dimanche 27 décembre 2009

L'avenir du livre

... à l'ère du numérique. A l'heure où l'on nous parle de l'e-book il était passionnant d'entendre Jean-Claude Carrière et Alain Fleischer hier donner la Réplique à Alain Finkielkraut sur le sujet.

La lecture quotidienne des journaux diminue d'années en années ainsi que celle des livres et, paradoxalement, la vente des livres l'année dernière a battu des records historiques. Mais ce n'est pas le nombre de livres lus qui comptent c'est la qualité du texte et ce n'est pas parce qu'on lit, que l'on ne lit que de bonnes choses. Je doute que les lecteurs (en particulier des lectrices) qui vont à la bibliothèque et qui empruntent cinq livres en les ramenant trois semaines plus tard aient pu les lire correctement. La lecture demande du temps, de la réflexion; je parle de littérature. J'ai un ami qui achète tout ce qui sort, dans tous les domaines : romans, essais, politique, histoire, philosophie; une vraie librairie à domicile. Bien sûr, il ne peut pas tout lire - tout de suite - il accumule et refuse de m'en prêter mais je ne lui en veux pas. Il a un besoin vital (ventral?) de les savoir là. Un jour il m'a dit, à propos de la lecture, une chose étonnante mais à laquelle j'adhérai complètement sans pouvoir l'expliquer : "il m'arrive d'ouvrir un livre, de ne rien comprendre au texte mais de m'enivrer des mots".
"La lecture de livres subit depuis plusieurs décennies une certaine dévaluation à la bourse des valeurs culturelles, que le succès d'Internet n'a fait qu'amplifier". Il semblerait que ceux qui continuent d'être des lecteurs acharnés soient les baby-boomers. Pour ma part, je n'ai jamais autant lu que depuis que je surfe sur le Net et surtout, je me suis remise à acheter des livres, l'emprunt à la bibliothèque ne me procurant pas ce même plaisir que celui de posséder le livre.

Qu'est-ce qu'un livre?
"Un livre est un lieu de repos pour les mots écrits. Cela peut paraître incongru mais en fait la page imprimée est le seul endroit où les mots ont un domicile fixe. Ailleurs ils sont sans cesse en mouvement : quand vous parlez, quand ils apparaissent sur l'écran, quand vous les voyez sur le Net. L'hypertexte n'est pas un livre car le livre est fixe, et cette fixité est cruciale; parce qu'aujourd'hui le défi n'est pas d'accélérer l'information mais de la ralentir. L'information va déjà assez vite d'elle-même, nous avons besoin de décélérer, le livre permet une décélération de premier ordre.
La génération de la nanoseconde est celle qui ramasse sa chaussure et la jette avec colère contre l'écran parce que l'ordinateur ne va pas assez vite. Les livres demeurent donc nécessaires pour deux raisons : ils sont les ralentisseurs de l'information, ils la distillent et se refusent à toute manipulation de la part du nouveau lecteur hypertextuel interactif.
C'est l'apport inappréciable du livre."
Derrick de Kerckhove, L'intelligence des réseaux.

"On ne devrait lire que les livres qui nous piquent et nous mordent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire?"
Franz Kafka.