lundi 19 novembre 2018

Ça ne s'invente pas



" Jets de pierres contre bombes lacrymogènes. L’Odet pour frontière. D’un côté du pont Pissette et du Pont Max-Jacob, côté place de la Résistance, sont postés les CRS. De l’autre, des agitateurs, le bas du visage masqué par des écharpes. Il est 18 h 30, le gros des troupes des Gilets jaunes a quitté le centre-ville de Quimper."

" Le feu a été mis à plusieurs corbeilles. L’une d’entre elles s’est consumée sur le pont Pissette. "


Un agent de la Ville de Quimper nettoie la chaussée du pont Pissette ce dimanche 18 novembre 2018 où une corbeille s’est consumée la veille. | OUEST-FRANCE

Mon pont
" Je lui consacre une nouvelle dans mon livre. Ce pont s’appelle ainsi parce qu’il y avait une pissotière au bout ! On la voit sur la couverture de mon livre. Mais il y avait aussi une dame pipi qui vendait la presse : mon grand-père y achetait le journal l’Humanité, pour lui, et pour moi, le journal de Tarzan. Il y avait de belles images en couleur. C’était chouette."

jeudi 15 novembre 2018

Une journée idéale

Henry Miller et Hoki Tokuda, sa dernière épouse. Il la rencontre en 1966 (elle avait 29 ans et lui 75 ans), l'épouse en 1967, divorce en 1970. Henry Miller meurt en 1980. Hoki Tokuda est toujours en vie, elle a 81 ans.


Roland Jaccard: «Une journée idéale selon Henry Miller»

Sexe, ping-pong et euthanasie

Évidemment, le sexe mène parfois à l’amour, qui nous entraîne, malgré nous, à nous mettre au service de l’espèce en procréant. Terrible déchéance qui fait de nous des épaves de l’amour. Il est toujours bon de se vacciner contre cette pente fatale en observant le dimanche après-midi sur les grands boulevards ces épaves de l’amour traînant derrière elles leur progéniture comme autant de boîtes de conserve. Henry Miller, tout comme moi, préférait jouer au tennis de table au soleil sous le regard attendri d’une jeune Asiatique. Il était très favorable à l’euthanasie, la seule cause qui lui tenait à cœur* – encore un point commun – ne comprenant pas pourquoi on piquait son chien quand il souffrait, alors que l’homme dégoûté par l’existence est réduit à mendier un «suicide assisté»
[...]
Mais revenons à sa journée idéale : elle commence, et c’est plus important à ses yeux que tout le reste, par se mettre au soleil et nager dans sa piscine de Big Sur. Et, en fin d’après-midi, à jouer pendant une heure ou deux au ping-pong. Une forme d’hédonisme que je partage. Ensuite, après un dîner léger, voir un bon film, de préférence japonais (ils sont moins décevants). Baiser? Pourquoi pas? Mais est-ce bien indispensable à mon âge? se demande-t-il. Ce qui est vrai, c’est qu’une présence féminine, surtout si elle a le charme de l’extrême jeunesse – et Miller n’y était pas insensible –, rend la vie plus intéressante. Souvent exténuante, d’ailleurs. Miller ajoute: «Tout ce mystère sur le sexe… et puis tu découvres qu’il n’y a rien… c’est le vide, une illusion… tu t’enflammes pour [...] Lire l'article ici.
* (Point commun avec moi également. Monsieur Macron, on n'avance pas sur le sujet !)
Je me suis un peu perdue dans les multiples recherches que j'ai faites sur Henry Miller (qui m'a toujours passionnée) et Hoki Tokuda. Ce fut une brève relation, sans sexe, sans amour, on s'en douterait, de la part de Hoki pour Henry. Pour Henry Miller, il y eut plus de tristesse que de bonheur avec Hoki.

Résumées ici, les étapes de sa vie, en Français.

Quelques lettres - en Anglais - de Henry Miller à Hoki Tokuda, qui ne les ouvrait pas; il y mettait pourtant, en plus, son talent de peintre. Elle était sans doute trop jeune pour un vieil homme et, surtout, trop jeune pour avoir l'étoffe d'une femme d'artiste, et quel artiste !
Je ne connaissais pas cette étape de sa vie avec Hoki Tokuda. Je la découvre aujourd'hui.
Chaque étape d'une vie a son importance, celle-ci ne me paraît pas essentielle, au regard du reste, de ce qu'il a vécu. Ce qu'elle a d'essentiel, ce sont les mots qu'elle lui a inspirés.




L'extrait ci-dessous, à lire dans son contexte, que je trouve bouleversant (parce que je vieillis sérieusement) et, d'autant plus, que Miller ne cherche pas à bouleverser :

 "But now let me try to explain myself to you, if I can. The older I get the more I struggle not to make plans in advance, not to think of tomorrow, or yesterday, either, for that matter. I try my best to live day to day, as we say in English. This is a result of my philosophical strain rather than of my innate temperament. I have been all my life a most active man, perhaps too much so. All I ever wanted of life was the freedom to write what I had to express and to do so with perfect freedom. It has been a long hard struggle, and I suppose one might say that I won out. But at what a price! As a result of a my achievement, my fame or success, whatever you wish to call it, the word tries to involve me in things which no longer concern me. Every day of my life, for the last ten years or more, I have to struggle to win a couple of hours which I my truly call my own. The consequence of all this is that I do less and less creative work. I am at the mercy of the world. And since my time on Earth is running short you can well understand how desperate I sometimes feel. I have thought of running off to some remote corner of the Earth, where I might live in peace and do only what I wish to do, but where is that place? Years ago, I thought of going to Tibet or to Nepal or some remote corner of India, but today I haven't the heart to pick myself up and go to such outlandish places. I need some comforts and also some medical attention. And I don't want to leave my son here alone should he be drafted into the military service."

Ici, ce que dit Hoki Tokuda, très brièvement, de sa relation avec Miller :

"If Henry had been my grandfather, it would have been perfect. He was funny — I laughed all the time, and he liked my sense of humor."

"All I ever wanted of life was the freedom to write what I had to express and to do so with perfect freedom." Henry Miller

dimanche 11 novembre 2018

Centenaire : "la nécessité de dire et la conscience qu'il n'y a rien à dire"







C'est à lui, Philippe Annocque, que je pensais aujourd'hui; à ces cartes postales qu'il avait retrouvées, de son "Jeune grand-père" et qu'il avait retranscrites dans son blog, y mêlant ses commentaires, ses réflexions, ses questionnements (en italiques) pour une meilleure compréhension pour le lecteur.
Ces écrits ont fait l'objet d'un livre aux éditions Lunatique, collection Parler debout.

Je trouve celle-ci (mais il y en plein d'autres) émouvante, par les mots de Philippe Annocque. Edmond (le Jeune grand-père) évoque sa cousine Lucie Mangot qui lui a écrit une longue lettre :

"Elle est toujours très emballée et très confiante. [Edmond le disait déjà dans sa carte du 27 avril]. Sa lettre est très bien tournée. Elle me demande de faire mes mémoires, elle me dit que cela me fera du travail pour l’hiver, mais ce n’est pas le travail qui me manquera. Et puis, je n’ai rien d’assez intéressant à raconter."
 Et Philippe Annocque insère ce texte, bouleversant, s'adressant à son Jeune grand-père :

"« Elle me demande de faire mes mémoires. » Me voici. Je suis le bras armé de la vive cousine de mon grand-père, une jeune fille dont je connais à peine l’existence. Je suis là, Edmond, pour te dire de raconter que tu n’as rien d’intéressant à raconter. Que c’est le rien d’intéressant à dire qui est vraiment intéressant, à la fin. J’ai toujours eu ce sentiment, j’ai toujours vécu dans cette contradiction entre la nécessité de dire et la conscience qu’il n’y a rien à dire. Un instant je me plais à imaginer que c’est l’héritage d’une captivité vieille d’un siècle."
Philippe Annocque, in Mon jeune grand-père, éditions Lunatique, collection Parler debout, 2018.
" Philippe Annocque s’est appliqué à déchiffrer les cartes postales que son grand-père, Edmond, adressait à ses parents alors qu’il était prisonnier de guerre en Allemagne, de 1916 à 1918. Ses mots d’aujourd’hui — explications, réflexions, exclamations, questions — se mêlent à ceux écrits pour dire, 100 ans plus tôt, le rien des jours qui se succèdent indéfiniment et se ressemblent infiniment. Mais, le rien n’est pas anodin, et le prisonnier de guerre, contraint par la censure, occupe de son écriture resserrée jusqu’à l’illisible l’espace restreint des cartes, pour dire tout simplement qu’il est vivant. Dans Mon jeune grand-père, l’auteur superpose sa lecture à ce qu’il retranscrit, et cette lecture aussi il la donne à lire."

Samedi 17 novembre l'auteur sera l'après-midi au Salon de l'Autre Livre, 48 rue Vieille du Temple à Paris, toujours pour Mon jeune grand-père,
 
Dimanche 18 novembre il sera toute la journée au Salon des Essarts-le-Roi, rue du 11 novembre et ça tombe bien puisque ce sera le centenaire de la libération de Mon jeune grand-père et de quelques millions d'autres personnes ; il y aura aussi bien sûr Seule la nuit tombe dans ses bras et même quelques autres titres.

Pour les autres programmations voir son blog.

vendredi 9 novembre 2018

Le Président qui aimait les livres




Portrait de François Mitterrand, ministre d'Etat dans le cabinet de Joseph Laniel, lisant dans son bureau en juillet 1953. / © AFP
"Tout livre en vitrine excite mon appétit, un formidable appétit de lettres, de signes, de titres, de typographie plutôt que de lecture, avec une préférence provisoire pour la jaquette rouge et blanche de Julliard, et le pincement au coeur que me vaut immanquablement le double filet rouge à l'intérieur du filet noir de ma chère NRF."

Nous sommes le 30 septembre 1963. Le député de la Nièvre François Mitterrand, 46 ans, fixe son premier rendez-vous à une jeune provinciale tout juste montée à Paris, une certaine Anne Pingeot, 20 ans. Mais où se retrouver ? "Je vous attendrai à la librairie Le Divan, place Saint-Germain-des-Prés, à 19 heures", lui écrit le futur Président (1). Pour ce couple secret, c'est la première d'une longue série de rencontres dans des librairies. 
Seul ou en compagnie de sa chère amie, des décennies durant, le leader socialiste aura écumé les échoppes du quartier Saint-Sulpice à la recherche d'éditions rares. Si l'on y ajoute les ouvrages que lui ont dédicacés les grands auteurs de son temps -Camus, Duras, etc-, tout cela a fini par constituer une bibliothèque de grande valeur. "
Source 
"La vente d’une partie des ouvrages de l’ancien président de la République, organisée les 29 et 30 octobre 2018, chez Piasa, à Paris, a rapporté 1,5 million d’euros, soit trois fois plus que les estimations les plus hautes. "Visite guidée