dimanche 18 juillet 2010

Le zérokini



La ville est en fête. Balade ce matin le long des quais, en musique, binious et cornemuses pour enchanter les touristes mais pour ma part, je préfère d’autres instruments plus doux pour mes oreilles, ingrate payse que je suis.
J’apprécie les endroits plus calmes comme cette petite venelle, les ponts fleuris.



Un dimanche après-midi comme je les aime, à ne rien faire, juste rêvasser, somnoler et lire un peu, en commençant par La fourrure de la truite, de Paul Nizon :

« J’avais donc été élevé au rang de fiancé et, à ce titre, de quasi-Sud-Américain, il allait donc de soi que Carmen prit mon bras quand nous partîmes. Tout naturellement, nous allâmes chez elle. Et là, nous nous aimâmes. En levant le camp je pensai, Ce n’est pas seulement une question de faim à assouvir : celui qui reste longtemps exclu du circuit sexuel tombe hors du monde. Le désir inassouvi amène à diaboliser le sexe féminin. A l’inverse, le regard de l’homme qui sort des bras d’une femme est le plus philanthropique qui soit. Amen. Voilà à quoi je pensais sur le chemin du retour. » Pages 45-46.
(Et moi je souris en lisant ça.)
« Et la fourrure de la truite ? Etait-ce le legs de ma prétendue tante ? Son message ? Oui, la truite n’est pas seulement l’être le plus glissant que jeconnaisse, mais aussi le plus brillant, surtout quand elle saute. Non, Carmen ne pouvait nullement être appelée ma truite. La truite est le plus insaisissable, le plus fuyant , le plus exposé, le plus vulnérable, le plus trompeur et espiègle, le plus beau des êtres d’argent, c’est de l’argent liquide à proprement parler. Je commence à comprendre qu’on puisse éprouver le besoin de le recueillir dans un manteau de fourrure, dans une peau de bête, et de l’y réchauffer. » Pages 51-52.


Puis j’ai poursuivi par le Philosophie Magazine de juillet-août, quelques articles à lire les doigts de pieds en éventail ;o) sur une chaise longue :

.L’IPAD, ou la tentation du superflux ! Liberté ultime ou servitude volontaire ?

. L’HONNEUR DE DURER – Au fil des âges : " Est-ce que vieillir est une performance ? Durer dans un monde qui change, accepter la déchéance physique dans un univers jeuniste, supporter les épreuves non négociables que sont la maladie et la solitude, attendre sa fin quand l’infini semble promis… Ce n’est pas rien. "

. DEMAIN, ON ENLEVE LE BAS ? Il y eut le bikini, il ne provoqua pas de scandale, il était conforme aux règles qui édictaient ce qu’on pouvait montrer et ce que l’on devait cacher dans les lieux publics.
Puis vint le monokini : " un presque rien de tissu devenu le symbole de la déchirure que la modernité a introduite dans nos mœurs." Celui-ci au contraire du bikini mis la mode hors la loi.
Le monokini dont l’usage s’est banalisé est-il encore érotique ? Le monokini a désexualisé la nudité pour qu’elle puisse être tolérée dans l’espace public.
« Pour prendre le monokini au sérieux il faut s’intéresser à ce qu’il cache et non à ce qu’il montre. C’est la condition d’une philosophie politique de ce petit habit."
A quand le zérokini ?
(Il y a une belle photo en noir et blanc d'une pin-up en monokini par le photographe Steeve Iuncker)

Puis un dossier intitulé
. PEUT-ON CHANGER DE VIE ? avec quelques témoignages intéressants, j’ai particulièrement été touchée par celui de Nicolas Henry, ex-alcoolique, sauvé par Nietzsche.

Bref, je n’ai pas eu le temps de lire le dossier auteur : Le marquis de Sade, certainement passionnant. Disons qu’après le bi-mono-zéro-kini je me suis mise à rêvasser, à somnoler à l’ombre de mon parasol en pensant à tous les pékins qui devaient griller sur la côte d’azur sur un mètre carré de serviette et je me suis dit : quel pied d’être ici. Puis à la réflexion j’ai pensé : c’est peut-être cela aussi vieillir, ne plus supporter la promiscuité ?


Non monsieur, vous ne pourrez pas acheter de CD aujourd'hui!