Il reste toujours écrivain, comme il se doit. L'écrivain ne travaille pas, il travaille tout le temps.
C'est "le prestige d'une vocation que rien ne peut dégrader".
"Ce qui prouve la merveilleuse singularité de l'écrivain c'est que pendant ces fameuses vacances, qu'il partage avec les ouvriers et les calicots, il ne cesse lui - sinon de travailler - du moins de produire. Faux travailleur, c'est aussi un faux vacancier; l'un écrit ses souvenirs, un autre corrige des épreuves, le troisième prépare son prochain livre; et celui qui ne fait rien l'avoue comme une conduite vraiment paradoxale, un exploit d'avant garde, que seul un esprit fort peut se permettre d'afficher. On connaît à cette dernière forfanterie qu'il est très naturel que l'écrivain écrive toujours, en toute situation. D'abord, cela assimile la production littéraire à une sorte de secretion involontaire, donc taboue, puisqu'elle échappe aux déterminismes humains.
Pour parler plus noblement, l'écrivain est la proie d'un Dieu intérieur qui parle en tout moment, sans soucier le tyran des vacances de son medium.
Les écrivains sont en vacances, mais leur muse veille et accouche, sans désemparer."
Roland Barthes, Mythologies.
Ce matin dans les NCC.