lundi 25 octobre 2010

De l'importance du bisou

Dimanche.
J’étais invitée pour le dessert et le café.
Puis nous avons voulu profiter du soleil pour une promenade, nous les trois femmes (une grand-mère, une mère, une ??? je me demande ce que je suis ? une nullipare? pfff! il y a nulle dans cet horrible mot. Help me Elizabeth !) et les deux filles, soit quatre générations différentes. Les deux hommes préféraient pour l’un regarder la télé et pour l’autre faire une sieste.
La lumière sur le port était éblouissante et les couleurs des thoniers tranchaient dans le vif.



Lorsque nous revînmes, ô surprise, la vaisselle était faite.
- Elle, l’épouse (et grand-mère) : bendidon, je devrais aller me balader plus souvent !
- Moi, la non identifiée : super! Tu ne lui fais pas un bisou ?
- Lui : ça doit faire quelques années que je n’en ai pas eus…
- Elle, leur fille de 40 ans (l’air très sérieux avec un voile de tristesse) : justement, je ne vous ai jamais vu vous faire de bisous, avoir des gestes tendres même quand j’étais enfant. C’est important pour un enfant de voir ses parents de temps en temps manifester leur tendresse, de faire voir qu’ils s’aiment. Nous avec P. (son mari) même si parfois on se dispute devant les enfants on se fait aussi des bisous devant eux.
Un instant j’ai senti que le sujet allait plomber l’ambiance (par ma faute). Les parents ne savaient plus trop que dire. J’essaie de rattraper le coup :
- Moi : oui, mais c’est une question de génération. Les couples d’aujourd’hui sont plus expansifs, plus libres (j'allais dire plus libérés; je me serais fait incendier). Tes parents sont de l'ancienne génération, celle de la pudeur extrême. Moi non plus je n’ai jamais vu (ce n'était pas vrai mais il fallait que je trouve une consolation pour cette grande fille de 40 ans qui avait l'air vraiment chagrinée) mes parents se faire des câlins et pourtant j’ai la certitude qu’ils s’aimaient.
Mince, il suffit parfois d’un mot pour déclencher une psychanalyse.
N’empêche : de l’importance du bisou !

Le soir, après avoir retrouvé mon sweet home, solitaire - pas de risque de bisous ratés ou éludés - petit moment de bonheur en écoutant Arthur Rubinstein jouer Chopin. Je lui aurais bien fait un bisou là, sur ses mains divines. Quelle émotion ! Rien à voir avec Lang Lang, hum ! Je ris en relisant ce que j’en disais. Complètement démesuré, je suis folle; bon, tant pis, je ne corrige pas. L’instant est vérité !

J'ai filmé maladroitement Arthur Rubinstein mais impossible de mettre la vidéo ici. Java fait des siennes. En revanche ces photos capturées à l'instant sur Arte qui passe un documentaire sur le maître.