L'ennui fait bien partie des grandes questions philosophiques. Mais pour moi l'ennui est vital et je fuis les hyperactifs qui ne savent pas s'ennuyer. L'ennui permet l'introspection.
Dans l’ennui nous sommes abandonnés à nous-mêmes et dépossédés de nos tâches habituelles. Mais cette dépossession n’est-elle pas aussi libération ? Un moment où nous comprenons qui nous sommes, nous qui pouvons décider à tout instant de ce que nous faisons…
Mais peut-être que je mélange mélancolie (le spleen baudelairien) et ennui qui souvent ne vont pas l'un sans l'autre.
Pour le pessimiste Schopenhauer, "l'ennui est l'expérience fondamentale qu'il faut prendre en compte pour comprendre notre condition et ce que nous vivons". Il dit aussi : qu'il y a pire que l'ennui, c'est la tentation d'en sortir; c'est-à-dire les divertissements dont les hommes font preuves. Le remède n'est-il pas pire que le mal lui-même?
"Travail, tourment, peine, misère, tel est sans doute durant la vie entière le lot de presque tous les hommes. Mais si tous les voeux à peine formés étaient aussitôt exaucés, avec quoi remplirait-on la vie humaine? A quoi emploierait-on le temps?
Placez cette race dans un pays de cocagne, où les alouettes voleraient toutes rôties à portée de bouche (...), où chacun trouverait aussitôt sa bien-aimée et l'obtiendrait sans difficultés, alors on verrait les hommes mourir d'ennui ou se pendre, d'autres se quereller, s'égorger, s'assassiner et se causer plus de souffrances que la nature ne leur en impose maintenant; ainsi pour une telle race nul autre théâtre, nulle autre existence ne sauraient convenir."
Si les hommes acceptaient de s'ennuyer, y aurai-il moins de guerres?
Ce mortel ennui comme dit Gainsbourg:
Plaisir de l'ennui...
(Billet inspiré par Schopenhauer, le pessimisme. NCC de ce jour).