dimanche 3 janvier 2010

De l'humour à l'ironie

Pourquoi j'aime l'humour teinté d'ironie en littérature alors que, souvent, l'humour en images sur un écran, ou entre amis, en famille, exprimé de vive voix me donne des démangeaisons. Sans doute parce que dans le premier cas c'est moi qui donne le ton de ce que je lis, ton qui est relié à une histoire, qui touche à ma sensibilité, et s'il me touche c'est qu'il est élégant, sans vulgarité (oh la gonflée); tandis que dans le second cas, c'est un visage que je vois, celui de la personne qui fait de l'humour, qui croit faire de l'humour avec une histoire plus ou moins drôle et dont je n'entends plus que la vulgarité du ton. D'ailleurs j'aime que le l'humour me fasse sourire plus que rire, qu'il m'invite à la réflexion; j'aime aussi l'idée qu'il n'y a que moi qui décèle cet humour derrière les mots, parce que, bien sûr, les autres lecteurs n'ont pas le même sens de l'humour que moi (oh la gonflée - bis - Narcisse quand tu nous tiens). Je suis allée voir chez les philosophes ce qu'ils pensent de l'humour et de l'ironie.

"L'humour est une caractéristique de l'âge adulte. L'enfant et l'adolescent en sont incapables." Olivier Reboul.
"L'ironie est une attitude profondément philosophique parce qu'on commence toujours en philosophie par le doute ou par l'étonnement : Platon disait "l'étonnement, l'émerveillement, c'est le sentiment tout à fait caractéristique du philosophe"
"Ainsi, l’ironie invite plus ou moins rudement l’interlocuteur à se prendre lui-même pour objet de réflexion. Et c’est par là qu’elle fait la transition vers l’humour.
En effet, l’humour est un rapport de soi à soi, et ce rapport n’est pas d’emblée conceptuel, mais affectif. La vieille formule tant ressassée: “se moquer de la philosophie, c’est encore philosopher” (et n’importe l’auteur!) révélait déjà ce rapport, cette mise à distance de soi, et la verticalité de ce dédoublement: une metaphilosophie par dessus une philosophie, de même qu’une vraie morale se moque d’une morale qu’elle surplombe.
(...)
Ainsi, l’humour est philosophique par excellence, en ce qu’il nous implique en personne, au lieu de prendre à l’extérieur ses objets. En cela, il constitue un test philosophique. Car le sérieux philosophique veut qu’on ne se prenne pas au sérieux. N’a pas le sens de l’humour quiconque abhorre l’hétérodérision et ne sait pas en faire son miel".

Et maintenant je vais écouter Des papous dans la tête, là ce n'est pas moi qui donne le ton et néanmoins çà me fait sourire.