins nombreux. Le temps était lourd, quelques coups de tonnerre annonçaient un orage.  J'espérais finir ma balade avant la pluie. Je n'étais là que pour me dégourdir les jambes, changer d'air, néanmoins j'éprouvais, sous ce ciel gris, plombé, une douce langueur et un calme salvateur.
Vous m'accompagniez dans ce vagabondage mes chers disparus : maman, chérie, c'est ta fête aujourd'hui; toi, mon aimé, c'était le 31e anniversaire de ta mort il y a trois jours; papa, c'est ton sourire que j'avais dans les yeux (tu aurais aimé cet arbre...); quant à toi mon cher frangin, ce qui me vient à l'esprit quand je pense à toi, c'était ton amour de la vie... jusqu'au bout du bout et, ta peur de mourir.

A l'aller je prenais le chemin par la rive gauche, champêtre...





... Au retour, après le calme, je traversais le pont assourdissant, mais je n'avais pas d'autre solution pour passer sur la rive droite.



Chemin de bavardage


"Se moquer de la philosophie, c'est vraiment philosopher."


Je préférais l'atmosphère de la rive gauche, que je photographiais pour la énième fois (vue de la rive droite).


L'ennemi


Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé çà et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?

- Ô douleur ! ô douleur ! Le Temps mange la vie,
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le cœur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal.

jeudi 25 mai 2017

mercredi 24 mai 2017

"La contemplation du temps est la clé de la vie humaine" (Simone Weil)

Mardi 23 juin.



La vue, toujours aussi belle sur le petit port, ne les intéressait pas.
Ils préféraient regarder leur écran de téléphone.
Pour nous, c'étaient des retrouvailles, savoureuses, avec un Tiramisu Breizh*.
Nous dégustions, l'instant, l'air, la mer, en silence. 

Que valent le silence, la contemplation? Est-ce que ces valeurs peuvent encore être perçues? 

"L'esprit a ses paysages dont la contemplation ne lui est laissée qu'un temps."
Marcel Proust, Le Temps retrouvé.

* (Crème au Mascarpone, caramel au beurre salé, morceaux de pommes, crumble de gâteau breton).

dimanche 21 mai 2017

"Voyez monter la flèche au coq étincelant" (Germain Nouveau, Les cathédrales)


Cathédrale de Quimper





"On ne trouve jamais aussi hauts qu'on avait espéré une cathédrale, une vague dans la tempête, le bond d'un danseur." 

Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, A l'ombre des jeunes filles en fleurs.

mercredi 17 mai 2017

Pour le maintien du sensible dans le coeur des femmes



André Devambez (1867-1944)
Le seul oiseau qui vole au-dessus des nuages, 
 1910, huile sur toile (Musée d'Orsay)


A la page 193 de L'Illustration du 17 septembre 1910, un article anonyme intitulé "Par les trous des nuages", évoquait l'activité récente de la base de Mourmelon, où le peintre s'était rendu, et décrivait le spectacle qui s'était offert à ses yeux : "Le grand oiseau de chrome inondé de lumière et projetant sur le duvet moutonnant des cumulus une ombre pâle, à peine plus dense que celle qui court à la surface d'une eau calme, au-devant de la libellule "

(Ce tableau n'a rien à voir avec le texte ci-dessous. Je cherchais une image en concordance avec "le sensible" et je voyais dans ce tableau une représentation poétique du sensible)


"Vos pensées ne peuvent s'appliquer qu'aux femmes de votre entourage, des citadines dont les actions vous paraissent dictées par l'efficacité, l'indépendance, des courageuses, vous en convenez pour certaines, qui ont bataillé pour bouter, de conquêtes en succès, la résignation hors de leurs neurones. Vous ne sauriez les condamner. Il y en a d'admirables. Vous les plaignez, voilà tout. Toujours à courir. Toujours à bout de souffle. Comme sous la menace constante d'un retour de l'ordre ancien. Se démenant comme des usurpatrices d'un pouvoir légitimement acquis, dont elles paraissent douter pourtant, alors qu'elles l'ont bien en main. Débordées. S'agitant en tout sens. Enchaînant les cocktails, les vernissages, les "Nuits"  diverses  (la dernière en date, sur un carton rouge et noir, à l'occasion du roman et du film d'amour, vous prie de revêtir vos "habits d'émotion et de valentinage"). Pour vous, forums des vacuités, pour elles, incontournables arènes des ambitions. Sentent-elles qu'elles s'y usent? L'effroi saisissant par instants leurs prunelles, le décèlent-elles? Réalisent-elles que leurs mondanités, toutes bénéfiques soient-elles pour leur carrière, attaquent ce qu'il y a de plus singulier en elles? - Leur féminité? Non. Elle leur est acquise, elles osent la transgresser, elles savent la décaler, elles en tirent profit. Ce qui vous paraît menacé va plus profond, c'est leur part sensible, cette part qui embrasse le monde, s'y fond et en jouit.
" Devant la fenêtre ouverte de ma chambre, j'ai respiré profondément les rayons du soleil, les perce-neige, les crocus, les primevères, le roucoulement des pigeons, les trilles des oiseaux, la douceur des vents et la fraîcheur des parfums, la fragilité des couleurs et le ciel doux comme un pétale, le gris-brun des vieux arbres noueux, les lances verticales des jeunes branches, la terre sombre et humide, les racines tordues. Tout cela a tant de saveurs que ma bouche s'ouvre toute seule, et c'est la langue de Henry que je goûte, je sens l'odeur de sa respiration quand il dort dans le creux de mes bras. "
L'auteur de ces lignes s'appellent Anaïs Nin, célébrée hier comme la plus féminine des muses féministes, reléguée aujourd'hui au fond des librairies.  Vous avez écrit une biographie assez caustique à son sujet, ça ne vous empêche pas de saluer en elle, comme en Colette, un écrivain qui posait le ressenti au cœur de sa pensée. Une grande vivante. De cet extrait des Carnets secrets vous aimeriez faire un tract. Vous iriez le distribuer à l'entrée des magasins tout en criant : "Femmes on vous ment et vous vous mentez !" [...]"
 (Pages 34 - 35 - 36)

"Pour vous les choses sont plus complexes. S'abriter derrière une immuable nature féminine, comme Platon derrière ses concepts, c'est aller un peu vite en besogne, et c'est surtout ne pas voir les contradictions où s'empêtrent les femmes, à qui l'on reconnaît désormais la possibilité d'être à la fois une fleur bleue, une bombe, une battante, une néo-bourge, une baby doll, une femme fatale, une mère parfaite. Le plus triste c'est qu'elles s'efforcent d'être tout cela, comme si ce droit était un devoir, comme si la féminité n'était acquise qu'au prix de simulacres successifs, avec, à l'horizon, une sorte de schizophrénie telle qu'elle s'incarne déjà dans les invasions parallèles du porno chic et du bisou.
L'insupportable bisou. Votre ennemi personnel en ce moment.
Quand l'aimé avait eu l'étourderie de vous en adresser un, par jeu, le premier entre vous, par SMS, vous aviez réagi au quart de tour. Au second, ce serait la rupture !
Vous n'entendez pas placer votre cœur sur le rayon du copain-copine. Vos sentiments n'ont pas les vertus d'une couverture chauffante.
L'aimé est un peu secoué. Quelle femme susceptible ! [...], mais il comprend votre mise en garde. Dire bisou, plutôt que baiser, c'est transformer la chambre du désir en garderie, neutraliser la puissance d'un acte dont on aurait beau jeu d'ignorer l'abîme. [...]"
(Pages 38 - 39, chapitre Femmes on vous ment !). [Les caractères gras sont de mon fait].

"On n'efface jamais l'anorexie de son corps, on peut la tenir à distance, on peut, au mieux, la surmonter. L'empreinte demeure, bien enkystée, pas forcément pour le pire, car si la méfiance devant toute nourriture habite certaines anciennes anorexiques, pour d'autres, c'est la dévotion sensuelle aux saveurs..."
(Page 93, chapitre Dévotion sensuelle)

Élisabeth Barillé, in Petit éloge du sensible, éditions Gallimard, 2008, collection Folio.
J'avais noté le nom de cet auteur sur un petit bout de papier, après l'avoir entendue parler de son dernier livre : L'oreille d'or. Il n'était pas dans les rayons de la médiathèque mais j'ai emprunté deux autres ouvrages de Élisabeth Barillé (dont je n'avais jamais rien lu) : ce Petit éloge du sensible (en  20 chapitres et 106 pages),  et : Un amour à l'aube, Amedeo Modigliani - Anna Akhmatova (en cours de lecture). 
Qu'en dire de ce Petit éloge du sensible ? Ça, c'est peut-être un peu court...Il rentre dans une poche, un petit sac, on peut le lire entre deux rendez-vous. Beaucoup de poncifs dans cet essai, néanmoins savoureux. Le je est parfois remplacé par le vous ! Étrange... mais c'est elle qui écrit.

Journal.
Vu cet après-midi le dernier Desplechin : Les fantômes d'Ismaël. J'apprends qu'il fait l'ouverture du Festival de Cannes ce soir et est projeté "hors compétition". Fan de la première heure de ce cinéaste-réalisateur et de son acteur fétiche Mathieu Amalric dont j'ai vu presque tous les films, j'étais perplexe en sortant de la salle,  et... déçue. Le scénario est compliqué, voire confus, un film dans le film, même Amalric QUE J'ADORE ne m'a pas transportée. 
A sa décharge, le film a été amputé de 20 minutes (serait-il plus explicite dans sa version originale?). Bon, c'est un avis de béotienne, les critiques sont majoritairement bonnes.
En revanche, vu la semaine dernière (en DVD) de Arnaud Desplechin : Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle) avec Mathieu Amalric (sensass), Emmanuel Salinger, Emmanuelle Devos (je fais aussi une cure de E. Devos en ce moment), Marianne Denicourt. Du Desplechin magnifique.
Mathieu Amalric (à propos de Comment je me suis disputé...) :


Pendant que je tournais, ce qui me touchait beaucoup était cette histoire de retrouver un ancien ami avec qui on a eu des rapports “fusionnels”, de retrouver ce type par hasard six ans plus tard comme un supérieur hiérarchique et de se dire “Comment ai-je pu être ami avec lui ? Alors, ça veut dire que j’étais comme lui… qui j’étais, qu’est-ce que je suis devenu, pourquoi je ne me reconnais pas ? Plus on vieillit, plus on s’éloigne de qui on est…” 
Ce que j’aime dans ce film, c’est qu’il dure trois heures, qu’il est aussi touffu que la vie, qu’on ne peut pas régler un problème à la fois et que tout tombe en même temps. Le plaisir de spectateur, c’est la profusion, les différentes couches ­ quelque chose que je ressens énormément dans la vie quotidienne. Dans le film, il y a un mélange de vie quotidienne et d’épopée, de feuilleton, de roman. C’est très réussi, le côté feuilleton, il y a des personnages qui disparaissent, qu’on revoit plus tard, comme Esther… Ce sont des choses de la vie, quand on revoit quelqu’un, tout change : recroiser Sylvia, ça le change complètement. 
Pendant toute la première partie du film, Paul n’arrête pas de dire “Je vais bien, je vais bien.” En fait, il va de plus en plus mal. Après, il dit “Je ne vais pas bien, je ne vais pas bien”, alors qu’il est en train de se guérir. C’est ce magma qui me touche, cette espèce d’échanges de sens, ces choix de femmes comme des choix de philosophie. Ce sont évidemment des histoires d’amour et de désir mais surtout de quelqu’un qui se cherche, qui veut savoir qui il a été et qui il est. Finalement, Valérie est la première fille qui passe et lui dit “Tu me plais”, et il se laisse faire. Ce n’est pas du tout un Don Juan.

lundi 15 mai 2017

Dernière (dé)pêche

Le nouveau Premier Ministre est Édouard Philippe (un Sagittaire de droite !).
Emmanuel Macron est également un Sagittaire mais pas du même décan. D'aucuns disent qu'il est de droite, d'autres qu'il est de gauche, parfois les mêmes disent (se contredisent) ni de droite, ni de gauche et les plus délurés vont jusqu'à dire qu'il est ni de gauche, ni de gauche ! Hugh!
Bon, on s'en fiche un peu, je relève juste que Édouard Philippe est né le même jour que moi (mais quelques décennies plus tard. Mmm!).
Je ris en entendant les électeurs de gauche et extrême-gauche dire qu'ils se sentent "blousés" parce qu'ils ont voté Macron (contre Le Pen). Ils n'avaient qu'à bien écouter les consignes de Mélenchon. S'ils n'ont pas compris que pour ne pas se sentir "blousés" il leur fallait voter blanc ou l'abstention, c'est qu'ils n'étaient vraiment pas des Insoumis ni des "Résistants". Une des consignes laissait aussi entendre (et le choix) de voter Macron; celle-ci était tellement chuchotée qu'il fallait tendre l'oreille pour l'entendre. Ils ont trop tendu l'oreille. Pfff! Bon, ils ont encore une chance de pouvoir voter aux législatives !

Passons à droite. Ô mon Dieu maman, le feuilleton est passionnant.

Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-Louis Borloo rejoignent une vingtaine de personnalités de droite, parmi lesquelles figurent Le Maire, Solère et Estrosi.

- Borloo signe à son tour l'appel d'élus de droite à saisir "la main tendue" de Macron

Jean-Louis Borloo, fondateur de l'UDI, a annoncé lundi qu'il signait l'appel d'élus de droite à saisir "la main tendue" du président Emmanuel Macron. Cet appel, initié par Thierry Solère, proche de Bruno Le Maire, après la nomination d'Édouard Philippe, député-maire LR du Havre, a déjà été signé par vingt-huit personnalités, la plupart juppéistes ou lemairistes, ainsi que par Nathalie Kosciusko-Morizet.  
(Source Le Point)


 

"Pour être l'homme de son pays, il faut être l'homme de son temps"

Cette phrase de Chateaubriand, Laurent Fabius, Président du Conseil Constitutionnel, l'a reprise lors de son discours à Emmanuel Macron.  C'est cette allocution lors de l'Investiture que j'ai appréciée, tant par la présence de Laurent Fabius que par la contenance* de Emmanuel Macron, dont la prestance était indéniable, tout au long de cette journée.

"Homme de notre temps, assurément vous l'êtes [...]"

"Apaiser les colères, réparer les blessures, lever les doutes, tracer la route et incarner les espoirs [...]"

Tout est dit dans la presse sur cette passation de pouvoir. C'est ma petite pierre à l'édifice de cette journée historique. Je faisais partie des sept et quelques millions de téléspectateurs qui ont passé des heures devant leur écran; il y a  des années que ma télé n'avait pas été allumée aussi longtemps; il faut dire que ma pile de repassage était imposante ! (Ma télé tient le coup - elle a 23 ans -, et pour cause, je ne la regarde pas souvent). Pour François Mitterrand, j'étais sur place...

Quelques captures d'écran









(Cliquer pour agrandir puis afficher l'image pour voir l'émotion contenue dans le regard brillant de la deuxième photo de Emmanuel Macron (j'y vois de la glycérine aux mirettes (*_*)). Ces trois dernières images, je les ai capturées à une seconde d'intervalle).



Sa manière de marcher, sa contenance, avaient quelque chose de particulier; dans d'autres occasions, on aurait pu lui souhaiter plus de grandeur; mais il suffisait, dans ce moment, de rester en tout le même pour paraître sublime (Mmede Staël, Considérations sur les princ. événements de la Révolution fr.,t. 1, 1817, p. 382).
Sa contenance sévère et digne, quoique affable, imprimait le respect (Balzac, César Birotteau,1837, p. 163). 
[...] elle tenait de son éducation et de sa race un air de grandeur, une contenance fière (Balzac, Splendeurs et misères des courtisanes,1844, p. 113).

1. L'homme inspirait la sympathie : Ni trop humble, ni enflé de vanité, ni intimidé par la Majesté, ni arrogant, il gardait dans sa contenance du goût et de la mesure... A. Arnoux, Rêverie d'un policier amateur,1945, p. 80.

ET MAINTENANT :
 AU BOULOT MONSIEUR LE PRÉSIDENT ! 


Photo : Benoît Tessier, Reuters


 

vendredi 12 mai 2017

***

Son corps était devenu une source inépuisable de douleurs.
Chaque jour avait son lot de réjouissance malédiction. 
Elle  apprenait de nouveaux mots (maux) et allait devenir une experte en matière de squelette.
De nouvelles douleurs dans des endroits improbables.
En écrivant ces mots des souvenirs ressurgissaient. Elle se souvint d'un squelette... qu'elle avait beaucoup aimé, il était empreint de mélancolie, comme son auteur :

"Avec l’habitude, j’ai remarqué qu’il attendait que surgisse quelque chose comme un événement, une animation du monde. Qu’il attendait que quelque chose lui fasse signe d’en bas dans la rue. Que quelque chose en bas dans la rue fasse preuve de vie. Lui donne une preuve de vie. Comme s’il se posait intérieurement ces questions : est-ce que ça vit? et comment? et pourquoi? Je lui prête, peut-être à tort, une âme de philosophe. 
[...]
[...] moi aussi il m’arrive certains matins de rester à ma fenêtre sans parvenir à me décider. Sans parvenir à franchir le pas."
Dominique Chaussois, in Depluloin joue à la poupée... et casse l'ambiance, blog Jamais de la vie, 27 décembre 2009.
Lire aussi ici

lundi 8 mai 2017

Un fugace instant de grâce. Une certaine gravité...

 Élections présidentielles, 7 mai 2017.
Emmanuel Macron (né le 21 décembre 1977), à ce jour, 39 ans.
Son chiffre - aussi le mien - (porte-bonheur) : le 7 !


Photo AFP 

... une liesse mesurée, contrôlée. Et, une belle entrée en scène, solennelle, de notre jeune Président Emmanuel Macron. L'ombre sur la colonne, la marche vers la pyramide du Louvre, le fantôme de Mitterrand planait dans cette mise en scène. Une belle mise en scène. Maintenant que la pièce va se jouer, attendons la suite. Ayons cette bienveillance, le futur va être ardu. Pas de rose mais des épines.
Cette marche, de l'homme, seul, si jeune, appelé aux plus hautes fonctions, fut - pour moi - le moment le plus fort. A quoi pensait-il ? Son cœur battait-il la chamade ? Son mal de ventre était-il passé (ben oui, il avait sûrement eu mal au ventre avant non ? (0_0)). Avait-il un peu peur de ne pas être à la hauteur de la tâche ? Sans doute ne pensait-il à rien de tout cela; il devait être sur un nuage, il aurait pu marcher sur l'eau, il devait juste penser à marcher droit, ne pas buter sur un obstacle (pas de tapis rouge), garder la tête haute, l'air altier et grave, ce-fugace-instant-de-grâce dont on ne sait jamais le temps qu'il va durer.
Puis l'allocution "la tâche qui nous attend est immense" a-t-il dit. J'ai relevé dans son discours de nombreuses fois ce mot : immense. Oui, elle va être gigantesque, comme la construction de la pyramide d'origine,  Khéops ? (Il a fallu vingt ans à plus de 100 000 hommes pour la bâtir). 
Enfin, les photos : avec son épouse (son mentor ?) émue et, la famille... réunie. Je n'ai pas le souvenir d'avoir jamais vu ça, j'avoue avoir été bluffée du début à la fin. Je peux en parler facilement puisque mon cœur n'a pas changé de côté (pas de cœur au centre, non mais!) : il était presque parfait (et il a un meilleur tailleur que celui de François Hollande. Je parierai qu'il a le même fournisseur que Marcel Proust pour ses chemises (*_*)).

Bientôt les législatives... Les abstentionnistes et surtout les votes blancs (je-dis-ça-je-dis-rien, j'aime la couleur du drapeau de la Paix. Mmm!) vont (se) manifester (non mais!) et il le sait. Alors : Bon courage Monsieur le Président.


AFP. Photo Eric Feferberg



Reuters. Photo Benoît Tessier

A 20 heures hier, j'étais au restaurant avec des amis. L'un d'entre eux consulte les premiers résultats sur son smartphone : Macron ! Dans le restaurant tout était normal, les yeux des clients étaient fixés sur la carte et les menus, pas de voix qui s'élèvent, un soir comme un autre. Une grande tablée d'Anglais près de nous,  joyeux, se passant des photos d'un téléphone à l'autre, qui n'avaient rien à voir avec l'élection; la vie continuait pour eux, comme avant, sans doute; le Brexit n'avait pas changé - apparemment - leur vie. Bref, tout était plutôt calme, il était plus de 20 heures. Le dîner fut excellent, nous voulions tester le changement de propriétaire, de staff, apparemment pas de changement de cuisinier, nonobstant une présentation plus soignée des plats et quelques nouveautés (pris un Tataki de thon aux légumes croquants : divin).
De retour à la maison, j'assiste à cette marche solennelle au Louvre... et à l'allocution...

Vivement les législatives. Hi !

dimanche 7 mai 2017

***

ECRIRE
CREER
CRIER
RIRE

Ce matin je regardais le ciel gris par la fenêtre en me brossant les dents. J'avais envie d'écrire et je n'y arrivais plus depuis des semaines. En fait, je n'avais plus le temps, mes journées passaient tellement vite... entre le golf, la lecture, le cinéma, les balades, les rendez-vous... le ménage et... la paresse.
A vrai dire, j'avais plutôt envie de CRIER ! 
RIRE ? A l'instant où je me disais qu'il y avait longtemps que je n'avais pas ri (pas si longtemps en y réfléchissant bien), je vis apparaître ce jeune homme qui s'arrêta pour consulter son smartphone et je partis d'un éclat de rire en voyant ses baskets assortis à la couleur du massif fleuri devant l'église. Ce n'était pas la couleur de ses baskets qui déclenchait ce rire mais, la coïncidence. Une espèce de hasard que je trouvais jubilatoire.
Je rinçais ma bouche, pris mon appareil photo. Il ne fallait pas qu'il me voie derrière ma fenêtre que je n'osais ouvrir. Sans flash, je fis une photo à travers la vitre et le store à lamelles. Il était plongé sur son écran, assis sur le muret. J'ouvris, sans faire de bruit, ma fenêtre et je pris une seconde photo. 
Mais le résultat est moins lumineux - en ce qui concerne la couleur des baskets qui étaient vraiment d'un orange très fluo.




"Pourquoi vouloir immobiliser des écrits qui, au mieux, viennent seulement scander une pensée, une parole, éventuellement une écriture en mouvement." (J.B. Pontalis)



jeudi 4 mai 2017

Débat enquiquinant d'un côté, "improvisation punk"[hallucinante] de l'autre













Heureusement, il y avait VICTORIA sur ARTE !




Lire ici l'entretien complet de Jérémie Couston 
avec le réalisateur allemand Sebastian Schipper.

Comment prépare-t-on un tel tournage ?
Mentalement. Tous ceux qui ont été tentés avant moi de réaliser un film en un seul un plan-séquence l'ont fait en essayant d'imiter un film normal. C'est-à-dire avec d'innombrables répétitions pour atteindre la perfection, pour contrôler l'incontrôlable. Le projet qui se rapproche le plus du mien en terme de forme, c'est L'Arche russe, de Sokourov, qui a été tourné en un seul plan dans le musée de l'Ermitage mais c'est un film contrôlé de partout. Victoria, au contraire, parle de la perte de contrôle, du partage des responsabilités. C'est une improvisation au sens musical du terme. Une improvisation punk.
Mais vous aviez des cascades à gérer, on n'improvise pas des cascades...
Une improvisation ne consiste pas à se retrouver et à jouer ensemble. Il y a des règles. Quel style de musique ? Quels instruments ? Quel rythme ? Si tu amènes une guitare électrique pour jouer The Star-Spangled Banner dans une impro de free jazz, tu te fais virer. Même la musique punk répond à un cahier des charges précis. Je suis persuadé qu'un punk ne pourrait pas boire une bière dans un verre en cristal sans se faire lyncher. Bien sûr qu'on a fait des répétitions, bien sûr que les acteurs avaient une trame pour leurs dialogues. Mais l'organisation du plateau n'a pas été le plus dur. Il fallait avant tout que le film ait l'air vivant, et que les acteurs ne donnent pas l'impression de jouer. Le plan-séquence, c'est l'outil, il faut inventer tout ce qu'il y a autour. Au 19e siècle, les peintres ont mis la peinture dans des tubes et ont pu poser leur chevalet dans la nature et enfin peindre la vie telle qu'ils la voyaient, et non plus d'après leurs souvenirs, au fond de leur atelier. Mais quand les impressionnistes sont revenus avec leurs tableaux peints sur le vif, on leur a dit qu'ils étaient affreux. Il faut s'habituer à la laideur, ne pas en avoir peur. J'ai le sentiment que les cinéastes ont abandonné l'idée de laideur, ils se sont arrêtés de progresser, d'innover. Ils se sont rendus à la beauté. Tous les films se ressemblent, ils sont impeccables, mêmes ceux tournés caméra à l'épaule. Aujourd'hui, la beauté des tableaux des impressionnistes ou du Caravage n'est plus remise en cause, c'est même devenu la quintessence de la beauté. Mais on s'interroge toujours sur celle de Francis Bacon. La plupart des cinéastes contemporains se sont arrêtés aux impressionnistes. Et il y a peu de Francis Bacon qui, tout en admirant le Caravage, ose retourner le canevas pour peindre sur le mauvais côté de la toile et voir ce qui peut surgir de cet accident. Ne pas rechercher la perfection mais le flow : c'est une expérience risquée mais enthousiasmante. Sur Victoria, on est passé pas loin de la catastrophe.