mardi 13 juillet 2010

Balade à Douarnenez




Petite balade en juin sur les traces de... Georges Perros. Je me demandais ce que penserait Georges Perros de voir un bateau de plaisance avec le nom de ses Poèmes bleus.
Poèmes Bleus
Mais après avoir lu les quelques mots du skipper (un chirurgien), c'est un bel hommage qu'il rend à l'écrivain-poète.
Une autre "barque" me vient à l'esprit qui agréerait j'en suis sûre à Georges Perros.
 Un vrai "poème bleu" de Jàc Plassan

Huilesur carton, Jàc Plassan

La mer est jeune, quel âge a-t-elle
Elle est ce mur horizontal
Où s'appuyer quand rien ne va
Et rien ne va plus trop souvent
Cette béquille infatigable
Qui n'en finit pas de jeter
Sa parabole au fond des sables
Dans le coeur mat d'un coquillage
On l'entend encore chanter.

[...]

J'allais une fois encore vers cette Bretagne
Qui m'a très jeune fasciné
Qui m'est aimant quand j'en suis loin
Qui m'est douleur quand de trop près
J'en subis la loi inflexible
De pierres de ciels d'horizons.
Les hommes partout se ressemblent
Les lieux n'y pourront jamais rien
Les lieux ne nous donnent à vivre
Qu'avec parcimonie
Pour renouveler le bail, le contrat qui nous lie
A nos frères, puisqu'il paraît.

"La solitude tenue n'est ni un exploit, ni un retrait.
C'est un plaisir, comme l'incognito.
Rien ne prouve que le plaisir soit un phénomène heureux."

Papiers collés 1, p. 207.

"L'incognito - n'être vu que par Dieu - ne fait jamais qu'accuser notre dérision."
Papiers collés 2, p. 211.

"Georges Perros est mort en 1978 à Douarnenez. C'est dans ce port du Finistère, à l'entrée du Cap Sizun où la pointe du Raz est l'extrême du continent, qu'il avait choisi de vivre. Loin du Paris des intrigues littéraires, loin du théâtre où il avait fait un début, loin de ses amis. Il vivait là dans un immeuble populaire, avec une femme, trois enfants, un chien, une pipe et une moto. Il travaillait dans des chambres de circonstances empruntées à des maisons proches de la démolition. Il fréquentait les bistros du port. Il lisait beaucoup, pour la richesse des livres bien sûr, pour quelque rémunération aussi en dépouillant des manuscrits mornes. Il écrivait. Des poèmes rarement, deux livres : Poèmes bleus et Une vie ordinaire. Des notes qui finissaient par faire des livres, trois tomes de Papiers collés. A Douarnenez, c'était M. Poulot, ainsi nommé à l'état-civil. Perros était son nom de plume. On ne savait guère qui il était. C'était un homme de mansarde. Il se blotissait sous les toits pour écrire "en chien de fusil"**, sous le ciel, au hasard des locations. "Mansarde. Cabine. Je campe. La terre tourne.""**
Gilles Plazy, L'incognito de Douarnenez.*

C'est le coeur plein d'émotions que j'ai parcouru le port et la ville, sous un ciel d'azur.

J'ai cherché des nuages où j'aurai pu voir dessiné ton visage mais le ciel était d'un bleu insolent. Je pensais aussi à un ami douarneniste, poète, mort en août 2009, Yan Balinec, à Anita Conti, la dame de la mer et à bien d'autres encore. Douarnenez a inspiré des peintres, des poètes. Je me suis arrêtée dans cette boutique, une petite folie, véritable caverne d'Ali Baba...



Boutique à découvrir absolument si l'on passe à Douarnenez. Une affichette à l'intérieur indique l'interdiction formelle de photographier, ce n'est pas un musée, précise la patronne sur un ton qui fout les j'tons. Entendez par là qu'il vaut mieux ressortir avec un souvenir. Je me suis un peu planquée pour photographier l'extérieur!

* Le livre de Gilles Plazy, L'Incognito de Douarnenez (Georges Perros) a été publié en 1999, aux éditions du Scroff.
** Papiers collés 3, p. 190.
** Papiers collés 3, p. 201.
Il eut aussi une belle correspondance avec Jean Paulhan.