samedi 25 février 2012

J'aurais pu danser le Tango

Mais pourquoi suis-je entrée dans ce salon de thé ? J’avais entendu dire que c’était le must des salons de thé, « le temple de la gourmandise où l’élégance et la qualité sont synonymes d’harmonie ». Je me disais en y pénétrant que j’allais peut-être retrouver l’ambiance de Chez Angelina ? en sachant que de toute façon, ils n’auraient pas de Mont Blanc, ni les merveilleux scones du Tea Caddy. Mais ne jouons pas les difficiles, entrons. Je me devais d’accompagner mon thé d’une pâtisserie ; les gâteaux ne me disaient rien, je n’avais pas faim, j’ai donc choisi trois minis macarons et je suis allée m’installer dans le salon, au fond de la pâtisserie. Il y régnait un silence assourdissant, seuls quelques bruits de cuillères ou de fourchettes qui cessèrent à mon arrivée. Je dus m’installer au milieu du salon, toutes les tables près des murs étaient occupées. Les clientes – des habituées m’avait-on dit, mais on ne m’avait pas précisé leur âge – s’arrêtèrent de siroter leur thé ou leur chocolat et me regardèrent comme si un ovni venait d’atterrir d’une autre planète sur la leur. Moyenne d’âge : chut ! pas de discrimination, ça me tombera dessus un jour si je vis jusque là. Ces dames ne conversaient pas entre elles, peut-être y passaient-elles l’après-midi pour tuer le temps ? J’aime assez les endroits désuets, d’un autre temps, quand il y règne un peu de vie ; cela existe. Mais là tout sentait le renfermé, les tables juponnées de chintz à fleurs de style anglais, recouvertes d’un plateau en verre, étaient défraîchies, la moquette n’en parlons pas, l'assise de ma chaise était défoncée;  mais c’est l’atmosphère qui était mortelle, déprimante. Mon thé est arrivé dans une théière lilliputienne en inox, on ne m’a pas demandé quel thé je souhaitais, pour un salon de thé « de qualité » encore un mauvais point. Oui, j’étais bien loin de Angelina et du Tea Caddy mon préféré. J’ai sorti un journal de mon sac, je venais de le piocher dans un présentoir à la médiathèque. Les mamies avaient l’air étonnées de me voir lire dans ce lieu réservé à la dégustation de gourmandises à l’heure du thé.

Je lisais un article intitulé : « Accès à Internet, Quimper connection : même si ce n’est pas Paris et ses 400 point d’accès Wi-Fi gratuits, nombreux sont les lieux où il est facile de se connecter ». Je tourne les pages et je lis : « Gérard Nonette le barbier qui sévit », le retour du rasage à l’ancienne, (je riais dans ma barbe) puis Roméo et Juliette au théâtre, metteur en scène Olivier Py, plus loin on parlait de mon quartier : " Enfin un horizon. Depuis presque 40 ans, le quartier de ** va de projet en projet sans que quoi que ce soit n'aboutisse. Cette fois, Bernard Poignant, maire de Quimper en est sûr : "On voit le bout du tunnel" et je terminais sur un article : « Le dernier tango à Quimper » dont je venais de voir l’exposition à la médiathèque.

En tout cas, ce n’est pas ici qu’on va danser le tango. J’ai bu mon thé et avalé rapidement mes trois macarons, j’ai refermé le journal et je suis partie en faisant un petit signe de la tête et un sourire aux vieilles dames qui n'avaient cessé de m’observer. Dehors, j’avais envie de pousser un cri libérateur, je m’abstins, je me trouvais alerte, j’avais l’intention de prendre le bus et je suis rentrée d’un pas léger, à pied. J’aurais pu danser le tango!




 Le long des quais l'air était doux, je me disais en arrivant près de la passerelle  que cette ville était jolie, que je n'avais pas le droit d'être triste, que je devais continuer de sortir de chez moi, qu'il était temps que je projette une escapade, pas seulement dans ma tête.  Il fallait que je retrouve de l'énergie. Je me sentais si seule. Impossible de danser le tango!

Quelques photos de l’exposition : Tango, Tangages







Et maintenant, je vais regarder le Pape de la Pop sur Arte : Andy Warhol.
Annonce de la chaîne: " Regardez Arte, pour une nuit qui agite le bocal"!!!