dimanche 20 septembre 2009

Du train

En traversant la Beauce plate et monotone je trouvais quelque intérêt à ces éoliennes.
Elles m'ont sortie de ma torpeur.

J'ai repris la lecture de mon livre et j'ai eu envie de caresser d'un doigt ces mots qui me remplissaient de douceur :
"Elle avait huit ans. Elle accompagnait son père dans l'épicerie où je travaillais pendant un été. Lui était un Arabe au regard doux et timide, vieilli prématurément par le travail en usine. Sa petite fille lui servait de traductrice, adoucissant ses déplacements dans un monde dont il ne connaissait pas la langue. Il y avait sur le visage de l'enfant tant d'intelligence et de bonté que son sourire, quand je lui ai rendu la monnaie, est aussitôt rentré en moi, s'ajoutant aux lumières qui, avec le temps, se déposent dans mon coeur comme une poussière d'or..."
Christian Bobin, Ressusciter.


Une phrase de cet auteur vaut souvent un livre entier. Chaque phrase est une caresse.