Parfois on voudrait que l'autre, celle, celui à qui l'on s'adresse sache lire entre les lignes, qu'elle, qu'il entende nos non-dits; bien sûr, pour cela il faut que l'autre vous connaisse, intimement.
Si je ne suis pas comprise dans ce sens, par celles, ceux que j'affectionne, cela m'attriste.
Le plus terrible, c'est quand "je prêche le faux" me concernant espérant "faire deviner le vrai", et que ce faux reste le vrai pour l'autre. Cela m'anéantit.
Je ne suis pas claire là. Comment alors puis-je imaginer que l'on va deviner mes non-dits?
Et là, je suis anéantie.
Mais fort heureusement - enfin, je ne sais pas si c'est heureux -, le non-dit n'est pas ma tasse de thé. Bien au contraire, je dis tellement ce que je pense que j'en suffoque plus d'un, plus d'une quelquefois.
Mais il y a le non-dit par délicatesse, le non-dit par calcul, le non-dit par oubli, le non-dit par pudeur, le non-dit par hypocrisie; les nuances sont subtiles. Les miens sont toujours des non-dits émotifs, d'une extrême importance, d'où l'utilité de les deviner. Que je suis compliquée!
"Le non-dit est tout ce qui en l'homme échappe à la canalisation.
[...]
Dire l'indicible, c'est à quoi s'attache l'art notamment, fidèle en cela au paradoxe fondateur du langage qui est de trouver le mot pour la chose.
[...]
Homme, tu ne peux éprouver que l'horreur devant ce long silence qui, dans ton tremblement éperdu d'angoisse, devient tout d'un coup éternel."
Claude Olievenstein, Le non-dit des émotions (éd. Odile Jacob, 1988)