En guise d’apéritif, j’ai lu quelques pages de La pensée chinoise :
" […] le début de l’année chinoise est, par principe, variable : c’est en fixant les heures, jours et mois initiaux que les différentes dynasties déterminent leurs insignes et leur calendrier de façon à singulariser le Temps de leur domination. Fait remarquable : le début de l’année n’a jamais oscillé qu’entre les divers mois de la saison froide. La fête hivernale n’a pas été, dès l’origine, une fête solsticielle : son nom peut vouloir dire : fête de l’allongement des nuits, - et il est certain qu’elle présente tous les caractères d’une fête des récoltes. Sa durée, d’abord fort longue, était en fait déterminée par des termes réels, ceux du gel et du dégel. Elle s’étendait, avec ses cérémonies initiales et terminales, sur toutes les périodes de l’hivernage, si bien que de nombreux épisodes rituels ont pu s’en détacher : attribués aux huitième et deuxième mois, ils ont marqués les deux bouts d’un axe équinoxial de l’année. […] L’Espace par quadrants, un ordre liturgique, fondé sur la division de l’année en quatre saisons, servit à rythmer le Temps. Mais on doit noter qu’une des extrémités de la croisée est restée à peu près vide de valeur religieuse : elle correspond simplement aux vacances d’été, simple temps de repos et d’abstention. Les vacances d’hiver ont une autre importance. Même réduites à une période de six ou de douze jours, elles semblent valoir autant que l’année entière."
Marcel Granet, in La pensée chinoise, éditions Albin Michel.
En ce soir de Noël, tandis que je passais mon après-midi à lire des Correspondances, Journaux intimes et autres Carnets d’écrivains, - pour vérifier quel était leur état d'esprit en ce mois de décembre de leur époque - et, en véritable païenne, alors que j’entendais sonner les cloches de la messe de minuit, je ne chantais point le Minuit chrétien ni Il est né le divin enfant, non, à cet instant là je regardais un film de Wong Kar Wai (encore lui) : Nos années sauvages.
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Ce fut une belle "messe de minuit" très païenne.
Aujourd’hui, 25 décembre, jour de Noël, à l’heure où les repas de famille devaient s’éterniser autour de la dinde et de la bûche, je passais solitaire un Noël divin : 3°, un soleil radieux. Un temps à m'adonner à mon sport favori, ce que je fis, en oubliant le Temps mais pas l'Espace. Certains greens étaient encore gelés malgré le soleil.