Mardi 31 mai 2011.
Réveil matinal ; j’espère voir le soleil en ouvrant les volets mais c’est sous un ciel gris que je découvre le lac ce matin. Le vent s’est un peu apaisé mais il pleut, une bruine qui doit bien mouiller. Flûte, je ne suis là que pour deux jours encore, quel dommage; c’est la semaine de l’Ascension et l’hôtel est complet à partir de jeudi, je ne peux donc prolonger. Le wi-fi sensé fonctionner et être gratuit ne marche pas. Je décide d’aller ce matin à l’Office du Tourisme pour voir s’il y a une expo intéressante en ce moment. Pas de chance, celle-ci au Palais Lumière : Splendeurs des collections du prince de Liechtenstein, Brueghel, Rubens, Rembrandt... démarre samedi. Sinon, j’ai noté un numéro de téléphone pour aller faire une balade d’une heure en bateau en fin d’après-midi si le temps le permet : rendez-vous au ponton du Casino à 17 heures.
Je me dirige alors vers la médiathèque qui se trouve derrière le Palais Lumière pour me connecter sur Internet et faire quelques recherches. J’en profite pour envoyer un mail à une amie (virtuelle) blogueuse qui vit à Lausanne pour essayer d’organiser une rencontre. Je lui donne mon numéro de téléphone. Rendez-vous est pris pour le lendemain à l’arrivée du bateau à Ouchy ; j’espère que le beau temps sera revenu. Cette jeune femme aime la littérature et les arts en général, nous devrions avoir des choses à nous dire.
Il est temps que j’aille déjeuner, je n’ai pas très faim, le petit déjeuner était copieux à l’hôtel, je me balade un peu sous la pluie en me disant que j’ai eu de la chance d’avoir un temps estival à Chamonix et une belle journée hier. Et puis la pluie il en fallait, tout le monde l’attendait impatiemment après ces mois de sécheresse ; j’espère qu’il pleut en Bretagne car mes plantes doivent souffrir.
Les photos n’ont plus la belle lumière d’hier, la Dent d’Oche est recouverte de nuages, la vue est complètement bouchée de tous côtés.
Je déniche une crêperie, ça ira très bien puisque ce soir je vais dîner copieusement à l’hôtel. Heureuse trouvaille, les propriétaires sont de vrais Bretons de l’île de Bréhat et c’est la première fois que je mange d’aussi bonnes crêpes en dehors de la Bretagne; je ne manque pas de le leur dire.
Le temps se dégrade vraiment, j’avais envie d’aller à Martigny mais rouler sous la pluie ne m’encourage pas. Je reste à Evian. Je me mets à la recherche d’une librairie, une vraie; je me renseigne, sans succès. Puis j’en déniche enfin une. Je me demande ce que je pourrais offrir à l’amie blogueuse, qu’elle n’aurait pas lu ! Pas évident, je sais qu’elle aime les romans. Je tombe sur La Ballade de l’impossible de Murakami que je suis en train de lire et je trouve que c’est un très beau roman. Il date déjà et peut-être ne l’a-t-elle pas lu. Je le prends. Puis ce titre de Nancy Huston m’attire : Les variations Goldberg ; c’est le premier roman de l’auteur publié en 1981. Je lis la 4è de couv. qui me donne envie de le lire :
" Si tu invitais trente personnes chez toi, des êtres que tu as aimés et que tu aimes, pour t'écouter jouer au clavecin, pendant une heure et demie, " Les Variations Goldberg " de Bach, et si ce concert se déroulait comme un songe d'une nuit d'été, c'est-à-dire si toi, Liliane, tu parvenais à faire vibrer ces trente personnes comme autant de Variations, chacune à un diapason différent - (il te faudrait pour cela osciller entre le souvenir et la spéculation ; il te faudrait surtout maîtriser tes peurs) - peut-être alors tous tes fragments de musiques s'animeraient-ils enfin dans une même coulée, et cela s'appellerait " Les Variations Goldberg, romance ".
Je le prends. Hop, paquet cadeau! Deux paquets me demande la libraire ? Non les deux dans le même !
Finalement le temps passe vite, j’ai passé presque une heure dans cette librairie. Le temps ne me permet pas d'aller faire cette promenade en bateau comme je l'espérais. Je retourne à l’hôtel prendre un thé dans le salon cosy et, bien installée dans un vieux fauteuil club, je termine La Ballade de l’impossible. Je suis pensive, un peu mélancolique, ce livre m’émeut vraiment. Je n’ai aucune envie maintenant d’aller voir le film tiré de ce roman, je veux garder les images des personnages que je me suis inventés en le lisant, leur beauté, leur tendresse, leur poésie, leur sensualité. Je pense à un ami Suisse que je ne verrai pas…
Le dîner, à l’intérieur bien sûr, est savoureux et la salle chaleureuse. Ce soir je prends une demi bouteille de Sancerre ; je demande au serveur si on pourra me garder le reste pour demain ; c’est OK !
Je trouve la carafe d’eau très jolie, je la ramènerai bien en souvenir, mais bon, gardons les souvenirs dans la tête, c’est beaucoup mieux. Je ris en lisant le carton; effectivement les deux labradors du propriétaire sont un peu gras! J'apprécie la qualité du service, les couverts en argent, les beaux verres; l'hôtel mérite ses trois étoiles malgré l'étroitesse de la chambre! Je suis repue, je mange trop depuis que je suis en vacances; je n'ai aucune envie de me priver. Je pourrais me passer de fromage mais puisque c'est fromage ET dessert au menu, pourquoi me priver d'autant que le choix est très généreux et appétissant!
Je me sens merveilleusement bien, si bien que je vais prendre un café. Il me sera offert par la maison.
A Chamonix j'étais dans un hôtel où il y avait des tables d'hôtes pour partager les repas avec d'autres clients; c'était plus ou moins agréable, selon les tablées. Un soir j'étais à une table où il y avait un golfeur; il m'avait aperçu le jour où j'étais allée réserver un départ; du coup il jugea bon de parler de golf pendant tout le repas, il ne faisait que cela à Chamonix, jouer au golf; il parlait tout seul et tout le monde s'ennuyait à l'écouter. Les autres jours j'ai évité sa table et j'avoue avoir partagé d'intéressantes conversations aux repas. Me retrouver seule au restaurant des hôtels me fut souvent pénible, pourtant ici, je me sens vraiment bien. Allez savoir pourquoi. Peut-être parce que j'aime de temps en temps me faire servir à table, que je ne suis pas une adepte des buffets où chacun se sert, voire s'empiffre, que je savoure voluptueusement les mets que l'on m'apporte, le vin que l'on me sert et, que je choisis. Buffet et vin à volonté, ce n'est vraiment pas ma tasse de thé!
(A suivre)