lundi 6 décembre 2010

Que la lumière soit dans le brouillard



Dimanche 5 décembre.

Ciel gris, il fait froid et humide. Il faut que je bouge. J'ai eu mon content de lecture cette semaine. Nouvelle exposition au QUARTIER (Centre d'Art Contemporain) qui fête ses 20 ans. Je vais y aller. Que vais-je découvrir cette fois-ci? Que vais-je comprendre? Rien, sûrement, si je ne consulte pas avant quelques brochures sur l'exposition. Quel dommage que je ne sois pas à Paris, j'irais voir Piet Mondrian à Beaubourg. Je ne connais de lui que ses oeuvres abstraites et géométriques que j'aime beaucoup et ça m'aurait intéressé de voir ses premières oeuvres, figuratives. Je crois que la chaise superbe de Gerrit Rietveld figure dans l'exposition. Autant je suis sensible à la peinture abstraite autant je reste hermétique à l'art contemporain, mais je continue de faire des efforts pour m'y intéresser. Donc, visite de ce dimanche, titre de l'expo :

2 ECLATS BLANCS TOUTES LES 10 SECONDES
Ann Veronica Janssens et Aurélie Godard

Heureusement que j'ai le catalogue en mains pour suivre l'expo. Ann Véronica Janssens se revendique comme sculpteur. Elle choisit ses matières en fonction de leur propension à réfléchir ou à produire de la lumière. Mes photos sont un peu sombres, j'ai craint de me faire remarquer en mettant le flash et j'ai préféré rester discrète. De plus le temps était très sombre et les salles ne bénéficiaient pas de l'éclairage naturel plus signifiant par beau temps;-)


IPE 430, 2010. Acier poli, huile/430 x 20 x 9 cm/ Disque noir, 2010
Ici une poutre en acier brut dont la surface est polie. "Elle réfléchit la lumière créant l'effet d'une liquéfaction et de luminosité interne du matériau". Disque noir : la surface du disque en aluminium est gravée d'un sillon.
Cette première salle me laisse perplexe! Poursuivons.


Bain de lumière, 1998.


Sphères en verre et eau.
Quatre récipients en verre superposés et remplis d'eau deviennent des lentilles qui reflètent le réel comme une séquence d'images filmée
.
Je me suis amusée à les photographier de près pour observer ces "lentilles" et je trouvais cela intéressant. Je n'ai pas dit, passionnant!

Fantaisies jaune et rouge, 2010.
Verre, eau déminéralisée, pigments acryliques, huile de paraffine.
Un disque d'huile colorée (jaune ou rouge) flotte à la surface des aquariums emplis d'eau. Les effets de transparence et de résonance entre ces couleurs évoluent en fonction du point de vue du visiteur.
Ensuite j'arrive dans une salle et j'ai l'impression de m'être trompée de porte et de me retrouver dehors dans le brouillard. Très étonnant. Titre : Aérogel! L'aérogel est le matériau le plus léger qui ait jamais été créé. Il est constitué d'une proportion d'air qui oscille entre 99,5 et 99,9%. Il est transparent comme un brouillard. Les fines particules qui le composent rendent une lumière semble à l'atmosphère. Impossible évidemment à photographier. Salle suivante :



Section 2, vent et brouillard, 2010.
Projecteur, film miroir sans teint, ventilateur, brume
.
L'installation d'un rideau miroitant sous le phare d'un projecteur à découpe et au travers d'une légère brume produit une dispersion de la lumière, tandis que le léger mouvement du rideau génère une ambiance sonore, transformant la perception des matériaux et de l'espace en un univers aquatique.

 
L'exposition se poursuit avec les oeuvres de Aurélie Godard. Celles-ci de factures architecturales ne me déplaisent pas, sans doute parce qu'elles se fondent bien avec l'architecture de bâtiments (le théâtre de Cornouaille) à l'extérieur que l'on aperçoit par les fenêtres.

d'Oscar Niemeyer a été réalisée en dialogue avec la vidéo qu'Ann Veronica Janssens a consacrée à l'architecte. La peinture de son socle reproduit l'image pixellisée de l'oeil de Niemeyer, d'après la vidéo

Painting with Oscar (pour AVJ), 2010

Bois, peinture acrylique. Cette maquette simplifiée d'une architecture .


Confusions de Rennes à Tokyo en passant par Milan mais dans un livre pour la dernière (un crochet par Ronchamp), 2010

(Je ne comprends rien à ce titre, qu'importe, ce "paquebot" ci-dessous me plaît).
Bois, plexiglas, peinture acrylique.
Cette sculpture constitue une association de trois différentes architectures observées par l'artiste et reconstruites de façon empirique. Les références précises semblent s'agglomérer ici, créant à travers cet édifice nouveau, la sensation d'un déjà vu.



Vu sous cet angle, le "paquebot" devient totem!

 


Intermède, je me fonds dans le paysage et, à ma façon, crée une oeuvre d'art (Hum!)

Et toujours avec Aurélie Godard :


Coriolis, 2010Ces boules en fonte d'aluminium, à la surface irrégulière d'une feuille d'aluminium froissée, jouent sur la différence de poids et d'inertie entre ces deux états du même matériau. En référence à la force de coriolis (la force inertielle d'un corps en mouvement par rapport à la rotation de la terre), le changement de poids et de surface de ces boules, rend aléatoire toute prévision de leurs trajectoires respectives.
Enfin, dernière oeuvre ici (mais il y en avait d'autres) de Aurélie Godard. Celle-ci irait moins bien dans mon salon que celle de Gerrit Rietveld :
expos du Quartier ici , et .

Bois d'épave/diamètre 80 cm. Cette sculpture a été réalisée à partir de bois d'épave de trois bateaux différents dont un échoué sur l'île d'Ouessant. Le choix de la forme et de la fonction de cette sculpture renvoie aux péripéties des navires et opère un déplacement d'échelle et de contexte.
Fin de la visite, j'avoue que je reste baba devant ces textes (tirés de la brochure) dont l'analyse me renverse! Ou, comment tenter d'ouvrir l'hermétisme de mon intellect à l'art contemporain. Tous les titres et textes sont tirés de la brochure, évidemment!
Avant de quitter LE QUARTIER je me suis attardée à la bibliothèque du CAC et, dans un ouvrage consacré à l'artiste Ann Veronica Janssens, j'ai lu ce qu'elle dit du brouillard dans ses oeuvres; j'ai bien aimé (j'ai tout compris;-)) :

"Le brouillard a des effets contradictoires sur le regard. Il fait disparaître tout obstacle, toute matérialité, toute résistance contextuelle, et en même temps, il semble donner matière et tactitilité à la lumière.
On peut parler de "regard incarné". On se meut dans un bain de lumière, à l'aveugle, sans contrainte, ni limite apparente. Notre perception du temps s'y transforme, il y a un ralentissement voire une suspension. On s'y retrouve comme dans un film au ralenti et sans image ou presque. Tous les repères ont disparu, la lumière n'éclaire plus rien qui puisse faire autorité sur notre déambulation. Nous sommes renvoyés à la surface de nos yeux, à une sorte d'amnésie, à un espace intérieur qui ouvre des perspectives inouïes. L'autre est bien là, mais il survient de l'épaisseur lumineuse et peut disparaître aussitôt."

Quelques
La chaise de Lucrèce. (Qu'il est doux, quand sur la vaste mer les vents soulèvent les flots, d'apercevoir du rivage les périls d'autrui), 2010

A propos "d'art contemporain".