jeudi 4 novembre 2010

Billet bâclé 2

Je poursuis donc mon sujet, inspiré fortement par Répliques avec ces quelques mots de Pierre Jourde invité de l’émission :

"Il y a parfois quelque chose d’excessif, un impérialisme dans l’écriture de soi. Nous sommes des fictions à nous-mêmes. Nous ne pouvons plus croire à ce moi, à ce je solide d’un bloc, que l’on pourrait saisir et exprimer avec simplicité : l’autofiction. L’écriture de soi me semble un genre nécessaire. L’homme est traversé d’histoires, de mythes, traversé de récits, il se parle à lui-même, il se ment à lui-même ; cela est accentué par la modernité ; nous sommes de plus en plus traversés de discours."
Et ce texte donc de Renaud Camus que je trouve magnifique :

P.A. (Petite Annonce).

"Il n’y aurait plus chez nous que des auteurs nombrilistes ; ce serait même la cause de la décadence de nos lettres et de leur peu de succès de par le monde. Les écrivains français ne feraient que parler d’eux-mêmes au lieu d’aborder de grands sujets comme ils le devraient, de raconter de grandes histoires et d’inventer de vrais personnages. C’est peut-être vrai. Mais je ne vois pas ce qu’on leur reproche à ces auteurs-là. Est-ce que le soi n’est pas un grand sujet par hasard ? Est-ce que la fiction seule a le droit de cité ? Est-ce que les personnages de romans sont forcément plus intéressants que des personnes réelles, confrontées tous les jours à des hasards autrement plus nombreux et qui n’ont que plus de mérite, à tâcher de s’imposer une forme. On dit qu’ils sont toujours à évoquer le petit confort bien douillet qu’il y aurait à parler de soi. Que ne s’y collètent-ils pas eux-mêmes à ce confort de parler de soi qu’on décourage. J’admire autant celui de Jean-Jacques ou de Gide ou de Leiris que celui de Malraux ou celui d’Hemingway, et je ne sais pas lesquels de ces auteurs ont eu le plus d’influence sur l’histoire de l’homme, l’histoire de l’âme, l’histoire tout court et celle des sensibilités.
Et puis l’orgueil bien entendu. Quel orgueil il faudrait avoir - d’après nos critiques – pour traiter de sa propre personne, ou quelle médiocre vanité ? C’est possible. Je conçois qu’on tire quelque orgueil en effet d’avoir osé dire sa faiblesse, sa lâcheté, ses désirs, ses impuissances, sa peur de la nuit et ce faisant d’en avoir éclairé peut-être – et rendu presque arpentable qui sait – quelques quartiers de la nuit des autres et soulagé un peu leur peur."


J'ai voulu en finir avec la suite de ce billet bâclé, ne sachant plus si demain (en fait aujourd'hui puisqu'il est minuit et demi) j'aurai le courage de... poursuivre, de me raconter... ni de quoi il sera fait.