Je ne nierai pas que j'en fais partie (de la petite bourgeoisie) ayant reçu une éducation on ne peut plus bourgeoise. Ma mère nous a appris le goût des belles choses comme elle disait, des beaux vêtements de qualité; sa devise était : nous n'avons pas les moyens d'acheter des (de la m...) vêtements ordinaires; il fallait que çà dure en fait. Etre bourgeoise à Paris n'est pas du tout la même chose qu'être bourgeoise en province. Ici, dans ma ville très bourgeoise de province, l'anonymat n'existe pas ou si peu; à Paris, la bourgeoise se fond dans la masse.
Une balade en ville hier m'a conforté dans mon dégoût des bourgeoises de ma ville. Je ne les aime pas ces bourgeoises de province, d'ailleurs elles manquent de savoir-vivre quand elles me dévisagent des pieds à la tête, lèvres pincées, trouvant sans doute qu'il y a quelque chose d'inconvenant dans ma façon de m'habiller, plutôt sport (même en ville et il semblerait qu'ici çà ne se fait pas... à mon âge, tout de même), de porter des baskets ou autres Converse.
J'ai acquis pendant mes trente ans de vie parisienne une certaine décontraction et surtout grâce aux dix années pendant lesquelles j'ai vécu avec mon artiste. Son cercle de relations était très hétéroclite et cela m'a donné une aisance pour côtoyer n'importe quel milieu sans complexe.
Hier donc, j'ai eu envie de rentrer dans quelques boutiques de vêtements chics pour voir les soldes! Bien sûr, ma tenue vestimentaire était sans chichis, comme d'habitude mais, mais, j'ai toujours un accessoire qui fait que... la bourgeoise de passage me jette un regard amusé. Je vois une chouette veste en vitrine, je rentre, je tâte la matière, je m'en doutais elle est divine - un mélange d'alpaga et de laine -, une grande marque. La vendeuse ma foi est sympathique, parce que parfois, dans ces magasins de luxe, elles sont pédantes et me regardent d'aussi haut que leurs clientes. La veste était noire, je lui demande s'il y a une autre couleur : oui il me reste une violine en 38, au premier étage. Je monte, il y a deux clientes qui fouillent - une vieille dame et une autre à peu près de mon âge;o). Cette dernière me regarde avec insistance, sans empathie, ce serait vulgaire de lui demander si elle veut ma photo!
J'essaie la veste, une douceur, une légèreté, bien coupée, moderne, elle me va comme un gant.
La bourgeoise me regarde moins franchement, sur le côté, sournoisement, la vendeuse vient vers moi et me dit : comme elle va bien avec ce vous portez - un peu de brossage de pompes çà ne fait pas de mal - (j'avais un pantalon en velours beige et des baskets en cuir marron) et avec vos cheveux!!! Et là, c'est vrai que de dos;o) je me trouvais plutôt mignonne, avec ma tresse de cheveux gris hi hi! Eh oui, parce que, en plus, je ne teins pas mes cheveux; très mauvais point pour la bourgeoise.
Bref, la veste, ceinturée, avec des petits godets dans le dos, mes baskets et ma tresse, miam, le grand chic : porter une veste qui vaut une fortune avec un jean en velours. Euh, j'ai failli craquer, mais même soldée, je n'ose pas dire le prix! Pour me dépêtrer j'ai demandé à la vendeuse quand est-ce qu'elle commençait la deuxième démarque; pas tout de suite m'a-t-elle dit et sur ce modèle je ne pense pas... Ben voyons. J'ai reposé la veste sur son porte manteau et, incroyable, la bourgeoise est venue la toucher. Bien fait pour elle, il lui faut deux tailles de plus!
En fait, je me suis fait plaisir rien qu'en l'essayant. Mais quand même, j'y pense depuis hier à cette veste!
Je n'aime pas les bourgeoises de province.