dimanche 25 juillet 2010

I feel Pretty

Samedi soir. Invitée à dîner, nous étions cinq à table. Il n’y a que sur les tables rondes que je ne me sens pas de trop, la cinquième roue du carrosse c’est moi. Je suis le nombre impair. Mais cela me procure une légèreté d’être, même pas insoutenable. Au contraire, comme une impression de liberté, aucune pression de nulle part. La soirée fut joyeuse et je rentrai sous une pluie fine dans la nuit me demandant si mes essuie-glaces étaient usés car je ne voyais rien, ou si ma vue baissait dangereusement la nuit. Je n’ai pas dépassé le 90 sur la voie à 110. Je suis arrivée tranquillement. Je me suis connectée avant d’aller me coucher en me disant que ce serait tellement plus doux de poser mes mains sur un visage plutôt que sur un bouton.

Dimanche après-midi. Dans ma voiture, encore. Mes pensées se bousculent. Je me demande si ce n’est pas le seul endroit où je me sens vraiment bien, le seul endroit ou je peux rire ou pleurer ou chanter, tout mon soûl, sans risquer que l’on me surprenne. D’ailleurs je chante : I feel Pretty ! Je suis gaie. Puis j’entends Jérôme Garcin sur France Culture parler des chevaux, de leur grâce ; il parle de Bartabas – que j’admire - faisant corps avec le cheval, de l’esthétique du cheval dans l’art et là je suis d’accord, cet animal de quelques 500 kilos est souvent représenté avec une légèreté aérienne. J’ai toujours aimé les chevaux, leur œil m’attire et je n’ai jamais eu peur de les caresser lorsque je me promenai dans la campagne. Ceux-là étaient des chevaux de trait, bien plus lourds mais tout aussi beaux.



Ce soir. Je dîne sur la terrasse, j’écoute Le Masque et la Plume.
Coup de fil, je décroche, il a une bonne voix, pourtant il va reprendre les séances de chimio, mais "seulement" deux jours par mois me dit-il. Cela le rassure de reprendre la chimio, c’est donc qu’il y a encore de l’espoir. Il s’accroche, se raccroche à la vie, même avec ses misères, ses nouvelles douleurs, il est content, content d’être là, et moi aussi. On raccroche et voilà que d’un seul coup je n’ai plus envie de chanter.

Il va falloir que je remonte dans ma voiture… pour pleurer, puis rire, puis chanter.