lundi 28 janvier 2013

Sculptures contemporaines

Promenade dominicale

Je trouve que ces carcasses rouillées et autres épaves portuaires
pourraient remplacer avantageusement quelques sculptures contemporaines!






"Les sculptures permettent une vision nouvelle d'un lieu
et participent à un subtil dialogue avec leur environnement"






dimanche 27 janvier 2013

Passion, déraison

Je ne l'ai pas fait exprès, je ne les ai pas cherchées ces BD, elles étaient sur la table dans la salle de l'exposition que je visitais hier :

Exposition Biographie et Bande Dessinée de Maximilien Le Roy.

Nietzsche me poursuit...et Thoreau aussi!



Puis j'assistais à une "conférence musicale" sur J.S. Bach. C'était assez ardu, très pointu, pour musicologues avertis, heureusement que Glenn Gould est venu me réconforter. J'ai bien noté la définition de la passion :
"Émotion forte qui va à l'encontre de la raison".
Là, j'ai tout compris et, aussi pourquoi je fus si souvent, folle. Pfff! Rien que d'écrire le verbe être au passé, ça me fout le bourdon.

samedi 26 janvier 2013

Rupture mais pas d'Adieu

Aurore Ecce Homo Par-delà Bien et Mal Humain trop humain Le Gai savoir Ainsi parla Zarathoustra Naissance de la tragédie Eternel retour Surhomme Volonté de puissance Amor fati Dyonisos Schopenhauer Sils Maria Malwida Lou Overbeck Rée Peter Gast Burckhardt Wagner...

Cette nuit je ne sais pas si je rêvais ou si j'étais éveillée mais ces mots - et bien d'autres - tourbillonnaient en boucle dans ma tête et je ne pouvais m'en défaire. Je crois qu'il est temps que je quitte Nietzsche, il occupe mon esprit, mes pensées, mon coeur et mon âme depuis plus de deux ans. Depuis deux ans il est mon (mes) livre de chevet. Le jour je parvenais à lire d'autres auteurs, pour apaiser ma tension. Il est temps que je passe à autre chose même si, je sais maintenant, qu'il restera ancré-encré en moi à jamais. Je peux dire aujourd'hui que je ne suis pas nietzschéenne, je n'adhère pas à tout ce que j'ai pu lire, à tout ce que j'ai pu comprendre, mais tout m'a passionnée. En quittant Nietzsche, je quitte ma passion.

Et ce matin, déjà je me dédis, en écoutant Charles Sigel parler de Wagner et donc, évidemment de Nietzsche.

jeudi 24 janvier 2013

Les années se suivent...


Quel sentiment étrange : j'écoute Pascal Bruckner parler de sa dernière publication dans La Grande Librairie, La Maison des Anges* et au même moment, près de l'église "sur la place où tout est tranquille, où pas même ne paraît un chien", j'aperçois la Maraude et la queue des Sans Abris qui viennent pour boire une soupe pour se réchauffer. 
La réalité dépasse la fiction. Les "créatures de l'ombre" de Bruckner existent; ils sont là près de chez moi et je ne veux pas occulter cette misère.

* "Énorme ? Oui. Outrancier ? Aussi. Sujet à polémique ? Bien sûr. Et pourtant, le lecteur entre sans effraction dans cette Maison des Anges. Qui a le mérite et la vertu d'appuyer là où ça fait mal, et de mettre en lumière l'ambivalence et l'hypocrisie de tous, des cyniques aux charitables, des bobos aux humanitaires... ".

Que suis-je dans cette liste?

mercredi 23 janvier 2013

Des mots, une voix (2)


Revue de presse du Web

Ce qui a attiré mon attention ce matin...



Sergio Belluz. CH, La Suisse en kit. Xénia.

mardi 22 janvier 2013

Spleen, énième...

Le ciel, ce matin


"Presque toutes nos tristesses sont, je crois, des états de tension que nous éprouvons comme des paralysies, effrayés de ne plus nous sentir vivre. Nous sommes seuls alors avec cet inconnu qui est entré en nous, pouvant vous être de quelque secours ou utilité. De grandes et multiples tristesses auraient donc croisé votre route et leur seul passage, dites-vous, vous a ébranlé. De grâce, demandez-vous si ces grandes tristesses n’ont pas traversé le profond de vous-même, si elles n’ont pas changé beaucoup de choses en vous, si quelque point de votre être ne s’y est pas proprement transformé. Seules sont mauvaises et dangereuses les tristesses qu’on transporte dans la foule pour qu’elle les couvre. Telles ces maladies négligemment soignées et sottement, qui ne disparaissent qu’un temps pour reparaître ensuite plus redoutables que jamais.
[...] 


Car au fond, et précisément pour les choses les plus profondes et les plus importantes, nous sommes inqualifiablement seuls."

Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète. 


lundi 21 janvier 2013

Chant funéraire

Eze, vue du Sentier de Nietzsche
Photo : creafrance 



Jour de ma vie!
Tu descends vers le soir
Déjà brille ton oeil
A demi brisé;
Déjà ruissellent les gouttes de ta rosée,
Parsemées comme des larmes;
Déjà s'étend, paisible sur la mer laiteuse,
Ta pourpre aimée,
Ta dernière, tardive sérénité...

Plus rien à l'entour que les vagues et leur jeu.
Ce qui jadis fut difficile
A sombré dans un oubli bleu.
Inactive, ma barque est là.

Orages, voyages, combien désappris!
Les désirs, les espoirs sont noyés,

L'âme et la mer sont lisses.
Septième solitude!
Jamais je ne sentis
Plus proche de moi la douce sécurité,
Plus chaud le rayon de soleil.
- La glace de mon sommet ne brille-t-elle pas encore?
Argenté, rapide, un poisson
Glisse et fuit au long de ma barque...

Friedrich Nietzsche, Poème*

* "Jamais héros blessé entonna-t-il sur lui-même un chant funéraire plus beau?"
Daniel Halévy, in Nietzsche.

samedi 19 janvier 2013

Mariage...

Photos du jour


Manif Mariage Pour Tous

Tenue de mariage...

... (0_0)

vendredi 18 janvier 2013

Journal

Une page par jour, je n'ai jamais réussi à m'y tenir en commençant ou recommençant un Journal. Mon quotidien ne m'apporte pas la semence nécessaire  pour le nourrir.
Il y a des jours sans et des jours avec.
Cette semaine j'ai écouté en podcast les émissions, Hors-champs de Laure Adler avec Philippe Sollers. Chaque jour 45 minutes jouissives : Sollers et ses femmes. J'ai compris beaucoup de choses en les écoutant, lui et L. Adler, parler de son écriture. J'ai compris pourquoi je n'ai jamais vraiment réussi à lire ses romans et ces entretiens m'ont donné l'envie d'une nouvelle tentative avec Portraits de femmes.
Je ris - et même parfois aux éclats, comme ici, à la minute 04, il parle de DSK et il imite un pigeon! - quand j'écoute Philippe Sollers. Un vrai bain de jouvence. Sollers, solaire, c'est du soleil dans mes oreilles.

"Ce que je veux dire est très simple. Une femme est faite ou non pour vous confronter à la vérité physique, à son abîme, à son sillage, à ses éclosions. Le corps libre et antisocial de « Guegna » acceptait le mien, c’est rare. L’une veut vous sortir vous faire voyager, une autre veut vous épouser, une troisième espère un enfant, une quatrième veut vous utiliser dans le marché d’animations culturelles et je ne parle pas de toutes celles qui veulent absolument écrire : trois romans dix recueils de poèmes, idéalisation, préciosité, romantisation. Celle-là au contraire a envie de moins s’ennuyer, aime la poésie vécue, les caresses le repos le sommeil les fleurs l’océan les arbres, les autres s’agitent, elle nage. En tant qu’homme vous avez gagné si, en plus de l’autorité souple qu’elle vous reconnaît, vous la faites rire et si vous devenez son frère, son partenaire de jeu et subrepticement, son enfant. Faites-vous aimer comme un enfant, espèce d’hommes, de là viennent parfois des liens indéfectibles."

Philippe Sollers, in Portraits de femmes, éditions Flammarion.

Des jours et des jours de pluie, pas une éclaircie dans le ciel gris. Trop d'heures devant cet écran, mon dos et mes articulations réclament des vacances. Bouger, je dois bouger pour dérouiller la bête. Repris des séances de piscine à la thalasso; quand je rentre dans l'eau (de mer) chaude mon corps se détend, sur le dos je ferme les yeux... si je pouvais mourir comme ça... en retrouvant la douceur du ventre de ma mère...

Hier après-midi, cinéma. Je n'irai plus au cinéma en semaine l'après-midi! Je voulais tester les nouvelles salles inaugurées à Noël; un complexe de huit salles avec tout ce que ce mot - affreux - "complexe" engendre... de commercial (complexe hôtelier, centre commercial et aujourd'hui des cinévilles) : halls immenses, des boissons et friandises dans des présentoirs, un petit coin salon avec des fauteuils, des tables hautes et tabourets de bar; avec un peu d'imagination je pouvais voir un tableau de Edward Hopper à travers ce décor. Dans la salle, de l'espace, des fauteuils confortables. Peu de monde, quelques retraité(e)s, comme moi. Tsss! Je m'installe et un couple (de retraités) se pointe à côté de moi. Mais bon sang, il y a de la place ailleurs; nous devons être une dizaine dans la salle immense. Après quelques publicités et bandes annonces des prochains films, la lumière s'éteint, le film commence : Alceste à bicyclette. Dès les premières images, la femme - à deux fauteuils du mien - rit, bêtement, elle glousse, même dans des situations où il n'y a pas lieu de rire; puis tous les deux se mettent à commenter, même pas à voix basse. C'est insupportable. Je tiens le coup dix minutes et je change de place, dans le noir. Je descends deux marches, me tords le pied (quelle c...loche) et je m'assois en bout d'une rangée où il n'y a personne. Mais c'est pas vrai! les deux femmes qui sont derrière moi commentent aussi et l'une dit carrément tout haut : "oh là là, le désordre" quand Luchini (Serge) montre sa chambre à Wilson (Gauthier). Je me demande ce qu'elle va comprendre à ce film. Bon, respirons un bon coup, restons zen, terminées les séances de ciné l'après-midi avec les vieux (même si j'en suis). Ô mon Champo tu me manques.
J'ai cependant réussi à me concentrer sur Alceste et Philinte. J'appréhende maintenant d'aller voir Luchini au cinéma, tellement il devient excessif à la télévision; je l'aimais tant et voilà qu'il m'agace. Je crains donc qu'il en fasse des tonnes dans les films. Eh bien non! Dans la maison il était épatant et dans Alceste à bicyclette aussi. Lambert Wilson l'est également. Et puis, il y a cette ravissante Italienne, Maya Sansa (Francesca) ; une voix, un sourire, un regard, une profondeur tout en sensibilité.
Ne lisez pas les mauvaises critiques de Télérama  ni des Inrocks, celle du Monde retranscrit ce que j'ai ressenti :  "Philippe Le Guay a écrit un film qui commence comme un pastiche pour s'épanouir ensuite en une comédie amère d'une discrète virtuosité." D'ailleurs, les critiques ne servent à rien. On va voir si on a envie... ou pas.

mercredi 16 janvier 2013

De, la simplicité

"Le triangle de ciel que je vois de ma place est dépouillé des nuages du jour. Gorgé d'étoiles, il frémit sous un souffle pur et les ailes feutrées de la nuit battent lentement autour de moi. Jusqu'où ira cette nuit où je ne m'appartiens plus? Il y a une vertu dangereuse dans le mot simplicité. Et cette nuit, je comprends qu'on puisse vouloir mourir parce que, au regard d'une certaine transparence de la vie, plus rien n'a d'importance. Un homme souffre et subit malheurs sur malheurs. Il les supporte, s'installe dans son destin. On l'estime. Et puis, un soir, rien : il rencontre un ami qu'il a beaucoup aimé. Celui-ci lui parle distraitement. En rentrant, l'homme se tue. On parle ensuite de chagrins intimes et de drame secret. Non. Et s'il faut absolument une cause, il s'est tué parce qu'un ami lui a parlé distraitement*. Ainsi, chaque fois qu'il m'a semblé éprouver le sens profond du monde, c'est sa simplicité qui m'a toujours bouleversé."

Albert Camus, in L'Envers et L'Endroit, Gallimard 1958, collection Folio/Essais 2012.

* J'ai souligné cette phrase en gras car elle m'a fait penser à ce "C'est bien...ça" (qui signe la rupture d'une amitié) du film dont j'ai parlé précédemment : Pour un oui ou pour un non.

L'Envers et L'Endroit est le premier livre d'Albert Camus. Il paraît à Alger en 1937. Une oeuvre de jeunesse peut-être la plus autobiographique de l'auteur. Un recueil de cinq courtes nouvelles (essais) où il est question de silence, de solitude, de vie, de pauvreté, d'absurdité, de simplicité, de l'enfance de l'auteur; mais aussi, comme toujours, de soleil et de sensualité.  Il n'avait que 22 ans lorsqu'il a écrit ce livre et la réédition contient une Préface de vingt pages de Albert Camus, qui vaut à elle seule la lecture de cet ouvrage.

""Il n'y a pas d'amour de vivre sans désespoir de vivre", ai-je écrit, non sans emphase, dans ces pages. Je ne savais pas à l'époque à quel point je disais vrai; je n'avais pas encore traversé les temps du vrai désespoir. Ces temps sont venus et ils ont pu tout détruire en moi, sauf justement l'appétit désordonné de vivre. Je souffre encore de cette passion à la fois féconde et destructrice qui éclate jusque dans les pages de L'Envers et L'Endroit. Nous ne vivons vraiment que quelques heures de notre vie, a-t-on dit. Cela est vrai dans un sens, faux dans un autre. Car l'ardeur affamée qu'on sentira dans les essais qui suivent ne m'a jamais quitté et, pour finir, elle est la vie dans ce qu'elle a de pire et de meilleur."

Une fois de plus, il ne s'est pas trompé l'ami qui m'a offert ce livre.

***


Psychanalyste, éditeur, écrivain et philosophe, Jean-Bertrand Pontalis est mort hier. Il avait 89 ans.
"J.B. Pontalis faisait partie depuis 1979 du comité de lecture des éditions Gallimard, pour lesquelles il avait créé les collections "L'Un et L'Autre" et "Connaissance de l'Inconscient"."

Lire et réécouter ici.

***

Je ne sais pas ce qui me donnerait envie de vivre.
Je sais ce qui me donnerait envie de ne pas mourir.
Si vivre c'est simplement ne pas mourir c'est comme si on était déjà mort.


"Ce n'est rien de mourir; c'es affreux de ne pas vivre."
Victor Hugo

mardi 15 janvier 2013

Ras-le-bol!


(Cliquer pour agrandir)

lundi 14 janvier 2013

Tragédie de l'être humain

De, l'amitié...

" [...] Gérard est la démesure même. Gérard déteste les frontières, les limites, les interdits. Il suffit qu'on prétende lui défendre de faire telle ou telle chose pour qu'il en ait une envie irrésistible. Gérard est mille personnes. Il est tous les rôles qu'il a tenus, dont il garde la vie en lui. Et tous ceux qu'il tiendra. Il est toutes les vies qu'il a eues. Et qu'il a encore. Parce que, faute de pouvoir vivre mille vies successives, il les vit simultanément.

[...] Et si son histoire fascine tant, si on en parle dans tous les médias du monde, c'est que Gérard Depardieu est bien plus que lui-même. Il est le nom qu'on donne aujourd'hui au mal-être français. Et même, plus largement, à celui de la condition humaine.

[...] Gérard Depardieu est donc aussi le nom qu'on peut donner à la tragédie de l'être humain, incapable d'échapper à son enveloppe charnelle. Et qui, malgré tous ses subterfuges, malgré le divertissement de  soi et des autres, sait qu'il reste mortel. Comme presque tous ceux qui ont cette lucidité-là, Gérard se déteste de se savoir mortel. Et il accélère ce qu'il redoute, pour ne pas avoir à l'attendre.

C'est cela qu'il faut le plus apprendre de Gérard Depardieu. Et c'est de cela qu'il faut le plus se méfier : que la fascination d'un peuple pour un homme, qui le représente si bien, ne le pousse pas à s'autodétruire."

Jacques Attali, L'Express. Chronique complète ici.

dimanche 13 janvier 2013

***

Retour sur le film évoqué hier.



Philadelphia, ici une des scènes les plus troublantes avec la Callas

Drame de Jonathan Demme avec Denzel Washington, Jason Robards, Mary Steenburgen, Antonio Banderas, Ron Vawter, Robert Ridgely, Charles Napier, Lisa Summerour, Tom Hanks.

Andrew Beckett (Tom Hanks) est un brillant avocat, et il semble que rien ne pourrait stopper son ascension fulgurante. Il exerce au sein du cabinet tenu par Charles Wheeler, le fondateur du grand cabinet d’avocats de la ville. Pourtant, le jour où son entreprise apprend qu'il est atteint du virus du sida, ses collaborateurs le licencient pour d'obscures raisons, n’hésitant pas à prétexter une faute professionnelle pour justifier son renvoi. Mais Andrew n'est pas homme à se laisser faire, et il compte bien attaquer son ancien cabinet pour licenciement abusif. Il sera finalement aidé de Joe Miller (Denzel Washington), un avocat noir et homophobe très populaire, malgré les réticences de ce dernier à le défendre au début. Ce film est très largement inspiré de l’histoire de Geoffrey Bowers, un avocat licencié par le cabinet Baker & McKenzie parce qu’il avait le virus du sida. Grand succès, ce film a fait plus de 2,7 millions d’entrées en France et Tom Hanks a notamment remporté l’Oscar et le Golden Globes du meilleur acteur en 1994. Pour jouer le rôle d’Andrew Beckett, l’acteur a perdu près de 11 kilos, afin de témoigner de la progression de la maladie de son personnage. Le réalisateur, Jonathan Demme, est également à l’origine du très célèbre Silence des agneaux, avec Anthony Hopkins et Jodie Foster.



Récompenses

•Oscars du cinéma 1994 : Nominé pour l'Oscar de la meilleure chanson originale

•Oscars du cinéma 1994 : Oscar de la meilleure chanson originale

•Golden Globes 1994 : Golden Globe de la meilleure chanson originale

En 1993, le réalisateur Jonathan Demme demande à Bruce Springsteen d'écrire une chanson pour le film qu'il est en train de réaliser, Philadelphia. Le chanteur compose alors la chanson Streets of Philadelphia*.

Sorti en 1994 sur la bande originale du film, la chanson connaît un succès immense en Europe et aux Etats-Unis. Streets of Philadelphia recevra une multitude de récompenses dont l'Academy Award de la meilleure chanson originale.

(Source l'internaute)


samedi 12 janvier 2013

Papier glacé

Photos d'une journée inutile, on ne peut plus futile.

Direction la médiathèque


Chemin faisant cette façade attire mon regard...


... et la porte. J'aime qu'un support retienne ces lianes épaisses
 qui s'enchevêtrent sur les pierres. Combien d'années ont-elles?
Il faudra que je repasse par là au printemps pour voir le feuillage.


J'arrive à la médiathèque. Je m'installe dans un fauteuil pour feuilleter un magazine consultable uniquement sur place. Je lève les yeux, j'aperçois la flèche de l'église Saint Matthieu au-dessus de la verrière; j'aime ce mélange d'architectures.



Je ne suis pas à l'aise dans ce fauteuil pour feuilleter le magazine, je change de place et vais m'asseoir près de deux étudiants à une grande table, au fond de la pièce. Le silence y est encore plus prégnant. Oui, je suis mieux ainsi, le magazine posé sur la table plutôt que sur mes genoux. J'ai toujours aimé le côté luxueux, futile de ce magazine. Je me souviens que ma mère achetait parfois Vogue; elle s'en inspirait pour confectionner nos vêtements. Je feuillette celui-ci, du même style, luxueux, sur papier glacé; oui, futile et... sensuel :



Je tourne les pages, passe sur les nombreuses publicités, sur les bijoux des grands joailliers; je m'attarde un peu sur les accessoires, les sacs, j'ai toujours aimé les sacs; je zappe le reportage sur Carole Bouquet, puis je m'arrête sur cette page; ce numéro  du magazine est consacré à la "famille" :




puis sur celle-ci, et je pense au beau film émouvant que j'ai découvert cette semaine à la télévision, avec Tom Hanks (Oscar du meilleur acteur en 1994) : Philadelphia.



Je refermais le magazine, je quittais la médiathèque et je rentrais sous la pluie.

Je savais que rien n'aurait changé en rentrant chez moi, de mon vide intérieur.

Plus tard, pendant que je dînais, je recevais un texto d'un très cher ami qui m'apprenait la mort d'Ourasi. Je comprenais son chagrin, il aimait tant ce cheval. C'est étrange, parce que cet ami venait de rompre ma solitude et donner un sens à ma journée. Il me demandait si j'allais bien : oui, j'allais bien puisqu'il était venu "partager" mon dîner.

vendredi 11 janvier 2013

C'est bien............... ça...



Vu hier soir le film de Jacques Doillon  : Pour un oui ou pour un non.
Un grand moment.
Filmé en 1988 sur un sujet intemporel.
Extraordinaire pouvoir des mots - pour notre bonheur ou notre malheur - dans une mise en scène sobre du huis-clos de Nathalie Sarraute où Jean-Louis Trintignant et André Dussolier excellent et nous emmènent jusqu'aux portes de l'enfer.

Deux amis d'enfance qui ne se sont pas vus depuis longtemps décident de se revoir. Ils parlent et cherchent ce qui a pu causer leur éloignement : des mots prononcés d'une certaine façon, une intonation etc. Très vite, une dispute commence et tourne au règlement de comptes. Passionnant, vertigineux!

"L'un veut faire dire à l'autre la raison de sa distance, de son éloignement dans l'amitié. Il lui faudra insister longuement pour qu'enfin le mobile soit nommé : "Ce n'est rien, juste des mots. Oui c'est à cause de ce rien que je me suis éloigné. Tu m'as dit quand je me suis vanté de je ne sais plus quelle réussite, "c'est bien... ça..." avec un petit ton, avec cet étirement entre le bien et le ça." S'ensuit une joute oratoire où chacun peu à peu découvre en même temps qu'il le formule qu'il vit cette amitié comme un piège et que l'autre représente tout ce qu'il déteste.
Quelle honte pourrait-on penser, de rompre une amitié si parfaite pour un oui ou pour un non! Un "oui"? Ou un "non"? Ce n'est pas la même chose."



mercredi 9 janvier 2013

***

"Je suis de confession hébraïque, mais je me suis converti au narcissisme".

Woody Allen dans Scoop.

Jeu de miroirs...

Norman Rockwell (1894-1978) : triple autoportrait 1960 huile sur toile 113 x 88 cm


Je ne peux plus insérer de vidéos depuis mon ordinateur. Blogger n'accepte plus que des vidéos enregistrées sur You Tube ou Dailymotion ou Wat ou Picasa etc. c'est-à-dire tout ce qui ce qui peut être vu par n'importe qui. Or, je veux croire que mes lecteurs ne sont pas n'importe qui, non mais quel orgueil! J'aimais dans ce blog de temps en temps insérer des vidéos personnelles, intimistes, confidentiellles et celles-là je n'ai aucune envie de les enregistrer sur des chaînes publiques. Voilà ce qu'on me propose maintenant :

Je les ai un peu floutées, voire transformées  avec photoshop et je trouvais amusant d'en faire une petite vidéo avec un fond musical. Je vais donc m'en tenir à quelques photos, sans montage, sans musique.

"Se représenter soi-même n'est nullement un acte naturel".
Omar Calabrese, in L'Art de l'Autoportrait

"Connais-toi toi-même. Faut-il en faire le devoir de chacun ?
Sans doute que non.
Ce n'est que dans la mesure où je ne me connais pas moi-même que je peux me réaliser et faire quelque chose.
Seul celui qui se trompe sur soi, qui ignore les motifs de ses actes, peut oeuvrer. Un créateur, qui est transparent à lui-même, ne crée plus"
 (Cioran, cité par Pascal Bonafoux)

Bon, n'allez pas croire que je me prenne pour une artiste. Ah ah! Ce serait à pouffer de rire! (Et toi ne ris pas dans ta barbe). Les artistes dont je parle  et que j'admire dans l'autoportrait n'avaient pas de photoshop, même Francis Bacon :


 












QU'EST-CE QU'UN AUTOPORTRAIT ?

"L'autoportrait est un sous-genre – mineur - du portrait. Curieusement, ce n'est qu'en 1950 que le mot est officiellement admis dans la langue française.

Faire un autoportrait, c'est se représenter soi-même : de face ou de trois-quarts, le corps entier ou fragmenté, avec ou sans mise en scène, seul ou avec d'autres personnages.

Sans corps du tout, à la limite : la photographie du contenu de vos poches est une forme d'autoportrait, et vous pouvez également "arranger" votre chambre de telle façon qu'elle en dira beaucoup plus sur vous que la plus ressemblante des photographies. Un autoportrait réussi ne montre pas que l'apparence, mais aussi les sentiments, la personnalité, "l'âme" du sujet.

C'est aussi un genre littéraire...

L'autoportrait n'est pas réservé aux arts plastiques, c'est aussi un genre littéraire.

L'autoportrait littéraire est une catégorie qui ne doit pas être confondue avec l'autobiographie (ou "mémoires), mais qui s’en rapproche ; c'est un genre qui a ses lettres de noblesse : Montaigne, Stendhal, Leiris, Rousseau, Flaubert ("madame Bovary, c'est moi !"), Sartre, Gide, Sarraute…

Curieusement, l’écrivain fait souvent appel au langage pictural, comme dans ce texte fameux de Montaigne :

« Je veux qu'on m'y voie en ma façon simple, naturelle et ordinaire, sans contention et artifice : car c'est moi que je peins. Mes défauts s'y liront au vif, et ma forme naïve, autant que la révérence publique me l'a permis. Que si j'eusse été entre ces nations qu'on dit vivre encore sous la douce liberté des premières lois de nature, je t'assure que je m'y fusse très volontiers peint tout entier, et tout nu. »

Et bien sûr le miroir est souvent invoqué (ici par Leiris) :

« J'ai horreur de me voir à l'improviste dans une glace car, faute de m'y être préparé, je me trouve à chaque fois d'une laideur humiliante »"

(Source ici avec de superbes autoportraits d'artistes).

Je ne sais pas ce qui se passe avec Blogger ou est-ce mon blog qui est mal paramétré mais ce fut une vraie galère pour insérer même mes photos et faire la mise en page. Quel temps perdu... au lieu de lire, un livre... ou d'aller taper dans la balle... dans la gadoue!

vendredi 4 janvier 2013

L'amour infini me montera dans l'âme

Sensation

Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, — heureux comme avec une femme.

Arthur Rimbaud

Silence, (in)quiétude, solitude

Je reviens sur Edward Hopper. Je n'ai pas vu l'exposition au Grand Palais qui se termine le 28 janvier mais grâce à Internet et quelques beaux sites j'ai pu faire des visites virtuelles qui m'ont permis d'entrer dans les toiles et la vision du peintre avec peut-être plus de facilité qu'au Grand Palais où il doit falloir jouer des coudes pour approcher les oeuvres.

Hier soir j'ai regardé un documentaire que j'avais enregistré sur Arte il y a quelques semaines, La Toile blanche d'Edward Hopper, dont on peut voir les premières minutes dans cette vidéo :

 

La vie intérieure d'un être humain est un domaine vaste et varié,
qui ne saurait se satisfaire de seulement ordonner couleur, forme et dessin.
Edward Hopper, Reality 1953

"Si ses toiles s’affichent en millions d’exemplaires, lui n’aspirait qu’« à peindre les rayons du soleil découpant une architecture ». Edward Hopper (1882-1967), peintre de la solitude et de l’attente, mêle réalisme, surréalisme et cubisme pour éclairer l’envers du rêve américain. Au fil du parcours se dessine l’autoportrait de l’homme en quête de lui-même qu’il n’a jamais cessé d’être, auprès de sa femme Josephine ("Jo"), son unique modèle. Nourri d’images d’archives et d’extraits d’entretiens, ce documentaire épatant fait une belle introduction à la première grande rétrospective que le Grand Palais lui consacre jusqu’au 28 janvier 2013."

De sa période parisienne - ce n'est pas celle que je préfère - j'ai retenu ces tableaux :
. Soir bleu, interprétée comme l'adieu du peintre à son rêve français et  inspirée par un vers de Rimbaud  :
"Par les soirs bleus d'été, j'irai par les sentiers" (Sensation)
. Stairway at 48 rue de Lille Paris
. Ponts de Paris



Edward Hopper, Soir bleu 1913


Edward Hopper, Stairway at 48 rue de Lille


Edward Hopper, Pont à Paris 1906, Huile sur panneau



Edward Hopper, Le Pont des Arts 1907, aquarelle


Certains proches d'Edward Hopper font un portrait de sa femme, Josephine Nivison, artiste-peintre également, peu flatteur : une femme autoritaire, sans humour et ne supportant pas celui de son époux très enclin à la plaisanterie. On note cependant que sa perception des choses était souvent anarchique et fantasque. "Elle mettait à attaquer son mari - privilège qu'elle se réservait - la même énergie qu'à le défendre, encerclant l'inertie de Hopper d'une rafale étourdissante de provocations. Elle et lui étaient de tempérament si contraire qu'ils étaient l'un à l'autre une source intéressante de stimulation et de désarroi." Pour avoir fréquenté et bien connu des couples représentatifs de "l'artiste et sa muse", cette stimulation et ce désarroi sont pratiquement inévitables voire nécessaires... et pas de tout repos, ni pour l'un ni pour l'autre. Provoquer, attaquer puis défendre : une forme d'amour-passion. 


Robert Henri - the Art Student 1906 portrait de Josephine Nivison à 22 ans

Sa peinture fut parfois qualifiée de surréaliste, je pencherais plutôt vers l'hyperréalisme. Hopper est un peintre figuratif pas du tout intéressé par l'abstraction; elle ne l'intéressait pas. Pourtant il s'en est approché dans ce tableau :


Edward Hopper, Rooms by the sea 1951, huile sur toile

Il était toujours à la recherche de la lumière. Rarement il a à ce point illustré son projet de ne vouloir peindre qu'un rayon de soleil découpant les formes d'une architecture que dans cette toile.

Sa peinture est contemplative, empreinte de mélancolie, mais peut-être est-ce la mienne que je transfère dans ce que je vois : le silence, la quiétude, l'inquiétude, la solitude... de cette ouvreuse de cinéma plongée dans ses pensées. Hopper aimait aller au cinéma et le 7e art l'a souvent inspiré tout comme ses oeuvres ont inspiré des cinéastes.



Edward Hopper, New York Movie 1939

Wim Wenders a dit : « On a toujours l'impression chez Hopper que quelque chose de terrible vient de se passer ou va se passer ».

Ce que j'aime vraiment chez Hopper ce sont ces intérieurs (pièce, salon, chambre) avec un personnage, une femme, le regard tourné vers l'extérieur. Dedans/dehors. Mon quotidien, banal, dans le silence...

Dans le documentaire La Toile blanche d'Edward Hopper, interrogé sur l'art abstrait l'artiste laisse entendre qu'il ne l'intéresse pas; cependant il précise que le dripping de Jackson Pollock ne le laisse pas indifférent. Je découvre cet essai en faisant des recherches :


"Man is alone"