dimanche 28 février 2010

Bigoudis




La femme aux rouleaux


Au cours de ma balade en ville hier, cette vitrine chez un coiffeur retient mon attention; va-t-elle attirer les clientes; est-ce une oeuvre d'art? Je trouve l'idée originale et bien vue si on regarde la photo du dessus, image récupérée sur Google. Je me souviens aussi de cette femme aux Bigoudis dessinée par Gilbert Pinna.

Poursuivant ma promenade je m'arrête sur cette place près des Halles, en chantier. Et là, je vois une autre oeuvre d'art!

Pavage à l'ancienne

Ces pavés de granit posés un par un par des artisans ne vont pas déparer au charme du centre ville historique.
(Vénalement, je pense à mes impôts locaux qui déjà m'ont semblé très lourds; eh oui! lorsque je vivais à la campagne ils étaient... euh... divisés par 5! mais j'apprécie tellement de vivre dans cette jolie ville et qu'on restaure ses beaux endroits).

samedi 27 février 2010

***

"L'homme revêt le soir un pyjama clownesque; au réveil, il s'étonne d'avoir passé la nuit à faire l'insensé dans des fééries absurdes."

Eric Chevillard, L'autofictif, 10 janvier 2008.

vendredi 26 février 2010

Bio et Secte

Après m'être baladée dans les allées du château qui se trouve à 5 minutes de chez moi, je me suis arrêtée au retour dans un magasin bio pour acheter de la levure de bière, sur les conseils de ma coiffeuse! C'est la deuxième fois que je rentre dans ce magasin et j'ai une impression très étrange quand j'y suis, assez inexplicable, je m'y sens très mal à l'aise. L'ambiance, la clientèle, les caissières. Oui c'est cela, c'est tout-à-fait cela, j'ai l'impression d'entrer dans une secte. Les produits que l'on y trouve aussi me semblent étranges, étrangers. En arrivant à la caisse avec ma levure de bière en paillettes et mon petit pain d'épice à l'orange bio hors de prix (j'ai craqué) j'ai fait la queue et j'ai regardé les clients; la caissière avait au milieu du menton un percing minable et tout autour sur son visage une rivière - non pas de diamants - mais de boutons. Se nourrit-elle de produits d'ici me suis-je demandée inquiète; c'est peut-être le stress? Puis je remarquais que les clients devant moi donnaient un numéro à la caissière. Bizarre, c'est quoi cette secte? Arrive mon tour, je ne dis rien et la caissière me demande : votre numéro d'adhérent s'il vous plaît? Je ne suis pas adhérente. Et la voilà qui me refile une brochure et un bulletin d'adhésion. Non merci lui dis-je. Manquerait plus que çà!

Et si c'était une secte (je plaisante, mais à peine)? Je pianote "bio et secte" sur Google et incroyable, je trouve ceci :

"Magasin biologique non parasité... est-ce que cela existe?" et ce témoignage sur un forum:

"J'ai travaillé dans un magasin biologique durant un an..mais c'était une secte (avec tout les inconvénients que cela entend), plusieurs magasins biologiques de ma ville sont réputés en etre aussi (la vie claire, nature et bien etre, biocoop etc), je voudrais pourtant trouver un emploi de vendeuse dans ce secteur en pleine expansion, car je serai à l'abri du licenciement économique tellement en cours ....! quelqu'un pourrait m'aiguiller, me donner une idée? Connaissez vous des magasins biologiques qui ne soient pas sous parasitage? je pense qu'il est impossible de savoir si on a bien à faire ou pas à une secte tant qu'on a pas travaillé dans la boite, mais je vous pose quand meme la question
Merci."
... et suivent des réponses qui varient: des pour des contre... mais ces témoignages me sidèrent car mon impression était donc fondée.

Je trouve aussi ceci : Une crêperie bio, façade de la secte Tabitha's Place, Les douzes tribus
Châtillon-Sur-Indre, Indre et l'article de France Info.

Bon, il ne faut bien entendu pas mettre tous ceux qui vendent et achètent du bio dans le même panier (j'achète du pain bio chez Proxi) mais franchement, je me trompe rarement quand je ressens des trucs pas "clairs" et je ne pense pas être devenue parano.

jeudi 25 février 2010

303 ème

Willy Ronis, Le petit parisien


Je m'étais imposée de m'arrêter d'écrire ici au 300 ème, je n'ai jamais été une femme de parole et je pense si souvent le contraire de ce que je dis, surtout en amour : quand je leur dis non je veux qu'ils entendent oui, mais parfois, tout de même, je dis la vérité : je n'ai jamais menti quand je leur disais je t'aime.

Aujourd'hui j'ai envie de mettre tout ce qui est sérieux dans une poubelle, d'oublier un peu mon intellect avide de connaissances, ne serait-ce que 24 heures, et de rire, d'éclater de rire, d'avoir un fou-rire, d'être con, con et belle à la fois, juste une heure, une heure simplement (merci Brel). Envie de cela, en vrai, pas à travers mon écran. Mais cela est impossible même s'il m'arrive encore - heureusement - de rire toute seule, de rire aux anges comme ce Petit parisien de Willy Ronis, le rire du bonheur de vivre; le rire le plus merveilleux est celui qui est partagé, celui qui nous fait presque oublier ce que nous sommes, tant il est imprévisible voire complètement débile mais déclenché par une complicité profondément intime avec la personne avec qui nous rions. J'ai envie d'un rire sans raison dans la déraison. Ô mon dieu que j'ai envie de ce rire-là.

Tout cela pour seulement dire : j'ai envie d'être à deux.

Et ce soir je vais voir A Single Man* de Tom Ford. Pfff! Pour le rire je repasserai... On ne se refait pas.

"Magnifique ode à l'amour, à la vie, à la mort et aux souvenirs. A Single Man est un portrait à hauteur d'homme, livré par un protagoniste inoubliable et doté d'une réalisation étonnamment fluide et efficace. Facilement un des meilleurs films américians de l'année."
Martin Gignac, le cinema.ca.
23 h. Je rentre du cinéma. L'amour et son chagrin, la mort, la solitude, ce film avait tout pour me plaire, je le savais. Comme d'habitude je lis quelques critiques après l'avoir vu : Le Monde, Télérama, le Nouvel Obs et je me dis, heureusement que je ne les avais pas lues avant. Trop d'esthétisme se plaignent-ils. J'ai savouré cet esthétisme, la beauté des comédiens aussi. On peut être beau et expressif. Je pense que les machos détesteront et je déteste les machos. Critique excellente des Inroks. C'est aussi un film sur la tendresse. Et la tendresse, bordel, qu'est-ce c'est bon. Je danserai bien un slow avec A single man!

mercredi 24 février 2010

Vladimir Jankélévitch

Cette plaque sur la façade, 1 Quai aux Fleurs à Paris
face aux jardins de la cathédrale Notre Dame


En écoutant la suite des émissions sur la nostalgie et celle de ce matin consacrée à L'Irréversible et la nostalgie de Vladimir Jankélévitch j'ai une fois de plus fouillé dans sa biographie et je suis tombée sur cet article publié par Jérôme Garcin dans L'Express en 1995! dont j'extrais ces lignes :

«Je ne suis pas fait du tout pour la philosophie des salons; je sais que je suis trop violent, pointu, âpre, paradoxal.»
Il ne comprenait pas qu'on paressât ou se contentât d'une existence confortable. Il jugeait, par exemple, dérisoires, chez son frère, le goût des beaux meubles et l'aspiration à l'harmonie familiale. Il vitupérait les parvenus endimanchés, ces «macaques». Il pensait qu'il fallait tout sacrifier à son travail. Il affichait une tempérance de cénobite et, parfois, un moralisme de calviniste: en 1929, répudiant l'idée de rachat et appelant à «la purification intime de la conscience», ce juif par sa mère se fût volontiers converti au protestantisme. A l'âge où l'on a plutôt un gros appétit et beaucoup d'occasions d'être infidèle à soi-même, il distinguait les exigences intérieures, qui sont souveraines, de «la vie extérieure», qui, selon lui, pouvait attendre.[...]
En 137 missives, toute l'existence de Jankélévitch, brisée en deux par la dernière guerre, est ici rassemblée, depuis sa jeunesse prometteuse et un peu fanfaronne jusqu'à sa vieillesse assombrie par le sentiment qu'il éprouvait de n'avoir ni lecteurs ni critiques, d'être mal compris, négligé, démodé. On n'imaginait d'ailleurs pas si solitaire, si amer, le titulaire de la chaire de philosophie morale de la Sorbonne, l'admirable styliste de «L'Irréversible et la nostalgie».
[...]
«Il est vraiment temps de quitter ce monde. Place aux ordinateurs et au dieu Business», confie alors Jankélévitch à son vieil ami en janvier 1975, avant de se pencher sur le piano à queue, son ultime refuge, et de laisser parler la musique, ce prélude à l'éternité dont seuls les grands interprètes comprennent la langue des morts."

Une vie en toutes lettres,
par Vladimir Jankélévitch. Préface et notes de Françoise Schwab. Liana Lévi, 472 p.

mardi 23 février 2010

10 Mai 81


La Bastille Mai 1981

Cardinaux, Affiches tirées d'une huile sur toile, 1981


La journée mémorable du 14 juillet 1789 - Gravure populaire



A chaque fois que des élections se profilent à l'horizon j'ai la nostalgie de l'époque où je m'intéressais - je devrai dire me passionnais pour - à la politique. Dès les années 65/70 mon coeur penchant à gauche, je fréquentais les rebelles de cette époque. Nous nous associions aux idées défendues dans les journaux et revues dites de gauche : Combat, puis Le Matin de Paris en 1977 qui était le quotidien du Nouvel Observateur, Le Nouvel Observateur évidemment, le Canard enchaîné (même si celui-ci se voulait politiquement indépendant). Parmi nous il y avait une jeune fille que j'admirais et qui lisait Témoignage Chrétien; je pensais que c'était un journal de cathos trop bien-pensants et j'ai voulu comprendre pourquoi elle le lisait. C'était aussi un journal de gauche qui appelait à voter Mitterrand.
Bref, je parle de mes premières années de jeunesse! Ensuite je suis restée une rebelle qui s'est un peu assagie mais mon coeur penchait toujours du même côté.


Puis je t'ai rencontré, plus tard, bien trop tard... et pas du tout dans une manif, d'ailleurs tu t'en fichais de la politique, tu jouais un peu sur tous les tableaux si j'ose dire, penchant vers ceux qui porteraient un regard sur les tiens! Et il y en eut de droite, de gauche!
Cependant j'avais fini par t'influencer malgré tout, tu m'aimais tellement, il fallait bien que tu me fasses croire que tu devenais un peu socialiste, toi, que notre cher voisin d'atelier appelait : le peintre capitaliste parce que tu claquais tes "recettes" en havanes, château-margaux, vinaigre de xérès Fauchon, pains au chocolat, brioches au beurre de chez Dalloyau et j'en passe! J'en ris encore quand je repense comment tu m'as séduite et à toutes ces folies qui nous faisaient ensuite bouffer des pâtes et des patates pendant des semaines.

Des élections régionales donc dans un peu moins d'un mois, la campagne ronronne!


Oui, on est bien loin de cette agitation, cette effervescence que fut - il est vrai qu'il s'agissait de présidentielles - la campagne des élections de 1981! Du moins pour celles et ceux qui, comme moi, avait le coeur à gauche. J'étais tellement excitée que j'avais réussi à te transmettre mon enthousiasme! Et, rentrant un soir de mon boulot, que vois-je sur le chevalet, une sorte de prise de la Bastille, avant l'heure si je puis dire - je parle ici de la liesse qu'il y eut à la Bastille quand Mitterrand fut élu le 10 Mai 1981 et à laquelle je t'avais entraîné - je vois donc une grande toile bleu blanc rouge que tu contemplais assis dans ton fauteuil. J'étais debout derrière toi et je la regardais, scotchée; tu devais sentir mon coeur battre dans ta nuque. Au fond de moi, je me disais : je veux la garder cette toile. C'était la Révolution! Je t'ai dit : elle est belle et re-belle! Tu m'as dit (et je n'ai pas vu tout de suite le rapport) : j'ai invité Philippe à dîner avec sa femme demain soir, je vais leur faire un rôti de veau à la ventrèche et au foie gras! Très léger, Philippe va adorer... t'ai-je dit en riant.

Le lendemain soir, je le pressentais, Philippe a eu un coup de foudre pour le tableau, il faut dire qu'il était lui aussi en pleine excitation avec ces élections; néanmoins je n'étais pas sûre que ce soit que le côté révolutionnaire de la toile qui lui plaisait mais plutôt les couleurs, le mouvement, il était amateur depuis longtemps de ta peinture . Il n'est pas reparti avec le tableau, il fallait qu'il sèche un peu, mais il l'a acheté et payé! Quand on s'est retrouvé tous les deux, tu as vu ma grimace! Bon, j'étais contente mais j'aurais bien voulu le garder. Pendant le dîner il ne fut question que de l'élection de Mitterrand - et de ta recette fabuleuse tendre et onctueuse - mais surtout pour Philippe des élections législatives qui allaient suivre.
Le Point n'était pas franchement un magazine de gauche!

Trois jours plus tard, Philippe avait fait prendre le tableau par le coursier du
Point. Oui, Philippe était à cette époque le directeur du magazine. Puis une semaine après, il t'a appelé pour te demander l'autorisation de faire des affiches de ce tableau qui seraient exposées à la soirée du Point lors des résultats et dans quelques endroits stratégiques de la capitale. Il en ferait aussi la Une du Point. Il avait donc vu tout de suite le côté Révolution de cette toile et avait sans doute déjà une idée derrière la tête en l'achetant. En mauvais homme d'affaire que tu fus, tu lui as dit oui tout de suite, sans négocier quoi que ce fut! C'était tout bon pour Le Point. Philippe t'avait dit que çà te ferait une bonne pub et cela t'avait suffi. Je râlais quand tu m'appris la nouvelle mais sans en rajouter; je sentais que tu étais content et j'avais seulement envie de t'embrasser, de te dire que de toute façon je t'aimais.
Voilà, l'histoire de cette affiche un peu gondolée (de 1,50 m x 1,15 m)... qui est surtout un tableau bien plus beau (sans ce logo du Point) : 10 Mai 81. Aujourd'hui mon coeur ne sait plus trop pour qui pour quoi il bat, il bat pour des idées généreuses plus que pour des partis et je suis restée rebelle.

Le pont des Arts

Je découvre ce matin cette plaque ici et je la trouve très émouvante.

A la mémoire de
Vercors
(Jean Bruller)
co-fondateur en 1942 des
EDITIONS DE MINUIT
avec Le Silence de la Mer
et des
OUVRIERS DU LIVRE
Qui par leur dévouement, au péril de leur vie, sous l'occupation nazie,
ont permis à la pensée française de maintenir sa permanence et son honneur
1942-1992
Ce lieu du monde, unique et prestigieux,
qui hantait ses pensées, nourissait ses rêves,
exaltait son âme : le pont des Arts.
Vercors, La Marche à l'Etoile.

lundi 22 février 2010

Nostalgie

Une semaine sur le thème de la nostalgie dans les NCC .
Voilà qui me réjouit! Mais la nostalgie ne mène pas, comme la mélancolie, à la folie.
Après mon spleen d'hier... je me suis endormie avec ce poème, et j'ai fait un beau rêve :

L'Âme

J'ai dans mon coeur, j'ai sous mon front
Une âme invisible et présente :
Ceux qui doutent la chercheront;
Je la répands pour qu'on la sente.

Partout scintillent les couleurs,
Mais d'où vient cette force en elles?
Il existe un bleu dont je meurs,
Parce qu'il est dans les prunelles.

Tous les corps offrent des contours,
Mais d'où vient la forme qui touche?
Comment fais-tu les grands amours,
Petite ligne de la bouche?

Partout l'air vibre et rend des sons,
Mais d'où vient le délice intime
Que nous apportent ces frissons
Quand c'est une voix qui l'anime?

J'ai dans mon coeur, j'ai sous mon front
Une âme invisible et présente :
Ceux qui doutent la chercheront;
Je la répands pour qu'on la sente.

Sully
Prudhomme, Tendresses et solitudes.

dimanche 21 février 2010

J'ai fait le plein de vide


Spleen du dimanche soir. J'ai cru longtemps que lorsque je ne travaillerai plus ce spleen disparaîtrait, n'aurait plus de raison d'être puisque maintenant c'est-tous-les-jours-dimanche! Et justement, le spleen du dimanche soir est devenu le-spleen-de-tous-les-soirs, plus un jour sans spleen, enfin, j'exagère un peu. Aujourd'hui la journée fut pesante, vide, le vide c'est lourd parce que je veux le remplir pour me faire croire qu'une fois plein, pfutt, plus de vide. Et c'était rempli de quoi ce vide aujourd'hui?
D'un lever pas matinal,
d'un petit déjeuner frugal,
d'une petite sortie pour acheter le JDD puis le feuilleter en buvant un serré au pub,
de quelques heures sur mon ordinateur,
d'un déjeuner tardif sur le pouce en écoutant Des papous dans la tête - grand moment jouissif qui comble le vide -, puis c'est pas tout, faut que je me remue, vide à remplir,
d'un saut dans ce nouveau petit golf où-il-n'y-a-pas-un-chat et c'est le pied j'aime jouer seule,
d'un peu de lecture au retour - le moment où le vide se remplit d'essentiel -.
Je regarde l'heure, bientôt 20 heures je n'ai pas vu le temps passer, je remplis le vide d'eau dans ma baignoire et d'un bouchon de crème moussante, c'est l'heure du Masque - non pas sur mon visage mais sur France Inter -, ce soir cinéma.
Je me glisse dans la mousse, température ok, je ferme les yeux, je me fais mon cinéma, je fais le vide.

Denis Lachaud

Cliquer sur l'image pour agrandir


Encore un écrivain que j'ai découvert tardivement, il y a seulement deux ou trois ans, avec son premier roman J'apprends l'allemand paru chez Actes Sud en 1998.
Évidement si j'en parle c'est parce que j'ai aimé, beaucoup aimé ce livre, tellement, que j'étais avide de lire les autres sans plus attendre. Et j'ai eu l'impression d'aimer de plus en plus cette écriture et de connaître un peu mieux l'auteur, écrivain, comédien, metteur en scène de théâtre. Ses romans ont une sensibilité, une délicatesse et une justesse profonde. Il aborde des sujets aussi différents que l'homosexualité (J'apprends l'allemand) la féminité, le féminisme, le couple et "ses arrangements" (Comme personne), le choix identitaire (Le vrai est au coffre).
J'espère que Denis Lachaud va nous livrer bientôt un prochain roman même si celui-ci n'est pas son domaine attitré, il semble aujourd'hui plus engagé sur la scène théâtrale que sur la scène littéraire.
"A l'école on nous appelle "sales Boches" ou "Rommel" ou "Rommel heil Hitler" ou "Hitler" quasiment depuis la maternelle. Notre vrai nom c'est Wommel et la guerre est finie depuis plus de trente ans mais les Allemands ont laissé de mauvais souvenirs dans les familles françaises.
Max a fait anglais première langue, moi j'ai décidé de prendre allemand première langue, on ne parle jamais allemand à la maison, s'appeler Ernst Wommel et ne pas savoir parler allemand çà ressemble à quoi?"
Dans les années 1970 à Paris, une famille allemande vit dans le refus de ses origines. Ernst, le fils cadet, ne peut accepter le silence qui entoure l'histoire des siens. Un premier voyage en Allemagne chez son correspondant Rolf, avec qui il vivra ses premiers émois sexuels, lui permettra de découvrir ses racines.

J'apprends l'allemand,
4ème de couverture.
A propos de son dernier roman Prenez l'avion :

Votre livre multiplie les formes et prend notamment celle d'un blog. Pensez-vous que la littérature ait sa place sur le web ?
Avant de m'y intéresser, le principe du blog me semblait très égocentrique. Mais, en cherchant, j'ai trouvé des blogs possédant une exigence clairement littéraire. Il me semble qu'on assiste à la mise en place d'une forme artistique différente constituée de gens qui n'ont pas l'ambition de passer au roman, d'entrer en relation avec un éditeur mais qui ont juste une relation très forte à l'écriture. Il y a de très beaux textes sur le web.
Quel est votre lecteur idéal ?Celui qui parvient à prendre la mesure de l'iceberg dans son ensemble, qui réussit à tout explorer, y compris sous l'eau et même quand ça caille.
_______________________________________________
"Je me mis à chercher un moyen de vider le mot de sa décharge vénéneuse. Un lundi matin, je pris pendant mon petit-déjeuner la décision de consacrer une semaine entière au problème. J'allais répéter le mot cent fois dans ma tête sur le chemin de l'école, à l'aller, au retour, ainsi qu'à chaque récréation.
J'attendis d'avoir traversé le passage à niveau, emplis mes poumons et commençai.
Tapette tapette tapette tapette tapette tapette tapette tapette tapette tapette tapette tapette... Arrivé aux alentours de la cinquantaine, je fus distrais par le passage d"un train, perdis mes comptes, décidai arbitrairement que j'avais déjà prononcé cinquante fois le mot silencieusement et continuai. Je renouvelai l'opération à la récréation de 10 heures, avant la cantine, après la cantine, à la récréation de 15 h 30 et sur le chemin du retour. Le premier soir, je me refusai à tirer des conclusions hâtives. L'expérience devait durer une semaine.
Quand je traversai le passage à niveau le samedi midi, j'avais répété le mot deux mille sept cents fois dans ma tête. Il avait, me sembla-t-il, un peu perdu de son sens. Mais toute illusion se dissipa quand Eric Pellot et Philippe Savin se précipitèrent vers leur sixième étage.
- Bon week-end tapette!
Le mot dans leur bouche me poignardait toujours.
Echec total.
Vers la fin de la semaine, j'avais pourtant pensé entendre résonner "tagliatelle".
[...]
L'année scolaire dura des siècles mais tout avait une fin, je le savais déjà. Un matin, personne ne vint me réveiller pour aller à l'école. Les grandes vacances avaient commencé. Je parvins à éviter les gros cons qui hantaient la Cité des Fleurs. Je connaissais parfaitement les limites de leur monde et j'avais tracé les miennes au-delà."
Le vrai est au coffre, extraits pages 64 et 76.
J'ai aussi un coup de poignard dans le coeur en relisant ce texte.
Denis Lachaud vaut le détour et l'immersion.
Liste de ses oeuvres ici.

samedi 20 février 2010

Rien sous la casquette

Tiger Woods

Il a fait son mea-culpa en public! Disparu le Tigre, je n'ai vu qu'un benêt à la télévision aussi lamentable dans ses aveux et sa demande de pardon que Bill Clinton. Qu'ont-ils besoin d'expier en public leurs fautes ces américains? mais on s'en fout! Dieu soit loué on n'en est pas encore là en France!

Quelle tristesse, le Dieu du golf, je le regarderai toujours avec la même admiration sur les greens quand il reviendra, car il reviendra, mais sous la casquette je verrai aussi le benêt. C'est trop c... tiens!

vendredi 19 février 2010

Folie ou déraison

Antonin Artaud


En écoutant ce matin pour le dernier jour de la semaine l'émission consacrée à Michel Foucault et dont le sujet était : Foucault et la folie, j'ai eu ensuite envie de replonger dans quelques pages d'Antonin Artaud. Il n'existe pas pour moi de meilleur écrivain ayant pu et su analyser sa folie avec autant de lucidité, à part Nietzsche peut-être et Céline?

Et si c'était être fou que de se croire non fou?
"Là où il y a oeuvre il n'y a pas folie". Michel Foucault

Dépression, mélancolie, folie, mort, on me prend pour une folle quand je dis que ces sujets-là me passionnent.

"La paralysie me gagne et m'empêche de plus en plus de me retourner sur moi-même. Je n'ai plus de point d'appui, plus de base... je me cherche je ne sais où. Ma pensée ne peut plus aller où mon émotion et les images qui se lèvent en moi la poussent. Je me sens châtré jusque dans mes impulsions. Je finis par voir le jour à travers moi-même, à force de renonciations dans tous les sens de mon intelligence et de ma sensibilité.
[...]
Il me parle de Narcissisme, je lui rétorque qu'il s'agit de ma vie. J'ai le culte non pas du moi mais de la chair, dans le sens sensible du mot chair. [...] Rien ne me touche, ne m'intéresse que ce qui s'adresse directement à ma chair. Et à ce moment il me parle du Soi. Je lui rétorque que le Moi et le Soi sont deux termes distincts et à ne pas confondre, et sont très exactement les deux termes qui se balancent de l'équilibre de la chair.
[...]
Quand je me pense, ma pensée se cherche dans l'éther d'un nouvel espace. Je suis dans la lune comme d'autres sont à leur balcon. Je participe à la gravitation planétaire dans les failles de mon esprit".

Antonin Artaud, Fragments d'un journal d'enfer.

Il a une très belle correspondance avec Jacques Rivière qui refusera de publier son premier recueil en 1923 puis qui éditera leur correspondance dans la NRF.

"Une chose me frappe : le contraste entre l'extraordinaire précision de votre diagnostic sur vous-même et le vague, ou, tout au moins, l'informité des réalisations que vous tentez. J'ai eu tort sans doute, dans ma lettre de l'an dernier, de vouloir vous rassurer à tout prix : j'ai fait comme ces médecins qui prétendent guérir leurs patients en refusant de les croire, en niant l'étrangeté de leur cas, en les replaçant de force dans la normale. C'est une mauvaise méthode, je m'en repens.
[...]
Je ne suis pas optimiste par système; mais je refuse de désespérer de vous. Ma sympathie pour vous est très grande; j'ai eu tort de vous laisser si longtemps sans nouvelles.
Je garde votre poème. Envoyez-moi tout ce que vous ferez."
Jacques Rivière à Antonin Artaud, Paris, le 25 mars 1924.

Il entretient aussi une correspondance avec son médecin, dans laquelle Artaud analyse son état mental avec une lucidité impitoyable.

"Cher Docteur,
J'ai été surpris et émerveillé de la façon dont vous deviniez mon état, dont vous repériez avec précision et une folle justesse les troubles profonds, désarmants, démoralisants dont je suis depuis si longtemps affligé et je vous enviais en même temps la façon synthétique que vous aviez de les présenter, sous leur angle vrai, les ayant SENTIS tels qu'ils se présentent et à leur place, faculté dont je suis éminemment privé.
Si donc je vous écris, c'est simplement dans l'anxiété d'avoir oublié tout de même un fait caractéristique et qui vous permettrait de voir encore plus profond et plus clair dans mon abominable état..."
Antonin Artaud au Docteur George Soulié de Morant, le 17 février 1932.
"Cher Monsieur,
Il y a amélioration depuis votre dernière séance de piqûres; mais seulement dans le domaine physique, du côté douleurs leur intensité a diminué.
Mais j'ai toujours dans l'esprit cette sensation de chose bouchée, de pensée ralentie, gelée, en prison quelque part.
[...]
Seul je m'ennuie mortellement, mais en général je me trouve dans un état pire que l'ennui, extérieur à toute pensée possible. Je ne suis nulle part, et tout ce qui me représente s'évanouit, et ce qui me représente est un état d'ébullition imagée, où je touche avec effervescence les aspects concrets de toute question possible. Entendant parler des gens, j'en arrive à être étonné de la multiplicité des aspects qui demeurent vivants en eux, des aperçus qu'ils sont capables d'émettre sur les idées et sur la vie.
C'est vous dire si par moments je tombe bas. le néant et le vide, voilà ce qui me représente, et tout de même après quelques séances de piqûres mon scaphandre personnel est remonté au jour des idées."...
A.A. au Docteur George Soulié de Morant, Paris, 7 novembre 1932.

(et Antonin Artaud poursuit cette correspondance en décrivant son état sans aucune complaisance; c'est tout simplement extraordinaire et passionnant).

"La vérité de la vie est dans l'impulsivité de la matière. L'esprit de l'homme est malade au mileu des concepts. Ne lui demandez pas de se satisfaire, demandez-lui seulement d'être calme, de croire qu'il a bien trouvé sa place. Mais seul le Fou est bien calme".
A. A. à Roger Vitrac, Manifeste en langage clair, extrait.

Antonin Artaud.
En 1947 (un an avant sa mort) il écrit un poème beau et violent, extrait:
"Je ne crois plus aux mots des poèmes
car ils ne soulèvent rien
et ne font rien."

jeudi 18 février 2010

"L'immortalité existe"

Vous avez vu Avatar?
"Oui, mais je me suis endormi à trois reprises et je me suis demandé pourquoi. Je pense que l’action d’un tel film est exactement la même que dans n’importe quel autre film commercial. Un film à 400 millions de dollars ne peut pas prendre de risques ni inventer de canevas original. Et un récit qui convient à tout le monde, c’est celui que tout le monde connaît déjà! Les gens n’y vont d’ailleurs pas pour l’histoire, mais pour voir et comprendre comment tout cela se fait. Moi, j’ai plutôt l’habitude de comprendre un récit. Comme je m’aperçois qu’il ne résulte rien de l’action, je m’endors, je me réveille, c’est toujours pareil, je peux me rendormir! Je n’admire pas la virtuosité technique, cela m’est étranger. Je ne dis pas que je me sens supérieur, je me sens juste à part. Je comprends qu’on puisse être émerveillé et que ce film puisse être un succès. Mais je comprends aussi que tous nos efforts pour faire participer le cinéma aux événements sociaux et politiques, c’est déjà du passé."
[...]
"La vieillesse est toujours difficile, elle serait presque acceptable si elle n’avait d’influence que sur la mentalité. Malheureusement, les jambes faiblissent, le souffle ne suit plus, les escaliers deviennent des montagnes… Ce n’est pas bon et aucune gymnastique n’y peut rien. C’est difficile à admettre lorsque toute la vie on ne faisait qu’émettre de l’énergie"

Andrzej Wajda, le JDD du 17.02.10.

Son dernier film Tatarak.

mercredi 17 février 2010

Arnaud Cathrine

Que d'auteurs inconnus à découvrir! Je me demande parfois s'il ne faudrait pas que j'arrête d'écouter les émissions littéraires tant j'ai de mal à résister à mon envie d'acheter certains livres immédiatement. Pourtant je m'étais promis d'arrêter de remplir mes étagères et de m'en tenir aux emprunts à la bibliothèque. Mais dès que j'entends "journal intime", je ne résiste pas.

J'écoutais Arnaud Cathrine il y a quelques semaines, invité par Twefik Hakem sur France Culture dans l'émission A plus d'un titre , parler de son dernier livre Le journal intime de Benjamin Lorca. Au cours de cet entretien cette question fut posée : qu'est-ce qu'un écrivain pour son entourage? Est-ce un mystère, une inquiétude? Cela me fait penser à la réponse d'un écrivain, mais je crois l'avoir déjà dit quelque part ici (je commence à radoter!), à qui je disais ma pudeur, ma timidité mais aussi mon audace de lui écrire et qui me répondit donc, voulant me rassurer : "les écrivains sont des gens." Il n'avait pas besoin de rajouter : des gens comme les autres.

"Avec Le Journal intime de Benjamin Lorca, Arnaud Cathrine signe-là son livre non seulement le plus autobiographique, mais aussi le plus singulier dans sa mise en scène du "je".

Reprenant, non sans risque, une forme éprouvée - le roman choral - mais aussi un motif quasi similaire à celui employé dans La Disparition de Richard Taylor, le romancier s'est choisi un double, en la personne de Benjamin Lorca. Trentenaire "dur en amour" et "passablement mélancolique", cet écrivain "né un dimanche en province" est à l'image de ses livres : un "mélange de réserve farouche et de brève impudeur". Un homme incapable de se confier à ses proches sinon par bribes et impuissant, dans l'écriture, à composer le "livre impossible" (thème récurrent chez Arnaud Cathrine)."
Le Monde des livres.

Je me conforte en écrivant ces lignes de cet indispensable achat que je dois absolument programmer! La découverte du journal intime d'un disparu est un sujet qui me préoccupe.

Arnaud Cathrine
Le journal intime de Benjamin Lorca
Editions Verticales, janvier 2010.

mardi 16 février 2010

Lang Lang, dernière minute

Lang Lang, pub Adidas!


Aïe! Zut! Vais-je désaimer Lang Lang après cette info? Ben non, il n'y a pas de raison qu'il ne me fasse plus vibrer même si maintenant il vaut trois millions de dollars!
Bon, pour le moment il faut qu'il repose son index!

"Pour autant de raisons qu'il y a de Chinois. Il y a quinze ans, le père de Lang Lang empruntait 5000 dollars pour pouvoir envoyer son fils passer un concours en Allemagne. En 2010, le même garçon, à 27 ans, en vaut six cents fois plus : le prix d'une success story.

Quelques faits : né de parents musiciens (son père joue de la harpe chinoise), il commence le piano à 3 ans, donne son premier concert à 5, entre au Conservatoire de Pékin à 9. Rien d'exceptionnel. Sauf que cela se passe en Chine. Aujourd'hui, 40 millions de petits chinois apprennent le piano. Et c'est au crédit de Lang Lang qu'est portée cette explosion de l'enseignement." (Rue 89).

Lorsque je l'ai vu sur Arte c'était pour moi un inconnu et j'ai "décollé" en l'écoutant, en le voyant. Il était vraiment génial.

L'inuite





Deux heures de plein air, promenade solitaire avec un seul but, profiter d'un ciel d'un bleu insolent et du soleil qui n'arrivait pas à me faire oublier le vent d'est qui m'échauffait (façon de parler) les oreilles.

De retour, les joues en feu, j'ouvre en grand les fenêtres pour aérer et rafraîchir mon appartement surchauffé. Je me souviens d'hivers humides dans ma maison à la campagne où j'ouvrais les fenêtres pour faire entrer la chaleur; il y faisait plus froid dedans que dehors. Quand parfois je pense à ma maison avec nostalgie, je me remémore ces moments difficiles; je me revois habillée comme une Inuite avec trois pulls, un poncho et des mitaines pour supporter les 15°, au plus chaud de la journée!

Tea time, lire mais avant répondre aux mails, je suis gâtée aujourd'hui! Deux mails d'amis qui me parlent chacun de poètes, l'un de Pierre Reverdy, l'autre de Francis Ponge.

Cela me met en joie, comme une envie de danser en chantant I could have danced all night.

lundi 15 février 2010

Michel Foucault

Sur les NCC cette semaine, Michel Foucault.
Aujourd'hui L'histoire de la sexualité.

S'appuyant -entre autre - sur l'exemple de la téléréalité, Loft Story et son "confessionnal", Raphaël Enthoven, lit cet extrait du texte de Michel Foucault sur l'aveu :

"L'aveu de la vérité s'est inscrit au coeur des procédures d'individualisation par le pouvoir, nous sommes devenus une société singulièrement avouante.
On avoue ses crimes, on avoue ses péchés, on avoue ses pensées et ses désirs, on avoue son passé et ses rêves, on avoue ses maladies et ses misères, on s'emploie avec la plus grande exactitude à dire ce qu'il y a de plus difficile à dire, on avoue en public et en privé, à ses parents, à ses éducateurs, à son médecin, à ceux qu'on aime, on se fait à soi-même - dans le plaisir et dans la peine - les aveux impossibles à tout autre, et dont on fait des livres; on avoue ou on est forcé d'avouer; quand il n'est pas spontané ou imposé par quelque impératif intérieur, l'aveu est extorqué, on le débusque dans l'âme, on l'arrache au corps, depuis le Moyen-Age. La torture l'accompagne comme une ombre et le soutien quand il se dérobe, noir jumeau, comme la tendresse la plus désarmée, le plus sanglant des pouvoirs ont besoin de confession.
L'homme en occident est devenu une bête d'aveux."
[...]
"L'ironie du dispositif de l'aveu, c'est qu'il nous fait croire qu'il y va de notre libération".

Le tout est de tout dire, et je manque de mots
Et je manque de temps, et je manque d'audace
Je rêve et je dévide au hasard mes images
J'ai mal vécu, et mal appris à parler clair.
Paul Eluard

dimanche 14 février 2010

Il est grand temps que l'hiver se termine

Il y a comme une lumière de printemps dans le ciel ce matin.
Je vais aller taper la balle pour chasser le spleen qui me gagne depuis hier.
Il est grand temps que l'hiver se termine et que j'aille respirer un peu la mer ou n'importe quelle nature enchanteresse. Ce doit être l'enfermement qui attise cette mélancolie. Pourtant, j'aime aussi ce temps qui nous oblige presque à rester douillettement, à lire.
Je passe de Virginia W. à Simone de B., du Journal de l'une à l'essai sur La vieillesse de l'autre. Et, je suis étonnée de me surprendre à rire en lisant Simone de Beauvoir, c'est tellement dramatique que çà me met en joie. Je dois être un peu folle.
Il est grand temps que l'hiver se termine!

"J'ai besoin de solitude; j'ai besoin d'espace; j'ai besoin d'air; j'ai besoin d'être entourée de champs nus, de sentir mes jambes arpenter les route; besoin de sommeil et d'une vie tout animale. Mon cerveau est trop actif. Il travaille, il produit un article sur Christina Rossetti et déjà se prépare à traiter de ceci ou cela".
Virginia Woolf, Journal (mercredi 15 octobre 1930)

"Hippocrate est le premier à avoir comparé les étapes de la vie humaine aux quatre saisons de la nature, et la vieillesse à l'hiver. Dans plusieurs de ses livres et en particulier dans ses aphorismes, il a recueilli sur les vieillards des observations exactes. (Ils ont moins besoin de nourriture que les jeunes. Ils souffrent de difficultés respiratoires, de catharres entraînant des accès de toux, de dyaurie, de douleurs des articulations, de maladie des reins, de vertiges, d'apoplexie, de cachexie, de prurit généralisé, d'ensommeillement; ils expulsent de l'eau par les intestins, les yeux, les narines; ils ont souvent la cataracte; leur vue est basse, ils entendent mal). Dans tous les domaines il leur conseille la modération, mais aussi de ne pas interrompre leurs activités."
[...]
"Paracelse au XVIè siècle dit : l'homme est un composé chimique et la vieillesse une auto-intoxication".
Simone de Beauvoir, La vieillesse (chapitre vieillesse et biologie).

J'étais morte de rire dans mon lit hier soir en lisant cela. L'eau me sortait par les yeux! Pas encore par les narines.

samedi 13 février 2010

Ko Siu Lan

Body Art

Ko Siu Lan, Eggxercice, photos ici


Artiste chinoise dont l'exposition Travailler plus pour gagner plus vient d'être censurée à l'Ecole des Beaux-Arts. Réactions vives et justifiées ici et .
Je lis à l'instant (18h30) une dépêche. Tout de même, notre Ministre de la Culture Frédéric Mitterrand, a réagi tardivement rapidement si j'ose dire.

Capri, c'est fini

"Tout Français âgé de plus de trente ans débarquant à Capri, si vulgaire et débile juge-t-il cette chanson, se surprendra à fredonner Capri, c’est fini. On trouverait sans peine mille autres exemples de ces malédictions qui nous font ressembler en tout lieu et à tout moment à des rats de laboratoire éduqués à la gégène dans les couloirs d’un labyrinthe absurde."
Eric Chevillard, L'autofictif.

Oui mais tout de même, c'était la chanson préférée de Marguerite Duras.
Je ne me sens plus débile quand je la chante à tue-tête dans ma voiture.

vendredi 12 février 2010

Découverte

... à voir ici. C'est extraordinaire. Une découverte pour moi, cet artiste suisse, Georges Schwizgebel.

La Ménagerie de verre

... ne manquait pas de souffle et j'ai passé une excellente soirée, au Théâtre de Cornouaille, avec cette pièce de Tennessee Williams.





Dommage que cette vidéo s'arrête avant la scène du baiser entre Laura et Jim.
Saint-Louis, au nord des États-Unis. Tom, le narrateur, évoque les années de vache enragée, passées entre sa mère et sa sœur, après la fuite d’un père qui les a abandonnés. Tom revient sur son passé et retrouve le sinistre appartement d’autrefois pour revivre quelques scènes suspendues dans le temps… Sa mère supplie Tom d’organiser une rencontre avec un copain d’atelier qui pourrait accepter d’épouser sa sœur Laura. Une « jeune fille en verre », timide et complexée, aussi fragile que sa collection d’animaux miniatures.
Agathe Molière (un nom prédestiné), qui interprète Laura, est évanescente, lumineuse comme ses objets de verre qu'elle chérit et Luce Mouchel, Amanda, la mère, magnifique tout à la fois drôle, hystérique, sensuelle, excessive.

J'avais crains que ce soit trop long, mais j'aurais presque souhaité que les deux heures de spectacles se poursuivent encore un peu. Point n'est besoin d'acteurs, d'actrices nommés, nominés, renommés, pour nous faire vibrer. Et ceux de cette pièce ont tous en eux cette flamme qui brûle en eux, embrase la scène et la salle pleine à craquer de spectateurs enchantés.

Je ne peux dire mieux que la critique ici dont je retiens ces extraits :

"Stéphane Facco (Tom), enragé et tendre, torride avec son envie dévorante de prendre le large et sa sensualité à la Marlon Brando dans Un tramway nommé désir. Telle Luce Mouchel (Amanda), follement drôle, humaine et caricaturale en mère-enfant hystérique et possessive, tour à tour « sorcière bien aimée », Scarlett O’Hara, Grace Kelly ou Blanche-Neige attendant son prince charmant dans son cercueil de verre.

Mais on se souviendra surtout longtemps de la bouleversante Agathe Molière, si légère et grave, touchée par la grâce dans ce rôle de Laura, qu’elle interprète avec une finesse rare. Tous, virtuoses de leur corps, impriment à la pièce un rythme digne des grands mélos américains, où des incendies de douce poésie (ah… la scène de la danse et du baiser de Laura et Jim, interprété par un Michaêl Abiteboul tout en nuances) côtoient une violence débridée".

Longtemps j'ai cru que le théâtre contemporain était ennuyeux mais quelle erreur.

jeudi 11 février 2010

Tennessee Williams


Tennessee Williams, Un tramway (nommé désir)


En ce moment au Théâtre de l'Odéon avec Isabelle Huppert.
Les critiques sont déjà cinglantes : 2h40, trop long, une heure de trop, ennui, seuls les décors sont originaux (F. Inter, Frédéric Pommier ce matin). "A l'Odéon, un Tramway nommé ennui", scènes trop longues, décor vertigineux. "Chaos intérieur. La représentation s’ouvre sur une scène de délire. Isabelle/Blanche, au bout du rouleau, est assise sur une chaise , caraco et short de satin noir, jambes écartées. Regard hagard, expression vide, elle hurle, soupire, ânonne. Des bruits. Des mots incompréhensibles. Son image est filmée en temps réel, et projetée sur un écran géant. La scène est longue, difficile, ça bouscule." Mais aussi, dans Libération : Isabelle Huppert, sublime dans un "Tramway".
Je m'inquiète, ce soir je vais voir La Ménagerie de verre. J'espère que çà ne dure pas 2h40.

"Si l’ensemble manque un peu de souffle, La Ménagerie de verre est à voir pour la belle prestation des comédiens qui parviennent à valoriser un texte pourtant peu évident." (Culturofil, Delphine Kioffer)
Hum, suis pas convaincue de passer une soirée délirante. Wait and see!

mercredi 10 février 2010

Le regard du Christ

La première fois que je l'ai vu c'était il y a un an, je venais d'emménager depuis peu en ville. Il devait être 21 heures, à cette heure-là, la biscuiterie avait fermé ses portes et rempli ses poubelles de quelques cartons vides et peut-être de quelques galettes ratées à la cuisson. Je descendais ma poubelle et je vis un homme, barbu, avec son chien; il fouillait dans les poubelles de la biscuiterie. Je lui dis bonsoir, il me répondit avec un regard aussi doux que celui de son chien. Il faisait très froid. Je remontais rapidement, le coeur serré, dans mon appartement bien chauffé. Dans un petit sachet je mets ce que je trouve, quelques tranches de pain, de la charcuterie, une pomme. J'avais peur de le vexer. Je redescends en courant les escaliers, espérant qu'il soit toujours là et lui remets ce petit paquet frugal avec un sourire en le regardant droit dans les yeux. Il me remercie gentiment, je n'ose pas lui parler et je remonte en espérant ne pas l'avoir humilié.

Depuis ce jour-là, je le croise régulièrement en ville ou le long des quais. Il a un vélo et son chien l'accompagne toujours. Sa barbe est de plus en plus fournie. J'ai rarement vu un regard de "clochard" - est-il clochard? SDF? je n'en sais rien - aussi lumineux. Il a une tête de Christ. Il faisait nuit lors de notre première rencontre mais il me reconnaît. Je lui dis bonjour avec un sourire quand nous nous croisons et il me répond par un "bonjour madame" chaleureux. Son chien est son fidèle compagnon et il lui obéit, un seul regard semble suffire entre eux pour que l'un comprenne l'autre. Quand ils arrivent aux feux, lui à vélo, son chien sans laisse à ses côtés, celui-ci attend sagement au feu rouge, en regardant son maître.
Hier, au centre ville, je l'ai aperçu près de la poste, il avait posé son vélo près d'un pont et était en train d'attacher son chien au guidon, l'abandonnant pour aller je ne sais où mais pas à la poste. Nous traversons ensemble au feu vert et en nous croisant nous disons bonjour. Il s'éloigne moi je rejoins ma voiture et je vois le regard inquiet du chien suivre son maître. Quelques minutes plus tard, dans ma voiture cette fois, je me retrouve au feu et je vois l'homme qui détache son chien qui frétille de la queue et qui repart.
Me voilà rassurée aussi.

Je ne sais pas pourquoi cet homme me touche. Difficile de lui donner un âge, 40? 50? Je ne l'ai jamais vu avec la moindre canette de bière ni alcoolisé, ni se joindre à un petit groupe de SDF sur les quais qui, du matin au soir, s'enivre de bière. Il y a une dignité dans sa pauvreté, une lumière, une chaleur dans son regard qui me bouleverse. Il m'est arrivé d'avoir envie de lui donner quelques euros mais je n'ose pas. Que pourrais-je lui dire? Pour nourrir votre chien? Pour vous? Il faudrait pour faire cette démarche que j'ose lui parler un peu, pour deviner qu'elle est sa vie, sa précarité et voir ainsi si je pourrais me permettre ce geste, sans le blesser. Ce n'est pas l'envie qui me manque mais je n'ose pas. Il ne fait pas la manche, surtout ne pas l'humilier. Je ne l'ai jamais revu non plus fouiller dans les poubelles de la biscuiterie.

Je suis contente quand je le croise, je sais qu'il est en vie.

mardi 9 février 2010

Dominique Autié

Je suis troublée. Passant sur un blog régulièrement, je clique par hasard sur un des liens de ce blog, le nom m'est totalement inconnu mais il me semble l'avoir déjà vu sur un autre blog.

Surprise, j'ai cru à un canular, je vois apparaître la photo de l'auteur du blog puis le titre du dernier post :
Vendredi 30 mai 2008
Clôture du Blog
Sous la photo, très belle,
Dominique Autié
6 octobre 1949 - 27 mai 2008.

Je me dis : il a décidé d'arrêter son blog le 27 mai 2008. Je regarde la date de son dernier post : 8 mai 2008, 6 h 32. Avant d'entreprendre la lecture de quelques posts, je vais voir si je trouve quelque chose pour faire connaissance avec cet auteur et je vois sur Wikipédia :
Dominique Autié, écrivain et éditeur, né le octobre 1940 à Bourg la Reine et mort le 27 mai 2008 à Toulouse.

Oui, je trouve cela très troublant de tomber sur un blog clôturé pour décès. Un sentiment étrange. Je pense à la personne (sa femme? un membre de sa famille?) venant clôturer le blog trois jours après les funérailles.

Évidemment, il m'intéressait de voir les derniers commentaires du dernier billet de l'auteur :
9717 commentaires!!!! Je clique dessus mais mon pauvre ordinateur commence à ramer et à souffler; j'imagine qu'il lui faudrait trop longtemps pour faire apparaître ces commentaires et j'abandonne. Sur le billet précédent : 1383 commentaires. Il continue donc de vivre. Le côté merveilleux du Web. Je retournerai y faire un tour, moins rapide. C'est un blog qui semblait réservé à des érudits mais je peux peut-être y trouver de quoi satisfaire ma curiosité, moins puriste.


lundi 8 février 2010

Bulle Ogier


Pour faire suite à "Mes stars"... à écouter demain sur France Culture : A voix nue. L'émission sera consacrée toute la semaine à Bulle Ogier, de 20 h à 20 h 30.

Quelle coïncidence heureuse (pour moi).

dimanche 7 février 2010

Mes stars

Nicole Garcia

Juliet Berto et Bulle Ogier dans Céline et Julie vont en bateau de Jacques Rivette

Juliet Berto et Dominique Labourier dans Céline et Julie vont en bateau

Juliet Berto

Bulle Ogier

Géraldine Chaplin


C'est en voyant Nicole Garcia dans Empreintes (oui encore cette émission sur Arte) parlant de Juliet Berto dans le film Duelle de Jacques Rivette que tous mes souvenirs de jeune cinéphile ont ressurgis. Je ne ratais jamais un film de ce cinéaste et ces comédiennes sont restées dans ma mémoire. Alain Tanner, Claude Goretta, Michel Soutter, Jacques Rivette, ces cinéastes suisses ont un ton bien particulier que j'aime. Ils font partie, avec Eric Rohmer et Jean-Luc Godard, de la Nouvelle Vague... suisse.

De Jacques Rivette
Duelle avec Juliet Berto et Nicole Garcia
L'Amour par terre avec Géraldine Chaplin
Céline et Julie vont en bateau avec Juliet Berto, Bulle Ogier, Dominique Labourier

Je me souviens aussi de Bulle Ogier, magnifique dans La salamandre de Alain Tanner, de Géraldine Chaplin dans Cria Cuervos de Carlos Saura.

Juliet Berto est morte en 1990, elle avait 42 ans.

Elles ont aujourd'hui :
Nicole Garcia 64 ans.
Géraldine Chaplin 66 ans
Bulle Ogier 70 ans.
Dominique Labourier 67 ans.

(Ça ne me rajeunit pas non plus;o))

samedi 6 février 2010

Quelques heures de lecture heureuse

Se méprend du tout au tout quiconque fait voeu de taciturnité dans l'espoir d'y trouver un apaisement. Passer des jours et des jours à se taire ne délivre pas de la malédiction de la parole, c'est au contraire la subir avec un surcroît de douleur.
[...]
Sans doute eût-il fallu, pour garder en soi un fond de gaieté, ne rien voir du monde ni entendre qui vienne de son versant le plus sombre, rien que les éclaircies au sommet et la musique parfois d'une ineffable beauté, mais c'est là encore rêver tout haut, car croirait-on avoir occulté l'innommable qu'il bondirait hors de l'ombre pour rentrer le rire dans la gorge.

Louis-René des Forêts, Ostinato.

Relecture, pas vraiment gaie, mais écriture tellement belle et troublante.

Pour sourire, rire et éclater de rire, je suis retournée vers ces pages :

Tout le jour, les basques de leur redingote flottant au vent, Bouvard et Pécuchet surfent sur Wikipédia.

Parfois je m'assieds, le crayon à la main, mais je n'ai pas envie de faire du Chevillard encore; j'attends donc qu'il se lasse d'attendre; c'est alors tantôt du Montaigne qui me vient, tantôt du Proust, du Borges ou du Nabokov; à la fin, tout de même, ma vanité d'auteur reprend le dessus et je signe ces pages de mon nom.

Eric Chevillard, L'autofictif.

Je regarde par la fenêtre derrière mon écran et je me réjouis de voir qu'il fait encore bien jour à 18 h 40! Pensées optimistes d'une banalité affligeante : nous allons vers les beaux jours.

J'ouvre encore ce livre dont je me demande si j'arriverai un jour au bout, mais cela n'a aucune importance, c'est le genre de livre que l'on peut laisser sur sa table de salon des années, on sait que l'on y trouvera toujours quelque chose, juste écrit pour vous, tellement pour vous, que vous pensez l'avoir vous-même écrit quelque part, bien avant de l'avoir lu :

Je voulais écrire sur la mort, mais la vie est intervenue, comme toujours. Je m'aperçois que j'aime questionner les gens sur la mort? Je me suis mis dans la tête que je ne vivrai pas jusqu'à 70 ans. "Supposons, me dis-je l'autre jour, que cette douleur que je ressens à l'endroit du coeur m'étreigne soudain violemment, comme on tord une lavette, et que je meure." Je somnolais, j'étais indifférente et calme, en sorte que je pensais que cela n'aurait pas beaucoup d'importance, excepté pour L. Et puis quelque oiseau de lumière, où le fait de mieux me réveiller me fit soudain désirer vivre - désirer surtout marcher le long du fleuve en observant toutes choses.

Virginia Woolf, Journal Intégral (vendredi 17 février 1922).

Juste se taire après cela, exquise Virginia.

vendredi 5 février 2010

Fin de droits et paupérisation

Oui, le chômeur doit se contenter de nourriture pour chien,
William Saurin, trop bon pour lui.






Ce sujet me tient à coeur. J'ai eu "la chance" de bénéficier de l'ASS (Allocation Spécifique de Solidarité) pendant quelques années, oui c'est incroyable de dire "la chance" (quand il s'agit de vivre avec 450 euros par mois) et quand j'entends aujourd'hui dire que, peut-être, les chômeurs qui arrivent en fin de droits n'auront plus droit à rien juste qu'à crever, je suis révoltée.

L'ASS ne permet que de survivre, de ne pas aller (et encore) fouiller dans les poubelles pour trouver quelques déchets à se mettre sous la dent, quand on a "la chance " (encore elle) d'avoir une famille qui, avec délicatesse, vous apporte quelques conserves et autres nourritures parce que vous ne voulez pas aller aux resto du coeur ou, tout aussi humiliant, à la banque alimentaire. Oui, c'est difficile d'imaginer qu'une ancien salariée, cadre, puisse un jour se retrouver dans cette situation. (Heureusement, aujourd'hui, je ne survis plus, je vis, je revis, je redouble de vie et je n'ai plus le même regard sur les SDF; pourtant, je le sais, j'ai retrouvé mes habitudes de bourgeoise; on ne change pas toute une vie et l'éducation que l'on a reçue reste notre empreinte pour toujours).

Comment vont vivre ces nouveaux chômeurs sans droits, trop vieux pour espérer retrouver un job, même le plus humble? Bien sûr, les chômeurs ne doivent pas vouloir être des assistés permanents, les jeunes doivent mettre toute leur énergie pour trouver un job mais les salariés que l'on licencie à la cinquantaine, ceux-là épuisent rapidement leur énergie devant les refus de employeurs.

Bien sûr, il n'y a pas que les chômeurs qui rament, les artistes aussi, ceux qui tentent de vivre de leur création, sans aucune aide et puis, la liste des injustices serait longue.

Je ne sais pas quelles sont les solutions mais je me sens solidaire des plus démunis.

(Demain j'essaie de trouver des raisons de rire et de sourire... d'ailleurs, aujourd'hui je me suis éclatée sur les greens. Indécence? Sûrement! mais j'ai payé mes années de galère leur pesant de privations et, de fin de droits je suis passée au droit... de vivre, enfin.)

jeudi 4 février 2010

***

Cette fois le couperet est tombé.
Plus de chimio t'a dit l'oncologue, il n'avait pas besoin de rajouter : çà ne servirait plus à rien.
Enfin, c'est ce que tu as compris.
Mais moi je te dis, en pensée, c'est parce que la dernière chimio t'a épuisé, ces séances quasi quotidiennes pendant des mois, alors il préfère tenter une chimio à la maison par médicaments qui va te permettre de te reposer, dans ton sweet home. Tu es si fatigué et buté aussi. Tu t'obstinais à prendre ta voiture pour aller faire tes séances à 15 kms, tu avais le droit de le faire en taxi, remboursé, mais non, tu n'as jamais voulu. Tu étais effrayé quand tu voyais sur tes relevés de la sécu le prix des séances de chimio et tu disais : je coûte déjà assez à la sécu. Mais bordel de merde, qu'est-ce que tu en as à foutre! Ô mon frangin j'ai envie de gueuler, de dégueuler.
Je suis encore émerveillée par tes révoltes, ton sale caractère qui n'a pas changé d'un pouce malgré ta maladie; je pensais que tu allais devenir plus doux, plus tolérant, moins exigeant. Mais non, tu es le même, râlant sans arrêt. Et çà me réjouit, çà veut dire que tu as gardé ton énergie et c'est cette énergie qui va t'empêcher de lâcher le morceau!

Et hier je me suis agacée pour une histoire de stores. Quelle futilité!

mercredi 3 février 2010

Story stores


Il y a des jours... où on devrait rester couché!

Journée crispante et tellement futile, inutile. Mes démarches ont mal tournées.

Le vendeur de stores était nerveux. Je me suis déplacée pour signer sur place le devis, fort cher, qu'il m'avait expédié, après m'être inquiétée sur les mesures des fenêtres qu'il avait indiquées sur ce devis. Ce matin j'ai voulu vérifier et il avait dû occulter les poignées des fenêtres dans ses dimensions; j'ai donc voulu revoir la "chose" avec lui de plus près, avant de signer. Je suis arrivée avec mes dimensions exactes pour la largeur.
J'avais le pressentiment qu'il n'allait pas apprécier; sa nervosité lorsqu'il était venu prendre les mesures et me faire choisir la couleur des lames m'avait déjà inquiétée, alors qu'à ma première visite dans son magasin il était aimable, voire trop aimable, je dirai même obséquieux. J'avais insisté sur ce que je voulais très exactement, il m'avait mis en garde contre des désagréments d'encombrement avec des stores à enroulement pour ouvrir la fenêtre; j'avais donc opté pour les stores vénitiens, plus chers mais bon, c'était lui le pro!
Bref, j'arrive au magasin, sourire aux lèvres pour le mettre à l'aise, je lui annonce une bonne nouvelle, pour lui :
- je suis d'accord pour le montant du devis (je pensais : même si c'est hors de prix, je n'ai pas de bricoleur à la maison) et pour les vénitiens, mais... mais j'ai re-mesuré la largeur et patati et patata, la poignée gnagnagna... - je vois son visage qui se crispe un peu plus (m'en fiche) et je lui demande aussi de me montrer sur place l'encombrement de la tringle (du boîtier). Et soudain je vois un type qui commence à s'énerver bigrement :
- je vous ai dit déjà que que que... (il avait l'air de celui qui parle à une gourde; mon pauvre monsieur si tu savais...)
- oui, mais pouvez-vous me montrer sur un modèle?
et, évidemment, il n'avait rien à me montrer qui correspondait à ce qu'il devait m'installer. Il ne m'a plus laissé en placer une. J'ai craqué et je lui ai dit :
- laissez-moi parler s'il vous plaît (j'ai un peu élevé le ton), vous ne me laissez pas vous expliquer clairement pourquoi je m'interroge; et ce n'est que la largeur qui est à rectifier.
Eh bien non, ce ne fut pas possible de parler calmement :
- mais madame je vous ai dit que çà tomberait à l'aplomb de votre poignée, çà va l'effleurer et patati et patata, impossible de lui faire admettre qu'il fallait un demi centimètre de moins que ce qu'il avait prévu.
Bientôt la bave allait sortir de sa bouche.
Il a fini par me dire sur un ton d'une autorité accablante :
- ok nous mettrons un demi centimètre de moins mais ne venez pas vous plaindre après si le store ne recouvre pas suffisamment la vitre et laisse passer le jour.
M'en fichais du jour, c'était juste pour qu'on ne me voie pas prendre ma douche de la rue, oui oui. Bon d'accord, faut lever la tête pour me voir, mais tout de même!
Mais mon petit bonhomme, ta nervosité m'a laissé pressentir le pire le jour de la pose.

Et je lui ai dit salut!

Incroyable : un devis de 624 euros - pour la fourniture de 4 stores vénitiens largeur 29 cms (oui, il paraît que c'est aussi cher voire plus que du 60 cms, j'ai fait faire trois devis dont un qui était encore plus cher) - que j'étais prête à "aligner". Finalement je vais continuer de prendre ma douche sans stores, rideau de douche tiré. Je déteste tirer mon rideau de douche!

Mais, j'ai une autre solution en tête...