C’est difficile de relater les choses après coup. D’où l’intérêt du journal au quotidien, mais j’avais d’autres occupations plus importantes que celle de tenir mon journal pendant ces vacances. En même temps, cela prolonge un peu celles-ci de se les remémorer.
Lundi 30 mai 2011.
Je suis donc sur la route qui me mène à Evian, je sais que les souvenirs vont ressurgir même si je n’y suis pas retournée depuis plus de vingt ans. Toutes ces villes ont peu changé si l’on reste en bordure du lac, seules de nombreuses constructions nouvelles vers l’intérieur. J’ai l’impression de tout reconnaître quand je passe à Thonon, Sciez, Ripaille, Amphion-les-Bains… Evian, youpi !
J’arrive à midi, je vais directement à l’hôtel pour confirmer ma présence. J’espère ne pas être déçue ; par Internet on ne sait jamais ! Incroyable, je me souviens maintenant de ce petit hôtel sur la route.
Je me présente pour m’assurer que la réservation est bien notée, je pense repartir sans déposer mes bagages mais la réceptionniste me dit que la chambre est prête. J'y vais donc tout de suite car je suis impatiente de voir la vue sur le lac.
Elle est vraiment petite, le lit prend toute la place, la salle-de-bains confortable, la décoration kitch mais cela m’est bien égal car le reste est parfait ! J’y suis enfin sur le bord du lac, je prendrai des photos plus tard, j’ai envie d’aller me balader le long du lac.
Je m’installe sur un banc, il est 13 heures et je dévore les mini-sandwiches que je m’étais préparée au petit déjeuner au buffet de l’hôtel de Chamonix. Mmmm ! que je me sens bien. Il fait beau, moins chaud qu’à Chamonix, le lac est calme ; j’aperçois Lausanne et je pense à l’ami que j’espère voir avant de repartir.
L’envie me prend d’aller jeter un coup d’œil à l’hôtel où nous séjournions chaque année en septembre, euh, chaque année j’exagère un peu là ; nous y sommes allés trois années de suite et j’y suis retournée toute seule une année pour jouer au golf ! C’est vrai que la pente est sérieuse pour arriver là-haut, je suis en voiture mais il existe un funiculaire si l’on est à pieds. L’arrivée dans le parc est imposante et n'a pas changée, mon coeur bat très fort, j'ai les joues en feu; je passe devant l’entrée de l’hôtel sans complexe et je vais garer ma petite mimi-cracra dans le parking privé à côté de… hum… je ne dirai pas la marque… disons que ça ressemble au rocher ferrari, hi hi ! Un coup d’œil dans le miroir de mon pare-soleil, j’ai l’air un peu décoiffé, tant pis et puis j’ai un jean-bermuda et des Converse, ouille! Mais non, pas de complexes me dis-je intérieurement : tu as de la classe comme ça, tsss ! Et hop ! je rentre dans l’hôtel, je passe devant la réception, le concierge me sourit, sûr il me prend pour une cliente, je suis sauvée. Mon cœur bat la chamade, je suis dans le salon qui ressemble à Versailles où nous aimions écouter le pianiste; c'était agréablement désuet. Rien n’a changé même si c’est un peu rénové. Je vais tout de suite sur la terrasse et je suis chavirée, par la vue, par les souvenirs qui me submergent. L’hôtel semble très calme, peu de clients à la piscine, trois jeunes hommes prennent une consommation sur la terrasse. Je revois comme dans un rêve, Frédéric Mitterrand sur la terrasse du restaurant près de la piscine avec une bande de jeunes. C'était sans doute vers 1980, il y avait Julie Jezequel. Ils s'amusaient comme des fous... Je retourne dans le salon et je vais au Tony’s bar. T., cher Tony., le bar porte toujours votre prénom mais vous n’êtes plus là, depuis le temps… c’était quand déjà la dernière fois que je vous ai vu préparer mon cocktail ? 1987 !!! Je m’adresse au nouveau barman, je lui dis que je ne réside pas à l’hôtel mais que j’aimerais prendre un thé vert et une pâtisserie sur la terrasse. Très aimablement il m’invite à choisir une « gourmandise estivale » (c’est ce qui sera marqué sur la facture qui sera à la hauteur de l’établissement, aïe ! Quand on aime on ne compte pas !) sous la cloche de verre de la desserte. Je choisis un macaron au chocolat (il m'en apportera deux), puis je vais m’installer sur la terrasse. L’instant est divin. Pourtant, curieusement, je ne me verrais plus passer une semaine ici. Trop de luxe tue le luxe, enfin, je veux dire, tue la volupté. Si si ! L’espace d’un tea-time est délicieux et suffit à mon bonheur. Au prix de mes gourmandises estivales je me dis que je peux profiter d’une longue promenade dans le parc. Il n’y a personne, et c’est vraiment très beau. Pas un chat donc ! mais un petit chien qui doit appartenir à une cliente ; il me suivra pendant ma promenade. Hé, tu me vois de là-haut mon ange gardien ? Comme tu dois rire…
En repartant je passe devant le concierge et je m’arrête pour bavarder avec lui. Je lui parle de G. (l’ancien concierge « clefs d’or »), il me dit qu’il l’a remplacé il y a déjà dix sept ans, je lui dis que j’ai de beaux souvenirs ici et que je me suis permise de faire une longue promenade dans le parc, il me dit que je suis la bienvenue et que je peux revenir quand je veux. Ce que j'aime par-dessus tout dans ces endroits-là, c'est que le client est roi et choyé.
Bon, il fallait que je fasse ce pèlerinage, c’est fait, passons à autre chose.
Il est 18 heures. Je rentre dans mon petit hôtel trop mignon, rien à voir avec celui que je viens de quitter.
(A suivre)