vendredi 25 juin 2010

Une caricature maladroite

Hier soir je suis allée voir Les petits ruisseaux, le sujet m'intéressait.
"On n'est jamais mieux servi que par soi-même, Pascal Rabaté met en oeuvre, chez lui à Mazé dans le Maine-et-Loire, une adaptation de sa bande dessinée publiée il y a quatre ans. Un album primé dans de nombreux festivals et qui travaillait un vrai thème de la société d'aujourd'hui, la sexualité des seniors. Il ne se cache pas derrière une pudeur mal placée qui le conduirait à affadir son propos. Il se livre sans retenue, et au besoin en petite tenue pour ses interprètes, à un sujet qu'il prend à bras le corps."

Voilà ce que j'avais lu avant d'aller le voir.
J'ai été très déçue et si ce n'était Hélène Vincent qui, à la fin du film, redonne un peu de vitalité et de flamme à cette histoire, je m'y serais prodigieusement ennuyée. Ma déception fut grande car je pensais que j'allais me régaler de retrouver Bulle Ogier.
Le sujet : la sexualité des septuagénaires! Ça manquait vraiment de peps, pourtant il y avait de bonnes idées, mais Daniel Prévost ne m'a pas convaincue dans ce rôle, ni Bulle Ogier, seule Hélène Vincent était convaincante et piquante. Rien ne m'a paru naturel dans ce film, j'ai trouvé que tous les acteurs surjouaient voire jouaient faux. Je lis après coup les critiques qui pour la plupart n'en disent aucun mal, voire du bien! Comme quoi ce n'est pas la peine que je lise les critiques! Bref, grosse déception.
Mis à part Ouest-france, plus modéré :
"... la démarche qui pouvait fonctionner à plein dans les pages d'un album peine davantage à trouver sa saveur sur la largeur du grand écran. On est tantôt dans gaillardise et tantôt dans la poésie, ici en plein réalisme et là dans le fantastique.
... le ton se cherche sans parvenir à trouver le fil conducteur dans un mélange des genres mal assuré. La galerie de personnages qui entourent le quotidien d'Emile tient beaucoup de la beaufitude appuyée. Une caricature maladroite qui pèse sur le rythme, la légèreté et le charme de cette comédie des temps qui courent."


Je me souviens de Françoise Fabian et de Jean-Pierre Cassel dans La femme coquelicot, un téléfilm tiré du très beau livre de Noëlle Châtelet. Le livre m'avait complètement emportée dans cette histoire d'une rencontre amoureuse entre Marthe 70 ans et Félix 75 ans. C'était un regard nouveau sur la vieillesse, une ode à la passion qui se joue du temps "les peaux sont douces d'être usées, d'avoir frotté contre le temps...". J'avais peur d'être déçue par le film après avoir aimé le livre mais non, Françoise Fabian et Jean-Pierre Cassel étaient crédibles et magnifiques dans leur rôle. Un film qui nous montre que la passion n'a pas d'âge... ni le désir... ni l'amour. Cependant, je préfère toujours le livre au film; mon imaginaire crée les personnages et je leur donne le ton.

Il faut dire que je suis partie voir ce film - Les petits ruisseaux - sur un coup de tête, pour faire diversion. Ma journée fut pleine de douces pensées mais aussi de questionnements. Et peut-être étais-je trop imprégnée de ce qui m'emplissait pour apprécier un film qui, pour le coup, m'a paru sans saveur, tant ce qui me "travaillait" était délicieux et exaltant?

Je suis rentrée agacée et suis revenue sur mes questionnements. J'ai trouvé des réponses, insatisfaisantes, mais que j'ai fait miennes.
Je m'en veux parfois de mon intransigeance.

"Le regret aussi est amplificateur de désir."
Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, Le temps retrouvé.