mardi 29 septembre 2015

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"Nous vivons au-dessus de nos moyens psychiques." 
(Daniel Cohen)

lundi 28 septembre 2015

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Ce lundi à l’aube, la Super Lune s’éclipsera et deviendra toute rouge

(Karim Jaafar/AFP)
(Karim Jaafar/AFP)
Ce duo spectaculaire est rarissime. Il faudra en profiter, de 4h11 à 5h23. La pleine lune de ce 28 septembre aura deux caractéristiques remarquables: elle entrera dans l’ombre de la Terre, donc s’éclipsera totalement, et elle en sera simultanément au plus proche. Ne manquez pas cette Super Lune de sang!

(Source : Olivier Perrin Le Temps.ch)

Voilà ce que je viens de lire (trop tard) après avoir été éblouie ce matin à 7 h 45 par cette lune magnifique. Je m'étonnais hier soir de ne pas la voir dans mon ciel bien dégagé et étoilé mais ce matin, réveil magique! Photos de mauvaise qualité.





A lire...

mardi 22 septembre 2015

Le repaire du Nabab

Journées du patrimoine le week-end dernier!

 https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/5/58/Rene_Madec.jpg

 René Madec (1736-1784)

"René Madec (1736 - 1784) est un marin et un aventurier, né et mort à Quimper (actuel département du Finistère, région Bretagne). Issu d’une famille modeste, il s’embarque à 11 ans et navigue sur les bateaux de la Compagnie des Indes. Il participe aux conflits franco-britannique en Inde et crée une armée privée qu’il met au service des princes indiens et du Grand Moghol, qui le fait Nabab. Combattant avec les Français contre les Britanniques, il revient au pays après la capitulation. Le Roi l’anoblit et le décore, ce qui lui permet de jouir de sa fortune et de se faire construire de belles demeures à Quimper et aux alentours.
[...]
Ayant perdu une grande partie de sa fortune colossale à soutenir les intérêts de la France à bout de bras et dans l'indifférence de Versailles, René Madec se retire à Quimper et s’installe dans un hôtel particulier au n° 5 d’une rue qui porte aujourd’hui son nom. Il acquiert deux domaines, Coatfao en Pluguffan et Prat an Raz en Penhars, où il fait reconstruire le château, connu actuellement sous le nom de "Manoir des Indes". En 1782, naissance d’une fille, Marie-Henriette. Il meurt le des suites d’une chute de cheval, son épouse lui survit jusqu’en 1841.

L’artiste Bartabas s’est inspiré de la vie de René Madec pour son spectacle équestre Voyage aux Indes galantes, en 2005 au château de Versailles."




Samedi matin j'ai donc visité le Manoir des Indes. Le bâtiment principal était fermé et interdit de visite en raison d’un mariage qui devait y être célébré l'après-midi. Cependant une partie du manoir, celui réservé à l'hôtellerie, était ouvert aux visiteurs ainsi que quelques chambres qui étaient dans l'état que les avait laissé les clients, c'est-à-dire pas encore faites. C'était étrange de visiter des chambres dont les lits étaient défaits, les salles de bains encore humides, les serviettes de bain en paquet sur le sol ou pendouillant ici ou là, les lavabos éclaboussés d'eau. Je me disais d'ailleurs en voyant ces salles de bain que certains clients n'avaient pas beaucoup de pudeur pour laisser cet endroit dans un tel désordre et j'étais un peu stupéfaite qu'elles furent ouvertes au public. Mais, le manque de pudeur n'était-il pas finalement de laisser des visiteurs les voir ainsi?
J'ai fait quelques photos que je ne mettrai pas ici car j'ai eu le sentiment en les capturant d'un voyeurisme malsain. J'ai visité la chambre Le repaire du Nabab qui fut celle du propriétaire, René Madec, à l'époque où il fit reconstruire ce château. 

 https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/6/61/Ren%C3%A9_Madec.JPG

Photo Wikipédia : René Madec, le nabab


Photo ci-dessous (crédit Manoir des Indes) telle que je l'ai vue mais... 
avec le lit défait! Je dois dire que la présence de ceux qui s'y étaient couché était encore palpable. Sensation étrange voire dérangeante ou... comique!

 
 
Visité également la chambre Les Grand Moghols


... avec une superbe baignoire dans la chambre (pour la décoration car il y avait par ailleurs une belle salle de bains avec une douche italienne).
On eut dit dans cette chambre que le lit avait été l'objet d'un championnat de trampoline ou d'une bataille de polochons (0_0)... ou de...
A moins qu'elle ne fût occupée par les enfants de Genghis Khan!

 

... et cette lampe de chevet que j'ai prise en photo
pour son ravissant lecteur 


La plupart des abat-jours étaient de travers dans les chambres 
ou du moins ne tarderaient pas à l'être.
Celui-ci, ci-dessous dans Le repaire du Nabab


J'ai voulu refaire une photo et... impossible de le faire tenir droit (0_0)


Mes photos sont sombres, je ne mettais pas le flash par discrétion.
(Cliquer pour agrandir et voir les détails)

Visité une dernière chambre, La Bégum, pas faite non plus, 
mais le lit était plus "présentable". Hum!
C'est une petite chambre



Passant devant le miroir de la salle de bain, 
Narcisse n'a pas pu s'empêcher de se mirer. Hi! de se faire peur!
Mais je ne suis pas la Bégum


Ci-dessous, entrée de l'hôtel, de la réception, de la piscine
et quelques photos du parc et de la chapelle.











Puis, quand la foule quitta les lieux, il était midi - les provinciaux ont une horloge dans leur estomac, à laquelle ils ne dérogent jamais -, je pouvais apprécier le calme et la beauté du parc. Enfin seule! J'en fis le tour et pris un petit chemin qui n'était pas destiné au public. Je découvris alors cette camionnette qui allait sans doute mettre une note d'humour pour de nouveaux mariés ou avait déjà servie lors d'une autre célébration. J'étais contente de ma trouvaille car elle avait échappée à la flopée de moutons. Non mais!

Voiture balai





Je continuais ma promenade, j'étais la châtelaine faisant le tour de son domaine. Il faisait un temps magnifique et une douce température d'automne, je n'avais pas envie de quitter ce bel endroit. J'aurais bien mangé un en-cas dans ce petit jardin que l'on apercevait de la fenêtre de la chambre de René Madec!


jeudi 17 septembre 2015

Avant l'expo Giacometti...

... En guise d'amuse-bouche quelques photos de Landerneau
sous un ciel nuageux le 4 septembre



Jolie terrasse sur la rivière pour cette crêperie 
mais temps trop frisquet pour y déjeuner et l'intérieur était sans charme

 

  Au-dessus de cette cascade où coule l'Elorn, une autre crêperie
 sur le Pont de Rohan qu'on appelle "le pont habité".



 J'y entrais et m'y installais. Pratiquement vide j'avais le choix...


L'intérieur était charmant. A l'arrière il y avait une petite salle
dont les fenêtres donnaient sur la cascade. 
Je ne l'ai découverte qu'en allant aux toilettes
et toutes les tables étaient occupées.
Je n'avais pas mon appareil photo en y allant! Dommage! 
Ce lieu d'aisance était superbe : une porte en bois très belle, coulissante.
Une petite fenêtre sur la rivière, habillée de rideaux de dentelle.
Dans le plancher, une ouverture (mais non! pas pour remplacer la cuvette des WC) un carré d'environ 30 cm d'où l'on apercevait et entendait la cascade.
Très bucolique et rafraîchissant!
La crêperie s'est rapidement remplie de travailleurs, d'estivants.
Mais si l'endroit était délicieux, les crêpes ne l'étaient guère, 
pour ne pas dire... franchement mauvaises !
Je ne m'attardais pas, réglais ma note et allais prendre mon café ailleurs.
 


La place du marché (qui se terminait) était à l'abri du vent 
et le café, excellent.
Cependant j'aurai pu trouver un endroit plus calme mais bon, 
j'étais à Landerneau et il fallait bien que l'expression
"cela va faire du bruit dans Landerneau" trouvât une justification (0_0)

 



 La fin du marché : nettoyage, papotage de mes voisines et 
travaux de menuiserie firent l'affaire pour le bruit! 
(Attention : baissez le son).


Le ciel s'assombrissait sérieusement et je ne devais pas tarder 
si je voulais voir l'exposition Giacometti
avant que les visiteurs ne se bousculent au guichet. 
(Ce fut une bonne idée vue la longue file d'attente qui se profilait 
quand j'ai quitté le musée).




Sur le chemin qui me menait à ma voiture
 j'aperçus cet adorable chat aux yeux bleus (Siamois?)
au troisième étage d'une maison. 
Je le caressais des yeux et je lui donnais un petit nom doux.
Cela devait lui plaire car il a fait un demi tour pour mieux me voir. 
Il m'a fait un peu peur, le bord de la fenêtre était étroit 
mais les chats savent se déplacer avec adresse. Trop mignon!



Un peu plus loin, celui-ci m'a complètement ignorée, 
il paraissait plus sauvage et bien plus vieux.

Quelques monuments et sites de Landerneau à voir...

(A suivre, l'expo...)

dimanche 13 septembre 2015

Journal

Exercice de mémoire, ma tête est si lourde, tout est si pesant en dehors des rares moments d'exceptionnel bien-être.

Vendredi 4 septembre.
Visite de l'exposition Giacometti (en reparler quand la tête sera plus aérée).
Samedi 5 septembre.
Qu'ai-je donc fait? Ah! Médiathèque pour récupérer le DVD La Route de Cormac McCarthy que j'avais réservé après avoir lu le livre. Le soir cinéma : La belle saison (bien aimé). Failli m'aplatir en sortant du cinéma en descendant les escaliers en béton à l'extérieur. Bon d'accord, il faisait nuit, je dois être de plus en plus vigilante. Mon état normal : état d'ébriété vertigineuse.
Dimanche 6 septembre.
Pas bougé. Regardé le ciel, les oiseaux qui dansent, lu le JDD, farnienté, courte balade sur le chemin de halage pour vérifier mon équilibre vacillant.
Le soir, regardé La Route. Préféré le livre, même si film impressionnant. Bonus avec interview de l'acteur Viggo Mortensen passionnant.
Lundi 7 septembre.
??? Ménage? 
Mardi 8 septembre.
11 heures : parcours de golf, seule, délicieux. Déjeuner sur place, seule, sans complexes. Après-midi bien entamé, rien fait, sans doute perdu mon temps sur mon ordinateur.
Mercredi 9 septembre.
Reperdu mon temps sur mon ordinateur. Ai retranscrit des extraits de Disparaître de soi. Même plus le courage de parler des livres que je lis, des expos que je voie. Lire, voir des expos, aller au cinéma, marcher, tout cela me suffit, pourquoi en parlerai-je si ça me demande un effort, un gros effort? C'est sûr, en parler, réfléchir, analyser c'est important mais je n'y arrive plus. J'ai l'impression que depuis que j'ai des vertiges il y a quelque chose qui s'est éteint (consumé?) dans mon cerveau, sans parler des ans qui sont là, minants, déprimants.
Jeudi 10 septembre.
Ô ce ciel magnifique, ce soleil qui réchauffe, cette lumière de septembre. En profiter. Chaque jour en profiter quand il fait beau comme si c'était le dernier de la saison. Dîné en terrasse au port de l'Ile Tudy, pas seule, j'ai réussi à la convaincre. Elle ne sait pas que pourtant ça m'épuise maintenant de prendre tout le temps les initiatives (c'est pour cela que je fais tellement de choses toute seule, hop! je décide, je quitte la maison, et je vais sans avoir rien prévu faire une balade ou dîner quelque part).  Et voilà, nous étions là, devant cette mer d'huile, ce ciel pur et si bleu qui s'est paré d'étranges nuages - comme des coups de brosse, était-ce toi mon amour qui, tout là-haut,  peignait le ciel - quand le soleil s'est couché? Non ce n'était pas toi! même si à cet instant dans cette lumière c'est toi que je voyais. La nature est une artiste qui nous offre des expos permanentes.




Vendredi 13 septembre.
11 heures : parcours de golf, seule, même plaisir et temps exceptionnel. Pas de déjeuner sur place ensuite. Il faut que j'y aille doucement avec le tiroir-caisse tout de même. Après-midi at home, qu'ai-je donc fait? ??? Aurai-je encore perdu du temps sur mon ordi?  J'ai répondu à quelques mails... et fait quelques courses. Je ne vis ni d'amour ni d'eau fraîche.
Samedi 14 septembre.
Après-midi : médiathèque. Emprunté Intimités de Laurie Colwin, écrivain que je ne connais pas que m'a recommandé un ami. Le soir suis allée nourrir et câliner le petit chat de ma sœur qui est en vacances. Regardé (avec lui (0_0) pendant qu'il ronronnait dans mes bras) un reportage sur les lacs italiens qui me font rêver. Puis je l'ai abandonné et suis rentrée dans la nuit noire.  Je n'aime plus conduire la nuit.
Dimanche 13 septembre.
Changement de temps. Pluie battante. Cinéma cet après-midi : YOUTH. Certaines critiques descendent complètement le film. J'ai A DO RÉ! Petit bémol sur certaines scènes au son traumatisant pour mes oreilles mais ce fut un brin d'herbe dans une prairie de montagnes suisses.
Sorrentino analyse cette désaffection de la critique à l'aide d'une autre idée: «Je crois que mes films de manière générale plaisent plus à ceux qui font du cinéma qu'aux critiques. Je pense également qu'une partie de la critique a un problème avec le beau. Je m'explique : selon eux, le beau ne peut pas être le vrai. Moi, je soutiens l'idée inverse. Pour moi, le beau et le vrai vont ensemble. Même dans les choses horribles, terribles, mais qui sont vraies, se cache toujours de la beauté...»
Source : Le Figaro culture.



mercredi 9 septembre 2015

"L'homme intérieur est le seul à exister vraiment"


http://www.ufunk.net/wp-content/uploads/2013/01/album-jon-uriarte.jpg

Photo : Jon Uriarte

1. N'être plus personne


"L'absence est mon destin."
Robert Walser, Au bureau
La vie impersonnelle

Dans certaines histoires de vie, une rupture particulière, une séparation, un deuil, un licenciement, une lassitude amènent à se déprendre peu à peu de son univers familier. L'individu ne se sent plus à sa place, il s'est souvent senti à l'écart en essayant de s'en accommoder mais cette fois il n'en a plus la force, ou bien il ne l'a jamais eue. Le monde lui échappe. [...], il s'efface, sort de moins en moins, ne se soucie plus de son voisinage, ni même de ses propres affaires. Il désinvestit le monde qui l'entoure. Les autres à son entour s'éloignent également, trouvant un moindre intérêt à sa fréquentation ou s'agaçant de sa manière d'être toujours ailleurs. [...] Quand certaines personnes meurent, elles avaient déjà disparu depuis longtemps. La mort n'était plus qu'une formalité.
[...]
M. Leiris se souvient d'un article lu autrefois dans Le Monde. Un journaliste évoque un célèbre torero qui fait ses adieux dans une arène madrilène. A la question de savoir ce qu'il va désormais faire de son existence, l'homme répond : "J'apprendrai à n'être plus rien." [...]
Mais parfois ce n'est pas tant de dépersonnalisation qu'il s'agit que d'une impersonnalisation, se défaire de toutes les contraintes de l'identité pour ne plus exister qu'a minima. Robert Walser est un écrivain majeur mais peu connu tant son œuvre demeure insolite. [...] R. Walser est un personnage animé du désir de disparaître de soi, il est hanté par la volonté de ne plus assumer les contraintes de son identité. Malgré les livres, les articles qu'il publie, il refuse toute compromission dans un monde où il peine à se reconnaître sans jamais être en position de refus à son égard. Le monde est là, mais il s'en désintéresse car s'il fallait s'y arrêter il faudrait assumer son nom, son histoire, une responsabilité. Ce à quoi il s'est toujours refusé.
[...]
Walser se bâtit un refuge, un monastère intérieur où nul ne le débusque. Il cherche à passer inaperçu : "La terre devenait un rêve; j'étais moi-même devenu quelque chose d'intérieur... Je n'étais plus moi-même mais un autre, et pourtant, pour cela précisément, j'étais moi-même... L'homme intérieur est le seul à exister vraiment."
[...]
A l'asile, Walser demeure lucide sur lui-même sans revenir sur sa décision de renoncer à son identité. "Être insignifiant et le rester. Et quand une main, une circonstance, une vague me soulèveraient et me porteraient jusqu'en haut, là où règnent la puissance et le crédit, je détruirais l'état des choses qui me serait favorable, et je me jetterais moi-même au fond de l'obscurité basse et futile. je ne puis respirer que dans les régions inférieures", écrit-il dans L'institut Benjamenta (1960, 209).
[...]
Comme le monastère ou l'abbaye, mais dans un contexte plus profane, l'hôpital psychiatrique est un lieu pour disparaître, un refuge où l'individu n'a plus de compte à rendre et où il glisse en toute évidence d'une tâche à une autre dans un emploi du temps tout entier régi par l'établissement. [...] Nombre d'individus y trouvent un abri, une protection contre une agitation sociale où ils ne se retrouvent pas. La tâche d'être soi est trop lourde pour eux. Comme le dit un personnage de Beckett, incapable de continuer à vivre dans le lien social : "J'avais envie d'être à nouveau enfermé dans un endroit clos, vide et chaud, avec de la lumière artificielle" (1950, 86). [...] Dans l'un des récits de Beckett, Murphy voit "les malades, non comme bannis d'un système bienfaisant, mais comme échappés d'un fiasco colossal" (Beckett, 1974, 130)

[...]
Pages 23-24-28-29-31-33.


La fatigue désirée

La fatigue peut être un choix pour s'effacer légèrement et retrouver la jubilation de la plénitude d'être soi après le repos, mais dans ce cas elle doit en effet être choisie. " On ne prend plaisir à la fatigue que quand on n'y est pas voué, condamné. Il n'y a ici de joyeuse fatigue que si l'on est déjà dans la joie avant même de se fatiguer." (Chrétien, 1996, 28). [...]
[...], la fatigue est un état où disparaître, un effacement provisoire par lassitude, en se laissant doucement glisser dans un monde rétréci, même si les sensations ne sont pas heureuses. L'un de ses avantages est de rendre difficile la fixation de la pensée. Plus rien ne la retient, elle coule, trop lourde à porter. [...] Elle amène à flotter sur les événements avec une sorte d'alibi pour le retrait. [...] La fatigue est un détachement, parfois elle est même exacerbée jusqu'à l'accablement pour s'y enfoncer davantage encore. L'individu se perd dans sa tâche ou bien il se voue à des épreuves physiques ou sportives de longue haleine dont il sort peu disponible aux échanges, obnubilé par la soif du repos. "La fatigue est le plus modeste des malheurs, le plus neutre des neutres, une expérience que, si l'on pouvait choisir, personne ne choisirait par vanité. Ô neutre, libère-moi de ma fatigue, conduis-moi vers cela qui, quoique me préoccupant au point d'occuper toute la place, ne me concerne pas. - Mais c'est cela, la fatigue, un état qui n'est pas possessif, qui absorbe sans mettre en question" (Blanchot, 1969, XXI). Elle est une excuse pour se lover en soi et diminuer ainsi l'intensité de la relation avec le monde. Moins attentif aux autres ou aux tâches à accomplir, l'individu n'est plus qu'à la surface de lui-même et possède une excuse sincère pour se détacher des impératifs du travail ou du lien social.
Pages 58-59.

[...] 
D'avoir trop donné implique de se reprendre, de retrouver son souffle et éventuellement de régénérer son goût de vivre par une retraite quotidienne ou une longue parenthèse afin, au bout du compte, de se rejoindre. La disparition des contraintes liées à l’identité se fait alors sur un mode propice. Elle évoque la réflexion de Montaigne : "Il faut se réserver une arrière-boutique toute nôtre, toute franche, en laquelle nous établissons notre vraie liberté et principale retraite et solitude" (Montaigne, 1969, 292). L'écriture, la lecture, la création de manière générale, la marche, le voyage, la méditation, etc. sont autant de refuges aux contours moins acérés que nous avons souvent arpentés au fil de ce livre. Ce sont des lieux où nul n'a plus de comptes à rendre, une suspension heureuse et joyeuse de soi, un détour qui ramène à soi après quelques heures ou quelques jours, ou davantage. Des moyens délibérés de retrouver sa vitalité, son intériorité, le goût de vivre.
Page 195 (dernière page)

David Le Breton, in Disparaître de soi, Une tentation contemporaine, éditions Métailié, 2015.

"Il arrive que l’on ne souhaite plus communiquer, ni se projeter dans le temps, ni même participer au présent ; que l’on soit sans projet, sans désir, et que l’on préfère voir le monde d’une autre rive : c’est la blancheur. La blancheur touche hommes ou femmes ordinaires arrivant au bout de leurs ressources pour continuer à assumer leur personnage. C’est cet état particulier hors des mouvements du lien social où l’on disparaît un temps et dont, paradoxalement, on a besoin pour continuer à vivre. David Le Breton signe là un livre capital pour essayer de comprendre pourquoi tant de gens aujourd’hui se laissent couler, sont pris d’une “passion d’absence” face à notre univers à la recherche de la maîtrise de tout et marqué par une quête effrénée de sensations et d’apparence. Voilà qu’après les signes d’identité, c’est cette volonté d’effacement face à l’obligation de s’individualiser, c’est la recherche d’un degré a minima de la conscience, un “laisser-tomber” pour échapper à ce qui est devenu trop encombrant, qui montent. La nouveauté est que cet état gagne de plus en plus de gens et qu’il est de plus en plus durable. David Le Breton, avec cet ouvrage en forme de manifeste, fait un constat effrayant et salutaire de notre engourdissement généralisé. Nous sommes tous concernés par ce risque d’une vie impersonnelle."
4e de couverture.

C'est en écoutant cette émission que j'ai eu envie de lire cet ouvrage. Le titre m'interpellait, j'étais sûre qu'il m'intéresserait. 

dimanche 6 septembre 2015

Sans titre, ça pèse déjà assez lourd

Araignée du matin, chagrin.



Journée ensoleillée, cœur sombre




Hi hi!


Avant l'urne, faut peut-être que je pense au cercueil (0_0). Sont gais ceux-là.
Un cercueil en carton c'est génial pour une incinération. On en a parlé en famille l'autre jour. "Ils" sont d'accord avec moi : le cercueil en carton c'est une excellente idée.
C'est moins cher et c'est écologique.
Gamme Passion. Sont complètement cinglés : un cercueil avec un parcours de golf, un driver et une balle. Ce n'est pas la balle qu'il faut mettre dans le trou; c'est le pékin qui sera dedans.Tsss!
Si on veut faire simple, optons pour la Gamme essentielle : le vrai carton kraft pour 100 euros, le moins cher.


A la rigueur je veux bien Bécassine sur le carton
pour aller avec l'urne.



mardi 1 septembre 2015

Désespérer... pour être heureux?!

" [...] une certaine continuité dans le désespoir peut engendrer la joie. 
[...]  l’espoir, au contraire de ce qu’on croit, équivaut à la résignation. Et vivre, c’est ne pas se résigner."
Albert Camus, Noces.

C'est le thème de la semaine dans les NCC. 
(Lecture par Jean-Louis Jacopin : Albert Camus, Noces, « L’été à Alger » : un très court extrait  à la fin de ce billet)

Sujet qui ne peut que me passionner : faire de mon désespoir une énergie de vivre.

Et hier : Kierkegaard, au-delà du désespoir.

Une rentrée épatante! Non? Oui!
Finies les vacances, ouf!


Vincent Van Gogh, <i>Autoportrait à l'oreille coupée</i>

Vincent Van Gogh, Autoportrait à l'oreille coupée

Autoportrait à l'oreille coupée (1889), par Van Gogh. Peinture à l'huile. (Courtauld Institute Galleries, Londres.)
Ph. Coll. Archives Larousse