vendredi 10 février 2012

Journal intime

Jeudi 9 février.

23 h 45.

J’écris dans mon lit. Je ne peux pas parler de lui dans mon blog. Ces mots resteront dans « brouillon ».
Je pense à lui tout le temps. Oui, on peut penser à quelqu’un tout le temps sans qu’il soit question d’amour.
Mars 2010 et bientôt mars 2012 ; deux ans que l’on échange des mails, quotidiens, sur le mode amical.
Oui, c’est donc possible l’amitié entre un homme et une femme sans l’once d’un sentiment amoureux. De mon côté il a fallu quelque temps pour exclure totalement le sentiment amoureux. Au début de notre correspondance je l’étais, un peu, amoureuse, mais jamais je ne l’ai laissé transparaître dans mes mails. Rapidement j’ai compris que lui ne le serait jamais de moi. Il aimait déjà une femme, la sienne et cela me le rendait encore plus précieux, plus aimable. Je me devais de respecter cela. Il fallait pour cela que je sois légère, rieuse, sérieuse. J’y arrivais sans effort. De toute façon, dès que mon naturel reprenait le dessus, celui de l’amoureuse enfouie en moi, il ignorait superbement ce que j’écrivais. Aussitôt je me ressaisissais, je comprenais que je ne devais jamais dépasser les limites de l’amitié. J’avais tellement peur de la (le) perdre que je reprenais rapidement mes esprits et poursuivais notre correspondance comme si de rien n’était. Cela devenait, pour moi, comme un jeu, délicieux.
Je l’admirais. Je me demandais avec étonnement comment il pouvait communiquer avec moi sans ennui, ma culture étant si restreinte à côté de la sienne. Je n’essayais pas de me mettre à la hauteur de ses connaissances, je n’aurais pas pu ; je restais moi-même, futile parfois.
Nous n’avions pas les mêmes idéaux politiques – je m’en fichais éperdument, mes idéaux étaient en fait depuis longtemps devenus très flous – mais nous avions le même sens de l’esthétisme.
De jour en jour mon amitié grandissait, devenait réelle, sans l’ambiguïté amoureuse. Il m’apportait du bonheur dans ma solitude et je voulais le sien avec sa compagne. Je ne lui demandais rien et pourtant il savait me faire plaisir. C’était pour moi une preuve de son amitié. Je savais, oui je savais qu’il ne me désirait pas – j’avais cette certitude indéniable – et cela me procurait une liberté que je n’avais jamais connue avec un homme (sauf avec mon Aimé). Je ne le désirais pas non plus, non, c’était autre chose que du désir. C’était bien au-delà.
Mais j’avais souvent très envie qu’il me prenne dans ses bras.