J’ai vu il y a quelques semaines cette exposition d’un graphiste mexicain, Alejandro Magallanes. L’affiche est toujours un art très populaire, vivant, varié et coloré.
"L’Amérique Latine est une entité culturelle, mais on s’accorde à dire que le Mexique est le pays où la culture sous toutes formes est la plus riche. L’art graphique mexicain n’échappe pas à cette hiérarchie. Posada, Frida Kahlo, Diego Rivera pour ne citer qu’eux, témoignent de cette notoriété internationale. Tous se réclament d’une tradition populaire riche, colorée et multiforme qui se retrouve encore partout.
Dans cette lignée, Alejandro Magallanes est devenu un artiste foisonnant, exubérant et boulimique ; un artiste public, un artiste de la demande, un graphiste, encore que ce terme générique paraisse bien sec au regard de son œuvre. Développant depuis ses débuts un travail d’une habileté rare, il est devenu, à 40 ans, une référence dans le domaine du graphisme, du livre et de l’animation.
L’habileté est un cadeau empoisonné. Est-ce la raison pour laquelle ses travaux ressemblent à des esquisses ? Est-ce la raison pour laquelle il aime se frotter aux techniques nouvelles ou utiliser les instruments improbables qui font apparaître des spécificités inattendues ?
Son travail essentiellement culturel ne doit pas faire oublier une autre partie de sa production, engagée socialement et politiquement. Les USA de Bush vus du Mexique, la défense des Droits de l’homme chez lui et ailleurs, son soutien au mouvement des femmes de Juarez… Alejandro parle de la violence et des inégalités. Il répond aussi aux demandes sociales des ministères sur des thèmes de santé ou de lutte contre l’illettrisme.
(Texte affiché à l’entrée de l’exposition).
Quelques affiches ont particulièrement accroché mon regard.
La première fois, 2001.
Cycle des premiers films de grands réalisateurs.
C'est du Chinois, 2001.
Cycle de cinéma chinois.
Salon du livre philosophique 2004 - 2008 - 2005.
Ciudad Juarez, 300 femmes assassinées, 500 disparues, 2002.
La face cachée de l’Amérique, 2003.
Bush ne fait pas rire, 2003
Qué viva Mexico, 2011.
Pour la projection du film d'Eisenstein.
Salon du livre à Oaxaca, 2010.
Dit et fait, 2008.
Pour une exposition personnelle à Pau, France.
Chanson poubelle, 2004. Image pour promouvoir
l'album rock "Yucatan a go-go".
Jenufa, 2008. Affiche pour l'opéra
de l'auteur tchèque Leos Janacek.
Dessiner que pour les graphistes, c'est comme
manger sa propre merde et la trouver délicieuse.
Il semblerait que ce texte se trouve sur une autre affiche. A-t-elle été censurée, d'où l'affiche exposée sans texte? J'ai trouvé celle-ci dans un livret sur l'exposition.
On est bien loin du Mexicoooo! de Luis Mariano.
" Qui n’a pas en tête le hululement sirupeux de Luis Mariano, qui, dans les années 50, marqua l’apogée de l’opérette ? Mexico, Mexico…/ Tes femmes sont ardentes/ et tu seras toujours/ le paradis des cœurs/ et de l’Amour. Difficile d’échapper à une culture de clichés quand notre perception d’un pays se résume à quelques fictions imprégnées d’un folklore d’agences de voyage.
[…]
Puissent ces images, au-delà de leur séduction, vous faire sentir qu’elles émanent d’une culture particulière, et si j’ai entamé avec Mariano, je préfère, pour conclure, paraphraser Eisenstein et crier « Qué viva Mexico ! »… A chacun sa culture."
ALQ