Les hommes frappent sur des tambours
pour se donner l'illusion de marcher
pour se donner l'illusion de marcher
Cette plaque de marbre si lourde, j'ai de plus en plus en plus de mal à la soulever. Tsss! Ce sont tes amis qui ont souhaité faire graver ces mots sur ta tombe. Mais la vraie phrase que tu avais inventée était :
Les hommes sont des infirmes
qui frappent sur des tambours
pour se donner l'illusion de marcher
qui frappent sur des tambours
pour se donner l'illusion de marcher
Je crois me souvenir que tes amis trouvaient que la citation originale était trop crue pour la tombe. Mais pour toi, le "sont des infirmes" était aussi une réminiscence de ton enfance et donnait il est vrai la puissance de la phrase.
Cette phrase faisait partie de tes nombreuses créations verbales; tu aimais les déclamer quand tes amateurs te demandaient d'improviser un tableau. Cela arrivait parfois. En fond sonore pour accompagner ta prose : le bruit de la brosse déclamant sa tourmente ou son allégresse sur la toile et les symphonies de Mahler ou du jazz, en sourdine - selon l'état de ton âme. En sortait une huile éblouissante, aux couleurs de ta vie. Tu étais génial et ne pouvait que séduire l'amateur qui, subjugué, réservait le tableau. Pour fêter cela, nous prolongions la nuit dans nos "bulles" avec Boby Lapointe, dont nous connaissions tous les textes par coeur :
La peinture à l'hawaïle
C'est bien diffic'hawaïle
Mais c'est bien plus beau
Dalida la di a dadi
Que la peinture à l'eau
Ah ! A lo a
Ra pe ti pe ta pe ti pe ti pe to
Ra pe ti pe ta pe ti pe ti pe to
Ça ra bi de ça ra bo
Rien n'est plus beau que la retraite aux flambeaux
Sauf peut-être ma cousine Berthe
Qui s'est fait une indéfrisable
Elle est admirable, on en mangerait
Un tout petit peu tout petit peu tout petit peu
...
Comme d'habitude, je n'irai pas sur ta tombe mon Amour.