mardi 12 janvier 2010

Brunes, blondes, tout était bon


Audrey Hepburn, Diamants sur canapé

Quand je me suis arrêtée de fumer, après 20 ans d'un paquet par jour (les premières années je fumais des brunes, moins chères puis des blondes quand j'ai eu des revenus) j'y suis allée par différentes étapes. Il m'a tout même fallu trois tentatives.

Pour la première j'ai voulu arrêter d'un coup, j'ai tenu un mois.

Pour la seconde, j'avais acheté ces horribles fume-cigarettes qui gardaient la nicotine dans un filtre que l'on voyait en transparence (c'était dégoûtant), les filtres au fil des semaines devaient vous déshabituer de votre accoutumance mais pour moi ce fut inefficace, tant et si bien, qu'au lieu de m'arrêter j'ai continué avec de vrais fume-cigarettes Dunhill, qui avaient le même système de filtre que je changeais quotidiennement. Le bout était en bakélite et se terminait par un bel embout comme celui-ci, en vermeil, sauf que le mien était en argent, offert par mon chéri, complètement fou, qui devait fantasmer sur Audrey Hepburn, plus que sur Alice Sapritch (qui fut pourtant une talentueuse comédienne). (Je les ai - bien - revendus sur Internet, j'en avais deux), çà me donnait "un genre" mais je m'en fichais, je n'avais plus de bronchites! Dommage peut-être car cela m'avait enlevé toute envie d'arrêter. D'ailleurs il valait mieux pas, je n'aurais plus supporté la fumée des gitanes maïs, du tabac à rouler, des havanes, de mon aimé, si je m'étais arrêtée sans que lui n'en fasse autant.

Quand il est mort, j'ai continué, je me disais que ce n'était pas le moment d'arrêter, que çà m'aiderait à ne pas augmenter les doses de lexomil, pourtant je commençais à être saturée de fumée, surtout à l'agence, où çà clopait dans tous les bureaux, en commençant par celui de mon boss (l'interdiction n'était pas encore de rigueur).
Trois ans plus tard...

La troisième fut la bonne : après une nuit blanche (mon voisin du dessus, Marc Edouard Nabe - sans commentaire - emménageait en pleine nuit, un boucan du tonnerre, me suis levée à 2 h pour lui dire que ce n'était pas une heure pour emménager - ce qui m'a valu quelques jours plus tard une missive format poster, inénarrable -) après une nuit blanche donc, ma filleule près de moi, tentant de fermer l'oeil, nous nous sommes levées à 4 h 30 pour aller prendre un avion qui allait nous emmener à Venise (j'avais gagné les billets... mais sans l'hôtel), je me sentais nauséeuse. Aéroport, attente, on se trompe de file, du coup on nous refile des places au dernier rang alors que je voulais être à l'avant. Embarquement. La cigarette n'était pas interdite, seuls les premiers rangs étaient non fumeurs! Nous étions enveloppées de fumée, j'étais verte et ce fut la première fois que je fus malade en avion. La fumée après la nuit blanche m'avait achevée. Je voulais rester digne pour ma filleule. Enfin, Venise. Le mal de mer était tangible pendant la traversée du Canal en vaporetto et ne m'a pas permis d'apprécier cette arrivée (mais c'était mon deuxième voyage à Venise), il était temps que je mette pied à terre.

En arrivant dans la chambre de l'hôtel, je me sentais revivre, elle était jolie et le carrelage vénitien superbe, et je me sentais heureuse d'être là - les souvenirs de nous deux affluaient -nous nous sommes allongées sur le lit, elle était aussi très fatiguée, et elle m'a dit : tu ne fumeras pas dans la chambre, hein? Et je lui ai promis, non seulement dans la chambre mais pendant les 4 jours avec elle à Venise, qui furent, merveilleux. Nous étions les "bellissimas" des vénitiens ce qui nous amusait beaucoup. Depuis, nos coups de fil se terminent toujours par un complice : Ciao ciao ma bellissima;o).

A notre retour à Paris, je l'ai raccompagnée au train à Montparnasse, en me disant : vivement que j'en allume une. Arrivée à l'atelier, j'ai pris mon fume-cigarette et... je n'ai pas mis de cigarette dedans. Je n'ai plus jamais refumé, ni eu besoin de lexomil, je m'étais sevrée bien avant. J'ai sucé la bakélite pendant quelques mois, puis je l'ai rangé dans un tiroir.

La nausée avait été plus forte que mon envie de fumer.