lundi 20 février 2012

C'est quoi ces notes


Je disais donc que samedi matin j’écoutais Répliques dont le sujet était : La nostalgie de la politesse.

Le témoignage de Cécile Ernst, invitée à l’émission, m’a laissé pantoise. Est-ce à ce point-là me disais-je en l’écoutant. Cécile Ernst est enseignante en banlieue parisienne, diplômée de Sciences-Po et agrégée de sciences économiques.

La politesse c’est un art de la vie en société, c’est ce qui fait lien entre les gens. Le respect est la valeur fondamentale de la politesse.
Nous ne nous comprenons plus entre groupes sociaux parce que nous n’avons plus de langage commun.

"Pour moi la civilité c’est un langage commun. La civilité est considérée comme les bonnes manières à l’égard d’autrui, alors que le savoir-vivre est utilisé comme pratique et connaissance du savoir du monde, sous entendu le beau monde comme on disait au XIXe siècle, celui des élites. J’ai essayé de faire la distinction entre les codes sociaux qui relèvent d’une volonté de se distinguer.
[...]
En tant qu’enseignants, nous ne pouvons même plus lutter contre la mode etc. parce que si je dis à une jeune fille : ta tenue c’est vraiment pas possible, elle est beaucoup trop provocante etc., et que vous convoquez les parents pour discuter, je n’ai aucun pouvoir de la convaincre car la mère est habillée de la même façon. Nous ne savons plus, nous en tant qu’enseignants, ce que nous sommes sensés transmettre."

Les incivilités des élèves sont effrayantes.
Voici ce qu’elle écrit, ça se passe dans un lycée de banlieue chic de l’ouest parisien, privilégié donc, avec une population issue des classes moyennes et supérieures, précisant que dans certaines banlieues plus défavorisées, avec une population d'immigrés, la politesse y est parfois plus respectée, avec des élèves désireux d’apprendre. Texte lu par Alain Finkielkraut :

« Ambiance nettement plus policée dans les couloirs mais pas tant que ça dans les salles de classe. Bavardage, agitation et manque total de travail sont la norme dans la majorité des classes et les élèves de seconde rivalisent d’imagination pour rendre fou leur professeur : concours de rots et de pets dans mon dos pour les garçons, séance de maquillage pour les filles qui agitent sous mon nez leur mascara et leur poudrier, ulcérées quand je les supprime. »

Cécile Ernst insiste pour dire que ces incivilités se répandent dans tous les milieux, autant dans les populations privilégiées, ils n’ont plus aucun respect d’autrui.

« Le non respect vis-à-vis d’autrui va de pair avec un refus, un rejet de la culture et du savoir. Pour eux, ça ne vaut rien. J’ai l’habitude de dire que si les enseignants pouvaient rouler en Porsche et s’habiller en Prada, nous aurions beaucoup plus d’autorité. Nous en sommes là. La seule chose qui leur importe c’est la richesse, ça n’est pas la culture et le savoir. Ça nous décrédibilise nous aussi dans ce sens-là.
L’analyse que je fais repose sur deux piliers : cultiver ses manières et cultiver son esprit, or ce qui est remis en cause ce sont les deux. On a un mal fou à faire comprendre à nos élèves que quand il faut faire une recherche documentaire, il ne s’agit pas seulement de taper sur Google et tomber sur n’importe quoi ; ils ne hiérarchisent aucune information qu’ils trouvent sur Internet, ils peuvent raconter n’importe quoi dans leurs devoirs, ils ne comprennent même plus pourquoi nous, nous sommes horrifiés. On essaie de leur expliquer que l’étude d’un chercheur de l’Ined est certainement plus objective et plus scientifique que le blog de Kevin, mais ils ne le comprennent pas. »


Maintenant, faisons la part des choses et espérons qu'il existe des enseignants heureux!