dimanche 11 décembre 2011

Un dimanche de grand vide

Dimanche 11 décembre.

Hier matin le soleil pénétrait tout entier dans ma pièce et dessinait ces carrés de lumière que j'aime tant regarder sur les murs, sur les tableaux, sur le dos des livres alignés sur les étagères.
Le ciel était si bleu que j'aurais pu rester assise, longtemps, à le contempler à travers la fenêtre.
Je suis sortie l'après-midi, surprise par le froid. J'ai marché du côté ensoleillé, le long du quai, toujours éblouie par la beauté des flèches de la cathédrale au bout de ma promenade.
J'ai fait quelques emplettes en ville, trouvé quelques cadeaux pour ceux que j'aime et croisé des jeunes gens de plus en plus nombreux qui faisaient la manche.
J'étais remplie de soleil, de lumière mais, sans particulière joie de vivre.

Ce matin pluie et grisaille. Un de ces matins, où je sais en regardant le ciel qu'il présage une sombre journée. Aucun espoir d'une trouée de lumière. Envie de faire la sieste après mon frugal déjeuner en écoutant Les Papous.... Non, pas de sieste. Hantise de ne pas trouver le sommeil la nuit quand je fais la sieste. J'ai erré du canapé au fauteuil, marché pour ne pas aggraver le lumbago, fait des cataplasmes aux algues; brûlante sur mes reins je sentais cette chaleur me pénétrer, bienfaisante. J'écoutais sur France Culture parler de l'ouvrage qui réunit les "Une" du magazine ELLE depuis la sortie du premier numéro, le 21 novembre 1945, sept jours avant ma naissance, pourquoi le cacher. Je riais en lisant le titre de l'article du Monde : "66 ans, et toujours dans l'air du temps"! Je revoyais ma mère lire ELLE chaque semaine, je l'ai moi-même acheté pendant de nombreuses années. Aujourd'hui il m'arrive de le feuilleter chez le coiffeur, le médecin ou de l'acheter, en été, quand l'envie de futile me vient comme une bouffée avec le soleil et la chaleur. Je m'attarde alors sur les photos plus que sur les articles.


Cet après-midi la pluie ne se lassait pas de tomber et je cessais de regarder par la fenêtre les pigeons et choucas qui s'engouffraient dans les minuscules ouvertures du clocher, deux par deux en frétillant des ailes. Je pensais en souriant à ce dimanche à l'heure de la messe.
J'ai fini le Journal du dehors de Annie Ernaux, une écriture du quotidien, au couteau.

Ce fut un dimanche de grand vide,  je ne désirais plus rien. Je ne ressentais aucune douceur de vivre.