samedi 31 décembre 2011

vendredi 30 décembre 2011

Journal

Jeudi 29 décembre.
Temps doux, pluvieux, gris; détestable. Les Bretons adorent ce temps et détestent le froid, même sec et ensoleillé. Je ne dois pas avoir le même sang qu'eux.
Lu la presse en ville en sirotant un thé blanc pas fameux. Je soupçonne qu'on m'ait servi des feuilles de thé déjà utilisées en rajoutant de l'eau chaude. Comment prouver?
Je lis :
"Anita Ekberg. L'icône suédoise de la Dolce Vita est sur la paille. La star sculpturale de la fontaine de Trevis qui faisait tourner la tête à Marcello Mastroianni réside dans une maison pour personnes âgées près de Rome. Son impécuniosité a poussé un administrateur judiciaire à faire appel à la Fondation Fellini pour tenter de renflouer les revenus de l'ancienne actrice qui passe ses longues journées à écrire ses Mémoires."

"Prothèses mammaires, la bombe sanitaire :
"les implants ne vont pas exploser." (0_0)

Soirée : regardé Lost in translation de Sofia Coppola que j'avais enregistré : joyeusement triste ou tristement joyeux, telle la vie.
Commencé Le Ramassement de soi de Paul Nizon. Celui-là je vais pouvoir le souligner, l'annoter; je l'ai acheté. Le titre m'a interpellé, je dois être un peu fêlée. J'aime Nizon.

Avant de m'endormir, dans le noir, les pensées affluent, désordonnées :
. On peut penser à la mort chaque jour sans avoir envie de mourir. Parler de la mort n'est pas mortifère. Un ami/lecteur de mon blog le (me) trouve mortifère.
. Annie Ernaux, entendue sur France Culture cet après-midi disait qu'elle était plus impudique en offrant son Journal Intime à lire au public qu'en montrant ses photos. C'est évident. Rien de plus intime que les mots. Se dire, se raconter, Annie Ernaux est allée très loin dans ses ouvrages. Je pense à Se perdre dont elle ne parle jamais dans les interviews qu'elle accorde en ce moment dans de nombreuses émissions et qui m'avait marquée. Quand elle écrit son journal intime, elle écrit pour elle, ne pense pas aux lecteurs qui la liront au moment où elle écrit, d'où une vérité parfois très crue, qui ne sera publiée que longtemps après avoir été écrit.
. Je pense aussi à mon ami poète qui tire le diable par la queue. Il m'a envoyé quelques belles pages de son Journal.
. Je vais avoir du mal à m'endormir encore ce soir, il est déjà une heure.
. (Lui :  Il ne m'écrira plus).


jeudi 29 décembre 2011

Objets animés

Mes pensées caressaient les objets, les livres, les cadres que j'époussetais ce matin. Ce faisant, j'écoutais des CD.
Ainsi je parlais à ceux (ou celles), vivants ou morts, qui mes les avaient offerts.

mardi 27 décembre 2011

La rose (suite)

Ce livre m’a enchantée, bouleversée, touchée au plus profond. La littérature, c’est cela pour moi. Chaque récit de cet ouvrage de Robert Walser est un autoportrait et nous dévoile un homme doté de tous les sentiments, du plus triste au plus joyeux, du plus sérieux au plus frivole. En le lisant, je me l’approprie, je serre le livre contre mon cœur et je me dis : il l’a écrit pour moi. Oui, j’ai une approche tactile assez primaire de la littérature.

Ce récit pour clore sur ce livre de Robert Walser mort dans la neige le 25 décembre 1956 :




"LE SOLITAIRE
(On ne sait s’il est assis ou debout)
Le solitaire : Quelque part s’étendent des lacs, je vois leur miroitement. Dans les allées de la solitude tranquille, les feuilles chuchotent. Des tableaux, des poèmes, que j’ai vus et lus, revivent dans l’instant. Dans le silence, je joue le grand seigneur. Savoir si, d’aventure, j’aimerais être parmi des gens ? Pourquoi pas ? Mais je trouve que la fréquentation des hommes vous empêche de penser. Les distractions sont importunes. Le charme de la parole se perd aisément dans la parlote. Certes, j’ai bien envie de parler à quelqu’un. Comme on est ingrat ! C’est seulement quand on désire quelque chose qu’on voudrait bien dire merci. Ce qu’on a, on le méprise. Splendide est la liberté intellectuelle du solitaire, ses pensées créent instantanément des formes et des personnages ; pour qui pense, il n’y a pas de distances. Les échelles d’âge sont dépassées. Les frontières morales, c’est lui qui les trace, et il parle avec les vivants et les morts. Ceux qui me manquent, je leur manque aussi ; ils ont appris comme j’avais de l’entrain. Je n’ai peur ni du vacarme ni du silence. Seules les craintes sont à craindre. Au lieu d’aller vingt fois au concert, j’y vais une fois, et ce que j’ai entendu retentit alors puissamment pour moi à travers les vastes salles du souvenir. Le juste poids des mots, la mesure de leur effet, le discoureur les désapprend plutôt que le taciturne. Des ruisseaux au pétillement d’argent glissent en filets ravissants le long de la paroi rocheuse de l’imagination calme. J’apprécie plus la vie imaginaire que la vie réelle. Qui songerait à m’en blâmer ? Jeune, déjà je rêvais volontiers ; j’ai grandi et, en même temps, je suis devenu plus petit. L’existence monte et descend comme une ligne de collines, et demeure significative. Les lieux où l’on tient des discours significatifs ne sont pas ceux où la vie est la plus impressionnante. Les débats restreignent leur objet, absorbent peu à peu les sources. La conversation fatigue. Le solitaire est revigoré par le passé et le présent tout aussi bien. Si je voulais pleurer, comme cela ferait mauvais effet en société ! Ici, je le peux à ma guise. Il a fallu que je vienne ici pour apprendre comme les larmes sont belles, comme il est beau de se dissoudre en sentiment. Où m’est-il permis, ailleurs qu’ici, de déplorer la fierté, de descendre avec l’orgueil, comme le long d’un escalier, vers les bas-fonds du regret, d’être contrit envers mon amie, de me baigner dans d’implorantes humiliations ? Qui dit être aussi faible que le solitaire, et à qui ce courage donne-t-il autant de force ? L’irritation provient toujours de l’obligation de dissimuler, qui pour moi n’a plus lieu d’être. Laissez-moi donc ainsi ! Certes, je prive de mon savoir, de ma gaieté innée, de mon énergie et de mon art d’arranger et d’aplanir, les gens ligotés de mille manières par leur activité. Mais peut-être que d’autres déjà font suffisamment de bien, celui qui a confiance trouve toujours des excuses. Il faut aussi quelqu’un qui soit négligent et qui croie joyeusement que cela ne fait pas de mal. Il est tout entouré du murmure de rajeunissements qui n’en finissent pas. Il entend le chant du fleuve originel à travers les heures de silence. S’efforçant de revenir vers moi, il s’amplifie. Il ne fuit pas les hommes. Comme j’aimerais me voir sympathique, comme je souhaiterais être intégré à leur cercle. Pourtant, je crois avoir fait ce que je pouvais pour ne pas gaspiller. Je suis resté disponible."


"En 1929, Walser entre dans la clinique psychiatrique de la Waldau, à Berne, où il poursuit son travail de "feuilletoniste". Il cessera d'écrire en 1933, après avoir été transféré contre son gré dans la clinique psychiatrique d'Herisau dans le demi-canton des Appenzell Rhodes-Extérieures où il séjournera jusqu'au jour de Noël 1956 où, quittant la clinique pour une promenade dans la neige, il marchera jusqu'à l'épuisement et à la mort."

« Il est absurde et grossier, me sachant dans un hospice, de me demander de continuer à écrire des livres. La seule terre sur laquelle le poète peut créer est celle de la liberté. Aussi longtemps que cette condition ne sera pas remplie, je ne puis même pas envisager de me remettre à écrire ».
Robert Walser.

lundi 26 décembre 2011

"C'est que je suis de bonne humeur"

La rose se compose d'une quarantaine de courts récits, monologues, portraits, dialogues ou petits essais. Pour Robert Walser, La rose est " le plus indocile et le plus jeune " de ses livres, où il y aurait à la fois " beaucoup à comprendre et à pardonner ". Il s'agit surtout du dernier livre publié de son vivant, trente ans avant sa mort...

« Que les héros s’appellent Wladimir, Perceval ou Fridolin, qu’ils soient des amoureux tranquillement transis ou de capricieuse jeunes filles, des personnages de la littérature ou bien des enfants, ces croquis tendres et narquois sont autant d’autoportraits de l’artiste, qui fait devant ses miroirs brisés une dernière promenade.
Il n’y a probablement aucun écrivain allemand du XXe siècle qui, de son vivant, a provoqué autant l’admiration de ses pairs. Parmi eux et parmi les plus grands se trouvent Kafka, Musil, Stefan Zweig, Max Brod, Hermann Hesse, Walter Benjamin et plus récemment Elias Canetti. »
4e de couverture

Extraits du chapitre : Une gifle, et autres.


« La neige recouvre les rues et les places, les monuments, les toits, cela convient à l’époque du nouvel an. Les arbres de Noël, les friandises, je ne suis pas envieux que les autres en aient. Les poètes ont cette générosité de pouvoir assister à la joie de leurs semblables sans aussitôt penser qu’ils auraient dû en profiter aussi. Une chambre chauffée, en hiver, c’est déjà beaucoup. Est-ce que, de surcroît, je ne lis pas un petit livre intitulé Franc comme l’or ?...
« Bonjour Madame la Directrice Du Poinçon », ai-je lancé l’autre jour à une dame qui s’appelle autrement, et qui s’est récriée bien haut : « Qu’est-ce qui vous prend ? » J’ai répondu : « C’est que je suis de bonne humeur. »
[…]
[…]
Hier, j’ai escaladé la montagne ; l’ascension allait bon train, jusqu’à ce que j’arrive à du verglas et ne puisse plus me tenir. Il n’y avait pas un arbuste où me cramponner. En conservant une belle prestance, je n’allais plus arriver à rien. J’eus alors une idée, toute bête du reste, je pris appui sur mes mains et me mis, pour un moment, à marcher à quatre pattes de la manière la plus gracieuse ; j’estime qu’il faut savoir s’adapter aux situations. Dans cette façon de ramper, il y avait un défi ; car enfin il s’agissait d’arriver en haut. Si je ne m’étais pas courbé, je n’aurais plus pu avancer. La souplesse, elle aussi, peut contenir de la fierté. Ce qui m’importait, c’était de progresser ; les difficultés que cela comportait me contraignaient à prendre des dispositions pour me métamorphoser d’une manière qui n’était pas précisément belle. N’aurait-on pas dit que je reniais la « civilisation », alors que j’étais soucieux de la préserver ? Ce sol lisse et poli exigeait que, puisant dans mon caractère, je fusse lisse et poli à mon tour. C’est par fierté que je me conduisais sans fierté, parce que j’étais coriace que je procédais en douceur. Une voix criait sans cesse en moi : « Plus haut ! » Peut-on gravir une montagne de verre avec la démarche digne d’un « homme important » ? Ce qui me paraissait important, c’était d’arriver en haut. Ce n’est pas pour rien que nos jambes ne sont pas des bâtons. Pourquoi ne pas faire usage de nos capacités ? Avec des surfaces polies comme des miroirs, que l’on s’y prenne gentiment ! Puisque je ne pouvais faire disparaître l’infranchissable en soufflant dessus, je le serrai dans mes bras. Est-ce que les obstinés ne font pas quelquefois patte de velours pour parvenir à leurs fins ? Qui s’agenouille peut se relever, et il a le sentiment d’être alors d’autant plus ferme sur ses pieds. Ce mouvement l’a délassé. Arriver à quelque chose par l’escalade, par la flatterie, comme c’est amusant ! Faire lentement pour aller plus vite, eh bien, pourquoi pas ? Tenter de monter est plus beau que d’être en haut ; je me plus mieux lorsque je regardais vers le sommet que quand, avec satisfaction, je contemplai la vallée. Chercher des yeux un passage, une prise, être nécessairement un peu anxieux, l’instant du danger fatal, comme c’est intéressant ! »

Robert Walser, in La rose, Gallimard, Collection du Monde Entier, 1987 pour la traduction française. Traduit de l'allemand par Bernard Lortholary.

C'est juste délicieux, jubilatoire, et ça me met "de bonne humeur".

Week-end de Noël

Vendredi 23 décembre.
Il ne faut pas se laisser aller à la tristesse.
Regardé le DVD emprunté à la médiathèque, Meurtre dans un jardin anglais, sur mon ordinateur; mon lecteur de DVD était en panne. Ce fut un excellent moment dans ma soirée. Cette photo capturée sur mon écran... pour le fun! Un homme se transforme en statue tout au long du film dans des séquences complètement saugrenues et d'autant plus désopilantes. Rien à voir avec le sujet mais il ne déparait pas à l'esthétisme du cadrage et de la mise en scène, superbe. Le viseur du peintre devenu caméra nous propulse dans le songe d’une « comédie érotique d’un jour d’été ». Ce film est un chef d'oeuvre; il m'avait échappé.



Image de fin, l'art réduit en cendres...

Je vais peut-être le regarder une seconde fois.

Samedi 24 décembre.
Maquillage waterproof ce matin. Coeur gros. Ciel dégagé. Il fait doux.
Ne pas rester à la maison. Dehors je vais peut-être penser à autre chose qu'à...
Un potage vite fait pour le déjeuner puis au golf.
Plusieurs semaines que je n'ai pas joué avec toutes ces pluies incessantes. Le parcours est gras, très imbibé, le ciel s'est couvert. Je fais neuf trous et je repars pour un deuxième tour; je ne pense à presque rien, même pas à bien jouer. Juste ne pas penser, ne pas avoir d'idées noires. Une pluie fine commence à tomber.  Je ne vais pas pouvoir refaire neuf trous, je coupe pour refaire seulement le huit et le neuf et je rentre.
Tea-time à la maison pour me réchauffer, j'ai un petit livre de QiGong, je vais m'initier, pour trouver en moi des énergies positives.
Dîner on ne peut plus ordinaire : un mélange d'ingrédients surgelés cuits au micro-ondes. Envie de rien.
Soirée : DVD, un autre film de Peter Greenaway; je pensais me "régaler" après avoir vu Meurtre dans un jardin anglais, avec celui-là : Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant. Pas pu regarder plus d'une demi heure. Bien loin de la beauté du premier film : laid et grotesque, m'aurait donné la nausée si j'avais poursuivi.
Repris ma lecture en cours de Robert Walser, un recueil de nouvelles : La rose. Exquis comme tout ce que j'ai pu lire de l'auteur.
...
(***)

Dimanche 25 décembre.
Comment faire pour "ravaler" ce visage défait ce matin? Avoir la main légère pour le maquillage. Ne plus pleurer, il ne faut plus pleurer. C'est pas gagné et ma belle-soeur qui m'envoie un texto cette nuit, lu ce matin : il me manque, je me rends compte que je l'aimais follement. Oui, on reconnaît le bonheur au bruit qu'il fait quand il s'en va. C'est son premier Noël sans lui. Elle est bien entourée et est allée chez ses enfants et petits enfants. Il me manque aussi.
"Le bonheur c'est d'avoir quelqu'un à perdre" (Philippe Delerm).
Après-midi en famille, échange de petits cadeaux. Ma nièce nous a fait un thé étrange  ramené de Shanghai : une boule séchée cousue dans des fils comme une pelote, que l'on met dans l'eau; lorsqu'elle est imbibée elle s'ouvre comme une fleur avec un coeur rouge. C'est magique. Le thé n'avait pas beaucoup de goût mais l'effet était saisissant.




Je trouvais qu'elle ressemblait à une fleur de chrysanthème comme celles ci-dessous peintes à l'encre de Chine.


Cherchant la signification du chrysanthème en Chine, je découvre que cette fleur,  (ju hua) - 菊花,
vénérée, sert entre autres à faire des tisanes.


Retour à la maison en fin d'après-midi. En voiture, j'entends une chanson de "midinette" et je pense à Marguerite Duras cette fois (après Simone de Beauvoir...  je leur fais leur fête! mais ça me rassure) qui disait que Capri c'est fini... était la plus belle chanson d'amour. Elle y fait référence en 1992 dans son roman Yann Andréa Steiner :
« Oui. Un jour cela arrivera, un jour il vous viendra le regret abominable de cela que vous qualifiez « d'invivable », c'est-à-dire de ce qui a été tenté par vous et moi pendant cet été 80 de pluie et de vent.
Quelquefois c'est au bord de la mer. Quand la plage se vide, à la tombée de la nuit. Après le départ des colonies d'enfants. Sur toute l'étendue des sables tout à coup, ça hurle que Capri c'est fini. Que C'ÉTAIT LA VILLE DE NOTRE PREMIER AMOUR mais que maintenant c'est fini. FINI.
Que c'est terrible tout à coup. Terrible. Chaque fois à pleurer, à fuir, à mourir parce que Capri a tourné avec la terre, vers l'oubli de l'amour. »

Le week-end de Noël est enfin FINI. Demain, je vais espérer, sans espoir...

vendredi 23 décembre 2011

Si vous voulez que Je vous dise,

Deux adieux dans la même matinée : un blog littéraire, ou plutôt le blog d'une homme épris de littérature, d'envie, de désir et de vie, un bel adieu si tant est qu'un adieu puisse être beau, et l'adieu d'un ami pour confirmer le mien qui, pour le coup, me laisse dans un lac... salé de larmes.

Solitude... mon Amour...

jeudi 22 décembre 2011

***

Journal


Décembre, le mois de la mélancolie, que dis-je, le mois de la mélancolie puissance dix. Et je replonge ce soir dans ce carton rempli de cahiers de mon journal intime de 1995 ; j’écrivais (je ne fais aucunes corrections) :

Jeudi 14 décembre 95.

Il y a dix ans aujourd’hui… nous nous mariions, après neuf ans de vie commune. Je n’ai pas le bonheur de pouvoir dire : mon Amour, il y a dix neuf ans que nous vivons ensemble. En l’écrivant, je n’arrive pas à réaliser qu’il y a déjà dix neuf ans que je t’ai rencontré. […] Je pense à ce jour de notre mariage ; le plus beau et le plus douloureux jour de ma vie. Je savais que tu allais mourir… bientôt. Quand je repense aujourd’hui à tout ce que j’ai vécu ces dernières années, de douleur, de survie, je me dis que j’ai bien le droit à la sérénité et au bonheur. La sérénité, je l’ai depuis que je vis à la campagne. Au chômage depuis trois ans, des finances au plus bas, mais je m’en fous et je voudrai pouvoir continuer de vivre comme cela, sans travailler ; je me sens si bien. Je trouve, oui vraiment, que je mérite la paix et une vie sans travail puisque c’est cela qui me convient. Je pense aujourd’hui aussi beaucoup à M. et D. nos chers témoins à notre mariage. Et à notre dîner le soir du mariage, tous les quatre, dans ce restaurant si luxueux. C’était merveilleux. D. était si belle avec son petit chapeau à voilette.
Voilà, c’était la minute souvenir-émotion.
… Il fait un froid de canard en ce moment et je suis blottie au coin du feu. Hier j’avais invité les gérants de l’agence immobilière à prendre l’apéritif. J’avais mis du chauffage. Leurs langues se sont déliées après trois coupes de Crémant ! Ils sont « plein aux as » comme disent les gens d’ici, des appartements partout. Les parvenus type ! Ils veulent « se mettre » au golf ! Je me demande toujours comment on peut réussir en affaires en étant si cons ? Rien ne les intéresse dans la vie en dehors de leur job. C’est sûr, ils ne savent pas ce qu’est la paresse et les délices qu’elle peut engendrer.

Samedi 16 décembre 95.
11 h.

Il fait 0° dehors, 10° dans mon séjour. Je suis emmitouflée dans mon poncho, j’écris avec le bout des doigts gelés malgré mes mitaines ; je bois un café bien chaud et je me dis : c’est quand même dingue de vivre ainsi à l’approche de l’an 2000. C’est bien beau de dire qu’on a le confort quand on ne peut pas brancher ses radiateurs électriques parce qu’on ne pourra pas payer l’électricité. Mais il y a pire, certains dorment dehors.
Je vais avoir mes deux pneus arrière à changer, prévu pour la semaine prochaine, 1500 F ! Ça aurait été doux d’utiliser cet argent pour le chauffage. Je ne fais du feu dans ma cheminée que vers 17/18 heures pour, aussi, économiser le bois. Bigre, c’est dur la liberté, mais c’est ainsi. Pour l’instant je n’ai pas de rhume, ni d’autres problèmes de santé dûs au froid, à part des gerçures au pouce. Il faut dire que cette année il fait particulièrement froid en ce mois de décembre.
Pour me réchauffer le corps je bois chaud toute la journée et pour me réchauffer l’esprit j’écoute en ce moment Othello ; la voix de Kiri Te Kanawa est sublime.
J’ai encore pas mal de travail de peinture à faire dans la cuisine. La peinture est achetée mais ce temps froid ne me donne pas beaucoup de courage et dans la cuisine, au nord, il fait encore plus glacial que dans le séjour. Vivement janvier que ces fêtes horribles soient passées. Je vais passer le réveillon de Noël avec N., J-Y. et les enfants ; je ne peux pas refuser d’y aller. J’ai déjà prévenu que je ne viendrai pas le 31. J’ai l’habitude de rester tranquillement à la maison pour ces fêtes que je déteste. Cette année – la première depuis des années – je n’achèterai pas de bon vin, ni saumon fumé, ni boudin blanc truffé, ni aucune autre fantaisie de nourriture et je l’avoue sincèrement ça ne me privera pas du tout. Si, je vais racheter du Crémant pour mes amis, si je reçois, car il était très bon. Finalement un bon Crémant c’est meilleur qu’un champagne ordinaire. Rien de pire qu’un mauvais champagne.
Mon Amour, je me souviens d’un de nos réveillons à deux où nous avons bu un merveilleux champagne. C’était une folie. La caisse me sert de boîte à cirage aujourd’hui.
… Oui, Kiri Te Kanawa est vraiment sublime…
Les grèves se terminent, après trois semaines de paralysie totale, la France se remet en marche. Évidemment, les grévistes font aussi la trêve des confiseurs pendant les fêtes.

Ma boîte à cirage!

En relisant ces morceaux de vie je me demande si c’est de moi qu’il s’agit. Mais oui, j’ai bien vécu comme cela, j’arrivais à obtenir 15° dans le séjour avec la cheminée et je n’étais pas malheureuse, en me privant de tout. J’ai su m’adapter à ma situation précaire. Se priver de tout quand on peut lire et écouter de la musique c’est supportable. On élimine tout ce qui n'est pas vital, l'essentiel est léger. Le plus dur tout de même c’est d’avoir tout le temps froid. Pourquoi ce soir ai-je eu envie d’ouvrir ce carton rempli de cahiers ? Pour me raccrocher à quelque chose ? Hum ! Peut-être pour me dire qu’aujourd’hui j’ai bien de la chance d’avoir chaud, de manger sans compter, d’aller au théâtre, en voyage de temps en temps. Oui ce doit être pour cela. Et puis, chassez le naturel il revient au galop. Bon, je n’achète tout de même pas de K., en demi bouteille, merci bien ! Et vu le prix de la bouteille, il faut être fou d’amour pour en acheter et le partager avec son Roméo ou sa Juliette… ou être un champion de foot qui gagne 800 000 euros par… mois !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Justement, j’apprends qu’il y a un champagne qui s’appelle Le roi David, un champagne casher « vinifié sous le contrôle du rabbin ». N’importe quoi !
Je plaisante, j’ironise pour mieux cacher mon spleen, ce soir. Pourtant je ne me prive plus de rien. L'argent ne fait pas le bonheur. Si j'ai ouvert ce cahier ce soir c'est bien pour... Je n'en sais rien. J'en ai profité pour déchirer deux cahiers de l'année 2000, sans intérêt à la relecture. Je vais peut-être le regretter. J'en ai déjà brûlés avant de déménager. Un jour, en quelques clics, ce blog disparaîtra aussi. On dit que les paroles s'envolent et que les écrits restent. Non, tout est mortel! Je pense soudain à cette expression : rendre l'âme. "Il a rendu l'âme".  Aujourd'hui j'ai seulement rendu les armes.

Lou et Nietzsche

Cette nuit je n’ai pas dormi, j’ai lu. Une vraie nuit d’insomnie qui m’obligera sans doute à une sieste aujourd’hui.
Lecture de la nuit : biographie de Lou Andreas-Salomé. Extraits :

"Afin de noter ses pensées et ses sentiments pendant ses vacances à Tautenberg, Lou tenait un journal sous forme de lettres adressées à Rée, que l’idée de voir Lou séjourner un mois auprès de Nietzsche avait contrarié et qui voulait être constamment informé de ce qui se passait. Dans sa première lettre, datée du 4 août 1882, elle écrit :

« Nietzsche, qui, somme toute, possède une volonté de fer, est sujet à de violents et brusques changement d’humeur. Je savais qu’un jour nous en viendrions à nous connaître mutuellement, ce que nous n’avions pu faire au début à cause du tumulte de nos sentiments, et que nous découvririons bientôt, tout menus commérages mis à part, que nous sommes profondément semblables. Je le lui avais déjà dit en répondant à son étrange et première lettre. Et c’est bien ce qui est arrivé. Après une journée passée avec lui, durant laquelle je me suis efforcée d’être gaie et naturelle, nous retrouvâmes notre ancienne intimité. Il monta souvent dans ma chambre et, dans la soirée, il prit ma main, l’embrassa deux fois et commença à me dire quelque chose qu'il ne finit point. Il m’envoya des lettres dans ma chambre et me parla à travers la porte. Maintenant je n’ai plus de fièvre et je me suis levée. Hier, nous sommes restés tout le jour ensemble et, aujourd’hui, nous avons passé une journée merveilleuse dans un bois de pins calme et sombre, seuls avec les rayons du soleil et les écureuils. Elisabeth était à Dornburg avec des amis. A l’auberge où nous avons déjeuné sous un gros tilleul branchu, les gens croient que nous sommes l’un à l’autre, tout comme vous et moi, si je porte ma toque et que Nietzsche arrive sans Elizabeth.
« Comme vous le savez, parler avec Nietzsche est passionnant. Mais c’est plus passionnant encore si l’on a des idées identiques, des sentiments identiques… nous nous comprenons parfaitement. Un jour, il m’a dit, plein d’étonnement : « Je crois que la seule différence entre nous est celle de l’âge. Nous avons vécu et pensé pareillement. »
« C’est seulement parce que nous sommes si semblables qu’il réagit si violemment aux différences qui existent entre nous, ou ce qui lui apparaît comme des différences. C’est pourquoi il est si bouleversé. Quand deux personnes sont dissemblables, comme vous et moi, elles sont enchantées quand elles se découvrent des points de contact. Mais lorsqu’elles se ressemblent autant que Nietzsche et moi, elles souffrent de leurs différences.
« […] Nietzsche aime tant à parler avec moi qu’il m’a avoué hier que, même lors de notre première querelle à mon arrivée, et tout en se sentant misérable, il ne pouvait résister à une sorte de joie à cause de ma façon d’argumenter.
« Il a lu mon essai sur les femmes et a trouvé horrible le style de la première partie. Il serait trop long d’écrire ce qu’il a dit d’autre… Il m’a conseillé de continuer mon petit travail et m’a donné les titres de quelques livres qui me seraient utiles. J’ai été contente de l’entendre dire qu’il déteste toute œuvre créatrice à moins qu’elle ne soit excellente. […] Il a dit que je pourrais apprendre à écrire en une journée parce que j’étais prête pour cela.
« Nous sommes très gais. Nous rions beaucoup. A la grande horreur d’Elizabeth (qui, par parenthèse, est rarement avec nous), ma chambre est immédiatement visitée par des « esprits frappeurs » quand Nietzsche y pénètre. […]
« Nous passons aussi des heures délicieuses à la lisière de la forêt, sur un banc près de sa maison de ferme. Comme il fait bon rire, et rêver, et bavarder dans le soleil, en fin d’après-midi, quand les derniers rayons tombent sur nous à travers les branches des arbres… »

C’était une existence idyllique, mais il y avait des moments où Lou se sentait mal à l’aise. Nietzsche avait une façon de parler de Rée qui lui déplaisait. Il le traitait de lâche et prétendait que c’était un candidat au suicide qui jouissait de la souffrance et portait toujours sur lui une fiole de poison pour le cas où la vie deviendrait insupportable. Bien qu’il plaisantât à demi, Lou se rendait compte que ces paroles étaient destinées à l’influencer contre Rée et en elle en était irritée. Et, bien souvent, elle sentait que Nietzsche nourrissait encore des espoirs qu’elle croyait enterrés. Il lui prêtait trop d’attention […]
« Si quelqu’un nous avait écoutés, il aurait cru entendre parler deux démons. » Et elle se demandait : « Sommes-nous réellement proches ? Non, nous ne le sommes pas. Ces espoirs que Nietzsche caressait il n’y a que quelques semaines jettent une ombre sur mes sentiments et nous éloignent l’un de l’autre. Et, au plus profond de notre être, des mondes nous séparent. Comme une veille forteresse, Nietzsche a en lui nombre de cachots noirs et de passages secrets que l’on ne voit pas tout d’abord et qui, peut-être, contiennent son véritable caractère. »
[…]

En essayant de gagner Lou, il risquait de perdre sa sœur. C’était un véritable dilemme. […] Elle était plus proche de lui que quiconque. […] Elle était beaucoup plus pour lui qu’une sœur. C’était son aide, sa confidente, son « Fidèle Lama ». Il était terrible d’être forcé de choisir entre elle et Lou, et pourtant il fit ce choix. C’est pourquoi Elizabeth ne pardonna jamais à Lou.
Il y a, dans les lettres de Nietzsche à Gast, des allusions à sa lutte entre son amour pour sa sœur et son amour pour Lou. […]
[…]
« J’ai eu à traverser une rude épreuve et je l’ai traversée. Lou va rester ici deux semaines de plus. A l’automne, nous nous retrouverons (à Munich ?). J’ai le don d’observer les gens. Ce que je vois existe, même si les autres ne le voient pas. »"

Pages 113 – 114 – 115 – 116.

H.F. Peters, in Ma sœur mon épouse, biographie de Lou Andreas-Salomé, éditions Gallimard, nrf, Connaissance de l’inconscient.

Voir ici photo de Lou avec Nietzsche et Rée.

mardi 20 décembre 2011

I feel pretty and witty and bright... for I'm loved

Dans ma voiture cet après-midi, sur la voie express, j'allume la radio sur MFM. Des mois que je n'ai pas écouté cette radio. Des mois donc que je ne suis plus amoureuse, que je ne chante plus à tue-tête des chansons de midinette.
Merde! J'ai vraiment pris un coup de vieux? Non! je refuse l'idée de ne plus jamais être amoureuse. Mon coeur ne bat plus la chamade, mes yeux ne brillent plus de mille feux, mes joues ne s'enflamment plus d'amour. Plus de palpitations, plus d'attente, plus rien... enfin si, l'amitié, mais ce n'est pas du tout suffisant.
Merde! C'est foutu si je dois vivre sans aimer et cette fois je crois que le compte est bon.
Ô mon Dieu, comme j'ai encore une âme de midinette.
Et si j'arrêtais d'écouter France Culture? Pfff! (Pourtant c'était super ce matin et on peut même voir la maison de Victor Hugo, Hauteville house à Guernesey en vidéo, belles images).

Ce soir je danserai devant mon miroir et je chanterai I feel pretty!

Et s'il suffisait de se croire amoureuse pour l'être... ou de vouloir l'être pour ne pas mourir... ou d'aller dans ma voiture pour chanter à tue-tête et... devenir amoureuse? J'y vais. Yes!

Midinette ? Oui, même Simone de Beauvoir le fut dans sa relation amoureuse avec Nelson Algren. En lisant ses lettres j’avais été un peu déçue ; je trouvais qu’elles manquaient d’ardeur. Je pensais alors à celles d’Anaïs Nin à Henry Miller, bien plus passionnées. Voilà que je radote, je l’ai déjà dit ici. Mais sans doute était-ce parce qu’elle n’écrivait pas dans sa propre langue, selon ce qui est écrit ci-dessous :

"De cet amour, il reste une belle correspondance. Malheureusement seules les lettres de Beauvoir, traduites par Sylvie Le Bon de Beauvoir, ont pu paraître en 1997, les ayants droit d’Algren ayant interdit la publication des siennes. Cet « amour transatlantique » a provoqué un curieux sursaut de haine dans la presse à l’égard de Beauvoir, tant ces lettres enflammées contredisent le cliché de Beauvoir « bas-bleu », « raisonneuse », « sèche ». A moins, bien sûr, que ce n’en soit la raison ! Une Beauvoir frustrée, mal aimée, ce serait le juste retour de tant de lucidité et d’intelligence ! Il n’en est rien… Et il faut vraiment avoir peu vécu, et peu aimé, pour prétendre, comme l’ont fait certaines, qu’une intellectuelle se dégrade en « midinette » en inventant, comme tous les amoureux, un langage codé avec son « amant crocodile », son « petit mari ». Elle ne craint pas d’écrire : « Je vous aime le plus sottement du monde ces jours-ci. » En outre, utilisant une langue qui n’est pas la sienne, elle se contrôle moins qu’à l’ordinaire. Elle déplore souvent de devoir s’exprimer d’une manière trop simple, qui ne la satisfait pas pleinement, mais l’effet libérateur de l’anglais sur son style procure à ses lecteurs un plaisir inattendu.
Amoureuse, elle l’est comme jamais, elle désire le corps « chaud et confortable » d’Algren, « mon mari à moi », elle, pauvre « grenouille » française qui n’imaginait pas qu’elle écrirait un jour tant de mots déraisonnables à un « jeunot du cru », qui a tout juste un an de moins qu’elle et la rend « idiote ». « Vos lèvres me manquent, vos mains, tout votre corps chaud et fort, votre visage et vos sourires, votre voix, vous me manquez durement. » L’ironie, toutefois, n’a pas disparu : « Nelson, mon amour. Rien n’arrive, toujours le même amour pour vous, très fastidieux. » Pas plus que la volonté de faire partager ses enthousiasmes littéraires : « Connaissez-vous Casanova ? Voilà un type qui savait baiser, du moins l’affirme-t-il dans ses Mémoires, mais il ne méprisait pas les femmes pour cela ».
[…]
De l’amour de Simone de Beauvoir pour Nelson Algren demeure aussi la trace dans un beau roman, prix Goncourt 1954, Les Mandarins."

Portrait : L’aventure d’être soi par Josyane Savigneau, dans le Hors-Série Le Monde, Une vie, une œuvre, Simone de Beauvoir, Une femme libre.

Chère Simone de Beauvoir, merci d’avoir été une midinette, en plus d’être belle et intelligente.

lundi 19 décembre 2011

Qué viva Mexico!


J’ai vu il y a quelques semaines cette exposition d’un graphiste mexicain, Alejandro Magallanes. L’affiche est toujours un art très populaire, vivant, varié et coloré.



"L’Amérique Latine est une entité culturelle, mais on s’accorde à dire que le Mexique est le pays où la culture sous toutes formes est la plus riche. L’art graphique mexicain n’échappe pas à cette hiérarchie. Posada, Frida Kahlo, Diego Rivera pour ne citer qu’eux, témoignent de cette notoriété internationale. Tous se réclament d’une tradition populaire riche, colorée et multiforme qui se retrouve encore partout.

Dans cette lignée, Alejandro Magallanes est devenu un artiste foisonnant, exubérant et boulimique ; un artiste public, un artiste de la demande, un graphiste, encore que ce terme générique paraisse bien sec au regard de son œuvre. Développant depuis ses débuts un travail d’une habileté rare, il est devenu, à 40 ans, une référence dans le domaine du graphisme, du livre et de l’animation.

L’habileté est un cadeau empoisonné. Est-ce la raison pour laquelle ses travaux ressemblent à des esquisses ? Est-ce la raison pour laquelle il aime se frotter aux techniques nouvelles ou utiliser les instruments improbables qui font apparaître des spécificités inattendues ?

Son travail essentiellement culturel ne doit pas faire oublier une autre partie de sa production, engagée socialement et politiquement. Les USA de Bush vus du Mexique, la défense des Droits de l’homme chez lui et ailleurs, son soutien au mouvement des femmes de Juarez… Alejandro parle de la violence et des inégalités. Il répond aussi aux demandes sociales des ministères sur des thèmes de santé ou de lutte contre l’illettrisme.

(Texte affiché à l’entrée de l’exposition).

Quelques affiches ont particulièrement accroché mon regard.



La première fois, 2001.
Cycle des premiers films de grands réalisateurs.


C'est du Chinois, 2001.
Cycle de cinéma chinois.


Salon du livre philosophique 2004 - 2008 - 2005.


Ciudad Juarez, 300 femmes assassinées, 500 disparues, 2002.
La face cachée de l’Amérique, 2003.
Bush ne fait pas rire, 2003



Qué viva Mexico, 2011.
Pour la projection du film d'Eisenstein.


Salon du livre à Oaxaca, 2010.



Dit et fait, 2008.
Pour une exposition personnelle à Pau, France.


Chanson poubelle, 2004. Image pour promouvoir
l'album rock "Yucatan a go-go".


Jenufa, 2008. Affiche pour l'opéra
de l'auteur tchèque Leos Janacek.


Dessiner que pour les graphistes, c'est comme
manger sa propre merde et la trouver délicieuse.

Il semblerait que ce texte se trouve sur une autre affiche. A-t-elle été censurée, d'où l'affiche exposée sans texte? J'ai trouvé celle-ci dans un livret sur l'exposition.


On est bien loin du Mexicoooo! de Luis Mariano.

" Qui n’a pas en tête le hululement sirupeux de Luis Mariano, qui, dans les années 50, marqua l’apogée de l’opérette ? Mexico, Mexico…/ Tes femmes sont ardentes/ et tu seras toujours/ le paradis des cœurs/ et de l’Amour. Difficile d’échapper à une culture de clichés quand notre perception d’un pays se résume à quelques fictions imprégnées d’un folklore d’agences de voyage.
[…]
Puissent ces images, au-delà de leur séduction, vous faire sentir qu’elles émanent d’une culture particulière, et si j’ai entamé avec Mariano, je préfère, pour conclure, paraphraser Eisenstein et crier « Qué viva Mexico ! »… A chacun sa culture."
ALQ

vendredi 16 décembre 2011

Tempête

Vendredi 16 décembre.

Bon, je savais que " la nuit ne serait pas calme" que la mer devait être déchaînée mais nous avons connu des tempêtes plus terribles. Le déchaînement est plutôt du côté de la presse, de la radio, de la télévision sans doute (je ne la regarde pas) des médias en général. Quant aux coupures d'électricité dans 400 000 foyers, ce n'est pas non plus la première fois que ça arrive.
Oui, j'ai dû allumer des bougies à minuit, oui le vent soufflait très fort et j'ai très mal dormi, oui les routes doivent être encombrées de branches, oui des bateaux ont dû être en difficulté, oui, oui oui... mais ce n'était pas un ouragan Joachim!
Je parle pour le Finistère. Il semblerait que dans le Morbihan ils aient été plus touchés.
En revanche ce sont des "gigalitres" d'eau qui tombent ici depuis une semaine!

jeudi 15 décembre 2011

Le vase aux glaïeuls


Un ami m'a envoyé cette carte postale :
Vincent Van Gogh, Vase mit Gladiolen, 1886.

Les verts, les marrons, les rouges sont exactement ceux de ta dernière toile, inachevée, sans titre; je l'appelle : Tempête dans ton cerveau. C'est étrange, cette toile a des tonalités de vert et de marron à la lumière de la lampe alors qu'elle est bleue et grise à la lumière du jour.
Lumière du jour, ciel gris, soleil, lampe. Comme les tableaux peuvent changer sous ces différentes lumières. Ils influencent mes états d'âme.

Ce soir, c'est Joachim qui fouette mes vitres dans une bagarre de pluie et de vent. Je n'ai pas de volets. Dans ma maison j'avais peur des tempêtes; dans mon appartement, je n'ai peur de rien, j'ai peut-être tort. Pour le moment, rien de catastrophique! Attendons cette nuit... Tiens, Joachim va poursuivre sa route vers la Suisse* demain. Le lac Léman va être agité, et peut-être un peu plus qu'ici?

* Ce commentaire en Suisse reflète assez bien ce que je pense du battage médiatique : "La dernière tempête du siècle annoncée l'an dernier avait l'allure d'un pet de grand-mère, donc je pense pas qu'on risque grand-chose."

Hum! Je crois que le courant va être coupé... vite... postons et, serrons les fesses.

mercredi 14 décembre 2011

"Je n'écrirai plus que des petits livres"


De 1985 à 1992, j'ai transcrit des scènes, des paroles, saisies dans le R.E.R., les hypermarchés, le centre commercial de la Ville Nouvelle, où je vis. Il me semble que je voulais ainsi retenir quelque chose de l'époque et des gens qu'on croise juste une fois, dont l'existence nous traverse en déclenchant du trouble, de la colère ou de la douleur.
4è de couverture.

« J’ai évité le plus possible de me mettre en scène et d’exprimer l’émotion qui est à l’origine de chaque texte. Au contraire, j’ai cherché à pratiquer une sorte d’écriture photographique du réel, dans laquelle les existences croisée conserveraient leur opacité et leur énigme. »

Annie Ernaux, in Journal du dehors, Gallimard, 1993, folio.

Extraits :

Jeune fille debout, de profil, se tenant par une main à la poignée d’une banquette sur la ligne Porte d’Orléans-Porte de Clignancourt. Elle mastique du chewing-gum verticalement avec une rapidité féroce, sans une pause. Un homme en la voyant ne peut que l’imaginer lui cisaillant le sexe et les couilles.
Page 43


La petite fille, dans le train vers Paris, montée avec sa mère à Achères-Ville, avait des lunettes de soleil en forme de cœur, un petit panier de plastique tressé vert pomme. Elle avait trois ou quatre ans, ne souriait pas, serrant contre elle son panier, la tête droite derrière ses lunettes. Le bonheur absolu d’arborer les premiers signes de « dame » et celui de posséder des choses désirées.
Page 64


L’une des vendeuses de la parfumerie du centre commercial des Trois-Fontaines, la plus ancienne – ici depuis trois ans -, est enceinte d’au moins six mois. Le visage maintenant épaissi jusqu’aux épaules, une démarche lente, un sourire perpétuel. « Ce mascara dessèche vite » : à cette remarque, elle rit. Puis demande, « au bout de combien de temps ? » - « Quatre mois. » Elle renverse la tête et rit longuement : « C’est normal ! ». Pendant que je sors de la parfumerie, elle continue de rire, dans une ébriété de femme enceinte que n’importe quoi amuse.
Page 65


Ce matin, en promenant ma chienne en chaleur, j’ai croisé la petite vieille qui tient en laisse un corniaud vif, aux aguets du plus loin qu’il nous renifle. Nous nous sommes saluées. Je commence à être à l‘âge où l’on dit bonjour aux vieilles dames que l’on rencontre deux fois de suite, par prescience plus aiguë du temps où je serai l’une d’entre elles. A vingt ans je ne les voyais pas, elles seraient mortes avant que j’aie des rides.
Page 83


Une jeune fille déballe ses achats dans le R.E.R., un chemisier, des boucles d’oreilles. Elle les regarde, les touche. Scène fréquente. Bonheur de posséder quelque chose de beau réalisé. Lien aux choses si émouvant.
Page 87.


Dimanche matin, sur R.T.L., l’émission Stop ou encore qui fonctionne sur un modèle très répandu : solliciter l’écoute d’un grand nombre de gens en leur proposant de voter pour ou contre une chanson, dont on passe le disque, et en leur donnant l’espoir de gagner une somme d’argent. Il n’y a aucun rapport entre le fait de voter oui ou non et celui de gagner la somme. En effet toutes les cinq chansons, l’animateur appelle n’importe qui, au hasard du Bottin, afin qu’on lui cite le montant exact de la somme en jeu, « la valise ». Il suffit donc d’écouter et de retenir un chiffre pour empocher celle-ci.
L’animateur annonce qu’il y a 27 219 francs dans « la valise », d’une voix solennelle. Puis : « Attention, je vais appeler un auditeur… » On entend le téléphone sonner, être décroché. Une toute petite voix mal assurée : « Allô, qui est à l’appareil ? – Julien Lepers, de R.T.L.. Vous êtes bien madame Lefebvre ? – Non, c’est Jérémie… » L’animateur, autoritaire : « Tu peux aller chercher ton papa ou ta maman ? – Mon papa est au jardin, ma maman est occupée je ne sais pas où… » L’animateur insiste : « Mais tu peux aller leur dire qu’il y a quelqu’un à l’appareil ? » L’enfant semble hésiter, puis se décider. Silence. L’animateur s’impatiente, cite les chansons qu’on entendra ensuite, d’Umberto Tozzi. Une voix soudain, de femme : « Allô ! » L’animateur, enjoué : « Madame Lefebvre ? C’est Julien Lepers, de R.T.L., « la valise » ! » La femme pousse un cri : « Ah ! merde…
- Vous n’écoutiez pas R.T.L.
- Je l’écoute toutes les semaines !
- Vous ne l’écoutiez pas ce matin.
- Non, mais toujours le samedi et le dimanche !
- Pas ce matin.
- Vous savez, j’ai eu du monde hier soir et… Il y a mon petit garçon qui n’allait…
- C’est dommage. »
La femme voudrait qu’on lui pardonne sa faute. Tant de rêve offert et retiré dans le même instant.
« Vous me promettez d’écouter R.T.L. ?
- Oh ! oui je vous promets ! »
La communication s’interrompt. L’animateur annonce le titre de la prochaine chanson et le montant nouveau de « la valise »* qui s’accroît avec chaque perdant.
Pages 97 – 98 – 99

• Ce dernier extrait ravive des souvenirs

Il y a une recherche de soi à travers ceux qu’elle observe dans cette écriture confrontée au réel. Je est un autre. Du banal quotidien, elle nous amène à une réflexion profonde. C’est un des rares livres de cet auteur que je n’avais pas lu. J’aime comme elle « écrit la vie », sa vie.
Sous la forme d’un pseudo-journal intime, ces textes décontenancent tout lecteur friand de détails intimes, car elle n’y raconte pas sa vie : « Je note ici les signes d’une époque, rien d’individuel » affirme-t-elle. elle se tait sur sa vie personnelle (elle le fera dans d’autres ouvrages).
Elle est convaincue que le coeur de la modernité se cache justement dans ces faits menus de la vie ordinaire qui, bien que d’une banalité atroce, sont révélateurs d’invisibles processus sociaux.

Exemple :
Une scène banale qui se passe chez le boucher et qui concerne le choix d’un morceau de viande :

« Voix traînante, presque rêveuse des femmes pour dire « je prendrai deux escalopes de veau » - poème de la vie domestique se récitant avec satisfaction [...]. Indiciblement se joue ici un rite consacrant [...] la famille, le bonheur répété des dimanches autour de la table. Dans ce lieu, les jeunes, les gens seuls [...] se sentent mal à l’aise. Conscience de démériter d’un certain ordre social [...] »

Comme dit Annie Ernaux, ce rite social, entre le vendeur et sa cliente, se joue « indiciblement » : car même s’il y a des échanges verbaux, les vraies transactions sociales s’effectuent en dehors d’eux. Un petit livre (106 pages) qui amène à de grandes réflexions. Annie Ernaux sait dire simplement, parfois crûment, sans emphase ce qu’elle voit, ce qu’elle ressent, avec des mots choisis, précis, dans un style dépouillé. Pas besoin d’avoir de dictionnaire sous le coude. Un grand écrivain.

« Notre vrai moi n’est pas tout entier en nous. » (Jean-Jacques Rousseau)
Cette phrase est en exergue au début du livre.

Quelques titres de son œuvre ont été réunis récemment dans un seul ouvrage : Écrire la vie, éditions Gallimard, collection Quarto.

Je l'ai entendue il y a quelques semaines dire dans une interview : "Je n'écrirai plus que des petits livres".

dimanche 11 décembre 2011

Un dimanche de grand vide

Dimanche 11 décembre.

Hier matin le soleil pénétrait tout entier dans ma pièce et dessinait ces carrés de lumière que j'aime tant regarder sur les murs, sur les tableaux, sur le dos des livres alignés sur les étagères.
Le ciel était si bleu que j'aurais pu rester assise, longtemps, à le contempler à travers la fenêtre.
Je suis sortie l'après-midi, surprise par le froid. J'ai marché du côté ensoleillé, le long du quai, toujours éblouie par la beauté des flèches de la cathédrale au bout de ma promenade.
J'ai fait quelques emplettes en ville, trouvé quelques cadeaux pour ceux que j'aime et croisé des jeunes gens de plus en plus nombreux qui faisaient la manche.
J'étais remplie de soleil, de lumière mais, sans particulière joie de vivre.

Ce matin pluie et grisaille. Un de ces matins, où je sais en regardant le ciel qu'il présage une sombre journée. Aucun espoir d'une trouée de lumière. Envie de faire la sieste après mon frugal déjeuner en écoutant Les Papous.... Non, pas de sieste. Hantise de ne pas trouver le sommeil la nuit quand je fais la sieste. J'ai erré du canapé au fauteuil, marché pour ne pas aggraver le lumbago, fait des cataplasmes aux algues; brûlante sur mes reins je sentais cette chaleur me pénétrer, bienfaisante. J'écoutais sur France Culture parler de l'ouvrage qui réunit les "Une" du magazine ELLE depuis la sortie du premier numéro, le 21 novembre 1945, sept jours avant ma naissance, pourquoi le cacher. Je riais en lisant le titre de l'article du Monde : "66 ans, et toujours dans l'air du temps"! Je revoyais ma mère lire ELLE chaque semaine, je l'ai moi-même acheté pendant de nombreuses années. Aujourd'hui il m'arrive de le feuilleter chez le coiffeur, le médecin ou de l'acheter, en été, quand l'envie de futile me vient comme une bouffée avec le soleil et la chaleur. Je m'attarde alors sur les photos plus que sur les articles.


Cet après-midi la pluie ne se lassait pas de tomber et je cessais de regarder par la fenêtre les pigeons et choucas qui s'engouffraient dans les minuscules ouvertures du clocher, deux par deux en frétillant des ailes. Je pensais en souriant à ce dimanche à l'heure de la messe.
J'ai fini le Journal du dehors de Annie Ernaux, une écriture du quotidien, au couteau.

Ce fut un dimanche de grand vide,  je ne désirais plus rien. Je ne ressentais aucune douceur de vivre.

samedi 10 décembre 2011

Icône de traduction

Je découvre ce soir sur Outlook un petit icône, je clique et je vois : traduction ! Super. Vérifions si ça marche.

My tailor is rich (0_0) j’obtiens Mon tailleur est riche. Trop facile!

Je tente l’inverse, français-anglais avec :

Je suis fauchée.

Zut ! Ça ne marche pas : « Le service n'a pas répondu. Vérifiez qu'il est installé et cliquez sur Détecter et réparer (menu ?) avant de le réutiliser. Essayez l'une de ces méthodes ou consultez l'aide pour obtenir des informations sur l'affinage d'une recherche.
Rechercher « Je suis fauchée » dans : Tous les ouvrages de références...

Vous ne trouvez pas ce que vous cherchez ? Essayez ces mots :
Je
suis
fauchée

Morte de rire !

Bon je vais tenter autre chose :

J’aime la Chine, j’obtiens I like China.
Je tente la traduction en chinois. Youpi ! Ça marche : 我喜欢中国

Allons-y pour :
Je suis pauvre. C’est dingue je n’obtiens pas de traduction en anglais mais ça marche en chinois : 我穷

Je tente le Banco  :

Le 我穷 (je suis pauvre) en anglais. Recherche infructueuse.
Si je demande 我穷, traduire en français ça marche : je suis pauvre.
En allemand : Ich bin arm.
En espagnol : Soy pobre.
En grec : Είμαι φτωχών.
En italien : Io sono povero.

Allez, ça suffit, j’ai vraiment rien à faire ce soir !

I am a poor woman, stark raving mad !

A part ça, lectures en cours : Journal du dehors de Annie Ernaux, et Le Pousse-Pousse de Lao She!
J’y retourne.

jeudi 8 décembre 2011

Le marché de l'art


Nicolas de Staël, Nu couché, 1954.
Huile sur toile, 97 x 146 cm
Adjugée 7 M€

PARIS — Une huile sur toile de Nicolas de Staël (1914-1955), "Nu couché", a été vendue aux enchères 7.033.400 euros (avec frais), mardi soir 6 décembre à Paris, établissant un nouveau record du monde pour ce peintre français d'origine russe, a annoncé la maison de ventes Artcurial.

Le précédent record mondial pour une oeuvre de Nicolas de Staël, était de 2,4 millions d'euros pour "Agrigente" (1954), lors d'une vente à Paris en mai dernier.
Pulvérisant l'estimation la plus favorable de 3,5 millions d'euros, ce tableau, l'un des derniers de Nicolas de Staël, a été peint en 1954. Il a été adjugé à un collectionneur américain qui a requis l'anonymat, au terme d'enchères très disputées entre six enchérisseurs, dont deux Français et un Britannique.

Selon la maison de ventes, il s'agit de l'oeuvre d'art la plus chère vendue à Paris en 2011.

Le Nu couché a été exécuté à Ménerbes en Provence, où Nicolas de Staël s’était établi à l’époque. Il montre une figure féminine, la chevelure noire, nue, couchée, les bras posés sur la poitrine, la jambe droite repliée, qui est vue en plongée. Le tableau, de format horizontal, est de grandes dimensions (97 cm de haut pour 1,46 m de large). Il est parfaitement caractéristique des œuvres de cette période, celle des deux dernières années de la vie du peintre, par sa composition, sa structure, son espace, ses couleurs, sa facture et naturellement son recours au sujet, où réside en fait toute l’originalité de Nicolas de Staël et toute sa force.

"Ce Nu couché est un tableau merveilleux, un des trophées de l'histoire de la peinture. Les nus sont très rares dans l'oeuvre de Nicolas de Staël qui était à ce moment-là dans la force de son art", a souligné à l'AFP Maître Francis Briest, co-président d'Artcurial. Cette toile qui mériterait un catalogue à elle seule, est à la conjonction de l'abstraction et de la figuration. Les enchérisseurs se sont surpassés pour l'obtenir. Elle ne reviendra sans doute pas sur le marché avant une trentaine d'années", a ajouté le commissaire-priseur estimant, qu'avec ce record extraordinaire et inattendu, Paris défend ses couleurs pour les grandes ventes internationales".

Source : AFP et lemoine.blog.artcurial.com
Visuel à la Une : © AFP/Archives – Jacques Demarthon

Qu'en est-il du marché de l'art aujourd'hui?

Entre 2000 et 2007
:


"Selon les chiffres plus récents d'Artprice (2004), les États-Unis représentent 46,3 % du marché total, le Royaume-Uni 26,9 %, la France 7,2 %, l'Italie 3,7 %, l'Allemagne 2,9 % et Hong Kong 1,9 %. Cette même année, les records de vente aux enchères ont été atteints par Pablo Picasso avec le Garçon à la pipe, vendu le 5 mai 2004 pour 93 millions de dollars, Paul Gauguin pour Maternité vendu le 4 novembre 2004 pour 35 millions de dollars et Amedeo Modigliani pour Jeanne Hébuterne devant une porte vendu le 4 novembre 2004 pour 28 millions de dollars.

En 2006, les dix artistes dont la vente des œuvres avaient atteint les plus fortes valeurs étaient en chiffre d'affaires :

Pablo Picasso, 399 M$
Andy Warhol, 199 M$
Gustav Klimt, 175 M$
Willem de Kooning, 107 M$
Amedeo Modigliani, 91 M$
Marc Chagall, 89 M$
Egon Schiele 79 M$
Paul Gauguin, 62 M$
Henri Matisse, 60 M$
Roy Lichtenstein 60 M$

Fin 2007, le marché de l'art a connu quelques turbulences, qu'Artprice a liées à la crise des subprimes. Les ventes suivantes ont cependant confirmé les prix élevés observés depuis plusieurs années sur le marché de l'art contemporain.

En 2007, la peinture la plus chère du monde serait N°5, 1948 de Jackson Pollock, vendue 140 M$, battant le précédent record de 135 M$ pour Portrait d'Adele Bloch-Bauer  de Gustav Klimt.

Depuis 2010 :

En 2010, selon Artprice, la Chine (avec Hong-Kong) représente 33 % du marché des ventes aux enchères, les Etats-Unis 30 %, le Royaume-Uni 19 % et la France 5 %. L'artiste ayant réalisé le chiffre d'affaires le plus important en vente public étant Qi Baishi, devant Zhang Daqian, Xu Beihong et Fu Baoshi. Dans le classement du top 10 des artistes contemporains ayant eu les enchères les plus importantes, 6 sont pour des artistes chinois : Zeng Fanzhi, Chen Yifei, Wang Yidong, Zhang Xiaogang, Liu Xiaodong et Liu Ye contre trois américains : Basquiat, Koons, et Prince. Toujours en 2010, les artistes ayant atteint les 10 enchères les plus importantes sont :

Pablo Picasso - 95 M$
Alberto Giacometti - 92,5 M$
Amedeo Modigliani - 61,5 M$
Andy Warhol - 56,5 M$
Wen Zong - 44,8 M$
Henri Matisse - 43,5 M$
Joseph M.William Turner - 40,2 M$
Gustav Klimt - 38,2 M$
Roy Lichtenstein - 38 M$
Lawrence Alma-Tadema - 32 MS

Source Wikipédia.

***

Je traite avec bonté ceux qui ont la bonté,
je traite avec bonté ceux qui sont sans bonté.
Et ainsi gagne la bonté.

Lao Tseu.

mercredi 7 décembre 2011

***

Je vais finir par croire que j'ai la main verte! De plus, il s'agit d'une repousse.

2 octobre 2011

7 novembre 2011

A l'origine, deux ans plus tôt, elle avait deux tiges fleuries. Bon, je n'en obtiens qu'une, en troisième repousse notons-le tout de même; certes un peu obèse comparée à la légèreté de l'originale. Aucun rajout d'engrais ni de rempotage. Cependant, impossible de la redresser, le poids des fleurs bascule le pot, d'où sa nouvelle place avec ce tuteur champêtre.

16 novembre 2009

Je regardais cette orchidée ce matin en écoutant le troisième volet des émissions des NCC consacrées cette semaine à la Transgression. Elles sont passionnantes. Sujet du jour :
Censuré ! L'art peut-il ne pas être transgressif ?
Adèle van Reth et son invité se complétaient admirablement; elle, dans ses questions pertinentes et Thomas Schlesser dans ses réponses.
Des exemples de transgression bien choisis et disséqués savamment mais clairement tout au long de l'émission : Pasolini, Rimbaud, Charlie Hedbo... mais aussi, qui sont les censeurs. A réécouter ici.
Il ne peut y avoir transgression que s'il y a interdit!
"Sans transgression l'art ne serait que imitation". Emmanuel Kant.

Excellente matinée.
Mon après-midi fut des plus moroses.

mardi 6 décembre 2011

Un Botero dans le bus


Fernando Botero, La Danseuse

Ce matin j’ai pris le bus pour aller à la poste. Il m’arrive de plus en plus souvent de prendre le bus en cette période de l’année où les places de parking sont introuvables et la circulation en ville épouvantable.
Prendre le bus dans cette ville de province c’est un peu comme de prendre le métro à Paris, c’est côtoyer toutes sortes de gens, d’ethnies, de générations, différents selon les horaires. A la sortie du lycée, le bus est joyeux, les élèves rient, se chamaillent, d’autres sont dans leur bulle, le fil de leur smartphone ou iphone relié à leurs oreilles ; enfin, des iphones il y en a peu dans le bus qui mène vers les « banlieues » de la ville, néanmoins les adolescentes ont des accessoires (elles ont toutes le même sac d’une marque connue) qui leur donnent un petit air de bourgeoises dévergondées.

Ce matin donc, à l’heure où j’ai pris le bus, c’étaient plutôt des mamies qui occupaient les sièges et des jeunes mamans avec des bébés et des poussettes dans le couloir. Le bus a démarré comme une flèche, j’étais debout, je m’accrochais solidement. Au premier feu rouge, freinage très brutal du chauffeur. Des cris ! Une femme, plutôt volumineuse, sans âge, tombe sur le dos avec ses sacs à provisions. Panique dans le bus, plusieurs personnes ont failli s’étaler (j’en fus). Le chauffeur met ses warnings et attend que le bus en folie se calme. La femme reprenait rapidement ses esprits en rouspétant, c’était plutôt bon signe. J’ai eu la vision durant quelques secondes d’un Botero lorsqu’elle était à terre, les jambes en l’air, des mi-bas sur les mollets, les cuisses énormes et laiteuses. J’étais prise d’un sentiment étrange, un mélange de rire et de compassion. C’est sûr, elle a échappé au pire et la brutalité du coup de frein fut telle qu’elle aurait pu se fracasser la tête, si ses fessiers bien enrobés n’avaient pas fait office de coussins pour amortir le choc. Si cela m’était arrivé, il aurait fallu appeler le Samu!

Le maire de notre ville fait de la pub pour que les gens prennent le bus au lieu de prendre leur voiture ! C’est pas gagné. Les bourgeoises ne voudront jamais subir cette promiscuité pour aller faire du shopping. J’aime prendre le bus, j’observe les gens et puis, ça me rappelle mon enfance.

lundi 5 décembre 2011

"Mon seul dessein sera de partager avec vous des émotions intimes..."

Dans un style différent de celui de Philippe Sollers, lire sans attendre les Chroniques de Frédéric Ferney, plus littéraires, très documentées dans son blog Le Bateau Livre. Les sujets, les auteurs qui sembleraient les plus rébarbatifs, prennent sous "sa plume" joyeuse et talentueuse, une clarté qui me donne envie d'aller sur le champ dans une librairie ou une bibliothèque pour les lire. Je me retrouve si souvent dans ses références littéraires. Dans le premier post de son blog il disait :
"Mon seul dessein sera de partager avec vous des émotions intimes...".
Mission réussie.
(Lire l'interview ici).

J'aime son humour, sa rébellion, son élégance, son amour de la littérature.

samedi 3 décembre 2011

Baisers

Philippe Sollers ne cesse  de me faire jubiler dans ses Chroniques : Mon journal du mois  (JDD du 27 novembre). Je note celle-ci particulièrement mais Leurro et Education me réjouissent tout autant.

Baisers

Je ne comprends pas les réactions frileuses au sujet de la
campagne photographique de Benetton. Elle choque sans doute des cathos arriérés qui, de façon pathétique, manifestent, avec bougies, devant des théâtres ou des cinémas. Mais Benoît XVI n’est pas mal du tout dans son étreinte avec un imam. Après tout, ils ont le même Dieu, à quelques variantes près. Du moment qu’on ne voit pas le pape enlacé avec le dalaï-lama, les Chinois se tiendront tranquilles. Mais je propose d’autres images. Angela Merkel s’embrassant elle-même serait une bonne idée.

Pour une campagne hexagonale, on peut révéler brusquement des affinités électives, des solidarités cachées. Une photo bouche à bouche de Sarkozy et Hollande s’impose. Je vois bien un baiser de paix entre DSK et Nafissatou Diallo. Autres propositions : Eva Joly se jetant sur Marine Le Pen, Montebourg sur Christine Lagarde, Mélenchon sur Cécile Duflot, Manuel Valls sur Jean-François Copé, Bayrou sur Claude Guéant, Moscovici sur Carla Bruni. Plus fort encore : un plan Atlantique avec Juppé, maire de Bordeaux, roulant un patin à Ségolène Royal, future députée de La Rochelle. Ou alors, carrément, un plan western hard : Cohn-Bendit et Nadine Morano.

Bon, ce n'est pas encore la Saint Valentin (*_*)!