vendredi 7 mai 2010

La culture est en danger


J'y suis allée sans enthousiasme, me demandant ce que j'allais voir, mais mon billet était réservé, j'ai un abonnement pour bénéficier d'un bon prix.
13 euros! J'ai payé 13 euros pour une heure de bonheur, d'émerveillement, c'est donné. J'en suis encore plus consciente puisque hier, c'était la Journée nationale d'actions pour défendre l'art et la culture. La culture est en danger, l'équipe du théâtre est venue, avant le spectacle, nous faire part de ses inquiétudes : restrictions budgétaires d'où moins de spectacles, difficultés pour maintenir des tarifs attractifs afin d'offrir à tous le droit à la culture, restrictions de personnel, moins d'embauches d'intermittents etc.
Avec le Pass, 13 euros au lieu de 24. Et donc hier soir : 13 euros pour une heure de bonheur!
(Après Une journée de rien remplie de vide, une soirée de rien remplie de magie ).

Le spectacle intitulé :
Press
Pierre Rigal
Danse
Tragédie chorégraphique ou l'inquiétante étrangeté de l'ordinaire.

"Press met en situation l'image de l'homme moderne dans son immense banalité. Le corps de cet individu-produit, est mû par l'enchaînement standardisé de ses propres automatismes, mais aussi par les rouages de son étroit espace vital. Peut-être avec consentement, il se retrouve captif dans une pièce quasiment vide. Les modifications mécaniques de cet environnement physique et mental agissent sur son corps, l'obligeant à adapter en permanence son positionnement et son mouvement. Il est alors entraîné dans une absurde et angoissante impasse".
Voilà ce que j'avais lu me laissant penser à un ennui certain.
Que nenni, ce comédien? cet artiste! cet athlète était stupéfiant et la mise en scène - et en sons -fantastiques. Je ne pensais même plus à mes acouphènes quand le son tonitruant (j'imaginais qu'il pouvait être celui d'un tremblement de terre, d'une éruption de volcan, d'une explosion gigantesque, d'un éboulement, d'une avalanche, d'un "chamboulement" géant) remplissait la salle, mon ventre et ma tête. J'étais dans le corps de ce "danseur" désarticulé, stupéfaite par la performance physique. (Bizarre cette phrase, bon je la laisse).




Le silence fut total dans la salle jusqu'au moment où, le plafond s'écrase sur le corps de l'individu, et je n'ai pas pu me retenir dès que les applaudissements ont retenti de crier : bravo bravo bravo, de concert (de conserve? je ne sais toujours pas lequel employer) avec les sifflements de contentement qui fusaient çà et là, comme une enfant remplie d'étoiles dans les mirettes! La jeune fille assise près de moi me regardait avec un sourire complice, de cet instant de bonheur partagé.

Pierre Rigal serait le bien nommé Pierre Régal tant j'ai jubilé.
Alors, messieurs les politiciens, monsieur Fred, pitié, vous qui voulez retirer les 30 millions d'euros au seul secteur de la création en 2011, allez vous faire...! Je veux que ma ville et son théâtre, son centre d'art contemporain, ses musées perdurent dans tout ce qui fait d'elle une ville culturelle à part entière.
J'en parle ici avec mes mots riquiquis, "neuneu" (petit clin d'oeil au vagabond) sans style, mon ressenti d'ingénue, sans "une once de talent", tsss! mais avec ma "chair". Et hier soir "elle" n'était pas triste (pas hélas) "elle" était vibrante, terriblement "enchairie"!

A lire ici et ... et une brève biographie.

Les photos, figées, sont très réductrices de ce qu'est ce spectacle tout en mouvements.