mardi 23 avril 2019

Une relation de cause à effet

Ce matin, je lisais cet article (la jeune mousse s'appelle Eve!), je m'y attardais sans raison particulière, mais peut-être que mon inconscient se remémorait ce film que j'avais beaucoup aimé : VOLONTAIRE, et j'enregistrais même la photo de l'article, ci-dessous, ne me demandez pas pourquoi, peut-être parce que je suis née (il y a très longtemps) à Brest et que la Marine y tient une place forte.
Je pensais aussi - un peu - à la dernière image du film LE CHANT DU LOUP, qui m'a donné quelques frissons (0_0).


Cérémonie de présentation aux drapeaux de l’École de maistrance et de l’École des mousses, sur le campus du centre d’instruction naval (CIN) de Brest. | DR/MARINE NATIONALE

Je précise que je lis la presse via ma tablette (Android) et que j'ai vraiment l'impression avec cette fichue tablette d'être suivie à la trace, c'est très énervant.

Et donc, ce soir, je reçois ça ! par courriel, à mon grand étonnement, avec un fou rire.  Il y avait quelques photos de marins que je ne peux pas reproduire ici.
 
Construisez votre avenir : la Marine nationale recrute 

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plus de 3500 marins,
de niveau 3ème à BAC+5,
âgés de 16 à 30 ans, dans 50 métiers.

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Il serait un peu tard pour m'engager dans la Marine et j'aime trop la liberté pour me plier à une discipline exigeante. Nonobstant, je ne nie pas admirer la prestance de ces marins.

Je lisais ce courriel en rentrant d'une promenade, par grand vent, sur le sentier côtier vers la baie d'Audierne, sans craindre  de faire une chute... j'empruntais le chemin : hardi petit !






mercredi 17 avril 2019

Ô mon Paris, Ô Notre-Dame


Nostalgie







Et voilà ce que j'écrivais  il y a 8 jours, laissé dans mes brouillons :

Dimanche 7 avril, 10 heures

Je consulte les programmes de cinéma ce matin, pas vraiment inspirée par ce qui passe dans ma ville. Si, peut-être : C'est ça l'amour (bonnes critiques).  Je lève la tête,  regarde les nuages et soudain, une folle envie d'aller à Parisd'aller faire la queue au CHAMPO (tiens, je ne savais pas qu'il s'appelait aussi espace Jacques Tati) d'aller manger des scones au Tea-Caddy, de traîner chez Gibert à Saint-Michel, de m'attarder à l'Écume des pages, de prendre un café au Bonaparte à Saint-Germain, de revisiter l'IMA (mais non, pas pour le foot) etc etc. 
Ce n'est plus cinq jours ou une semaine qu'il me faudrait, mais au moins deux ! Et je pourrais alors étreindre mes plus chers amis au moins deux fois.
Il ne faut pas que cela reste une envie,  je veux, je dois y aller.

(Je suis allée voir C'est ça l'amour Un film magnifique de Claire Burger, avec un acteur que je ne connaissais pas, Bouli Lanners qui m'a chamboulée).

mardi 16 avril 2019

L'âme de la cathédrale... un Ange avec quelque brûlure (Sainte-Beuve)






Notre-Dame de Paris s'enflamme, 
le drame 15 avril 2019
(Photos issues du web)

Lettre de Charles-Augustin Sainte-Beuve à Victor Hugo (les liens rompus entre eux sont renoués), il lui parle enfin de son roman* Notre-dame de Paris. Extrait.

Bruxelles,  ce 14 avril 1831

Mon cher ami, j'ai beaucoup pensé à vous depuis mon départ de Paris; [...]
[...]

Oh ! mon ami, je vous le dis d’ici en toute quiétude de cœur, en toute timidité d’âme, en toute plénitude d’effusion, et en étant moi-même, autant que je le puis être, il ne s’est rien brisé d’essentiel entre nous ; l’aigreur qui est venue de moi n’a été qu’à la surface et comme un dépit de maîtresse. Je suis à vous autant que jamais, à vous, homme loyal et fort, à vous, caractère constant et inébranlable, à vous, dont les opinions, même quand je ne les adopte pas, me passent sur la tête et me réduisent à admirer.
Il y a une chose dont j’ai à vous parler ; je ne l’ai pas fait là-bas ; c’est de votre roman*. Mon avis sincère est ceci : j’y distingue 1° l’expression fondamentale, générale, s’appliquant à tout, le style ; 2° la couleur locale, le sentiment historique, la forme architecturale se détachant en saillie et encadrant le reste ; 3° les caractères et personnages qui sont en jeu ; les groupes ou l’action résultant du jeu de ces personnages (pardon de cette sèche analyse, mais c’est pour plus de brièveté). Eh bien, quant au style, je le trouve unique, merveilleux, inventé en tout et pour tout, fin, fort, souple, colossal, opulent. S’il pèche, c’est par excès de qualité en tout sens, et parce qu’il est à trop haute dose tout ce qu’il est. 2° Quant à la couleur historique, merveilleuse encore ! Science, imagination, reconstruction vivante et au point de vue de l’art d’un passé déjà inconnu. – Je n’y trouverais à redire que la saillie excessive de toutes les parties du cadre, et l’absence des intervalles ordinaires et plus prosaïques qui tempèrent l’admiration dans la réalité. L’interprétation fantastique, si chère à l’antiquaire artiste, me paraît aussi l’emporter un peu trop souvent sur l’interprétation pieuse du croyant ou du moins de l’homme qui regrette la croyance – pour préciser, je n’aime pas que vous disiez de Quasimodo qu’il est l’âme de la cathédrale ; l’âme de la cathédrale, même avec sa fantaisie, ses grotesques et son portail hermétique, cette âme, c’eût été, selon moi, un Ange, avec quelque tache peut-être aux pieds ou aux ailes, avec quelque brûlure que lui aurait faite au doigt une étincelle échappée du fourneau de Nicolas Flamel ; mais c’eût été en somme un Ange chrétien, beau, fort, triste et grave dans sa prière éternelle. – 3° Les caractères sont créés et ineffaçables ; le prêtre est sublime de vérité et de profondeur, la petite Esmeralda est une merveille, la mère a des accents à faire pleurer les voix les plus viriles qui les voudraient prononcer. Le seul défaut ici, selon moi, c’est que quelques-uns de ces caractères, tout en tenant toujours par une observation vraie à la nature humaine, tout en se rattachant au tissu de cette nature, en traversent trop fréquemment la trame dans un sens ou dans un autre, dessus et dessous, en féerie ou en grotesque, vers le ciel ou vers l’enfer. Alors vous êtes plus volontiers vertical qu’horizontal par rapport à la trame humaine. – 4° Enfin vient l’action ; tout ce qu’elle a de fort, de dramatique, d’artistement édifié et architecturé, vous pouvez croire que je le sens et que je l’admire. Je ne vous ferai donc que ma critique. Vous rappelez-vous ce soir où je vous priais de nous dire si l’âme de la Esmeralda était sauvée ? Voici ce que j’entendais par là à une époque encore catholique (quoique Luther fût déjà né), avec le dogme de l’enfer et les foudres de l’excommunication à une époque encore féodale (quoique Louis XI y portât déjà la cognée), avec la guerre, la violence, et Montfaucon vous nous avez peint surtout le côté violent, sombre, déchirant, la face lugubre du catholicisme et par laquelle il touchait à la société brutale du dehors : le bûcher, la haine de l’hérétique et du maudit, vis-à-vis du gibet et de la guerre à mort de Louis XI contre les seigneurs ; ceci est bien ; mais n’aurait-il pas fallu pour compléter le tableau, pour illuminer d’en haut l’action, y faire luire le flambeau de foi qui n’était pas éteint alors, l’idée de cette vie éternelle à laquelle tous croyaient ; nous montrer cette espérance consolante du paradis et de la cité de Dieu, non pas en votre propre nom, mais dans les bouches et dans les vœux d’agonie de vos personnages ? En ce sens, je comprends que M. de Lamennais vous ait reproché de n’avoir pas été assez catholique. – Voilà tout ce que j’avais à vous dire en fait de critique ; quant aux éloges, ils ne tariraient pas. Mais comme je ne vous avais pas parlé là-bas de votre livre et que vous saviez combien j’avais dû y penser, je me serais reproché de ne pas vous ouvrir toute ma pensée, comme j’ai fait pour Cromwell, pour Hernani ; d’ailleurs croyez bien que vous ne m’avez jamais paru plus grand, plus fort, plus maître de votre puissance et plus libre de l’appliquer désormais à toutes choses. Mais, je vous supplie, pesez bien dans mes critiques, moins ce qui est particulier à Notre-Dame, que ce qui est général et ce qui touche par quelque point votre système complet d’art ; voyez s’il n’y aurait pas moyen, sans perdre aucune de vos qualités, de réduire à néant toutes nos discussions qui, bien ou mal soutenues, de notre part, doivent porter sur quelque chose de vrai, partant d’admirateurs aussi entiers de votre génie, que nous le sommes, Leroux et moi.
Vous me demanderez ce que je fais ici : rien encore. Je ne suis pas saint-simonien classé, ni ne le serai, soyez tranquille, bien que les aimant beaucoup, et logé dans leur maison. Je ne sais pour combien de temps je suis ici ; il y a des jours où il me prend idée qu’on y pourrait vivre et travailler comme ailleurs. Allez, mon ami, je suis bien vieux déjà ; ma sève ne bouillonne plus ; j’aspire à me reposer et à oublier ; mes cheveux s’éclaircissent par devant ; je ne désire plus grand’chose, j’ai perdu l’habitude d’espérer, et j’ai besoin que ceux à qui j’ai fait mal m’aiment et me pardonnent.
Vous m’écrirez un jour à votre aise et aussi brièvement que vous le voudrez. Je vous aurai peut-être écrit déjà une seconde fois auparavant. Dites-moi comment se porte madame Hugo, assurez-la de mon respectueux et inaltérable souvenir. Tâchez qu’elle aille aux eaux ou à la campagne, son mal n’est qu’un mal d’estomac, une gastrite nerveuse, et il céderait vite au grand air, à la promenade, à la distraction.
Mes amitiés à Leroux, c’est le bon côté de moi-même, qu’il me représente auprès de vous et que son amitié pour vous plaide pour moi. 
Adieu, mon cher ami, travaillez, mais sans trop vous fatiguer. Pressez votre rôle ; il est grand et peut l’être davantage encore, sinon dans les lettres, du moins en politique. À quoi en est l’affaire de la censure ?
Tout et toujours à vous.
Sainte-Beuve
Mes baisers à vos beaux enfants et à ma filleule en particulier.

Mais les liens renoués vont se dénouer et s'ensuit de superbes échanges épistolaires  qu'on peut lire ici.