dimanche 29 novembre 2009

Morflez, beautés...

"C’est une grande femme sophistiquée qui passe, un manteau de cuir, des bottes, un chapeau élégant, un maquillage flagrant, femme féminisée jusqu'à la pointe des cheveux, redoublée par l’accessoire et l’apprêt, et qui incontestablement attire le regard. Puis surgit de sa gauche et sans intention la bouscule une grosse maladroite et claudicante personne, femme aussi, femme non moins, mais dans une informe parka, affligée d’un handicap mental dont son visage ingrat, dissymétrique, atteste brutalement.

Or voici que dans ce choc, c’est la beauté sapée qui morfle, et cède, ridiculisée par le soin de sa mise, la futilité de cette constante préoccupation de soi : et s’effondre avec elle en vrac sur le trottoir toute prétention humaine à la maîtrise, à l’art, à la sublimation. L'autre est restée debout."

Eric Chevillard, L'autofictif ce jour.

Cruel dilemme : être "la beauté sapée qui morfle" ou "la handicapée mentale qui reste debout"?
Mon choix est fait, merde, faut pas pousser hein! Avec une pointe de beauté plus... naturelle.
Mais la morale est belle.