samedi 22 décembre 2018

"Tu es toute seule. Tu es toute seule"



And did you get what
you wanted from this life, even so?
I did.
And what did you want?
To call myself beloved, to feel myself
beloved on the earth.

                                             Raymond Carver, "Late fragment"


[Alors, as-tu obtenu
ce que tu voulais de cette vie, malgré tout?
Oui.
Et que voulais-tu?
Qu'on m'appelle bien-aimé, et que je me sente
bien-aimé sur la Terre]

                                              Tiré de l'ouvrage de Nuala O'Faolain, On s'est déjà vu quelque part ?

Je viens de commencer ce livre de Nuala O'Faolain. J'ouvre une page au hasard et je lis :

" Il est possible que je me fasse des idées. Ce qui importe c'est peut-être que j'aie pensé pour la première fois écrire sur moi quelques jours avant Noël. Noël est une période où nous sommes agités par de puissants sentiments. Et ce Noël allait être mon premier Noël en solitaire. Le tout premier. Il n'y avait même pas une personne spéciale que des circonstances m'auraient empêchée de rejoindre ce jour-là. [...] Je n'étais pas absolument seule, bien sûr. Je devais parler avec mes sœurs au téléphone, et j'allais recevoir d'autres coups de fil. Mais je n'étais liée à personne. À plus de cinquante ans. Je ne pouvais pas m'empêcher de revenir sans cesse à ce simple constat ni de l'affronter. Je n'étais pas malheureuse. Mais je continuais de penser - parfois avec surprise, parfois comme une simple observation, parfois prise de panique : "Tu es toute seule. Tu es toute seule."
Que s'était-il passé?
Je sais que ce n'est pas une tragédie."

Ô comme je vais l'aimer ce livre. 
(Charmante lectrice, qui me le fait découvrir, je vous remercie). 

mercredi 19 décembre 2018

"À insensé qui croit que je ne suis pas toi" (Victor Hugo, Les Contemplations)

C'est vrai, je confirme, j'écris de moins en moins ici. Je ne peux plus TOUT faire. Je dois faire des choix.
Écrire, peut-être demain? Pour dire quoi? Ce que j'ai fait aujourd'hui? 
Je peux le dire maintenant !

Ce matin.
10h. J'écoutais la troisième émission de la semaine dans Les Chemins de la Philosophie. Sujet de la semaine : L'attente. Quel programme. Attendre c'est un peu espérer, espérer que quelque chose va se passer (sauf que là c'est un Condamné à mort qui attend, il attend la mort). Moi Je, n'attends plus rien, tout est joué. Même la mort je ne l'attends pas. Surtout elle. Tsss! Elle ne me prendra pas, c'est moi qui l'inviterai, quand je déciderai (sauf accident). L'amour? Je ne l'ai jamais attendu, il s'est toujours présenté quand je ne l'attendais pas. C'était chouette... chez Laurette;-)). A propos de moi je, revenons à l'émission de ce matin, avec Victor Hugo. Ces mots avaient un sens (même sans être un Condamné à mort) :
"[...] est-ce que je puis avoir quelque chose à dire, moi qui n'ai plus rien à faire dans ce monde, et que trouverais-je dans ce cerveau flétri et vide qui vaille la peine d'être écrit?"
Je vous laisse plancher là-dessus, mon cerveau est flétri, comme ma peau. Mmm !

11h30.  La pluie s'est arrêtée, un rayon de soleil, vite courons - à pied - à la pharmacie chercher les médicaments prescrits, que je laisse dans un tiroir pour plus tard. Médiathèque, ma réservation est disponible, un film de Sara Forestier M, j'emprunte aussi Dersou Ouzala de Kurosawa que j'ai envie de revoir (2h20, épatant pour le 24 décembre).  (Hier j'ai vu au cinéma le film bouleversant de Hirokazu Kore-Eda, Une affaire de famille. Magnifique).
Il pleut. J'entre à Monoprix, je prends dans le rayon : crème de nuit anti-rides (c'est du pipeau), crème de jour et BB crème teintée; je vais à la caisse, il est midi queue pas possible; je vais remettre les crèmes en place. Je hais L'ATTENTE.
Je pars sans mes crèmes sous la pluie, un bus arrive, je le prends pour seulement deux stations, tant pis.

13h. Je mange un potage, un yaourt au muesli, un kiwi. Café - un carré de chocolat. J'écoute les infos sur France Inter? Référendum, pas référendum?  Etc. etc. Comme Clément Rosset JMFDT.

Cet après-midi.
14h. Je traîne. Je n'ai pas encore fait mon lit ni la vaisselle. La la lère. Je regarde le ciel, il se dégage un peu. Je décide d'aller à la déchetterie, j'en ai assez de voir mon couloir encombré d'un grand support en bois pour plante, pourri; un pot de peinture vide mais avec des restachou (mot breton qui signifie  les restes d'un repas), un appareil  à jet dentaire qui ne fonctionne plus, des bouteilles vides.  J'en profiterai pour aller quelques kilomètres plus loin prendre un bol d'air près de l'océan.

Et voilà : L'océan, mon amour.




Ce soir.
Une charmante lectrice m'écrit. Elle s'étonne que je n'écrive pas (plus). Alors, voilà, ce soir j'ai fait ce billet pour elle. Je crains qu'il ne soit pas "inspirant".
Avant de le commencer, j'étais en train de lire ces lignes :

"A relire la plupart de ces notations éparses, il a perdu la raison que peut-être il n'eut jamais de les mettre noir sur blanc. Qu'il les y ait mises toutefois et maintenues laisse conjecturer qu'elles répondirent en leur temps à quelque nécessité réelle, pour obscure qu'elle lui paraisse aujourd'hui, ne plus comprendre ce qu'on a voulu dire pouvant être le signe qu'on a dit l'essentiel, comme aussi bien la preuve d'une inaptitude à le formuler en termes intelligibles."

Louis-René des Forêts, in Ostinato, éditions Mercure de France, 1977.

lundi 19 novembre 2018

Ça ne s'invente pas



" Jets de pierres contre bombes lacrymogènes. L’Odet pour frontière. D’un côté du pont Pissette et du Pont Max-Jacob, côté place de la Résistance, sont postés les CRS. De l’autre, des agitateurs, le bas du visage masqué par des écharpes. Il est 18 h 30, le gros des troupes des Gilets jaunes a quitté le centre-ville de Quimper."

" Le feu a été mis à plusieurs corbeilles. L’une d’entre elles s’est consumée sur le pont Pissette. "


Un agent de la Ville de Quimper nettoie la chaussée du pont Pissette ce dimanche 18 novembre 2018 où une corbeille s’est consumée la veille. | OUEST-FRANCE

Mon pont
" Je lui consacre une nouvelle dans mon livre. Ce pont s’appelle ainsi parce qu’il y avait une pissotière au bout ! On la voit sur la couverture de mon livre. Mais il y avait aussi une dame pipi qui vendait la presse : mon grand-père y achetait le journal l’Humanité, pour lui, et pour moi, le journal de Tarzan. Il y avait de belles images en couleur. C’était chouette."

jeudi 15 novembre 2018

Une journée idéale

Henry Miller et Hoki Tokuda, sa dernière épouse. Il la rencontre en 1966 (elle avait 29 ans et lui 75 ans), l'épouse en 1967, divorce en 1970. Henry Miller meurt en 1980. Hoki Tokuda est toujours en vie, elle a 81 ans.


Roland Jaccard: «Une journée idéale selon Henry Miller»

Sexe, ping-pong et euthanasie

Évidemment, le sexe mène parfois à l’amour, qui nous entraîne, malgré nous, à nous mettre au service de l’espèce en procréant. Terrible déchéance qui fait de nous des épaves de l’amour. Il est toujours bon de se vacciner contre cette pente fatale en observant le dimanche après-midi sur les grands boulevards ces épaves de l’amour traînant derrière elles leur progéniture comme autant de boîtes de conserve. Henry Miller, tout comme moi, préférait jouer au tennis de table au soleil sous le regard attendri d’une jeune Asiatique. Il était très favorable à l’euthanasie, la seule cause qui lui tenait à cœur* – encore un point commun – ne comprenant pas pourquoi on piquait son chien quand il souffrait, alors que l’homme dégoûté par l’existence est réduit à mendier un «suicide assisté»
[...]
Mais revenons à sa journée idéale : elle commence, et c’est plus important à ses yeux que tout le reste, par se mettre au soleil et nager dans sa piscine de Big Sur. Et, en fin d’après-midi, à jouer pendant une heure ou deux au ping-pong. Une forme d’hédonisme que je partage. Ensuite, après un dîner léger, voir un bon film, de préférence japonais (ils sont moins décevants). Baiser? Pourquoi pas? Mais est-ce bien indispensable à mon âge? se demande-t-il. Ce qui est vrai, c’est qu’une présence féminine, surtout si elle a le charme de l’extrême jeunesse – et Miller n’y était pas insensible –, rend la vie plus intéressante. Souvent exténuante, d’ailleurs. Miller ajoute: «Tout ce mystère sur le sexe… et puis tu découvres qu’il n’y a rien… c’est le vide, une illusion… tu t’enflammes pour [...] Lire l'article ici.
* (Point commun avec moi également. Monsieur Macron, on n'avance pas sur le sujet !)
Je me suis un peu perdue dans les multiples recherches que j'ai faites sur Henry Miller (qui m'a toujours passionnée) et Hoki Tokuda. Ce fut une brève relation, sans sexe, sans amour, on s'en douterait, de la part de Hoki pour Henry. Pour Henry Miller, il y eut plus de tristesse que de bonheur avec Hoki.

Résumées ici, les étapes de sa vie, en Français.

Quelques lettres - en Anglais - de Henry Miller à Hoki Tokuda, qui ne les ouvrait pas; il y mettait pourtant, en plus, son talent de peintre. Elle était sans doute trop jeune pour un vieil homme et, surtout, trop jeune pour avoir l'étoffe d'une femme d'artiste, et quel artiste !
Je ne connaissais pas cette étape de sa vie avec Hoki Tokuda. Je la découvre aujourd'hui.
Chaque étape d'une vie a son importance, celle-ci ne me paraît pas essentielle, au regard du reste, de ce qu'il a vécu. Ce qu'elle a d'essentiel, ce sont les mots qu'elle lui a inspirés.




L'extrait ci-dessous, à lire dans son contexte, que je trouve bouleversant (parce que je vieillis sérieusement) et, d'autant plus, que Miller ne cherche pas à bouleverser :

 "But now let me try to explain myself to you, if I can. The older I get the more I struggle not to make plans in advance, not to think of tomorrow, or yesterday, either, for that matter. I try my best to live day to day, as we say in English. This is a result of my philosophical strain rather than of my innate temperament. I have been all my life a most active man, perhaps too much so. All I ever wanted of life was the freedom to write what I had to express and to do so with perfect freedom. It has been a long hard struggle, and I suppose one might say that I won out. But at what a price! As a result of a my achievement, my fame or success, whatever you wish to call it, the word tries to involve me in things which no longer concern me. Every day of my life, for the last ten years or more, I have to struggle to win a couple of hours which I my truly call my own. The consequence of all this is that I do less and less creative work. I am at the mercy of the world. And since my time on Earth is running short you can well understand how desperate I sometimes feel. I have thought of running off to some remote corner of the Earth, where I might live in peace and do only what I wish to do, but where is that place? Years ago, I thought of going to Tibet or to Nepal or some remote corner of India, but today I haven't the heart to pick myself up and go to such outlandish places. I need some comforts and also some medical attention. And I don't want to leave my son here alone should he be drafted into the military service."

Ici, ce que dit Hoki Tokuda, très brièvement, de sa relation avec Miller :

"If Henry had been my grandfather, it would have been perfect. He was funny — I laughed all the time, and he liked my sense of humor."

"All I ever wanted of life was the freedom to write what I had to express and to do so with perfect freedom." Henry Miller

dimanche 11 novembre 2018

Centenaire : "la nécessité de dire et la conscience qu'il n'y a rien à dire"







C'est à lui, Philippe Annocque, que je pensais aujourd'hui; à ces cartes postales qu'il avait retrouvées, de son "Jeune grand-père" et qu'il avait retranscrites dans son blog, y mêlant ses commentaires, ses réflexions, ses questionnements (en italiques) pour une meilleure compréhension pour le lecteur.
Ces écrits ont fait l'objet d'un livre aux éditions Lunatique, collection Parler debout.

Je trouve celle-ci (mais il y en plein d'autres) émouvante, par les mots de Philippe Annocque. Edmond (le Jeune grand-père) évoque sa cousine Lucie Mangot qui lui a écrit une longue lettre :

"Elle est toujours très emballée et très confiante. [Edmond le disait déjà dans sa carte du 27 avril]. Sa lettre est très bien tournée. Elle me demande de faire mes mémoires, elle me dit que cela me fera du travail pour l’hiver, mais ce n’est pas le travail qui me manquera. Et puis, je n’ai rien d’assez intéressant à raconter."
 Et Philippe Annocque insère ce texte, bouleversant, s'adressant à son Jeune grand-père :

"« Elle me demande de faire mes mémoires. » Me voici. Je suis le bras armé de la vive cousine de mon grand-père, une jeune fille dont je connais à peine l’existence. Je suis là, Edmond, pour te dire de raconter que tu n’as rien d’intéressant à raconter. Que c’est le rien d’intéressant à dire qui est vraiment intéressant, à la fin. J’ai toujours eu ce sentiment, j’ai toujours vécu dans cette contradiction entre la nécessité de dire et la conscience qu’il n’y a rien à dire. Un instant je me plais à imaginer que c’est l’héritage d’une captivité vieille d’un siècle."
Philippe Annocque, in Mon jeune grand-père, éditions Lunatique, collection Parler debout, 2018.
" Philippe Annocque s’est appliqué à déchiffrer les cartes postales que son grand-père, Edmond, adressait à ses parents alors qu’il était prisonnier de guerre en Allemagne, de 1916 à 1918. Ses mots d’aujourd’hui — explications, réflexions, exclamations, questions — se mêlent à ceux écrits pour dire, 100 ans plus tôt, le rien des jours qui se succèdent indéfiniment et se ressemblent infiniment. Mais, le rien n’est pas anodin, et le prisonnier de guerre, contraint par la censure, occupe de son écriture resserrée jusqu’à l’illisible l’espace restreint des cartes, pour dire tout simplement qu’il est vivant. Dans Mon jeune grand-père, l’auteur superpose sa lecture à ce qu’il retranscrit, et cette lecture aussi il la donne à lire."

Samedi 17 novembre l'auteur sera l'après-midi au Salon de l'Autre Livre, 48 rue Vieille du Temple à Paris, toujours pour Mon jeune grand-père,
 
Dimanche 18 novembre il sera toute la journée au Salon des Essarts-le-Roi, rue du 11 novembre et ça tombe bien puisque ce sera le centenaire de la libération de Mon jeune grand-père et de quelques millions d'autres personnes ; il y aura aussi bien sûr Seule la nuit tombe dans ses bras et même quelques autres titres.

Pour les autres programmations voir son blog.

vendredi 9 novembre 2018

Le Président qui aimait les livres




Portrait de François Mitterrand, ministre d'Etat dans le cabinet de Joseph Laniel, lisant dans son bureau en juillet 1953. / © AFP
"Tout livre en vitrine excite mon appétit, un formidable appétit de lettres, de signes, de titres, de typographie plutôt que de lecture, avec une préférence provisoire pour la jaquette rouge et blanche de Julliard, et le pincement au coeur que me vaut immanquablement le double filet rouge à l'intérieur du filet noir de ma chère NRF."

Nous sommes le 30 septembre 1963. Le député de la Nièvre François Mitterrand, 46 ans, fixe son premier rendez-vous à une jeune provinciale tout juste montée à Paris, une certaine Anne Pingeot, 20 ans. Mais où se retrouver ? "Je vous attendrai à la librairie Le Divan, place Saint-Germain-des-Prés, à 19 heures", lui écrit le futur Président (1). Pour ce couple secret, c'est la première d'une longue série de rencontres dans des librairies. 
Seul ou en compagnie de sa chère amie, des décennies durant, le leader socialiste aura écumé les échoppes du quartier Saint-Sulpice à la recherche d'éditions rares. Si l'on y ajoute les ouvrages que lui ont dédicacés les grands auteurs de son temps -Camus, Duras, etc-, tout cela a fini par constituer une bibliothèque de grande valeur. "
Source 
"La vente d’une partie des ouvrages de l’ancien président de la République, organisée les 29 et 30 octobre 2018, chez Piasa, à Paris, a rapporté 1,5 million d’euros, soit trois fois plus que les estimations les plus hautes. "Visite guidée 

jeudi 25 octobre 2018

Rejeter un accent est une discrimination



Mélenchon dénonce le "ridicule" de la polémique

Jean-Luc Mélenchon a ensuite raillé les suites médiatiques et politiques de l'esclandre: "Ce qui nous vaut, séance tenante, toutes sortes d’enquêtes sur les accents et même une proposition de loi contre la glottophobie. J’ai amélioré mon vocabulaire d’un mot vous voyez que tout le monde peut apprendre." (Lire ici)


"La glottophobie, discrimination liée à une façon de parler, est un phénomène très répandu. En quoi est-ce une discrimination ? Comment et pourquoi est-ce que ce type de discrimination fonctionne ? Combattre les discriminations linguistiques."




Une conférence enregistrée en janvier 2018. (Vidéo)

Philippe Blanchet, professeur des universités en sciences du langage, spécialiste de sociolinguistique et de didactique de la communication plurilingue et interculturelle.

Jean-Luc Mélenchon se moque de l'accent d'une journaliste, cela ne lui suffit pas, il traite les journalistes "d'abrutis, de menteurs, de tricheurs". 

"Ils ont l'air de ce qu'ils sont, c’est-à-dire d'abrutis. Je demande à ceux qui nous suivent de relayer nos arguments, de montrer pourquoi France Info ment et de discréditer les journalistes qui s'y trouvent"." Relayez, relayez sans arrêt. Pourrissez-les partout où vous pouvez. Parce qu'il faut qu'on obtienne au moins un résultat […] il faut qu'à la fin il y ait des milliers de gens qui se disent 'Les journalistes de France Info sont des menteurs, des tricheurs'."

Jusqu'où va aller son hystérie (0_0) ?!




mercredi 24 octobre 2018

Le remède au sentiment de solitude est la solitude



Suite...
"Il y a la question de la solitude. Mais là non plus, ce n'est pas comme on l'imaginait (si on avait jamais essayé de l'imaginer). Il existe deux sortes essentielles de sentiment de solitude : celui qui est dû au fait de ne pas avoir trouvé quelqu'un à aimer, et celui qui est dû au fait d'avoir été privé de l'être aimé. La première sorte est la pire. Rien n'est comparable à la solitude de l'âme dans l'adolescence. Je me souviens de mon premier séjour à Paris, en 1964; j'avais dix-huit ans. Chaque jour j'accomplissais mon devoir culturel - galeries d'art, musées, églises; j'ai même acheté une des places les moins chères à l'Opéra-Comique (et me rappelle l'impossible chaleur là-haut, l'impossible angle de vue, et l'incompréhensible opéra). Je me sentais seul dans le métro, dans les rues, et dans les parcs publics où, assis seul sur un banc, je lisais un roman de Sartre qui parlait sans doute de solitude existentielle. Je me sentais seul même parmi ceux qui se liaient d'amitié avec moi. En repensant maintenant à ces quelques semaines, je me rends compte que je ne suis monté nulle part - la tour Eiffel semblait être une structure absurde, et absurdement populaire -, mais je suis bel et bien descendu, exactement comme Nadar l'avait fait avec son appareil photo un siècle plus tôt : j'ai découvert moi aussi les égouts de Paris, y entrant près du pont de l'Alma pour une visite guidée en barque; et, de la place Denfert-Rochereau, je suis descendu dans les catacombes, ma bougie éclairant les empilements bien nets de fémurs et de crânes.
Il existe un mot allemand, Sehnsucht, qui n'a pas d'équivalent en anglais et qui signifie "l'aspiration à quelque chose". Il a des connotations romantiques et mystiques; C. S. Lewis l'a défini comme étant "l'inconsolable aspiration" dans le cœur humain à "on ne sait quoi". Cela semble assez typiquement allemand de pouvoir spécifier ce qui ne peut l'être. L'aspiration à quelque chose - ou, dans notre cas, à quelqu'un. Sehnsucht décrit la première sorte de sentiment de solitude. Mais l'autre sorte provient de l'état contraire : l'absence d'une personne très spécifique. Moins une solitude qu'un manque d'elle. C'est cette spécificité qui peut faire songer à quelque projet consolant avec le bain chaud et le couteau à découper japonais. Et, bien que je sois maintenant muni d'un solide argument contre le suicide, la tentation subsiste : si je ne peux vivre sans elle, je m'ôterai cette vie. Mais maintenant, au moins,  je suis plus conscient de voix avisées à écouter. "Le remède au sentiment de solitude est la solitude", souffle la poétesse Marianne Moore, tandis que Peter Grimes (certes pas un modèle à tous égards) chante dans l'opéra du même nom : "Je vis seul. On s'y fait." Il y a un équilibre dans ces mots, une réconfortante harmonie.

Julian Barnes, in Quand tout est déjà arrivé, éditions Mercure de France, 2014.

dimanche 21 octobre 2018

Dimanche d'automne à Pont-Aven

Elles font partie du patrimoine de la belle cité sur les rives de l'Aven.
Était-ce le temps très printanier, voire estival, qui excitait les oies? 
Elles déambulaient dans les rues, au grand dam des automobilistes et les piétons devaient les avoir à l’œil pour ne pas se faire mordre les mollets. Ambiance tout de même joyeuse.





Les oies blanches sont restées sur la rive mais elles étaient agressives et défendaient leur territoire bec et ongles. J'ai dû partir en courant après avoir appuyé sur le déclencheur. 

Plus calme, celle de Paul Gauguin...


Paul Gauguin (1848-1903) L’Oie, 1889 - Huile sur plâtre, 53 x 72 cm - 
© Musée des beaux-arts de Quimper

"Durant l'été 1889, Paul Gauguin, lassé par la foule des peintres qui se presse à Pont-Aven, décide de s'isoler au Pouldu. Accompagné de Meijer de Haan, peintre amateur hollandais, il s'installe à l'auberge de la Plage tenue par Marie Henry. Les deux artistes sont rejoints par Paul Sérusier et Charles Filiger. Très vite, la salle à manger de l'auberge se transforme en véritable atelier. Dans une lettre adressée à Vincent Van Gogh le 20 octobre 1889, Gauguin écrit :
 … Un assez grand travail que nous avons entrepris en commun de Haan et moi : une décoration de l'auberge où nous mangeons. On commence par un mur puis on finit par faire les quatre…

Cet enthousiasme collectif débouche sur la création de l'un des plus incroyables ensembles décoratifs de l'époque.

Peinte par Gauguin sur un enduit de plâtre, L'Oie, située au niveau de l'imposte du mur ouest, n'a été redécouverte que dans le courant des années 1920 par des artistes américains. Son acquisition en 1999 par le musée des Beaux-Arts de Quimper a constitué un événement qui a fait date en permettant de compléter les deux autres éléments du décor de l'auberge de Marie Henry déjà présentés (Le Génie à la guirlande de Charles Filiger et le Pichet et oignons de Jacob Meijer de Haan). Le thème de l'oie, abondamment représenté par des artistes impressionnistes comme Camille Pissarro, prend chez Paul Gauguin une signification partagée entre réalisme et symbolisme. On y reconnaît évidemment sans peine l'animal de la ferme tout comme on pourrait y déceler une allusion au mythe de Léda et de Zeus, lui-même renvoyant à la liaison entre Marie Henry et Meijer de Haan. Léda, transformée en oie, personnifierait ainsi l'hôtesse des lieux. Autour de l'oie, Gauguin a disposé des fleurs ressemblant à des boutons de fleurs de lotus, ajoutant ainsi un motif extrême-oriental qui annonce le syncrétisme formel qui s'épanouira dans les chefs-d'œuvre tahitiens."

Aujourd'hui j'ai zappé l'exposition au Musée de Pont-Aven, j'y retournerai un jour où la douceur de l'air sera moins propice à la flânerie et j'irai voir ce petit (mais grande œuvre) tableau de Paul Sérusier dont on parle : Le Talisman.

"Le Talisman est certes conservé au musée d’Orsay, mais il est toute l’année à Pont-Aven... Les couleurs choisies pour les murs des espaces d’exposition du parcours des collections permanentes du musée sont toutes issues du tableau de Paul Sérusier. Une déclinaison des bleus, des verts, des jaunes et des rouges du tableau, à (re)découvrir au fil des salles."

Musée de Pont-Aven, à voir l'exposition : 
Pont-Aven, berceau de la modernité, jusqu'au 6 janvier 2019. 

Quelques photos de ma flânerie
(cliquer sur les images pour agrandir)








Je me suis attardée sur le nom de quelques bateaux, inventant le pourquoi de cette appellation ou la personnalité du propriétaire. Eh oui, ça cogite dur dans ma cervelle d'oiseau. Mmm!


DIFFRACTION
(Le propriétaire est un scientifique (0_0) ?) 



 BOTZARIS
(Ça m'évoque la station de métro dans le 19e. 
Le bateau est en piteux état. Le propriétaire est dans la dèche (0_0)
Mais BOTZARIS c'est  un héros et un rebelle, mort à 35 ans.
Ce nom de bateau doit avoir une origine passionnante, une longue vie).



 L'EXOCET
 Poisson des mers chaudes capable de sauter hors de l'eau 
et de planer un instant dans l'air.
(Le propriétaire est un doux rêveur. 
Il rêve que son bateau saute et plane comme ce poisson.
Son rêve a-t-il/sera-t-il exaucé?)


 MOUETTE
(Rien à dire, petit bateau tranquilou
pour propriétaire pépère qui aime la pêche)



 Celui-ci, je n'ai pu voir son nom.
Je l'appellerai MIGNON, les cabines sont en bois, 
la coque aussi semble-t-il.
Je lui accorde un propriétaire philosophe

"On ne change jamais un nom de bateau, ça porte malheur."
Kenneth Cook, Par-dessus bord


Kenneth Cook

samedi 20 octobre 2018

"J'écris sans cesse ce qui me vient du coeur"

Catherine Pozzi (1882-1934)

Mercredi 16 février 1898 Nous sommes des gens du monde, des gens chics. Le salon de Madame Pozzi est un des plus brillants de Paris. Nous habitons un appartement, Place Vendôme, qui a un loyer de 17. OOO francs, nous avons 7 domestiques : deux femmes de chambre, une bonne allemande, une nourrice (pour Jacques), une cuisinière, un valet de pied et un maître d’hôtel ; nous avons une voiture et trois chevaux que nous louons à l’année (cela revient au même prix que de les avoir à nous, mais beaucoup d’ennuis nous sont épargnés).En entrant chez nous, on se trouve d’abord dans une grande antichambre, d’aspect assez sévère. Le salon y correspond. Le salon se compose de deux pièces réunies, une immense et une plus petite. Il est meublé avec assez de goût, tapissé d’étoffes précieuses ; sur les étagères, des bibelots rares et des statuettes ; dans une vitrine, une magnifique collection d’antiquités. Les meubles ont une grande valeur, les tableaux sont admirables, mais malgré la richesse de l’ameublement on n’y est pas plus heureux, et ce grand salon froid a vu bien des drames intimes.
C’est le jour de réception. Madame, dans une toilette exquise, fait les honneurs avec grâce (quoique ça l’ennuie terriblement). Les plus célèbres personnages viennent la voir, aussi bien que les moins connus, et il est amusant de voir une modeste femme de docteur à côté de l’écrivain à la mode, un jeune homme simplement vêtu faire la cour à la beauté de la "saison".
Parfois, au milieu de ces mondains, on voit une grande fille, à la taille trop mince, aux jambes trop longues, au corps trop plat, qui offre aimablement des tasses de thé ou de chocolat aux visiteurs de sa mère.
C’est moi. Elle s’ennuie beaucoup, cette grande fille, pourquoi a-t-elle un si charmant sourire sur les lèvres ? C’est qu’elle a déjà, hélas, ce vernis mondain, cette cuirasse d’hypocrisie polie.
Pourquoi est-ce que je m’amuse à peindre notre vie ? Je ne sais, mais c’est drôle.
La grande fille se lève. Elle est aussi grande que sa mère, elle est trop grande, elle a une taille et des manières de femme pour un corps d’enfant. La grande fille se lève. Elle va à la fenêtre, et regarde dehors. Elle regarde. Il fait nuit ; sur la place, illuminée par la clarté jaune des réverbères, une foule de gens passent ; ils sont noirs, ils marchent vite. Les voitures roulent, en voici, en voici, d’autres, d’autres, d’autres encore.
Où vont-ils ? La grande fille a oublié les visites, elle a oublié le thé à servir ; elle n’entend plus le bavardage stupide des jolies femmes. Elle ne voit que ces ombres noires qui passent, là-bas, au-dessous d’elle ; elle n’entend qu’une rumeur confuse qui monte, croît et grandit, des cris, des appels, des rires, des plaintes. En bas, deux cochers se disputent. Des gamins courent en chantant. Une femme et un homme, dans l’ombre, se baisent longuement la bouche. Et les ombres passent. La grande fille regarde passionnément, et voilà qu’il lui semble que c’est Paris qui passe, gronde et pleure sous ses yeux. Elle voit les femmes obscènes, elle voit les hommes faux, elle entend les mensonges, elle touche les ignominies. Voilà le comte Z. et sa maîtresse. Voilà la fille publique qui vend sa chair tous les soirs à l’acheteur inconnu. Voilà le romancier impudique, voilà le banquier voleur. Voilà le prêtre faux et lâche, voilà la vieille dévote abêtie. Voici les rois et voici les gavroches, voici les princesses et les filles. Ils s’enveloppent tous de loques dorées et se font des petits saluts bêtes. Voici l’actrice qui a de si jolies jambes et voici la petite épicière vertueuse. Les voici tous, ils passent, ils passent, elle les voit. Quelle foule, quelle foule immense ! Et pas un, pas un n’est un honnête homme ! La grande fille tressaille. Elle se voit. Elle est là, au milieu d’eux, elle est là. Oh misère ! elle a aussi sa loque dorée, elle dit aussi leurs mensonges, elle fait aussi leurs saluts. Et, les yeux agrandis, l’âme palpitante, elle se voit passer, lentement, donnant la main à ces misérables, souriant et mentant, jouant la comédie infâme. - Et, au-dessus, la colonne profile sa masse sombre, éternelle image du Temps qui seul ne change pas.
Catherine Pozzi, in Journal de Jeunesse. Extrait de la RdR

jeudi 11 octobre 2018

Plus jamais... mon Amour...


"Je ne crois pas que je la reverrai jamais. Plus jamais je ne la verrai, l'entendrai, la toucherai, l'étreindrai, l'écouterai, ni ne rirai avec elle; plus jamais je n'attendrai le bruit de ses pas, ne sourirai en entendant une porte s'ouvrir, ne joindrai étroitement son corps au mien, le mien au sien. Je ne crois pas non plus que nous nous retrouverons sous quelque forme dématérialisée. Je crois que ce qui est mort est bien mort. Certains pensent que le chagrin est une sorte de violent, quoique justifiable, apitoiement sur soi; d'autres disent que c'est le survivant qu'ils plaignent, parce que c'est lui qui a tout le tourment, alors que l'être aimé perdu ne peut plus souffrir. De telles approches tentent de gérer le chagrin en le minimisant - et en faisant de même avec la mort. Il est vrai qu'une partie de mon chagrin est centré sur moi - voyez ce que j'ai perdu, voyez combien ma vie en a été diminuée -, mais il s'agit davantage, bien davantage, et depuis le début, d'elle : voyez ce qu'elle a perdu, maintenant qu'elle a perdu la vie. Son corps, son esprit; sa radieuse curiosité de la vie. J'ai parfois le sentiment que la plus grande perdante dans le deuil, est la vie elle-même, parce qu'elle n'est plus exposée à cette radieuse curiosité.

Pages 88-89

Tous les couples, même les plus bohèmes, élaborent des structures au cours de leur vie commune, et ces structures ont un cycle annuel. De sorte que la Première Année est comme une image négative de l'année dont vous aviez l'habitude. Au lieu d'être émaillée d'événements, elle est maintenant ponctuée de non-événements : Noël, votre anniversaire, son anniversaire, celui du jour où vous vous êtes rencontrés, anniversaire de mariage. Et à ceux-ci se superposent de nouveaux anniversaires : celui du jour où la peur a surgi, du jour où elle est tombée pour la première fois, du jour où elle a été hospitalisée, du jour où elle est sortie de l'hôpital, du jour où elle est morte, du jour où elle a été enterrée.
Vous pensez que la Deuxième Année ne peut pas être pire que la Première, et croyez y être préparé. Vous pensez avoir connu toutes les différentes sortes de souffrance que vous aurez à endurer, et qu'après cela il n'y aura que des répétitions. Mais pourquoi une répétition devrait-elle impliquer moins de souffrance? Ces premières répétitions vous invitent à contempler toutes les répétitions à venir dans les années futures. Le chagrin est l'image négative de l'amour; et, s'il peut y avoir une accumulation d'amour au fil des ans pourquoi pas aussi de chagrin?
[...]
Cela a pris un certain temps, mais je me souviens du moment - ou plutôt, de l'argument arrivant soudainement - qui a rendu moins probable que je me tuerais. J'ai compris que, dans la mesure où elle vivait encore quelque part, elle vivait dans mon souvenir. Bien sûr, elle restait aussi puissamment dans l'esprit d'autres personnes; mais j'étais celui qui se souvenait le mieux d'elle. Si elle était quelque part, elle était en moi, intériorisée. C'était normal. Et il était également normal - et irréfutable - que je ne pouvais pas me tuer car alors je la tuerais aussi. Elle mourrait une seconde fois, mes chatoyants souvenirs d'elle s'estompant tandis que l'eau du bain se teinterait de rouge. Cela fut donc, finalement (ou, du moins, pour le moment), simplement décidé. Comme fut résolue la question plus large, mais apparentée : comment dois-je vivre? Je dois vivre comme elle aurait voulu que je vive."

Pages 99-100-101.

Julian Barnes, in Quand tout est déjà arrivé (récit La perte de profondeur), éditions Mercure de France, 2014.

"Dans ce troisième récit, Julian Barnes "nous parle - droit au cœur de ce qui se passe quand "tout est déjà arrivé", en l’occurrence, la mort de l'être qui vous était le plus proche et "qu'on est tombé de la plus grande hauteur". Disons simplement que Julian Barnes est sans doute là au sommet de son art."

4e de couverture.

mercredi 10 octobre 2018

***





À une heure du matin


Enfin ! seul ! On n’entend plus que le roulement de quelques fiacres attardés et éreintés. Pendant quelques heures, nous posséderons le silence, sinon le repos. 
Enfin ! la tyrannie de la face humaine a disparu, et je ne souffrirai plus que par moi-même.
Enfin ! il m’est donc permis de me délasser dans un bain de ténèbres ! D’abord, un double tour à la serrure. Il me semble que ce tour de clef augmentera ma solitude et fortifiera les barricades qui me séparent actuellement du monde.
Horrible vie ! Horrible ville ! Récapitulons la journée : avoir vu plusieurs hommes de lettres, dont l’un m’a demandé si l’on pouvait aller en Russie par voie de terre (il prenait sans doute la Russie pour une île) ; avoir disputé généreusement contre le directeur d’une revue, qui à chaque objection répondait : « — C’est ici le parti des honnêtes gens, » ce qui implique que tous les autres journaux sont rédigés par des coquins ; avoir salué une vingtaine de personnes, dont quinze me sont inconnues ; avoir distribué des poignées de main dans la même proportion, et cela sans avoir pris la précaution d’acheter des gants ; être monté pour tuer le temps, pendant une averse, chez une sauteuse qui m’a prié de lui dessiner un costume de Vénustre ; avoir fait ma cour à un directeur de théâtre, qui m’a dit en me congédiant : « — Vous feriez peut-être bien de vous adresser à Z… ; c’est le plus lourd, le plus sot et le plus célèbre de tous mes auteurs, avec lui vous pourriez peut-être aboutir à quelque chose. Voyez-le, et puis nous verrons ; » m’être vanté (pourquoi ?) de plusieurs vilaines actions que je n’ai jamais commises, et avoir lâchement nié quelques autres méfaits que j’ai accomplis avec joie, délit de fanfaronnade, crime de respect humain ; avoir refusé à un ami un service facile, et donné une recommandation écrite à un parfait drôle ; ouf ! est-ce bien fini ?
Mécontent de tous et mécontent de moi, je voudrais bien me racheter et m’enorgueillir un peu dans le silence et la solitude de la nuit. Âmes de ceux que j’ai aimés, âmes de ceux que j’ai chantés, fortifiez-moi, soutenez-moi, éloignez de moi le mensonge et les vapeurs corruptrices du monde, et vous, Seigneur mon Dieu ! accordez-moi la grâce de produire quelques beaux vers qui me prouvent à moi-même que je ne suis pas le dernier des hommes, que je ne suis pas inférieur à ceux que je méprise !

Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose, 1869

mardi 2 octobre 2018

Je ne crois pas comme ils croient, je ne vis pas comme ils vivent, je n'aime pas comme ils aiment... Je mourrai comme ils meurent" (Marguerite Yourcenar, Feux)

"Tout le malheur des hommes vient d'une seule chose, qui est de ne savoir pas  demeurer en repos, dans une chambre."
Blaise Pascal (cité par Marguerite Yourcenar)

Marguerite Yourcenar  1903-1987,
née Marguerite Antoinette Jeanne Marie Ghislaine Cleenewerck de Crayencour







Écouter  cette voix, seulement quelques minutes : une voix profonde, une tonalité d'aristocrate, un verbe brillant, UNE FEMME DE LETTRES.
"Il est difficile de ne pas se croire supérieur lorsqu'on souffre davantage [...] et la vue des gens heureux donne la nausée du bonheur."
Marguerite Yourcenar, in Alexis ou le Traité du Vain Combat.



"L'amour est un châtiment, nous sommes punis de n'avoir pas pu rester seul."
Marguerite Yourcenar, in Feux.


Et pour ceux qui - comme moi - l'écouteraient pendant des heures, cette vidéo complète :