Lundi 30 mai 2011.
Suite donc de cette première journée très jouissive à Evian. Après mon "pèlerinage" sur les hauteurs de la ville, je rejoins mon hôtel, je défais une fois de plus une valise, le reste des bagages est resté dans le coffre de ma voiture. Difficile de se mouvoir dans cette chambre (pour deux!!!). Je ne m'y attarde pas, j'ai envie d'aller me prélasser sur les chaises longues, la fatigue commence à se faire sentir. Je descends donc et je fais quelques photos de l'hôtel.
Les tables sur la terrasse ombragée sont déjà dressées pour le dîner.
Je pousse un soupir de bien être, j'ai pris un livre que je n'ouvre pas, la contemplation ne saurait être interrompue par la lecture. Le garçon apporte des consommations aux clients qui sont sur le ponton, je lui fais signe et lui commande un apéritif sans alcool; il me propose leur cocktail du jour. Il ne me manque plus rien. Après le Mont-Blanc, le lac Léman. Ô douce solitude, tu me remplis de joie... il y a tant de pensées qui m'accompagnent.
L'eau est paraît-il à 21°. S'il fait aussi beau et chaud demain j'irai me baigner. Une heure plus tard je remonte dans ma chambre et cette fois je regarde longuement le lac, les bateaux, le ponton vu d'en haut, en face la rive Suisse, un peu plus loin sur la gauche des gens se baignent, il est 19 heures.
Repos, douche, je descends dîner, il est 20 heures, je suis étonnée de voir que presque toutes les tables sont occupées, beaucoup de pensionnaires de l'hôtel mais quelques clients de l'extérieur aussi. Le menu me plaît, ce soir je ne prends pas de vin, je suis fatiguée, par la route et par les émotions. Goûtons l'eau d'Evian!
Soudain le vent se lève et quelques gouttes commencent à tomber. Tout le monde se regarde, on tient bon. Puis, ce sont les nappes qui claquent, s'envolent, les verres qui tombent! Tous aux abris! Ça met de l'ambiance, on nous installe dans la terrasse vitrée. L'orage gronde et la pluie tombe drue. L'atmosphère s'est rafraîchie en quelques minutes. Tant mieux, la chaleur était étouffante dans la chambre.
Il est 21 h 30 et je regarde le lac devenu noir et le ciel percé d'éclaircies, je le trouve somptueux.
Le patron de l'hôtel ferme les parasols, j'écoute la pluie, le tonnerre, quelques éclairs zèbrent le ciel.
Ce ne sont que les prémices de la tempête.
"Plus j'avance vers Evian et plus j'entre dans l'orage. Le fond du lac, du côté de Villeneuve, est d'une couleur ardoise où tout se confond; les montagnes, l'eau, le ciel et la rive; et de là progressent vers nous de lourdes nuées bleues qui sont en tromperie à l'oeil : on dirait un azur profond, mais il fait sombre et c'est l'orage; c'est la Dent d'Oche enveloppée, c'est une ombre compacte sur tout le côté savoyard, tandis que là-bas Lausanne, encore claire, luit, avec son rivage bas."
Charles Ferdinand Ramuz, in Un coin de Savoie, 1909.
(A suivre)