samedi 31 août 2013

Ce qui comptait ce n'était pas de posséder, c'était de faire partie de l'existence




"Il faut toujours connaître les limites du possible.
Pas pour s'arrêter, mais pour tenter l'impossible
dans les meilleures conditions."

Romain Gary

"Il fit la face nord du Triolet et l'éperon des Droites en solo. Il aurait pu trouver un compagnon de cordée; tout le monde aurait sauté sur l'occasion. Mais non : il quittait Chamonix seul et c'était seul qu'il grimpait.
La face nord du Triolet est une grande course glaciaire où la paroi rocheuse disparaît sur près de 800 mètres sous le glacier en cascade qui la recouvre.
Rand partit tôt ce jour-là. [...] Seul le crissement des crampons brisait le silence. Il progressait méthodiquement, un piolet à chaque main, bientôt prisonnier du rythme de ses gestes. L'idée qu'il pourrait glisser - et il aurait alors dévalé la pente lisse comme une surface de verre - ne lui vint à l'esprit qu'au sommet où il avait déjà atteint une altitude élevée. Et lui vint d'une étrange manière. Il faisait une pause, les pointes de ses crampons enfoncées d'un bon centimètre dans la glace. Un centimètre d'assurance suffisante. Quand il en prit conscience, il fut envahi d'une sorte de félicité. Jamais il ne s'était senti aussi invulnérable. Comme si la montagne l'avait ordonné et qu'il eût accepté le sacrement.
Tenu par une dérisoire pointe de métal, il se sentait heureux, maître de toutes les difficultés, de toutes les terreurs. C'est ce que l'on doit éprouver à l'instant fatal, songea-t-il avec un certain malaise. Un ultime élan de joie avant la fin. Il jeta un coup d'oeil en bas. La pente était vertigineuse.
[...]
[...] Il pensa à Bray et, l'espace d'un instant, il eut le sentiment que l'Anglais était là. Ces pics solitaires, ces courses appartenaient à Bray qui existait en eux. Mort, les os rompus, il était toujours présent. Il n'avait pas vraiment disparu, il avait seulement quitté la scène. Toute cette journée, la sensation de triompher au passage du surplomb, le panorama incomparable qui s'offre au sommet, tout appelait le souvenir de Bray.
On le voyait souvent passer, sac au dos, un rouleau de corde à l'épaule. "Je vais me balader", disait-il. Le matin, il se réveillait au milieu d'une forêt de pics d'une blancheur inouïe qui montait à l'assaut d'un ciel de silence.
Il m'est arrivé un drôle de truc, écrivit-il à Cabot. Je n'ai absolument plus peur de la mort. Ces temps-ci, je ne fais plus que des randonnées en solo. J'ai fait la face N du Triolet et le Couturier à la Verte. Fantastique. Je ne peux pas t'expliquer. Quoi de neuf aux States? Où as-tu été?
Ce n'était pas seulement la solitude qui l'avait métamorphosé : son optique avait changé. Ce qui comptait ce n'était pas de posséder, c'était de faire partie de l'existence. Il connaissait toujours l'angoisse qui accompagne les ascensions périlleuses mais elle avait pris une autre forme : celle d'une rançon qu'il payait de bon cœur. Une secrète allégresse l'habitait. Il n'était jaloux de personne; ni arrogant ni timide."

Pages 192 - 193 - 194.


Gare du Montenvers 1913 m.





"Au Montenvers, Rand, silhouette solitaire que déformait le sac à dos, descendit dans la cuvette du glacier. Des néophytes s'entraînaient à marcher sur la glace; ici et là des cordées s'éloignaient ou revenaient. Peu à peu, il les distança tous. [...] A midi, il avait commencé à gravir le glacier de Leschaux, il s'arrêtait pour prendre un peu de repos.
Plus tard, d'aucuns prétendront qu'il leur avait paru différent mais c'était un changement malaisé à définir. Il avait les cheveux un peu plus en désordre, comme s'il se souciait moins de son apparence. Son ardeur s'était émoussée. On s'attendait à le voir s'arrêter au refuge de Leschaux mais ce n'était pas là qu'il avait l'intention d'aller? Il continua l'ascension solitaire du glacier.
Il n'avait pas prêté jusque-là attention à ce qu'il y avait devant lui mais plus il avançait, plus il avait conscience d'une présence dans le ciel. Il la sentait comme on devine la mer à des kilomètres de distance. [...]
Enfin, il s'arrêta et leva la tête.
Le pilier culminant des Grandes Jorasses, tout noir entre les plaques de neige qui l'enserrent, dressait presque d'un seul tenant sa masse à l'assaut du ciel. Le soleil en illuminait le socle. Plus haut, il était presque noir.
Un visage est perpétuellement mobile mais il arrive un moment où il semble acquérir sa perfection ultime. Il a conquis sa vérité définitive, il est devenu inaltérable. Ainsi en allait-il du visage levé de Rand, ce jour-là. Il avait trente ans - trente et un pour être précis - et son courage était sans faille. Au dessus de lui, l'élan de pierre de la pointe Walker."

Pages 252 - 253. 

James Salter, in L'homme des hautes solitudes, éditions des Deux Terres, 2003.

Je ne connaissais pas l'écrivain James Salter. J'avais entendu parler d'un de ses romans : Un bonheur parfait, sur France Culture cet été et ce qu'on en disait m'a donné envie de le découvrir. A la bibliothèque, je n'ai trouvé que L'homme des hautes solitudes.  La 4e de couverture a suffit pour me décider à l'emprunter puisque ça parlait de Chamonix, de la montagne et des alpinistes que j'ai toujours admirés.

Mais ce livre parle aussi de la solitude de l'homme. Je ne pouvais qu'être conquise. Et puis, tous ces noms m'évoquaient et ravivaient tellement de souvenirs de Chamonix : La mer de glace, Le Montenvers, les Grandes Jorasses, l'Aiguille du Midi, le Mont Blanc et ces grandes figures de montagnards-alpinistes que j'avais "approchés" au Musée alpin, morts - pour la plupart - de leur passion pour l'ascension.

Je ne sais pas vraiment pourquoi j'aime autant la montagne; je m'y sens bien, je ne m'y aventure pas vraiment, je laisse cela aux passionnés, aux expérimentés, à ceux qui s'y risquent par amour, mais j'aime la sentir là, l'approcher, du haut de mon moi minuscule, de ma solitude. Elle me remet à ma place. Et quand les nuages recouvrent les sommets comme sur la photo ci-dessous, elle prend toute sa puissance, sa beauté, son mystère, son invincibilité. Comme je comprends "la secrète allégresse qui habitait" Rand.




N'ayant pas trouvé Un bonheur parfait à la bibliothèque, je viens de l'acheter (en poche, collection Points) ainsi que Une vie à brûler, son autobiographie.



 



 A droite, Emile Rey dit "Le prince des guides" 1846-1895
Courmayeur/Italie
Aiguille noire de Peuterey, 1885
Aiguille blanche, 1887
Arrête de Peuterey au Mont Blanc.



A gauche, Franz Lochmatter 
Guide
1878-1933
Suisse
Première ascension de l'arête Est du Plan,
avec son client  V.J.E. Ryan, 1906.

Au centre, Joseph Ravanel dit "Le rouge"
1869-1931
Chamonix/France
Premières dans les aiguilles de Chamonix.
De 1901 à 1906 : aiguilles Blaitière, Fou, Peigne, Ciseaux.
Traversée du Grand Charmoz, Dent du Caiman.



 Edward Whymper 1840-1911
Grande Bretagne
Première ascension du Cervin avec Michel Croz,
14 juillet 1865

A gauche, Michel-Auguste Croz dit "le Prince des Guides"
1830-1865
Le Tour - Vallée de Chamonix, France
Première ascension du Cervin avec Edward Whymper
14 juillet 1865



On voit mieux Michel Croz sur la photo ( voir plus haut, à gauche) avec Emile Rey






A gauche, Patrick Bérhault, surnommé "Bérobocop" ou "E.T."
1957-2004
Grande traversée des Alpes  (août 2000 à février 2001) 167 jours,
22 sommets et voies majeures.

1944
Tyrol/Italie
Premier homme à avoir gravi tous les 8000 de la planète.
Première ascension sans oxygène de l'Everest, 1978.
(Toujours en vie).


(Photos personnelles prises à Chamonix, au Musée alpin en mai 2012
et lors de mes balades en mai 2011).




jeudi 29 août 2013

La France et les Français vus de l'étranger

 http://1.im6.fr/photo/01A9010F03746926-photo-papier.jpg
 
Je buvais du petit lait ce matin en écoutant la Revue de presse internationale, à l'heure de mon petit déjeuner et de mon thé, sans lait. En titre de cette revue de presse : Les Français vont mal (enfin, presque...).

Un lecteur écrit dans le Wall Street  : 
 
"Çà y est, j'ai enfin compris pourquoi les Français mettent du papier peint partout, même sur les portes. C'est pour camoufler les fissures, c'est un vrai cache-misère..."
 

Dans le New York Times, un journaliste écrit : 

« Les Français pensent trop », cela les empêche d'être heureux. « Ils prennent plus d'antidépresseurs que la moyenne européenne, ils se suicident davantage. Ils se font plomber par les taxes, les questions migratoires, les scandales politiques »,  ils « jalousent l'Allemagne », ils en ont marre de la stagnation, du temps pourri qui leur a volé le printemps... « Il faut juste qu'ils comprennent que ce n'est pas la fin du monde, mais la fin d'un monde. »

Et toujours dans le New York Times, une petite note optimiste par René Cohen, l'éditorialiste Anglais du journal :
 
"La morosité des français, ce n'est pas tant un coup de blues qu'un « état permanent qui nous permet d'aborder le réel avec pragmatisme »
« Dites à un français qu'il fait beau, il vous dira que ça ne peut pas durer. Dites lui qu'il fait chaud, et il vous dira que ça veut dire qu'un orage approche ». La morosité, reprend le journal, « ce n'est qu'un petit travers dans un pays où la médecine est bonne, où l'éducation fonctionne encore, un pays d'une immense beauté » ...  avant de conclure qu'il « vaut mieux être malheureux qu'hypocrite, écœuré que naïf, et qu'il vaut assurément mieux être maussade qu'imbécile."


 

mercredi 28 août 2013

"Une désespérance au-delà de la désespérance"

Vendredi, je l'ai accompagnée chez le médecin. Je n'allais pas lui parler de mon Trou en un alors qu'un grand vide s'est installé en elle.  En fait mon apéritif-dinatoire au Café de la Cale après cette visite, c'était pour décompresser bien plus que pour fêter mon trou en un!
Samedi, dimanche, nous avons dû échanger une cinquantaine de textos. Son angoisse augmentait d'heure en heure. Lundi elle était à son comble, le lendemain elle avait son rendez-vous... 
Mardi matin, donc hier, je l'ai accompagnée chez le spécialiste; j'ai assisté à la consultation, à sa demande. Je n'ai rien eu à dire : elle a presque tout dit, très clairement. J'étais étonnée de son calme, elle s'exprimait parfaitement. Lui, le spécialiste, a tout compris au quart de tour.
Je suis désemparée.
C'est mon Bezo.
Avant de rentrer je lui ai proposé d'aller acheter son gâteau préféré chez Philomène pour notre café. Je n'ai plus envie de gâteaux m'a-t-elle dit. Elle, si gourmande, c'est qu'elle va vraiment mal.
Dans la voiture elle m'a assaillie de questions auxquelles je ne pouvais pas toujours répondre ou, préférais ne pas répondre.
Déjeuner léger chez moi. Je n'ai pas faim m'a-t-elle dit, mais elle a mangé, la même chose que moi : melon, taboulé (maison), yaourt.
Ses interrogations étaient lancinantes : « je n’aurai pas dû prendre de X ce matin, j’ai envie de dormir, j’aurai dû prendre du XX, ça me booste ». Elle a dû me le dire dix fois… Bien sûr elle ne pouvait pas écouter la radio, elle ne peut plus se concentrer sur rien, sauf sur son état, ses médicaments… « Tu crois que je vais retrouver goût à la vie ? » me demande-t-elle… Mais bien sûr mon Bezo.
- Je n'ai pas pleuré me dit-elle fièrement, d'abord ce n'est pas parce qu'on ne pleure pas qu'on n'est pas dépressive, hein?
Elle se répète cela sans arrêt...
Puis elle va se voir dans le miroir, se remet de l'anti cernes et me dit : ça ne se remarque pas quand on me voit [que je suis déprimée]? 
- Non, tu es très jolie et c'est bien que tu te maquilles.  Je voudrais la faire sourire mais je n'y arrive pas.
Elle s'est allongée sur la terrasse pendant que je faisais la vaisselle en écoutant une émission sur "le rire" sur France Culture. Je lui apporte mon petit transistor pour qu'elle l'écoute aussi. Ma vaisselle terminée je vais la voir sur la terrasse, elle avait éteint le transistor et fermé les yeux. Même les yeux fermés, son visage était anxieux.
Pleurer ou rire, elle en est incapable en ce moment. En ce moment tout est comme figé en elle. C'est vrai, ça ne se voit pas, sauf pour ceux qui la connaissent mieux qu'eux-mêmes.

Ce matin : contrôle technique de ma voiture, en attendant je prends un café dans l'endroit le plus proche et je me replonge dans Face aux ténèbres de William Styron que j'ai lu il y a très longtemps. Le plus beau livre écrit sur la dépression; il m'aide à mieux appréhender ce qui se passe en elle et peut-être à mieux savoir l'aider. Je me sens fragile aussi mais j'ai la force nécessaire pour y arriver. Et puis, écrire ici me libère.



Hier, face aux ténèbres, de ma terrasse je contemplais le ciel.


lundi 26 août 2013

Paroles de bricoleur


A écouter ici la galère d'un "pékin" pour trouver un lutrin...

 


Aujourd'hui en quelques clics il aurait trouvé son lutrin, tout seul sur son ordinateur. Certes, il n'aurait pas eu ce contact avec les vendeurs du BHV qui le dirigent du sous-sol au 5e étage, en passant par les accessoires de salles-de-bains, ceux de la bureautique, puis de l'informatique, pour revenir vers la menuiserie et le lutrin à fabriquer soi-même,  le tout sans succès. Il est tout de même prêt à revenir chercher la "marchandise" pour fabriquer son lutrin (et sans doute aussi pour de nouveau "tailler une bavette" avec les vendeurs, ça fait partie de son plaisir); pour cela il doit retourner chez lui prendre des mesures exactes, et de rajouter :

"J'ai appris dans le bâtiment qu'un projet bien fait c'est un travail fini."

Ça vaut son pesant de cacahuètes! L'émission s'appelle : Les pieds sur terre. Ah ah!

Mais c'est une bonne idée pour retranscrire des textes d'ouvrage sur son ordinateur, sans se dévisser la tête.  Je vais peut-être y songer... parce que - hein - mon système c'est n'importe quoi...


... quand ce n'est pas ça pour ne pas abîmer les livres (empruntés à la bibliothèque)!


Et là, je me demande bien dans quel "libellé" je pourrais classer ce billet. Mmm!
 Un je-ne-sais-quoi de presque-rien?


samedi 24 août 2013

Tagada tsoin tsoin!

Hier, ô joie, 
j'ai fait 
un Trou en un* 
sur le numéro un, 
sans témoins,
tagada tsoin tsoin! 

*Trou en un  :  fait de rentrer sa balle en un seul coup. Équivalent de Ace et de Hole in one.

Le pro était en train de donner un cours à un golfeur, à quelques mètres du départ du 1; ils m'ont entendu pousser un cri! Je leur lance :
- JE VIENS DE FAIRE UN TROU EN UN!
- Vu me dit le pro et son élève de rajouter : champagne!
Oui, champagne obligatoire pour les témoins.
J'ai pensé à toi...

En 30 ans de golf, c'est mon deuxième Trou en un sur un PAR 3. Le premier c'était en compagnie du pro, en région parisienne, au Prieuré, en 1983, j'étais alors débutante, sans index et n'avais le droit d'accéder au parcours qu'avec le pro. On dira que c'était un miracle, pas un très joli coup, "commercial"! Hier, mon coup était parfait, balle très haute, pitchée sur le green et roulant doucement vers le trou pour y disparaître. Quelle agréable sensation.
Un autre coup fabuleux dont je me souviens, réalisé cette fois en compétition à Seraincourt en 1988, un Eagle sur un PAR 5; départ raté, deuxième coup rattrapé et au troisième coup balle directe dans le trou avec un bois 7. Tout ça c'est du charabia pour les non-initiés.

Mmm! J'ai les chevilles qui enflent là. Le golf est un sport ingrat : beaucoup de frustration mais quelques réussites qui font oublier les mauvais jours et, plaisir du jeu à n'importe quel âge.


 


"Le golf donne aux ratés l'occasion de faire leur trou"
(Albert Willemetz)
Ah ah! C'est excellent.

Je ne pense pas qu'il y ait des intellectuels qui jouent au golf, à part quelques hommes politiques. Je me trompe peut-être, je n'ai pas d'exemple en tête, à part un ex-ami, intellectuel et golfeur. Il m'arrivait de le laisser me battre tant il était de mauvaise humeur si je gagnais mais un jour, en partie "amicale", en match play, je lui ai proposé de partir des mêmes départs que lui (boules jaunes) et je l'ai battu. Un très mauvais perdant et pire, un faux ami; il n'a jamais voulu me revoir. Pourtant, en dehors du golf, nous avions les mêmes aspirations, la même horreur du snobisme de certains clubs, les mêmes centres d'intérêt : littérature, musique, silence, nous partagions d'exquis repas. Ce jour-là j'ai même tenté de lui faire retrouver le sourire en lui offrant un verre au club house pour fêter ma victoire (je n'ai pas dit ça évidemment). Rien n'y faisait, il était mortifié. Je n'ai pas eu de peine, c'était tellement minable. Le positif de cette amitié qui aura duré un an : il m'a fait découvrir France Culture; à l'époque je n'écoutais que France Inter.
La plupart des hommes n'aiment pas jouer avec des femmes; ils ne supportent pas de se faire "over-driver" (dépasser) par une femme, ils ont tout de suite de mauvais arguments : la distance entre les départs et je parierais que certains applaudiraient en lisant ceci.
Mais il y a tout de même des golfeurs qui sont de très agréables partenaires et pas avares de compliments quand vous faites un bon coup, sans une once de jalousie.


Hier soir, j'ai arrosé mon Trou en un toute seule au Café de la Cale
  par un apéritif dinatoire.
Non mais! Même pas triste. Tsss!
(Tu étais dans les nuages)




 Les restes



mercredi 21 août 2013

Oh! la belle bleue



 C'est ma journée de naturaliste!
 Cet Odonate serait en fait une "demoiselle" Calopteryx que l'on trouve dans les rivières de Bretagne.
Après les papillons de nuit, les libellules... dans ma maison!

            

Rentrée littéraire, les oiseaux s'affolent...

J'écoutais tranquillement parler de la rentrée littéraire quand je vis ce tourbillon d'oiseaux fous.




Du calme! Pas de séisme pour le moment!

"Toutefois, les animaux ont parfois, tout comme les humains, un comportement insensé suite à la perception d'une catastrophe. Il se manifeste par exemple par le fait que des anguilles s’échouent volontairement sur la plage devant la menace d’un tsunami, des poissons sautent sur les berges de la rivière pour échapper à un tremblement de terre, des rats se cachent dans les maisons avant un séisme au risque d'être écrasés lorsqu’elles s’effondreront.
Par ailleurs, le fait que les animaux perçoivent quelque chose plus ou moins longtemps avant que la catastrophe n’ait lieu reste une énigme. Certes, un séisme est précédé par de nombreuses petites secousses imperceptibles à l’être humain et que les animaux captent, mais, d’après les scientifiques, ces petites secousses sont permanentes. Elles sont la conséquence de l’activité de la croûte terrestre et pour cette raison n’annoncent que rarement un vrai séisme.
Pour finir, des scientifiques entreprennent d'analyser le comportement d’animaux pour anticiper ces catastrophes. En Chine, un professeur utilise avec succès des perruches pour confirmer les secousses sismiques que perçoivent ses instruments. D’après certains chercheurs, l’affolement des oiseaux serait dû à leur capacité de percevoir les diffusions de gaz radioactifs. Ces derniers ont lieu lorsque les couches de roches souterraines qui retiennent les gaz en profondeur, se fissurent et se déplacent peu avant que la Terre ne tremble. Il est d’observation courante que les poules, les oies et les pigeons, manifestent une très grande agitation avant les tremblements de terre."
(Source)

Pour revenir à la rentrée littéraire : moins de romans français que l'année précédente - paraît-il. Mon "chouchou" est dans la liste. Pas question d'attendre que la bibliothèque l'achète pour lire Nue, le 5 septembre, je me précipite chez le libraire! Mais il y aura, j'en suis sûre, d'autres auteurs moins connus à découvrir et à lire, cette rentrée réserve - encore paraît-il - des surprises.

 

mardi 20 août 2013

Si je t'aime comme femme c'est aussi parce que je t'aime comme homme

 Lettre autographe signée de Romain Gary, adressée à Christel Kriland, le 14 avril 1938, Nice. 


Nice 14 IV 38

Ma petite fille, douce, mauvaise, bonne, unique...

Je me sens si affreusement triste et seul, que ta lettre, au lieu de m'égayer, m'a fait presque mal, m'a rendu plus triste encore et j'ai envie de pleurer comme un idiot. Si seulement je pouvais savoir que tu es à moi, à moi seul, à moi, rien qu'à moi, des pieds à la tête, de tout ton corps que je vois, comme si tu étais là couchée près de moi, comme si je le caressais encore, partout, fillette, partout, de mes lèvres, de mes dents, de mes doigts...
Christel, dix jours sont passés depuis que tu es partie et maintenant, peut-être, tu sais mieux, tu vois mieux si vraiment tu es à moi, à moi seul, comprends-tu, si toi et moi, c'est vraiment ça ou si seulement, c'était autre chose...
Je sais que tu es égoïste et que tu m'aimes dans la mesure où ça te fait plaisir, mais je voudrais savoir si c'est quelque chose de plus fort que toi, si tu peux, vraiment, tout quitter pour être à moi, ou s’il s’agit seulement de ce genre d’amour dérisoire et charmant  auquel "il est agréable de céder de temps à autre" comme Goethe ne l’a pas écrit.
C'est très beau Christel le chocolat de luxe et avec moi, je le crains, il y aura fort peu de chocolat, fillette, et encore moins de luxe...
Christel, souviens-toi que les choses au monde que je respecte le plus sont l'honneur et la droiture, souviens-toi que si je t'aime comme femme c'est aussi parce que je t'aime comme homme et qu'un de nos deux amours n'ira jamais, pour moi, sans l'autre... Il est très difficile d'être un homme. Mais s'il y a quelque chose qui compte dans la vie, s'il y a quelque chose de vraiment sacré, c'est ça : être un homme. C'est dans la mesure où tu le seras, ou que tu t'efforceras de l'être (car c'est peut-être impossible) que tu seras toujours toute proche de moi, même si des milliers de kilomètres nous séparent, c'est par cette volonté dure d'arriver à être un homme que tu seras toujours au sens le plus beau de ce mot, ma femme... J'ai peur, Christel, que tu ne comprendras pas ces quelques mots qui ont pour moi une si grande importance. J'ai peur, aussi, que ces mots soient impossibles à comprendre, en ce moment, à Vienne...
Si je te les écris, c'est parce-que, désespérément, je cherche quelque chose qui pourrait te rapprocher de moi...   Et rien, jamais, ni le mariage, ni l'amour ni les enfants ne te rapprocheront de moi plus que ça : l'effort d'être un homme. C'est par cet effort, par cette volonté dure, par cette aspiration à la dignité humaine, à la condition humaine, que ton sang, Christel, sera dans mon sang, ta pensée dans ma pensée, et ta main fillette, dans ma main. Il y a peut-être trop de grandes lettres, trop de majuscules, dans ce que je te dis là. Mais ce ne sont pas des grandes lettres, des grands mots : ce sont, de grands sentiments et il ne faut pas avoir honte. Et puis, nous sommes seuls, en ce moment, toi et moi, personne ne nous écoute, nous pouvons parler tranquillement. Il y a bien cette horrible musique... mais je te parlerai dans l'oreille... comme ça... Il faut vivre pour cela, Christel.
Il faut travailler, lutter pour cela. Il faut aimer pour cela. Je dis « aimer » et non pas « faire l'amour ». Je voudrais être cet amour et que cet amour pour moi t'aide dans l'effort. Mais peut-être trouveras-tu un autre homme, qui t'aide mieux, plus que moi. J'en serais heureux... quoique malheureux... En tout cas, Christel, n'oublie jamais cela : rejette loin de toi l'amour qui n'enrichit pas, qui ne t'aide pas à être, à devenir homme. Je serais tellement heureux si je pouvais t'aider ! Mais il faut d'abord voir clair en toi même. Ce que je te conseille là demande beaucoup, beaucoup plus de courage que tu ne le crois. Ça n'a rien à voir avec le plaisir, et presque rien avec le bonheur... en tout cas, pas pour les gens qui croient - les malheureux ! que le bonheur, c'est seulement le maximum de plaisir. Le bonheur - mon bonheur - c'est un chemin très dur. Sur ce chemin, il n'y a pas Sachs, il n'y a pas Bincens, il n'y a pas Lilliebro - il n'y a personne. Il faut du courage pour marcher seule sur ce chemin là, mais je te propose de marcher à deux : avec moi. Je crois que tu seras capable, un jour, de marcher sur ce chemin. Je l'ai pensé, quand je t'ai vu marcher dans la montagne, pieds nus... te souviens-tu ? Dans quelques jours, je t'enverrai une photo : toi et moi sur ce chemin là... Oui... Ne t'étonne pas ! Il faut travailler, ma lointaine, il faut étudier, être seule, lutter, souffrir beaucoup, dans l'effort et mépriser les hommes qui envoient des chocolats de luxe... Mon Dieu, je suis bête. Je t'ennuie. Non, peut-être...je ne sais pas. Quelquefois, je doute, je pense que je ne serai pas entendu... tu es tellement blonde ! J'ai parlé beaucoup trop... et je n'ai pas envie de m'arrêter... j'ai envie de continuer... je suis un imbécile ! Mais un imbécile qui t'aime.

Romain


dimanche 18 août 2013

Fais attention aux artistes fainéants [...] aux commentateurs gratuits [...] il faut écarter les baise-toujours du compliment

Mon petit chéri,

Comme je suis heureux que tu ne me rejettes pas une fois pour toutes. Comme je t'aime bien. Comme j'ai besoin de toi. Tu sais que je ne mens jamais, que je ne ruse jamais. Que je ne fais jamais de sentiment. Tu vois si je suis parti c'est que je t'encombrais. Je ne suis pas normal. Il te faut pour vivre certaines choses que je ne peux pas donner. Cette constance de certaines choses m'accable. Je suis bien fidèle je t'assure d'une certaine façon, atrocement fidèle, fidèle comme un Breton, à en crever. Mais la régularité de la vie, la réalité de la vie m'écrase. Ce n'est pas tu sais que je veuille faire l'artiste, le fantasque, l'hystérique, le sujet exceptionnel-qui-a-besoin-de passer-ses-caprices. Dieu sait si j'ai cet affreux genre en horreur! Mais tu sais aussi Lucienne que je ne peux pas, absolument pas être . Pour être un amant sérieux il faut être . Je suis bien plus avec les gens quand je les quitte. Tu supportes toi Lucienne, la réalité. Tu es femme, les femmes sont dans la réalité - aussi adorables qu'elles soient - les hommes ne prétendant pas s'en abstraire. Je dois bien t'avouer que pour moi la réalité est un cauchemar continuel et Dieu sait si la vie m'a gâté en fait d'expérience! Si j'ai été servi par la réalité! Je t'aime bien Lucienne, à un point que tu ne peux pas savoir. En ce moment les temps sont durs. Je ne peux pas dire que cela m'affecte beaucoup. Ce qui m'affecte c'est d'avoir à m'occuper de choses qui ne sont pas transposées ni transposables. Si ce n'est qu'après des années. Bien des années. Je ne voudrais pas mourir sans avoir transposé tout ce que j'ai dû subir des êtres et des choses.

Ici se bornent à peu près toutes mes ambitions. Il m'en reste Lucienne. Horriblement beaucoup. Ma mère travaille encore. Je me souviens au passage, quand elle était plus jeune, de l'énorme tas de dentelles à réparer. Le fabuleux monticule qui surplombait toujours sa table. Une montagne de boulot, pour quelques francs. Ce n'était jamais terminé. C'était pour bouffer. J'en avais des cauchemars la nuit, elle aussi.  Cela m'est toujours resté. J'ai comme elle toujours sur ma table, un énorme tas d'horreurs en souffrance que je voudrais rafistoler avant d'en finir. Tu me vois toujours impossible parce que tu vois je suis né tout petit dans une ambiance de cauchemar, et de misère et puis il y a eu  la guerre, et puis tant d'autres effroyables épreuves et l'habitude hélas bien explicable d'escompter toujours le pire, et puis cette espèce d'acharnement à refuser les dons d'une vie que je hais.

Mais Lucienne je suis trop heureux que tu veuilles bien si gentiment tout simplement me pardonner mes maladresses et mes brutalités. Je n'ai pas besoin d'autre chose. Tu le sais bien. Je n'ai besoin de rien. Au moins j'ai ce petit bon côté, je n'embarrasse personne de mes désirs. Je ne pèse pas lourd dans ma grosse personne. Je ne pèse rien en réalité. Ceci au moins compense un peu cela. Et de ceci Lucienne tu n'as pas encore tout compris. 

Sois heureuse autant que possible à ta façon, selon ton rythme. Tu verras. Tout passe. Tout s'arrange, rien n'est essentiel, tout se remplace sauf le pauvre refuge où tout se transpose et s'oublie. Fais attention aux artistes fainéants ils sont légion, aux commentateurs gratuits, de ce côté la brutalité est de règle absolue, il faut écarter les frelons, impérieusement, les imposteurs, les baise-toujours du compliment. L'artiste n'a que faire de ces fadasseries, de ces veuleries commerciales, qui flétrissent et avilissent les mieux doués. Tout doit être brutal, le créateur n'a que faire de l'opinion de hommes, il doit agir sur la matière brute, sur les choses, pas sur les hommes. Il doit avant tout les mépriser. Pour ce qu'ils sont, des chiens voluptueux, braillards et avides.
Tu vois, me voilà déjà reparti...

Je t'embrasse bien fort Lucienne, comme je t'aime bien fort et pour la vie, forcément. Je voudrais te voir à déjeuner si tu veux de temps en temps. Ne crains rien je ne poserai pas de questions indiscrètes. Je ne te demanderai rien. Ce n'est pas ma façon tu le sais bien. Je ne te compromettrai pas, s'il y a compromission. De tout ceci tu sais bien que je me fous. Effroyablement. A la rentrée en septembre je t'écrirai. Ne m'oublie pas. Je t'embrasse.
Je fais des remplacements par-ci par-là, comme lorsque j'étais étudiant. Tu vois tout recommence. L'éternelle jeunesse. C'est facile!

A toi

Louis

Louis-Ferdinand Céline à Lucienne Delforge [1935 - 1939]

Lettres intimes, éditions Textuel. 

(Les caractères gras sont de mon fait)



samedi 17 août 2013

Adagio molto e cantabile

Cela faisait longtemps que je ne l'avais pas écouté ce 3e mouvement. Je retiens mes larmes, toujours la même émotion. Quand j'étais encore à l'atelier et que mes chers voisins l'entendaient à travers le mur - je mettais le son si fort - ils se disaient : M. est triste. Il savait que  l’Hymne à la joie était une sorte d'exutoire à mon chagrin - celui de ta disparition - et ce 3e mouvement me chavirait, me chavire encore, dirigé par Furtwängler, le meilleur pour  moi, même si...


 

vendredi 16 août 2013

Il faut avec les mots de tout le monde écrire comme personne (Colette)



Ma chère aimée. Il est minuit et demi. Je suis lavée, et ma malle est défaite. L'hôtel est affreux; antique, des alcôves. Mais on a enlevé les portes d'alcôves et mis des radiateurs, et les gens ont l'air charmants. C'est patriarcal, démodé, tranquille, six francs; il est donc probable que j'y resterai. Je t'écris tout de suite, pour me rapprocher un peu de toi, je viens de donner une dépêche qui partira le matin de bonne heure. La répétition est à 10 heures du matin, on arrête à midi et on reprend à 2 heures. Ça promet! je m'en fiche. J'aime mieux être fatiguée, le temps paraît moins long. Ma chérie!!! Je ne veux plus m'en aller comme ça! Ton faux enfant puni se lamente en dedans. Et je vais acheter une lampe à pétrole demain pour écrire, l'électricité est trop haute.
Dis à Willy, mon amour, deux choses :
1° Que Maurice Boutry m'a payé à dîner à Dijon.
2° Que je suis arrivée au Globe en même temps qu’Émilienne de Serres, la sœur de Louis. Ça lui peindra tout de suite le genre de l'hôtel. 
J'ajoute pour toi, mon chéri, que Maurice Boutry est un cousin éloigné de Willy.
Je me couche. Je t'embrasse. Je pense avec une amertume insupportable à notre joli chez-nous, à ta chambre bleu et argent, à ma chambre rose, à la lumière blanche et grise, à ta chère figure, et alors... mais je me retiens.
Je t’aime. Je te suis, jusqu'au fond de moi, profondément reconnaissante de tout ce que tu es pour moi, de tout ce que tu fais pour moi, je t'embrasse de tout mon cœur, mon amour chéri.

Ta Colette.

Je me suis arrêtée pour saigner du nez. Ça ne peut pas me faire de mal.

Colette à Mathilde de Morny, dite Missy.
Décembre 1908.

En décembre 1908, Colette a trente-cinq ans; elle joue Claudine à Paris à la Scala de Lyon. 

Extrait de Lettres intimes, éditions Textuel.

***




Jacques Vergès au Théâtre de la Madeleine (2008)
(Photo Wikipédia)

Est-ce que vous défendriez Hitler?
- Mais je défendrais même Bush. 
A condition qu'il(s) plaide(nt) coupable(s).

Jacques Vergès (1925-2013) est mort hier.

jeudi 15 août 2013

***

15 août. Sainte Marie : Bonne fête maman chérie.
Maman maman maman...

En lisant le Journal de deuil de R.B. j'ai le sentiment de n'avoir jamais fait le deuil de ta disparition, mais celui du chagrin, oui. Le chagrin est remplacé par des pensées vives, parfois joyeuses, toujours tendres, souvent angoissantes : peur de finir comme toi... Je te ressemble tellement.

Je viens de relire mes 15 août. Je sens que je n'ai plus cette énergie ou cette envie de bouger, de faire toujours quelque chose. Je me demande d'ailleurs si je ne le fais(ais) pas pour avoir quelque chose à écrire ici plus que pour combler un vide? Je me sens lasse soudain.  
Note optimiste, futile : hier j'ai joué 3 à l'aller 5 au retour. Mon coach là-haut était fier de moi. Dans le ciel j'ai vu son étonnement

!


Ce matin : pas un nuage dans le ciel.
Peut-être aurai-je le courage cet après-midi de brosser le mur qui est derrière mon banc sur la terrasse. J'avais commencé...

L'autre jour j'écoutais une émission sur les Journaux intimes*.
Et plus particulièrement sur les Journaux intimes d'anonymes. En fait, je ne devrais pas faire de rubrique "journal intime" dans mon blog, puisque je suis lue et que, par conséquent, ce que je raconte parfois de, censément intime, ne peut l'être vraiment. On ne peut écrire l'intime véritable, sans tricherie, que si  la pensée d'être lu ne nous effleure pas; ce que je faisais dans mes cahiers. D'où l'ambiguïté des Journaux intimes d'écrivains. Cependant, certains écrivains devenus célèbres ont commencé leur Journal intime très jeune, avant de savoir qu'ils allaient devenir un jour écrivain, comme Stendhal qui, à 17 ans écrit son Journal, donc authentique... Le Journal des écrivains leur sert souvent de "laboratoire" pour une partie de leur œuvre, ce qui n'est pas le cas des personnes "ordinaires"...
"Il n'y a qu'en France qu'on associe le mot intime à un journal. Un journal n'est pas forcément intime..."
"Qu'est-ce qui définit un journal?
C'est une inscription datée et au-delà de ça, on ne peut pas en dire grand chose."

 *(A écouter, à partir de la 8e minute, pour savoir ce qu'on peut en dire de plus...)


mercredi 14 août 2013

Je ne suis pas en deuil. J'ai du chagrin

  Roland Barthes et sa mère

30 novembre 1977

Ne pas dire Deuil. C'est trop psychanalytique. Je ne suis pas en deuil. J'ai du chagrin.

20 juillet 1978

Deuil

Impossibilité - indignité - de confier à une drogue - sous prétexte de dépression - le chagrin, comme si c'était une maladie, une "possession" - une aliénation (quelque chose qui vous rend étranger) - alors que c'est un bien essentiel, intime...

*

Quelques fragments non datés

[après la mort de mam.]
Douloureusement, l’incapacité désormais - de m'agiter...

*

Suicide
Comment saurai-je que je ne souffre plus, si je suis mort?

*
Dans l'imagination que je pouvais avoir de ma mort (comme tout le monde en a), j'ajoutais à égalité, à l'angoisse de disparaître tôt, celle du mal insupportable que je lui ferais.
  
Roland Barthes, Journal de deuil.