mardi 27 février 2018

Composition






L'original de la photo qui a retenu mon attention
(Cliquer sur Le Temps pour voir la photo)
"L'Italie va mieux, les Italiens en doutent."
Par Antonio Galofaro pour Le Temps.ch

samedi 24 février 2018

Ô temps, suspends ton vol

" Les femmes désirables d'hier sont les femmes oubliées de demain. "
Salman Rushdie

jeudi 22 février 2018

Rencontre fortuite ?

Rencontré par hasard aujourd'hui sur le parking... 
Déjà deux ans depuis..
Mon cœur ne bat plus la chamade; mais ce fut une vraie joie de prendre un café avec lui.

" Je ne crois pas aux rencontres fortuites (je ne parle évidemment que de celles qui comptent). "
Nathalie Sarraute


Katharine Hepburn 

et Sam Snead


(Ben oui, faut pas rêver!)



mardi 20 février 2018

Le patriarche des cimes



Marcel Remy

On va finir par croire que je suis une correspondante de ce journal.
Mais, a-t-on une chance de découvrir un article sur Marcel Rémy dans un journal français? Ah si ! dans le journal La Croix , par Jean-François Fournel, envoyé spécial à Lausanne. Et même dans L’Équipe, de plus l'article date du 24 novembre 2017. Ouille ! les Suisses sont donc en retard pour la publication de cette performance. Mais, la photo du patriarche sur le balcon de son chalet est tellement belle que ma préférence va à cet article, d'autant que L’Équipe s'est contenté de ne mettre que la vidéo que l'on peut voir aussi dans Le Temps.ch.

Caroline Christinaz, Le Temps, extraits :

Marcel Rémy*, patriarche des cimes

A 94 ans, l’homme a gravi le Miroir de l'Argentine* dans les Alpes vaudoises. Pour son âge, c’est une expédition qui a demandé l’appui de ses fils, eux-mêmes sommités de l’escalade suisse.

Un entraînement sévère

S’il voulait retourner sur cette paroi une fois de plus, c’était pour déguster, une dernière fois peut-être, l’ascension pas après pas. L’argument n’a toutefois d’abord pas suffi à ses fils pour céder à son caprice. «Nous avions peur qu’un accident ne survienne. A son âge, il aurait pu y rester», explique Claude, l’aîné. Mais il a vu que Marcel s’entraînait selon le programme que lui et son frère lui avaient imposé: améliorer la durée de sa randonnée entre le col de Jaman et le départ de l’arête des Gais Alpins. «La première fois, ça m’a pris 1h30. J’étais mécontent!» explique Marcel Remy*. «Mais j’ai réussi à réduire mon temps d’une demi-heure.» L’homme s’est aussi plié à des séances hebdomadaires de grimpe en salle. Finalement, ses fils ont cédé et ont fini par élaborer un plan d’ascension avec lui. Le 22 août 2017, après près de sept heures d’escalade le patriarche et son équipe débouchaient au sommet du Miroir.

"Si j'ai d'autres projets en vue ? Bien sûr que oui. C'est la question la plus sotte que j'aie jamais entendue." (Marcel Remy)

Assis à sa table, il maintient qu’il n’a jamais douté de ses capacités. Rien n’était, selon lui, laissé au hasard. Même le bivouac précédant la journée de grimpe avait été préparé en dormant déjà trois nuits dans son jardin avant le jour de l’ascension. Maintenant le projet mené à bien, s’estime-t-il aujourd’hui comblé? Il tique. «Vous, vous ne pouvez pas comprendre!»
(Pour la suite  et voir la vidéo c'est ici)

C'est sûr qu'il vaut mieux escalader le Miroir d'Argentine* que de passer son temps à se mirer dans le miroir de Bécassine. Tsss!

  
 L'arête de l'Argentine (Haute Pointe et Cheval Blanc) vue de Haute Corde.

* Rémy ou Remy selon les différents articles. 
*Miroir d'Argentine ou Miroir de l'Argentine, également selon... 

samedi 3 février 2018

Chère Madame Sagan...

... je vous adore ! 



Et je regrette, ô combien, de ne pas vous avoir croisée en 68 quand je faisais du stop dans le 15e, pour aller rue Saint-Jacques non loin de la Sorbonne. J'aurais peut-être "cédé à l'effroi" dans votre "jouet", mais avec jubilation.

Un écrivain écrit des livres. Parfois, il se peut qu'il les relise. Mais jamais publiquement.
Or, c'est exactement ce que Françoise Sagan a entrepris de faire [dans son ouvrage Derrière l'épaule...]. Constatant qu'au fond, les dates de ses œuvres sont les "seules bornes vérifiables, ponctuelles" de l'histoire de sa vie, de Bonjour tristesse à Un chagrin de passage, la voilà qui replonge dans ses célèbres romans, et qui les commente tout haut, avec une sincérité décapante. Elle réfléchit sur leurs qualités, leurs défauts, refait la critique des critiques, laisse son esprit flâner, par associations d'idées, sur les gens, les événements, l'époque environnante. [...]... en somme, la mémoire de sa vie. Un ouvrage extrêmement  "saganesque" : nostalgique, drôle, lucide.
4e de couverture
Extraits :
"[...] 68 fut une année des plus amusantes et peut-être plus libératrice que je ne le pensais. Je reçus des bombes lacrymogènes chez Régine et je fis le taxi, des journées entières, dans Paris, allant où désiraient aller les auto-stoppeurs les plus divers. Certains d'entre eux, qui avaient bravement défié les forces de l'ordre, cédaient parfois à l'effroi une fois dans ma voiture. Je conduisais très librement et mes jouets favoris me furent reprochés un soir, à l'Odéon, où une joyeuse et vociférante assemblée se passait le micro de l'un à l'autre, applaudis ou hués, pour évoquer la liberté, les régicides, le prix des pommes de terre et le cinéma muet. Il s'en trouva un parmi eux qui, brandissant un micro à l'autre bout de la salle, s'écria : "Madame Sagan est venue en Ferrari, bien sûr, apprécier la révolte des camarades étudiants !" Des vociférations dont j'ignorais le sens s'ensuivirent. On m'envoya le micro, auquel il fallut deux bonnes minutes pour me rejoindre, ce qui me donnait le temps de chercher une parade cinglante (que je ne trouvai pas). Je me bornai à me lever et à m'écrier dans le micro d'un air sévère : "C'est faux ! C'est une Maserati !" Comme on le sait, le rire est le plus fort argument, en France tout au moins."
Pages 103-104, chapitre Un peu de soleil dans l'eau froide.

On peut voir ici Françoise Sagan au volant de la "petite" Ferrari California 250 vers 1966
©Tous droits réservés - Reproduction interdite

" Pour en finir avec Des bleus à l'âme dont j'ai peu parlé, je dirais quand même que c'est peut-être le seul livre que je pourrais opposer à un détracteur de mon œuvre. [...] Enfin, pour les gens qui ont envie de me connaître, c'est peut-être le plus personnel de mes livres. Voilà huit lustres (défense de prendre le dictionnaire) que l'on me somme ou que l'on me demande de parler de moi, de me mettre moi-même en scène, de me livrer; bref, d'écrire mes mémoires, ce qui m'est impossible []. Plus simplement, on me demande de me démasquer, de montrer mon vrai visage qui, pendant ces huit lustres, aurait été soigneusement dissimulé. Je ne crois pas que l'on puisse afficher si longtemps une apparence mensongère, car il est vrai que je ressemble beaucoup à la personne un peu incertaine, excessive et contradictoire, telle que l'on m'a si souvent décrite, et avec raison. Mais en fait, je n'ai aucune envie de parler de moi ni de ma vie passée. C'est l'une des grandes récompenses, l'un des grands avantages de la célébrité : elle vous fatigue de vous. Quand on vous présente cinq ou douze images, vraies ou fausses, de vous-même, vous finissez par vous en dégoûter et vous en détourner : c'est qu'on ne cherche plus dans l’œil des autres cet éternel adolescent que nous avons été et qui ne survit que sous le triste nom de prétention.

Je connais cette faim, ou je l'ai connue plutôt jusqu'à dix-huit ans. Les mille reflets que l'on m'a présentés depuis cette époque, dans des miroirs plus ou moins flatteurs et plus ou moins exacts, m'ont rendue parfaitement indifférente à mon sujet. Ma vérité, si on admet qu'un être humain puisse vivre une vérité claire et durable, ma vérité se trouve sans doute dans mes livres, aussi primaires qu'ils paraissent être parfois à ma sensibilité ou à mon intelligence initiales. Écrire, ce n'est pas se révéler, c'est projeter de soi-même l'image que l'on voudrait voir retenue par les autres, une image essentielle à découvrir pour chacun. Peut-être ces propos sont-ils confus et peu compréhensibles, mais quiconque fait attention ou se comprend lui-même avec quelque froideur ou quelque sévérité, quiconque se voit, un jour ou l'autre, dans une glace marchant à côté de lui-même comme d'un autre, ce quelqu'un-là me comprendra très bien.
Pages 112-113-114-115, chapitre Des bleus à l'âme.

Françoise Sagan, in Derrière l'épaule..., éditions Plon, 1998.


Françoise Sagan, 1937



LA VITESSE par Françoise Sagan : 
«Elle aplatit les platanes au long des routes, elle allonge et distord les lettres lumineuses des postes à essence, la nuit, elle bâillonne les cris des pneus devenus muets d'attention tout à coup, elle décoiffe aussi les chagrins: on a beau être fou d'amour, en vain, on l'est moins à 200 à l'heure».
«La vitesse rejoint le bonheur de vivre et par conséquent le confus espoir de mourir».