mercredi 6 janvier 2010

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Je ne m'étais pas sentie aussi vivante depuis trois mois. J'avais cru que je ne serai plus jamais enthousiaste, non pas que ma vie serait devenue triste ou monotone, mais qu'elle serait sans vagues, sans remous, plate, sans flux et reflux; qu'elle serait sereine sans doute mais trop sage. La sagesse! Je crois que jamais je ne serai sage. Même au plus calme de ma vie, je sais qu'il y a toujours une tempête qui sommeille, je ne suis pas une "fille" de l'atlantique pour rien et j'aime quand l'océan gronde, comme dans mon coeur en ce moment, comme une rébellion pour ne pas me laisser emporter par la révolte de savoir que celle qui voulait mourir dignement est en train de s'éteindre à petits feux, devenue un petit être recroquevillé, décharné, dément. Ma démarche n'a servi à rien. Il semblerait qu'elle n'en ait plus pour très longtemps.
Peut-être est-ce pour cela, parce que mes pensées vont vers elle aussi, que je me sens si vivante aujourd'hui? Peut-être... peut-être...
Se sentir vivante et heureuse sans être aimée - je veux dire sans amour - je pensais que cela était impossible.

Je viens de voir le téléfilm sur Albert Camus avec Stéphane Freiss, excellent, d'après le livre d'Olivier Todd : Albert Camus, Une vie. Olivier Todd! Je l'ai vu il y a quelques jours à la télévision, mon Dieu, je ne le voyais pas aussi vieux, mais il est né en 1929; je me souviens de ses articles dans le Nouvel Observateur dans les années 70, je le trouvais beau et j'aimais ses idées, ses prises de position.