mercredi 27 octobre 2010

Atelier d'écriture. Atchoum!

Je m’en veux de vouloir décortiquer les choses, entrer dans le détail, vouloir éclaircir ce qui me reste obscur. Cela me perdra. Je dois apprendre, mais n’est-ce pas un peu tard, à dire, à lire les choses calmement, à prendre du recul, peut-être ainsi verrais-je plus clair et arriverais-je même à avoir des réponses à mes questions et me dire tout simplement : mais oui, c’est cela, rien d’autre, pourquoi chercher midi à quatorze heure ? Je suis si souvent impressionnée, voire agacée par ce que je lis sur la toile. J’ai le sentiment de plus en plus ancré (encré ?) que les gens qui écrivent (je ne parle pas des écrivains ni de certains blogueurs qui en sont de vrais sans cette appellation) sont des experts ès vocabulaire. La mode est aux ateliers d’écriture ! Cette expression me terrifie. Voudraient-ils devenir écrivains ces adeptes des ateliers d’écriture ? A TE LIER D’E CRI TURE ! Mais bon sang, j’ai pas mal lu depuis trente ans (je n’ose pas dire quarante ça me fout le bourdon) et pas n’importe quelle littérature et jamais, je ne me suis sentie déconcertée par l’écriture, les mots, des auteurs qui m’ont touchée et qui me touchent toujours. Il est vrai que j'avais toujours un dictionnaire sous le coude mais plus pour avoir une définition exacte d'un mot que pour en connaître le sens; dans le contexte on saisit toujours le sens mais il est bon d'en savoir plus pour le réutiliser, à bon escient.

"L'écriture c'est le coeur qui éclate en silence."
Christian Bobin, L'épuisement.

Il me fallait sortir de ma perplexité cet après-midi et ce fut avec Gros-Câlin de Romain Gary; un moment de bonheur, qui me conforta, enfin ? dans ce sentiment qu’il n’y a pas besoin d’un langage affecté pour faire passer des émotions.
Souvent lorsque je lis, je fais des pauses, rêveuses ; je pose mon livre ouvert à l'envers sur mes genoux, je regarde le clocher de l’église où j’aperçois quelques oiseaux qui s’engouffrent dans les ouvertures puis je regarde ma terrasse et là, que vois-je en ce moment ? toujours elle, et cette fois la toile est comme une couronne de perles de pluie autour de l’araignée. Mais c’est ravissant. Je ferme Gros-Câlin, la pluie s’est arrêtée, je vais la prendre en photo.




Et ces quelques minutes ont suffi à me réjouir. Décidément, je ne comprends pas pourquoi je me triture les méninges à essayer de comprendre ce qui me déstabilise quand la vie est si simple. Ce qui m’étonne tout de même, c’est que je n’ai besoin d’aucunes explications pour aimer un tableau abstrait qui serait hermétique à la plupart des quidams. Bien sûr d’aucuns trouvent encore des mots sophistiqués pour expliquer ce qu’a voulu exprimer le peintre. Mon regard seul suffit pour le laisser me pénétrer, sans mots.

Et là, ce soir, je contemple le ciel.


A l’heure où j’écris ces lignes je m’en veux encore, de n’avoir pas su lui dire mon incompréhension avec douceur, délicatesse, intelligence, simplicité, il faudrait que j’aille dans un atelier d’écriture ? Plutôt arrêter d’écrire, ici.