vendredi 29 mars 2019

***

A 18h58, je le photographiais à travers la vitre, je me demandais ce qu'il butinait là ce bourdon.
J'ai ouvert la porte pour le prendre de plus près, il s'est envolé.



A 22h58, j'ai de la fièvre - enfin je crois -, j'ai les joues en feu mais c'est peut-être la cortisone - premier jour - qui commence à faire des flush et j'ai la migraine. Mais je peux marcher - un peu - à nouveau. Miracle de la cortisone. Vu trois fois ma toubib en  dix jours. J'en ai assez. Assez des examens, assez des radios, assez de la kiné. Je ne veux pas vieillir comme ça.
- Les problèmes s'accumulent en ce moment, me dit-elle.
- Oui, je trouve aussi. J'espère ne pas vous revoir top vite, lui dis-je, même si je vous aime beaucoup (et c'est vrai, elle est merveilleuse).
- Moi aussi je vous aime bien, m'a-t-elle répondu.
En plus, il fait un temps magnifique et je ne peux rien faire. Je contemple le ciel et le bourdon.
J'ai le bourdon.

jeudi 28 mars 2019

Quand tu es par terre, relève-toi (Marc Aurèle, suite)



Marc Aurèle dialogue avec lui-même (ou comment être droit et faire son travail d’Empereur).
Sujet du jour :
"Comment rester droit quand tout s’effondre."

(A réécouter : Les Chemins de la Philosophie).
« Il faut s’habituer à ne penser des choses telles que si l’on te demandait : que penses-tu maintenant, tu puisses répondre sur le champ : ceci et cela, avec franchise. De sorte qu’il sera évident, à partir de tes réponses, que tout en toi est simple, bienveillant, pensé par un vivant sociable qui ne se soucie pas des plaisirs ni, en un mot, de toutes les images érotiques, ni de la gloire, ni de la calomnie, ni des soupçons, ni de tout ce qui te ferait rougir si tu devais dire que c’est à cela que tu penses.
Ne sois pas dégoûté de toi, ne renonce pas, ne t’énerve pas si tu ne fais pas toujours chaque chose à partir des décisions droites. Au contraire quand tu es par terre, relève-toi et reviens, et réjouis-toi si, dans l’ensemble tes actions sont plus dignes de celles d’un homme. Aime ce vers quoi tu retournes et ne reviens pas à la philosophie comme vers une maîtresse d’école ; mais comme ceux qui souffrent des yeux, demande une éponge et un œuf et d’autres, un cataplasme ou une compresse. Souviens-toi aussi que la philosophie est seule à vouloir ce que veut ta nature, et toi tu voulais autre chose qui n’est pas selon la nature.
Ainsi, loin de faire étalage de ton obéissance au logos, tu trouveras en lui le repos.
Mais qu’y a-t-il de plus séduisant que ces choses. N’est-ce pas par là que le plaisir nous fait tomber ? Oui. Mais regarde si la grandeur d’âme, la liberté, la simplicité, la clémence, la piété ne sont pas plus séduisantes. »

Marc Aurèle, Pensées pour moi-même, extraits. Traduction Pierre Vespérini
(Texte retranscrit d'après l'écoute vocale, ponctuation approximative).




"La mélancolie est une maladie de héros." 
Aulu-Gelle

Vivre chaque instant comme si c'était le dernier





Portrait de Marc Aurèle adolescent, type dit « de l'adoption ». 
Département des Antiquités grecques, étrusques et romaines, musée du Louvre.
(Crédit photo : Pierre Selim pour Wikipédia)


« Jette tout, ne garde que peu de choses, et encore souviens-toi que chacun ne vit que dans l’instant présent, dans le moment, le reste c’est le passé ou un obscur avenir. Petite est donc l’étendue de la vie, petit le coin de terre où l’on vit, petite la plus longue renommée dans la postérité, elle dépend de la succession de petits hommes qui vont mourir très vite et qui ne connaissent ni eux-mêmes ni ceux qui sont morts il y a longtemps.

De même que, si un Dieu te disait : tu mourras demain ou tout au plus après-demain, tu n’attacheras pas grande importance à ce que ce soit après-demain plutôt que demain, si du moins tu as quelque noblesse, car qu’est-ce que cet intervalle ? De même ne pense pas qu’il soit important de mourir dans plusieurs années plutôt que demain. Secours vulgaire mais pourtant efficace pour mépriser la mort.

Rappeler à sa mémoire tout ceux qui s’opiniâtrent à rester en vie ; qu’ont-ils de plus que ceux qui sont morts prématurément. De toute manière, les voici gisant quelque part : Cadicianus, Fabius, Julien, Lepidus et pareilles gens qui, après avoir fait partir tant d’hommes sont partis à leur tour.

Au total, c’est une courte durée. A travers combien d’événements, avec quels gens, dans quels corps s’épuise-t-elle ? N’en fais donc pas une affaire.

Regarde en arrière le gouffre du temps et en avant un autre infini. En lui, quelle différence entre trois jours de vie et le triple de la durée de vie de Nestor * ? »

[...]
 
« La durée de la vie humaine ? Un point. Sa substance ? Fuyante. La sensation ? Obscure. Le composé corporelle dans son ensemble ? Prompt à pourrir. L’âme ? Un tourbillon. Le sort ? Difficile à deviner. La réputation ? Incertaine.

Pour résumer, au total, les choses du corps s’écoulent comme un fleuve, les choses de l’âme ne sont que songes et fumées. La vie est une guerre et un séjour étranger, la renommée qu’on laisse, un oubli. Qu’est-ce qui peut la faire supporter ? Une seule chose : la philosophie. Elle consiste à garder son démon intérieur à l’abri des outrages, innocent, supérieur aux plaisirs et aux peines, ne laissant rien au hasard, acceptant les événements et le sort et surtout, attendant une mort propice à la pensée puisqu’elle n’est rien que la dissolution des éléments dont tout être vivant se compose. Mais s’il n’y a rien de redoutable, pourquoi craindrait-on le changement et la dissolution totale, car c’est conforme à la nature. Or nul mal n’est conforme à la nature. »

Marc Aurèle, Pensées pour moi-même.


A écouter sur France Culture, une semaine avec Marc Aurèle dans Les Chemins de la Philosophie.



* (Nestor est un être légendaire qui aurait vécu trois générations).

mardi 26 mars 2019

Dandy ou Excentrique






Salvador Dali avec son ocelot en 1965




"Denis Grozdanovitch opère une distinction entre les deux. D’un côté, il y a les dandys, narcissiques dédaigneux libertaires prêts à tout pour rompre le corset de l’uniformisation et se faire remarquer. De l’autre, les excentriques, qui [...] la suite sur Le Temps.ch

"Les plus grands excentriques ne cherchent pas à apparaître, comme les dandys, mais plutôt à disparaître, cultivant les vertus de l’effacement. C’est la classe infinie d’un Pierre Bonnard. Lorsque Malraux, alors ministre de la Culture, dressait son éloge à l’occasion d’une exposition, le peintre préféra regarder par la fenêtre. «Ce qu’il y a de plus beau dans les musées, ce sont les fenêtres»commenta l’artiste. Une phrase doucement ironique, qui démonte à elle seule tous les discours."

"Trop souvent, au moment même où nous pensons afficher notre originalité, nous cédons à l’uniforme. Et Grozdanovitch de rappeler le mot de l’intellectuel Christopher Lasch: «L’ère actuelle, dite de «l’individualisme», ne marque pas le triomphe, mais l’effondrement de l’individu.»"

*  j'entrais dans la Salle Julia et regardais par les fenêtres (j'aime beaucoup regarder par les fenêtres dans les musées, les châteaux, les bâtiments historiques); en fait, dès lors que je suis enfermée quelque part, je m'évade par la fenêtre. J'ai sans cesse le regard tourné vers l'extérieur; c'est étrange - ou pas - pour une solitaire. Parfois, ce que j'aperçois dehors est en accord avec le lieu où je suis; on pourrait dire : il n'y a pas de fausse note!


Essai

Denis Grozdanovitch, Dandys et excentriques. Les vertiges de la singularité.
Grasset, 383 p.

dimanche 24 mars 2019

Printemps du cinéma

Mardi 19 mars. 

Vers 18 heures, sous un ciel couvert mais lumineux, une mer calme, transparente, avec sa palette de couleurs pastel, l'harmonie était parfaite. Le silence était si intense que le doux bruit du flux et du reflux ne le troublait pas, il l'accompagnait. Je m'imprégnais de cet instant de paix avant ma séance de cinéma à 18 h 30 : Celle que vous croyez avec Juliette Binoche et François Civil (que j'avais vu la veille dans Le chant du loup, il était épatant, je le découvrais); et, Nicole Garcia. Je profitais de ces deux jours du Printemps du Cinéma avec la séance à 4 euros ! Deux films de genres différents : j'ai adoré Le chant du loup (je ne m'y attendais pas) et j'ai aimé Celle que vous croyez (je m'y attendais).


Photos de 18 heures








Photos de 20h30, en sortant du cinéma




Devant ce paysage je restais immobile, de longues minutes. Après tant d'années je ne m'en lassais pas, sous n'importe quel temps, à n'importe quelle heure si, j'avais le privilège d'y être seule...

 Bénodet

Je vous aime ce soir où monte la marée
Bateaux de Bénodet à la voile azurée
Pêcheurs de Loctudy dont les filets d’azur
Se confondent avec la mer et le ciel pur
Cependant que l’Odet bleu comme une prière
Pâlit et que là-bas chaque phare s’éclaire

 
                      L’Odet
Est la plus bleue et la plus claire Rivière
Loin de la guerre atroce et des coups de canon
Bénodet ne sait pas celle-là qu’il préfère
La mer aux mille écueils ou sa tendre rivière
L’Odet plus douce encore que ne sonne son nom

Mais le temps passe il faudra bien que tu t’en ailles
Laissant Quimper et le Comté de Cornouailles


Guillaume Apollinaire – Le Guetteur mélancolique 
(Apollinaire fit quelques séjours en Bretagne en 1916-1917) 

... seule donc... ce ne fut pas le cas ce samedi, ayant dû y revenir pour récupérer mes lunettes oubliées au cinéma ! Mais bon, tout le monde a le droit de venir s'y détendre, s'y promener, quand le printemps est enfin là et avec le soleil.


Photos de samedi 23 mars



Le charme est un tantinet rompu, non ?
(J'exagère ? Pas sûr)

Coïncidence, un ami m'envoyait un texto ce mercredi 20 mars à 19h30 : "Bons baisers face à la mer, depuis la longue plage de La Baule, ma très chère M. Je poursuis ma dernière relecture, bercé par le ressac de souvenirs  d'enfance... Je vous embrasse."  Son ressenti face à la mer, à 19h30, devait être proche du mien, la veille, à 18h30.

Dimanche 24 mars.

Impossible de marcher, douleur vive dans la fesse depuis plusieurs jours. Je pensais que c'était une réaction tardive de ma chute mais non, c'est une sciatique. J'hésitais mais je n'avais que quelques pas à faire pour aller voir cette exposition BOL D'ART :





Eddie Morelle, Artémis

"Artémis, déesse de la chasse et de la nature, 
revient pour protéger le dernier arbre sur terre, 
en ces temps modernes contre la folie des hommes"

J'ai aimé cette sculpture...
"Toutes mes sculptures sont réalisées à partir de déchets. Une bouteille de gaz se métamorphose en masque africain ou hibou , le pot d'échappement en branche d'arbre..."

... et les créations de Emmanuel Pajot ne m'ont pas laissé indifférente :




Souffrance ou Douleur




"Je connaissais mal les femmes, à cette époque. Je les connais toujours mal d'ailleurs. Les hommes aussi. Les animaux aussi. Ce que je connais le moins mal, ce sont mes douleurs."

Samuel Beckett, Premier amour.


Masque tragique sur la façade du héâtre dramatique royal à Stockholm


Bienheureux ceux qui ne connaissent pas la douleur. Existent-ils ?


"La souffrance, ou la douleur au sens large, est une expérience de désagrément et d'aversion liée à un dommage ou à une menace de dommage chez l'individu. La souffrance est l'élément fondamental qui constitue la valence négative des phénomènes affectifs.
La souffrance peut être physique ou mentale, selon qu'elle se rattache principalement à un processus somatique ou psychique dans un organisme. La douleur (comme sensation), la nausée, la détresse respiratoire, et la démangeaison sont des exemples de souffrance physique. L'anxiété, le deuil, la haine, l'ennui sont des exemples de souffrance mentale. L'intensité de la souffrance peut présenter tous les degrés, depuis l’anodin négligeable jusqu’à l’atroce insupportable. En même temps que l’intensité, deux autres facteurs sont souvent pris en considération, la durée et la fréquence d’occurrence. L'attitude des individus envers la souffrance peut varier énormément, selon la mesure où, estiment-ils, elle est légère ou sévère, évitable ou inévitable, utile ou inutile, méritée ou imméritée, choisie ou non voulue, acceptable ou inacceptable, de conséquences mineures ou graves. 

Les mots douleur et souffrance peuvent prêter à confusion et demander une attention particulière."
 
(Wikipédia, lire la suite)

vendredi 15 mars 2019

Ce n'est pas demain que je vais avoir une antenne implantée dans le crâne et...

... que je vais pouvoir jouer au golf; même sans fracture ! Hein tonton ?



Grip overlapping
(C'est mon grip pour tenir mon club.
Pas étonnant que mon auriculaire soit complètement déformé)

Maintenant, quand vous allez faire une radio, on vous remet le compte-rendu mais pas question de voir le radiologue. On se demande d'ailleurs si c'est bien lui qui a fait ce compte-rendu quand, en bas de celui-ci est indiqué sous le nom du radiologue :"Document signé électroniquement". Pfff ! Donc, vous n'avez pas de fracture (tant mieux, pas de plâtre) mais vous restez avec votre douleur, qui vous handicape pas mal. Il faudrait revoir le toubib pour savoir pourquoi la douleur perdure. Plus je vieillis et moins j'ai envie d'aller voir les médecins. Une invitation, avec cette nouvelle médecine, à l'automédication. Prendre des antalgiques pour soulager la douleur, passer chez le pharmacien qui m'a proposé des emplâtres imbibés d'antiinflammatoire (j'ai acheté),  jeter un coup d’œil sur Internet pour se renseigner.  Marre. Marre de tout. Marre aussi du ciel gris, du vent, du crachin.

Et mes mains, tu les aimes mes mains ? Sans chair ni vieille peau, elles font leur petit effet non? Tsss!




Et là, je me marre ! Autre sujet :  ma toubib me prescrit une IRM de contrôle pour "bilan de vertiges et migraines" (migraines quotidiennes dès le réveil). Pas de rendez-vous possible avant le mois d'août. Je dis : merci à la secrétaire en précisant que je rappellerai plus tard. Non mais ! J'ai le temps de mourir d'ici-là d'un AVC ou d'autre chose de cérébral, ou de devenir un légume et, si rien ne se passe d'ici le mois d'août, c'est que ça va bien, alors pourquoi aller subir en août (nous sommes en mars) ces marteaux-piqueurs dans mes oreilles déjà lésées. Basta ! Marre de la médecine. Je ne suis plus patiente

.../...
Il est temps que je me remette à lire. A lire des choses que j'aime : Journaux intimes, Correspondances. En ce moment, lecture de textes sur Beyrouth de Richard Millet, un petit livre acheté d'occasion. Un joli tirage sur du beau papier aux Éditions du Champ Vallon, collection "des villes", 1987.

"C'est à peine si je reconnais la ville. j'ai sous les yeux deux photographies nocturnes de Beyrouth. [...]  
Je ne la retrouve qu'en songe, ou dans les paroles des Beyrouthins exilés - dans le grain de voix qui savent mêler la douceur à une extrême décence, façon de signifier le désespoir."
Pourquoi ce livre a retenu mon attention? Par son auteur (souvent mal aimé), dont j'aime l'écriture et par son titre, Beyrouth. L'été dernier, j'ai vu une exposition d'un artiste-peintre, Paul Bloas dont quelques œuvres m'ont intéressée, et particulièrement celle représentant un homme, géant (titan), un vautour au-dessus de la tête, elle figura sur un mur du centre ville à Beyrouth en 1992. J'aimais le mouvement de l'homme et la vision du vautour, une figuration à la limite de l’abstraction, dans des couleurs ocres rouges. Elle ressemblait à celles ci-dessous mais c'en était une autre :


https://static.wixstatic.com/media/002cdd_4b225d4f9f074589a5d6d97ac1c180e9.jpg/v1/fill/w_332,h_478,al_c,q_90,usm_0.66_1.00_0.01/002cdd_4b225d4f9f074589a5d6d97ac1c180e9.webp




Et voilà comment, par association d'idées, des livres entrent dans ma bibliothèque.

.../...

Autre sujet : aujourd'hui, j'ai bien aimé les slogans de la jeunesse qui se mobilise pour le climat et la planète ! Vu dans le quotidien suisse Le Temps  :



(J'ai balancé mon Nutella cet été. Hop ! à la poubelle, après qu'un ami m'a dit : laisse-le fondre au soleil et tu verras le liquide gras au-dessus de la pâte à tartiner. Je l'ai fait, je l'ai vu, ça m'a suffi).

(Cliquer puis afficher pour agrandir)

Cet après-midi, dans Quimper, de nombreux lycéens, étudiants manifestaient et, je fus très surprise de voir des groupes munis de grands sacs plastiques ramasser les mégots et autres détritus sur les trottoirs. Bigre ! Que voilà une belle manifestation, pacifique, qui joint le geste aux idées. Bravo les jeunes !


Photo Ouest-France


Hier, vu un reportage incroyable, une "truc de ouf". Un homme, jeune, s'est fait implanté une antenne dans le crâne, Neil Harbisson. Ça ne lui pose pas de problème, sauf pour passer la douane quand il voyage.  Lire l'article, ça sera plus clair. Là, il me faudrait une antenne quelque part pour tenir le coup, je suis dépassée mais fascinée. Dis papa, tu n'en reviendrais pas de tout ce qui se passe en 2019, toi qui nous disais déjà dans les années 60 en voyant à la télévision le premier homme sur la lune (Amstrong en 1966) : vous, vous verrez des chose EXTRAORDINAIRES EN L'AN 2000. Tu n'en reviendrais pas. Et ce n'est que le début. Heureusement que je vais mourir bientôt, je n'arrive plus à suivre.

vendredi 8 mars 2019

La chute

8 février - 8 mars.
Un mois. Rien.
Angoisse, anxiété, stress, vertiges. Puis...

Chute, renversée par un jeune cycliste, je courais sous la pluie pour aller au cinéma voir Celle que vous croyez, j'étais en retard; il arrivait rapidement, il tournait la tête sans me voir, il ne m'a pas vue, il m'a entendu crier,  sa roue avant sur moi, je tombais violemment sur le dos, il dérapa, tomba à son tour, attrapa ma grande écharpe pour retenir ma tête.  La place de la fontaine était vide. Il était bouleversé il m'avait renversée. J'étais choquée, mon dos semblait intact et ma tête aussi. Il répétait sans cesse : ça va ? Ça va ? Il m'aida à me relever, je lui dis ça va. Je tremblais, en tombant j'avais pensé au pire : fractures épaule, hanche, colonne vertébrale et je me suis mise à pleurer, j'avais du mal à me relever. Ma fesse était douloureuse. Il m'a fait asseoir sur le bord d'une vitrine, nous étions dans le centre ville piétonnier. La commerçante est sortie du magasin et m'a demandé si je voulais aller à l'hôpital.  Surtout pas lui ai-je dit. J'avais seulement très mal à la main droite, la pluie s'était arrêtée.  Je dis : non merci, ça ira. Le jeune homme était vraiment contrarié, j'avais le sentiment que c'était plus de ma faute que de la sienne... Il voulait me raccompagner, je le remerciai mais lui dis de ne pas s'inquiéter  que c'était aussi de ma faute et qu'il avait bien fait d'attraper mon écharpe pour protéger ma tête du choc.
Je suis rentrée chez moi en bus et là j'ai senti la douleur vive de ma main en serrant le pouce pour me tenir dans ce fichu bus qui freinait brutalement (souvenir) mais là je n'avais pas envie de rigoler. J'avais la tête lourde, encore envie de pleurer et comme une idiote je pensais que je n'allais pas pouvoir jouer au golf si mon pouce était cassé.  Je tâtais la poche arrière de mon pantalon, ma médaille de l'ADMD" ne pas réanimer" était toujours là.
Je me demande encore pourquoi je n'avais pas pu l'éviter,  il tenait son guidon et moi j'avais la tête dans le guidon ! 
Radio prévue lundi, une semaine après la chute. Depuis, je fais tout ce que je peux au cas où il y aurait fracture et plâtre. Pour le moment je peux conduire,  passer les  vitesses avec la paume de la main ça va, sauf la première et la seconde me font mal, je m'aide avec la main gauche. Il y a trois ans je  voulais changer de voiture justement pour avoir les vitesses automatiques, au cas où ce genre de truc m'arriverait.  Et puis je ne l'ai pas fait et maintenant je vais la garder jusqu'à... la fin. Amen !

Aujourd'hui, cinéma, cette fois  j'étais en avance sur l'heure de la séance, hum!. vu Grâce à Dieu. Effrayant, excellent film de François Ozon.


"S'attendre au pire, à quelque chose de pis que la chute, tout en chutant, c'était un peu la conception que j'avais de la vie."  
Christian Oster, Mon grand appartement.