Il ne faut pas se laisser aller à la tristesse.
Regardé le DVD emprunté à la médiathèque, Meurtre dans un jardin anglais, sur mon ordinateur; mon lecteur de DVD était en panne. Ce fut un excellent moment dans ma soirée. Cette photo capturée sur mon écran... pour le fun! Un homme se transforme en statue tout au long du film dans des séquences complètement saugrenues et d'autant plus désopilantes. Rien à voir avec le sujet mais il ne déparait pas à l'esthétisme du cadrage et de la mise en scène, superbe. Le viseur du peintre devenu caméra nous propulse dans le songe d’une « comédie érotique d’un jour d’été ». Ce film est un chef d'oeuvre; il m'avait échappé.
Image de fin, l'art réduit en cendres...
Je vais peut-être le regarder une seconde fois.
Samedi 24 décembre.
Maquillage waterproof ce matin. Coeur gros. Ciel dégagé. Il fait doux.
Ne pas rester à la maison. Dehors je vais peut-être penser à autre chose qu'à...
Un potage vite fait pour le déjeuner puis au golf.
Plusieurs semaines que je n'ai pas joué avec toutes ces pluies incessantes. Le parcours est gras, très imbibé, le ciel s'est couvert. Je fais neuf trous et je repars pour un deuxième tour; je ne pense à presque rien, même pas à bien jouer. Juste ne pas penser, ne pas avoir d'idées noires. Une pluie fine commence à tomber. Je ne vais pas pouvoir refaire neuf trous, je coupe pour refaire seulement le huit et le neuf et je rentre.
Tea-time à la maison pour me réchauffer, j'ai un petit livre de QiGong, je vais m'initier, pour trouver en moi des énergies positives.
Dîner on ne peut plus ordinaire : un mélange d'ingrédients surgelés cuits au micro-ondes. Envie de rien.
Soirée : DVD, un autre film de Peter Greenaway; je pensais me "régaler" après avoir vu Meurtre dans un jardin anglais, avec celui-là : Le cuisinier, le voleur, sa femme et son amant. Pas pu regarder plus d'une demi heure. Bien loin de la beauté du premier film : laid et grotesque, m'aurait donné la nausée si j'avais poursuivi.
Repris ma lecture en cours de Robert Walser, un recueil de nouvelles : La rose. Exquis comme tout ce que j'ai pu lire de l'auteur.
...
(***)
Dimanche 25 décembre.
Comment faire pour "ravaler" ce visage défait ce matin? Avoir la main légère pour le maquillage. Ne plus pleurer, il ne faut plus pleurer. C'est pas gagné et ma belle-soeur qui m'envoie un texto cette nuit, lu ce matin : il me manque, je me rends compte que je l'aimais follement. Oui, on reconnaît le bonheur au bruit qu'il fait quand il s'en va. C'est son premier Noël sans lui. Elle est bien entourée et est allée chez ses enfants et petits enfants. Il me manque aussi.
"Le bonheur c'est d'avoir quelqu'un à perdre" (Philippe Delerm).
Après-midi en famille, échange de petits cadeaux. Ma nièce nous a fait un thé étrange ramené de Shanghai : une boule séchée cousue dans des fils comme une pelote, que l'on met dans l'eau; lorsqu'elle est imbibée elle s'ouvre comme une fleur avec un coeur rouge. C'est magique. Le thé n'avait pas beaucoup de goût mais l'effet était saisissant.
Je trouvais qu'elle ressemblait à une fleur de chrysanthème comme celles ci-dessous peintes à l'encre de Chine.
Cherchant la signification du chrysanthème en Chine, je découvre que cette fleur, (ju hua) - 菊花,
vénérée, sert entre autres à faire des tisanes.
Retour à la maison en fin d'après-midi. En voiture, j'entends une chanson de "midinette" et je pense à Marguerite Duras cette fois (après Simone de Beauvoir... je leur fais leur fête! mais ça me rassure) qui disait que Capri c'est fini... était la plus belle chanson d'amour. Elle y fait référence en 1992 dans son roman Yann Andréa Steiner :
« Oui. Un jour cela arrivera, un jour il vous viendra le regret abominable de cela que vous qualifiez « d'invivable », c'est-à-dire de ce qui a été tenté par vous et moi pendant cet été 80 de pluie et de vent.
Quelquefois c'est au bord de la mer. Quand la plage se vide, à la tombée de la nuit. Après le départ des colonies d'enfants. Sur toute l'étendue des sables tout à coup, ça hurle que Capri c'est fini. Que C'ÉTAIT LA VILLE DE NOTRE PREMIER AMOUR mais que maintenant c'est fini. FINI.
Que c'est terrible tout à coup. Terrible. Chaque fois à pleurer, à fuir, à mourir parce que Capri a tourné avec la terre, vers l'oubli de l'amour. »
Le week-end de Noël est enfin FINI. Demain, je vais espérer, sans espoir...