mardi 6 décembre 2011

Un Botero dans le bus


Fernando Botero, La Danseuse

Ce matin j’ai pris le bus pour aller à la poste. Il m’arrive de plus en plus souvent de prendre le bus en cette période de l’année où les places de parking sont introuvables et la circulation en ville épouvantable.
Prendre le bus dans cette ville de province c’est un peu comme de prendre le métro à Paris, c’est côtoyer toutes sortes de gens, d’ethnies, de générations, différents selon les horaires. A la sortie du lycée, le bus est joyeux, les élèves rient, se chamaillent, d’autres sont dans leur bulle, le fil de leur smartphone ou iphone relié à leurs oreilles ; enfin, des iphones il y en a peu dans le bus qui mène vers les « banlieues » de la ville, néanmoins les adolescentes ont des accessoires (elles ont toutes le même sac d’une marque connue) qui leur donnent un petit air de bourgeoises dévergondées.

Ce matin donc, à l’heure où j’ai pris le bus, c’étaient plutôt des mamies qui occupaient les sièges et des jeunes mamans avec des bébés et des poussettes dans le couloir. Le bus a démarré comme une flèche, j’étais debout, je m’accrochais solidement. Au premier feu rouge, freinage très brutal du chauffeur. Des cris ! Une femme, plutôt volumineuse, sans âge, tombe sur le dos avec ses sacs à provisions. Panique dans le bus, plusieurs personnes ont failli s’étaler (j’en fus). Le chauffeur met ses warnings et attend que le bus en folie se calme. La femme reprenait rapidement ses esprits en rouspétant, c’était plutôt bon signe. J’ai eu la vision durant quelques secondes d’un Botero lorsqu’elle était à terre, les jambes en l’air, des mi-bas sur les mollets, les cuisses énormes et laiteuses. J’étais prise d’un sentiment étrange, un mélange de rire et de compassion. C’est sûr, elle a échappé au pire et la brutalité du coup de frein fut telle qu’elle aurait pu se fracasser la tête, si ses fessiers bien enrobés n’avaient pas fait office de coussins pour amortir le choc. Si cela m’était arrivé, il aurait fallu appeler le Samu!

Le maire de notre ville fait de la pub pour que les gens prennent le bus au lieu de prendre leur voiture ! C’est pas gagné. Les bourgeoises ne voudront jamais subir cette promiscuité pour aller faire du shopping. J’aime prendre le bus, j’observe les gens et puis, ça me rappelle mon enfance.