Je n'ai pas l'intention de tenir ici une rubrique nécrologique mais il est certaines disparitions qui ne me sont pas indifférentes. Le peintre avant-gardiste Antoni Tàpies est mort le 6 février, il avait 88 ans. On parle de "génie du XXe siècle". Je suis moins sensible à ses oeuvres qu'à celles de Joan Miró qui était son ami.
"Artiste autodidacte, Antoni Tàpies a été reconnu très tôt aux Etats-Unis. Dans les années 1950, se détournant d’une abstraction française qu’il estime "trop élégante", il mêle à la couleur des matériaux comme le sable et le plâtre, réalise des collages avec des journaux ou des bouts de ficelle.
A la fin des années 1960, il compose des tableaux-objets, tandis que sur certaines de ses toiles apparaissent des croix (en fait deux T, le premier étant celui de son nom, le second la première lettre du prénom de son épouse, Teresa). La figuration n’est pas absente de cette œuvre qui semble abstraite, en témoignent notamment ces fragments de corps (des pieds, des morceaux de torse faisant allusion à des crucifixions)."(Source Le Nouvel Observateur).
Tu as eu ta période "matière-sable" dans des couleurs sombres et tu riais - un peu agacé tout de même - quand je te disais que tu faisais du Tàpies à cette époque-là. En fait, il n'y avait aucune ressemblance avec ta peinture; c'était seulement la "matière" qui m'y faisait penser. J'avais vu une exposition de cet artiste à Beaubourg en 1973; elle m'avait laissé perplexe. Autant les Croix de Malevitch m'impressionnent, me chamboulent, autant celles de Tàpies ne me touchent pas; je n'ai pas d'explication, je ne sais pas pourquoi, d'ailleurs je ne cherche jamais le pourquoi en peinture. Je ne te connaissais pas encore... Je savais pourtant qu'il ne faut jamais dire à un artiste qu'"il fait du...". C'était deux ans avant que je te rencontre, tu étais tourmenté. Ta peinture a changé ensuite, plus de "matière" ou plutôt moins de matière, cependant tu peignais encore au couteau. Puis - était-ce ma présence qui allégeait ta peinture? Tu le disais... - tu as changé ta manière de peindre, parfois tu laissais même voir la toile derrière les coups de pinceaux.
Je m'égare une fois encore dans les souvenirs... revenons à Tàpies.
À travers son œuvre, Tàpies montre un intérêt particulier pour les lacérations, les entailles et les griffures au sein de ses compositions. Il qualifie ses œuvres de « champs de batailles où les blessures se multiplient à l'infini. »
On peut trouver sur le Web de nombreux sites qui lui rendent hommage.
Antoni Tàpies (Getty Images)