vendredi 31 août 2018

Coups de coeur du jour



Jean Fautrier (1898-1964)
Matière et lumière 




Jean Fautrier, Poissons, 1926/1927 (?)




Jean Fautrier, Les pommes (Le jour et la nuit),
1940-1943




Jean Fautrier, Reclining woman IV


© ADAGP, Paris and DACS, London 2018
 



"«Un peintre, notait André Malraux, qui a pour adversaire beaucoup de peintres, pour admirateurs la plupart des poètes. » Jean Fautrier a créé dès les années vingt une peinture qu'on a pu qualifier de « figuration informelle » - ce qui pourrait frôler le paradoxe. Règne de la matière, ses gros empâtements sur papier marouflé ou sur toile donnent à sentir l'épaisseur de la substance mais sans mimer sa forme. Francis Ponge, l'un de ses plus constants admirateurs, qui l'estime le peintre « le plus révolutionnaire du monde à ma connaissance depuis Picasso », écrit : « Chacun de ses tableaux s'ajoute à la réalité avec vivacité, résolution, naturel. » S'ajoute : ne la reproduit pas."
Source
" Le monde de Jean Fautrier ? « Excessif, monstrueux, violent, comme abusif, où les poires sont plus grandes que les poires, et les fleurs plus convulsées que des fleurs », écrit Jean Paulhan en 1962. La citation figure dans le catalogue de l'exposition que le musée d'art moderne de la Ville de Paris (Mamvp) consacre à la donation du marchand et collectionneur Michael Werner. Un demi-siècle après la formule de Jean Paulhan, l'exposition (lire Le Quotidien de l'Art du 5 octobre 2012) braque à nouveau les projecteurs sur l'artiste (1898-1964). Le début du parcours déroule des oeuvres peintes, dessinées ou sculptées, telle une mini-rétrospective « Fautrier » : Fruits dans un compotier et fleurs (1939) ; Fleurs noires (1926), comme un pâle feu d'artifices dans la nuit ; Les Yeux, bronze de 1940 ; nus en arabesques et oeuvres abstraites comme Terre d'Espagne (1956). Werner avoue volontiers que la découverte du fondateur de l'art informel à Paris fut pour lui un déclic pour s'ouvrir à la modernité et bâtir sa formidable collection."
Source

dimanche 12 août 2018

Suite...

Les petits oiseaux ce matin picorant sous la pluie, me réjouissaient.
A midi, j'entendis une pie crier comme une folle. J'allais sur la terrasse pour la chasser. Je l'entendis à nouveau; son cri , son excitation m'intriguèrent. Je retournai sur la terrasse. Que vois-je ? Un oiseau superbe. Je ne prends pas le temps de l'observer, je vais chercher mon appareil photo en marchant sur des oeufs, priant pour qu'il ne bouge pas. Je reviens sans faire de bruit, l'oiseau me regarde de son oeil fixe. C'est alors que j'aperçois le petit oiseau entre ses pattes, déjà déplumé et dépecé.  Clic clac, la photo est faite.  C'est un rapace et probablement une buse. En pleine ville ! 
Mes pauvres petits moineaux, je ne vais plus pouvoir les nourrir s'ils attirent les rapaces. C'était un test que je faisais depuis quelques jours; j'avais même acheté des graines pour les oiseaux de la nature. Ils me tenaient compagnie pendant que je prenais mon petit déjeuner sur la terrasse.
En essayant de m'approcher la buse s'est envolée, sa proie entre les pattes.

Je ne souhaite pas voir les oiseaux déchiquetés par des prédateurs sous mon nez. .. même s'il y a une certaine beauté dans cette sauvagerie.


(Cliquer pour agrandir, clic droit pour afficher)

"Le vieillard les nourrit au seuil de sa maison"


Samedi 4 août





Dimanche 12 août



Pluie d'été - 
Les moineaux picorent
Mes yeux pétillent. 

Les oiseaux

Orchestre du Très-Haut, bardes de ses louanges,
Ils chantent à l'été des notes de bonheur ;
Ils parcourent les airs avec des ailes d'anges
Échappés tout joyeux des jardins du Seigneur.

Tant que durent les fleurs, tant que l'épi qu'on coupe
Laisse tomber un grain sur les sillons jaunis,
Tant que le rude hiver n'a pas gelé la coupe
Où leurs pieds vont poser comme aux bords de leurs nids,

Ils remplissent le ciel de musique et de joie :
La jeune fille embaume et verdit leur prison,
L'enfant passe la main sur leur duvet de soie,
Le vieillard les nourrit au seuil de sa maison.

[...]

Alphonse de Lamartine




jeudi 9 août 2018

Quand vieillesse rime avec allégresse...

... malgré son horreur de la vieillesse !



"Je me demande chaque matin où est la vérité : dans le miroir de ma salle de bains où je suis à faire peur, ou dans celui de ma chambre, beaucoup plus flatteur... Si les glaces n'existaient pas, je serais sûre d'être ravissante!"

"A bord du Saint Patrick. Nous sommes partis, Kurt et moi, par calme plat, ciel pâle, petit soleil. Mais ce matin on a "essuyé" un bon coup de torchon. Ce matin, vent force 5.
Au petit déjeuner, en changeant de main pour ouvrir un pot récalcitrant, je me suis surprise à penser : "Bah, je n'aurai qu'à utiliser mon pouce droit au lieu du gauche. Ce n'est pas trop grave, vu le temps qui me reste à vivre..." Il y a dix ans, ou plutôt quinze, j'aurais tenté quelque chose. Mais à soixante ans sonnés, je peux me débrouiller avec un pouce faible. Drôle, comme ça m'indiffère. Est-ce parce que je renonce à plaire? Parce que je plais à Kurt, avec ou sans pouce efficace?
Paul, retenu à l’Élysée, m'a dit : "Embrasse l'Irlande pour moi", mesurant en le disant que j'allais embrasser effectivement, mais pas forcément l'Irlande! Il est heureux et il se fait valoriser dans une autre famille, celle de Mitterrand, où il se sent sans doute plus rare, plus précieux, plus choyé. En tout cas, plus important. Je ne regrette pas de ne pas y être : je n'aime pas tellement l’atmosphère rituelle et patriarcale que Mitterrand fait régner, entouré de femmes moins intelligentes que lui (et que moi!) et qui assurent l'intendance et la claque." *

"Il y a surtout que je me bats pour ne pas devenir bossue, percluse, douloureuse." **

"La vieillesse ? Un sujet terrible, parce qu'on en meurt à tous les coups. C'est un voyage sans retour et on avance en terre incognita. On peut écrire son expérience après un cancer, la déportation, mais pour la vieillesse, il faut être descendue dans ses bas-fonds pour pouvoir écrire valablement. Mais alors, elle aussi est entrée en vous et vous rend, peu à peu, incapable de l'appréhender. Et pourtant,  ce sera le sujet de mon prochain livre! Mais je veux écrire un livre tonique, sarcastique, et qui se terminera bien puisque mon héroïne décidera, le jour venu, de tirer sa révérence!" ***

"Désormais, je n'ignore plus que la mort est tapie non loin, guettant ses proies sous ses paupières de crocodile qui ne dort jamais. Par quelle grâce parvient-on à l'oublier? Par quels stratagèmes réussit-on encore à jouir de la beauté du monde, du bonheur d'écrire et du plaisir de réveiller chaque matin?
Il faut se garder d'approfondir la question. Un malheur est si vite arrivé..." ***

Benoîte Groult, in Journal d'Irlande, Carnets de pêche et d'amour, 1977-2003, éditions Grasset, 2018

9 juin1981, Benoîte avait 61 ans.
**  6 août 1990, Benoîte avait 70 ans.
*** 1er octobre et 7 octobre 2003, Benoîte avait 83 ans

"Le dernier projet d’écrivaine * de Benoîte Groult était de publier son  « Journal d’Irlande ». Elle avait l’intention d’entrecroiser ses « Carnets de pêche » en Irlande où elle avait passé plus de vingt étés avec son mari Paul Guimard, et les passages de son Journal intime tenu conjointement. Elle avait commencé ce travail d’orfèvrerie littéraire, que la maladie et la mort l’ont empêchée de mener à son terme. C’est sa fille Blandine qui a choisi de mettre ses pas dans ceux de sa mère pour lui rendre le plus beau des hommages en la faisant revivre à travers ce livre posthume établi selon sa volonté.
Le livre se présente comme un Journal tenu durant vingt-six étés, rythmé par une quadruple dramaturgie : l’installation en Irlande, la maison que Benoîte et Paul y achètent, la vie locale avec ses figures pittoresques, la passion de la pêche, de la mer, du bateau, des produits de la pêche à cuisiner, etc.  L’expérience sans fard du trio amoureux dont la matière a donné lieu à la transposition fictionnelle de son best-seller Les vaisseaux du cœur  : Benoîte tiraillée entre son mari Paul Guimard et Kurt, l’amant américain rencontré en 1945 et retrouvé dans les années 60. Elle s’éloigne de Paul sans parvenir à le quitter tandis que Kurt espérera en vain qu’elle divorce pour lui. Les visiteurs de l’été dont elle dresse un portrait saisissant de justesse et, parfois, de rosserie  : ses filles et leurs maris, les amis de passage (François Mitterrand, Régis Debray, les Badinter, Tabarly, les Fasquelle…)  Le temps qui passe pour une femme qui se sent vieillir et qui vit un amour platonique avec un mari de son âge et un amour charnel avec un amant plus âgé qu’elle. Benoîte a 57 ans quand elle commence ce Journal et 83 ans quand il s’achève."
(Source)
 * (J'ai barré le "e" de écrivaine. Je n'adhère pas à la féminisation des mots). 
C'est un livre magnifique, de vie, d'amour, de liberté. Quelle femme ! Heureusement qu'elle n'a pas appuyé sur La touche étoile mais si elle avait voulu le faire, il était trop tard. Alzheimer ne prévient jamais. Ne pas attendre trop tard... restera mon credo !

"Agnostique tendance mystique"...

Ce n'est pas  la seule formule qui me rapproche de cet homme. 
Une heure avec lui, c'est trop court.
Ce midi, j'ai déjeuné avec lui. (Avec eux).
Jubilation.



dimanche 5 août 2018

Canicule : attention patounes fragiles




Autriche: chaussons pour chiens -
A Vienne, des chiens policiers chargés d'assurer la sécurité d'un tournoi de beach-volley, et à ce titre amenés à patrouiller longuement sur des surfaces brûlantes, ont été équipés de chaussons spéciaux destinés à préserver leurs coussinets, a indiqué la police
Alors que le thermomètre devait marquer jusqu’à 34°C à Vienne samedi, la température des surfaces exposées au soleil peut facilement dépasser les 50°C, a relevé la police.
La police de Vienne recommande la règle des 5 secondes  : mettez le dos de votre main pendant cinq secondes sur l'asphalte, si ça brûle, évitez les promenades sur la route ou sur l'asphalte ou faites porter des chaussons aux grands chiens et portez les plus petits chiens dans vos bras.

samedi 4 août 2018

Contempler, s'émerveiller 2

Mercredi 1er août.


La chaleur est étouffante dans la ville. 
Une heure de golf le matin, le temps d'être en nage.
Vite, aller au bord de la mer manger des moules. Sentir un peu d'air frais. Vite dit : de l'air chaud. Mais de l'air !



T-shirt rayé, c'est sûr, on est en Bretagne

Je changeais d'air et trois kilomètres plus loin, la campagne, son silence. Bingo ! la chapelle était ouverte. J'aime cet endroit, son petit ruisseau, son environnement champêtre à côté du cimetière et surtout son silence. Pas-un-bruit ! J'avais oublié ce qu'était le silence.* Même pas un oiseau, le grand silence pour une sieste bienheureuse. Je leur volais leur sieste, j'enviais leur béatitude. Je crois pourtant que je préférais ma solitude



"Ancienne paroisse du diocèse de Cornouaille, nichée dans un hameau verdoyant entre le bourg et l'océan, Lababan a été rattachée à la paroisse de Pouldreuzic en 1827. Construit à la fin du XIIIe siècle, l'édifice a bénéficié d'agrandissements aux XVe et XVIe et jusqu'au XIXe siècle."





J'entrais dans la chapelle l'église; je préfère dire chapelle, le son est plus doux. C'est une petite église, belle comme une chapelle. Cela dit, c'est bien une église et dans l'église il y a deux chapelles. J'étais seule, merveilleusement seule. C'était étrange ce bien-être que je ressentais ici; je n'ai foi en aucune religion, non, c'est la beauté du lieu qui me saisissait dans sa simplicité. C'est un sentiment que j'éprouve quand j'entre dans une chapelle ou une (petite) église. Je me souviens...






J'entendis un chuchotement, les bienheureux dormeurs venaient d'entrer. Sieste terminée, leur béatitude se poursuivait. Ils ne prenaient pas de photos, eux, ils n'étaient pas futiles; ils regardaient avec attention les vitraux, s'y attardaient. Puis, revenaient vers la chaire.





 Bannière de Sant Paban
(photo floue)





Je me renseignais (après ma visite) auprès du jardinier du cimetière pourquoi le village et l'église s'appelait Lababan alors que dans l'église le saint s'appelait Sant Paban ? Il me dit  que Lababan en breton se disait Sant Paban. Je n'étais pas sûre qu'il connaisse vraiment la réponse à ma question. Peut-être une réponse ici.

Je m'attardais aussi sur une autre verrière et remarquais cette vanité (tête de mort). Quelle signification avait-elle? Et ces trois dés là-haut?


Cette verrière de l'église de Lababan a été réalisée en 1573, l'inscription faisant foi. Suivant la tradition orale de ceux qui nous ont précédés, elle aurait eu pour modèle celle de La Martyre datant de 1535.



Vanité, en bas à gauche vitrail de droite


Sant Korentin, Sant Paban


Ce silence me rappelait celui de la forêt dont parlait Christian Bobin dans l'émission de la RTS que j'avais écoutée le matin. Une délicieuse promenade en compagnie de l'auteur, qui sait, lui aussi : contempler, s'émerveiller.