mercredi 6 janvier 2010
Les Justes
Ce matin, dans les NCC la voix de Maria Casarès m'a envoûtée, dans cet extrait des Justes, entre Dora et Yanek.
- Yanek, si l'on pouvait oublier ne serait-ce qu'une heure l'atroce misère de ce monde et se laisser aller enfin; une seule petite heure d'égoïsme, peux-tu penser à cela?
- Oui Dora, cela s'appelle la tendresse.
- Tu devines tout mon chéri, cela s'appelle la tendresse. Est-ce que tu aimes la justice avec tendresse? Est-ce que tu aimes notre peuple avec cet abandon et cette douceur ou au contraire avec la flamme de la vengeance, de la révolte? Tu vois? Et moi? M'aimes-tu avec tendresse?
- Personne ne t'aimera jamais comme je t'aime.
- Oui je sais, mais ne faut-il pas mieux aimer comme tout le monde?
- Je ne suis pas n'importe qui et je t'aime comme je suis.
- Tu m'aimes plus que la justice? Plus que l'organisation?
- Je ne te sépare pas, toi, l'organisation et la justice.
- Réponds-moi mais réponds-moi je t'en supplie : m'aimes-tu dans la solitude, avec tendresse, avec égoïsme? M'aimerais-tu si j'étais injuste?
- Si tu étais injuste et que je puisse t'aimer ce n'est pas toi que j'aimerais.
(...)
- M'aimerais-tu, jeune et insouciante?
- Je meurs d'envie de dire oui.