Cette fois le couperet est tombé.
Plus de chimio t'a dit l'oncologue, il n'avait pas besoin de rajouter : çà ne servirait plus à rien.
Enfin, c'est ce que tu as compris.
Mais moi je te dis, en pensée, c'est parce que la dernière chimio t'a épuisé, ces séances quasi quotidiennes pendant des mois, alors il préfère tenter une chimio à la maison par médicaments qui va te permettre de te reposer, dans ton sweet home. Tu es si fatigué et buté aussi. Tu t'obstinais à prendre ta voiture pour aller faire tes séances à 15 kms, tu avais le droit de le faire en taxi, remboursé, mais non, tu n'as jamais voulu. Tu étais effrayé quand tu voyais sur tes relevés de la sécu le prix des séances de chimio et tu disais : je coûte déjà assez à la sécu. Mais bordel de merde, qu'est-ce que tu en as à foutre! Ô mon frangin j'ai envie de gueuler, de dégueuler.
Je suis encore émerveillée par tes révoltes, ton sale caractère qui n'a pas changé d'un pouce malgré ta maladie; je pensais que tu allais devenir plus doux, plus tolérant, moins exigeant. Mais non, tu es le même, râlant sans arrêt. Et çà me réjouit, çà veut dire que tu as gardé ton énergie et c'est cette énergie qui va t'empêcher de lâcher le morceau!
Et hier je me suis agacée pour une histoire de stores. Quelle futilité!